Swing XXXL
« Too Short », le premier album en big band de Fabien Mary réalisé avec The Vintage Orchestra est sorti le 28 mai 2021 sur le label jazz&people. Membre de l’orchestre depuis ses débuts, le trompettiste a composé et arrangé l’intégralité de la musique de ce disque. Répertoire original, couleurs chatoyantes, improvisations inspirées. Dix pièces inscrites dans la grande tradition du jazz orchestral. Du swing XXXL !
Depuis plus de vingt ans, Fabien Mary se passionne pour le jazz. Après avoir sorti en mars 2018 l’élégant « Left Arm Blues » (jazz&people/PIAS) à la tête d’un brillant octet, le trompettiste revient en mai 2021 avec « Too Short » (jazz&people/PIAS) à la tête du big band The Vintage Orchestra dont il est l’un des membres fondateurs depuis 2001 avec Erick Poirier et Sophie Alour et Dominique Mandin.
Après « Left Arm Blues » écrit pour un octet de la main gauche par le leader, immobilisé suite à une chute son bras droit qui l’empêchait de jouer, Fabien Mary a cette fois composé et arrangé les riches partitions de « Too Short » pour un big band de 17 musiciens.
The Vintage Orchestra
Autour du pianiste Florent Gac, du contrebassiste Yoni Zelnik et du batteur Andrea Michelutti se déploient une section de trompettistes comprenant Erick Poirier, Julien Ecrepont, Fabien Mary, Malo Mazurié, une section de saxophonistes/flûtistes/clarinettistes comptant Dominique Mandin, Olivier Zanot, Thomas Savy, David Sauzay, Jean-François Devèze et une section de trombonistes constitué de Michaël Ballue, Michaël Joussein, Jerry Edwards, Martin Berlugue, Didier Havet. C’est Dominique Mandin qui assure la fonction de directeur musical. Parmi les musiciens qui ont enregistré la musique de Fabien Mary, 11 étaient déjà présents sur le premier disque du Vintage Orchestra en 2003.
Enregistré les 25 et 26 août août 2020 à l’auditorium du conservatoire de Persan (Val d’oise), « Too Short » permet d’apprécier quelques-uns des seize brillants solistes qui entourent Fabien Mary.
« Too Short »
De nombreuses improvisations toutes plus explosives et étincelantes les unes que les autres émaillent cet album dont le visuel un peu vintage évoque les couvertures des albums Blue Note et cadre tout à fait avec ce répertoire interprété dans la grande tradition des big bands. Les arrangements de Fabien Mary s’inscrivent dans l’esthétique des arrangeurs dont il revendique les influences en la matière, comme Thad Jones, Slide Hampton, Jimmy Heath, Duke Pearson, Oliver Nelson, Gil Evans, Mary Lou Williams, Gigi Gryce, Tadd Dameron, Bill Holman, Marty Paich, Toshiko Akiyoshi, Quincy Jones et Melba Liston.
Riche et sophistiquée, dense et stimulante, la musique ne manque ni de nuance ni de précision. De bout en bout des dix pistes de « Too Short », le big band fait éclater une musique fluide, jubilatoire et flamboyante. D’une absolue élégance et sans aucun maniérisme, la musique totalement maîtrisée est portée par un swing XXXL.
A vrai dire, l’album mérite bien son titre, « Too Short », car après une première écoute advient la frustration. On trouve le disque trop court et l’on est tenté de le faire tourner encore, et encore jusqu’à s’immerger dans la musique et s’en imprégner sans jamais se lasser.
Au fil du répertoire
En ouverture, l’orchestre affiche sur Too Short des couleurs rutilantes et Fabien Mary révèle à la fois ses talents d’arrangeur et de soliste solaire. Chaque membre du big band est au service du collectif. Le solo du ténor de David Sauzay est resplendissant de swing. Le titre évoque la musique du trompettiste et compositeur Thad Jones, grand héritier de la tradition afro-américaine du big band. Le répertoire se poursuit avec The Fall aux arrangements ciselés. La trompette de Malo Mazurié puis le trombone de Michaël Joussein swinguent d’une joie communicative. Leur expression est jubilatoire.
Sakura impressionne ensuite par le climat hypnotisant qu’impulse la ligne mélodique de la flûte ensorcelante. Le chorus parfaitement maîtrisé du pianiste Florent Gac introduit celui de la clarinette basse de Thomas Savy. L’improvisation brillante de la trompette de Julien Ecrepont permet d’apprécier sa sonorité à la fois élégante et vivifiante.
Plus loin, One For Slide rend hommage au tromboniste compositeur et arrangeur Slide Hampton (89 ans) avec qui Fabien Mary a joué en avril 2017 pour fêter ses 85 ans au Dizzy’s du Lincoln Center de New York au sein d’un octet dont le célèbre tromboniste faisait partie. Le tromboniste Michaël Joussein développe un solo d’une élégance rare. Son timbre suave tranche avec la fougue du saxophone ténor de David Sauzay. Soutenu par une solide technique, le pianiste Florent Gac délivre quant à lui une improvisation inspirée et ancrée dans la grande tradition du piano jazz. Des arrangements de Fabien Mary jaillissent de flamboyante couleurs sonores.
Fabien Mary dédicace ensuite D.P (song for Duke Pearson) au compositeur pianiste et chef d’orchestre américain Duke Pearson disparu en 1980. Une pièce remarquable de légèreté et de décontraction où flamboie le solo de l’altiste Olivier Zanot alors que celui du tromboniste Jerry Edwards est gorgé de swing. Par la suite, The Vintage Orchestra propose le très court Like Thousands of Butterflies, une ballade sensible exposée par la flûte sur un arrangement aux couleurs orchestrales nuancées et délicates, comme les ailes de ces papillons qu’évoque le morceau.
Le climat change du tout au tout avec le fervent Don’t Look Back conçu dans le plus pur style bebop. Il n’est pas sans évoquer la puissance du big band de Dizzy Gillespie et permet d’apprécier le jeu éclatant de l’orchestre, la nervosité du jeu des saxophonistes Thomas Savy et Olivier Zanot et aussi le chorus du batteur Andrea Michelutti.
La flûte de Dominique Mandin introduit le thème du morceau Hell’s Kitchen Blues, une ligne mélodique développée sur une grille de blues. La section éclatante des soufflants prend la suite et c’est plus loin à Fabien Mary de prendre une improvisation lyrique avec de longues phrases volubiles qui mettent en avant son habileté harmonique. L’alto de Dominique Mandin tisse un solo acidulé et tonique auquel répond la contrebasse de Yoni Zelnik qui n’en finit pas de paraphraser le thème avec humour. Un moment diaboliquement enivrant.
C’est ensuite 402, une ballade somptueuse qu’interprète The Vintage Orchestra dans un style West Coast. L’exquise délicatesse de ce morceau évoque les arrangements de Bill Holman, cité par Fabien Mary comme une de ses influences. Le tromboniste Jerry Edwards s’exprime avec une limpidité sans égale puis la masse orchestrale éblouit par ses flamboyances pleines d’éclat.
L’album se termine avec le chatoyant To the Lighthouse que l’on est tenté de rapprocher de l’esthétique du courant jazz cool. Un morceau aux arrangements sophistiqués où rayonne l’art du contrepoint. Le solo feutré du tromboniste Michaël Ballue inspire au pianiste Florent Gac un chorus irradié de swing.
« Too Short », un album chaleureux au swing omniprésent. The Vintage Orchestra irradie de mille couleurs et les improvisations des solistes contribuent à l’éclat du big band.
Du groove à gogo avec Dmitry Baevsky et « Roller Coaster »
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Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »
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Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988
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