Entre fougue et méditation
Nouvelle signature du Label Laborie Jazz, le pianiste Uriel Herman sort le 25 janvier 2019 son nouvel album « Face to Face ». Porteur de l’ensemble des influences musicales de l’artiste, l’opus invite à pénétrer dans un monde dont les rivages oscillent entre fougue et méditation. A découvrir.
Annoncé pour le 25 janvier 2019, l’album « Face to Face » (Laborie Jazz/Socadisc/Idol) du jeune Uriel Herman révèle les différentes facettes du monde imaginaire que le pianiste explore en quartet.
Un monde musical aux multiples influences
Après « Awake » sorti en 2014 où il reprenait Smells like teen spirit de Nirvana et Lucky de Radiohead, Uriel Herman fait figurer un arrangement de The man who sold the world de David Bowie sur « Face to Face ». D’ailleurs le titre de l’album emprunte aux paroles du refrain de la chanson de Bowie.
Ainsi, la musique d’Uriel Herman puise certaines de ses inspirations dans le monde pop/rock mais le pianiste demeure marqué par la formation classique reçue à Jérusalem. On retrouve en effet dans sa musique des réminiscences d’un romantisme issu de de cette trajectoire musicale et cette maîtrise du contrepoint qui affleure sur certaines plages de facture faussement baroque.
Il demeure que les fondamentaux de cet artiste sont aussi ancrés dans les musiques traditionnelles de sa culture qui imprègne fortement son écriture et ses arrangements. Enfin le jazz contribue aussi à la forger la personnalité de ce musicien.
Uriel Herman opère entre toutes ces influences musicales une habile fusion et inscrit sa trajectoire musicale dans le sillon de ces artistes adoubés dans le monde du jazz, comme Avishai Cohen, Yaron Herman, Shai Maestro, Omri Morr et bien d’autres encore, qui trouvent dans leurs racines leur inspiration .
« Face to Face »
Les musiciens
Pour définir les contours de son univers, le pianiste Uriel Herman s’entoure du contrebassiste et oudiste Avri Borochov, du flutiste et saxophoniste Uriel Weinberger et du batteur Haim Peskof.
Pour mieux définir les teintes de certaines plages, le quartet accueille aussi le chant de Daniel Krief, la voix et la guitare de Yehuda Shuki Shveiky, le chant et la guitare électrique d’Aviv Bahar, les trompettes d’Arthur Krasnobaev, la guitare électrique d’Ilan Bar-Lavi et le cajon de Maayan Doari.
Le répertoire
En ouverture, le quartet revisite Hayu leylot, une chanson israélienne de Mordechai Zeira. Après une introduction nostalgique à la flute, le piano ébauche la mélodie puis le discours musical se densifie avec un piano très percussif, une batterie tonique et une contrebasse véhémente. Le morceau se termine en prière. Sur Shva Esre le piano joue en boucle un motif sur lequel les autres instruments greffent leur expression.
The man who sold the world constitue un moment phare de l’album. Sur ce morceau de David Bowie intervient la trompette qui expose la ligne mélodique jouée par le quartet à la sonorité klezmer. L’oud chante une louange lumineuse à laquelle répondent le saxophone véloce et la trompette lumineuse. Advient ensuite Ballad for Yael qui affiche ses influences jazz avec ses harmonies évocatrices de « Blue in green ». Le piano joue en suspension alors que le saxophone caresse cette courte élégie des volutes qu’il souffle avec une délicate tendresse.
« I shall not die but live » appelle à la prière et incarne un moment de spiritualité et élève son incantation qu’accentue la sonorité d’orgue qu’ajoute le pianiste. Entre prière et danse orientale échevelée s’inscrit Shirat hachalil où alternent accents andalous et pulsion électrique.
Deux compositions du pianiste Uriel Herman imprègnent de leur force le répertoire de « Face to Face », Winter light et Hour of the wolf.
On tombe aussi sous le charme du superbe Hour of the wolf ouvert en douceur par le chant du oud avant de devenir farandole survoltée. Sur Winter light, le quartet propose de voyager dans un climat incantatoire. Rien d’étonnant car ce titre a été composé par le pianiste après sa visite au Costa Rica où il a participé à une cérémonie chamanique qui a duré toute la nuit. Les formes musicales plutôt classiques et romantiques incitent d’abord à la méditation avant que la transe ne s’installe. Enivrant !
Faute de teaser de présentation de l’album « Face to Face », une vidéo enregistrée au Jerusalem Music Center et mise en ligne il y a trois ans restitue la force de la musique du pianiste Uriel Herman. Entre fougue et méditation, avec en plus, la lumière transmise par le (prénom du) pianiste.
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