Modal, hors mode et radical
Sur son nouvel album « Le Sable et l’Écume », Titi Robin présente un répertoire original composé pour Titi Robin Quatuor, sa nouvelle formation instrumentale. Un projet instrumental porté par les sublimes échanges de quatre musiciens hors pair. La musique s’inscrit dans une culture radicalement modale et polyrythmique. La prise de risque artistique est à la mesure de l’enjeu esthétique. Un projet modal, hors mode et radical.
Enregistré en studio, « Le Sable et l’Écume » (Suraj/L’Autre Distribution) réussit la prouesse de restituer la dimension vivante de la musique que présentent sur scène les musiciens. De bout en bout des neuf plages du disque, Titi Robin Quatuor tisse un chant commun qui gomme la ligne entre improvisations et compositions modales.
La sortie de l’album, « Le Sable et l’Écume » (Suraj/L’Autre Distribution) est annoncée pour le 06 décembre 2024, en vinyle, CD et digital.
« Le Sable et l’Écume » transporte l’oreille dans un monde poétique et mystérieux. Une musique épurée dont l’écoute génère du recueillement et invite à la méditation.
Titi Robin
Multi-instrumentiste, compositeur, improvisateur et poète, Titi Robin est l’auteur exclusif de ses nombreux projets, mêlant régulièrement littérature et musique. Sur guitare, bouzouq et oud, il a enregistré son répertoire en Europe mais également en Inde, en Turquie et au Maroc et a tourné dans le monde entier, de l’Hollywood Bowl de Los Angeles au Tata Theater de Bombay. Il a collaboré régulièrement avec des artistes comme la danseuse indienne du Rajasthan Gulabi Sapera ou le qawwal de Lahore Faiz Ali Faiz.
Sa musique aux influences européennes, gitanes et orientales fait le tour du monde et séduit par son originalité. Elle doit beaucoup à l’admiration qu’il porte au cantaor flamenco, Camaron de la Isla et au maître irakien du oud, Munir Bachir.
« À rebours du cliché de l’ « artiste voyageur » qui irait ressourcer son inspiration au contact des « musiques d’ailleurs », Titi Robin explore en fait depuis 40 ans un matériau profondément intime. Modelé par les cultures gitanes, maghrébines et orientales qui l’entouraient dans son Anjou natal, son jeu de guitare, de bouzouq et de oud est d’abord le geste d’un peintre qui veut brosser au plus juste, au plus vif, la vérité de son ciel intérieur, sans cesse recomposé par les mouvements du coeur et les déchirements du monde. » Richard Robert, directeur de l’Opéra Underground de Lyon
« Le Sable et l’Écume »
Six ans après la parution de Rebel Diwana (Molpe Music) gravé avec basse, batterie et claviers dont les sonorités électriques coexistaient avec l’âme gitane, Titi Robin revient avec une nouvelle formation et un nouveau projet, « Le Sable et l’Écume » (Suraj/L’Autre Distribution), son vingt-deuxième album.
Enregistré au Studio La Buissonne à Pernes les Fontaines par Manu Le Duigou assisté de Mattteo Fontaine, « Le Sable et l’Ecume » a été mixé au studio Tannhaüser par Manu Le Duigou et masterisé au Studio Lakanal par Pierre Vanderwaeter.
Le titre
Dans son second recueil de poésie « Là où tu dors dans la nuit » publié en 2022 par Riveneuve, Titi Robin rédige un poème en réaction aux chocs culturels subi par le monde méditerranéen : « Les grains de sable et l’écume ont dessiné sur sa peau tendre la carte d’un monde en feu… ». De cet écrit découle l’intitulé de son nouvel album, « Le Sable et l’Écume », pour lequel il compose un nouveau répertoire de titres inédits où la tradition est toujours présente et « dont le maître mot est le partage ».
Titi Robin enregistre « Le Sable et l’Écume » à la tête d’une nouvelle formation instrumentale d’improvisateurs et solistes émérites, Renaud-Gabriel Pion (cor anglais, clarinette basse, saxophone ténor), Chris Jennings (contrebasse) et Ze Luis Nascimento (percussions).
Le quatuor
« La réunion musicale que constitue ce quartette vise pour moi une forme d’idéal abandon en confiance entre des solistes qui, de par leurs parcours et leur approches esthétiques du discours improvisé, ont fait leurs classes dans un vaste monde créatif contemporain incluant amoureusement les modernités de l’univers méditerranéen, de l’Est de l’Europe et des riches écoles des Suds qui nous ont vu grandir. Cette maturité esthétique nourrit les échanges et l’invention, l’introspection, le partage, des timbres instrumentaux incarnés, au travers des cultures modales et des polyrythmies qui sont notre langage. Je me réjouis de convier la vibration virtuose des peaux frappées par Ze Luis Nascimento, la chaleur généreuse et le son boisé de la belle contrebasse de Chris Jennings, la sophistication sans limite des vents du subtil souffleur Renaud- Gabriel Pion à ce rendez-vous musical et je remercie ces trois amis fidèles de bien vouloir jouer à nouveau au jeu des retrouvailles artistiques. Nos mondes et nos vies, nos rêves et nos luttes, il y a tant à dire que seule une musique libre et radicale peut exprimer »… c’est ainsi que Titi Robin présente son quatuor et son projet.
Dans le livret, Titi Robin a partagé des poésies qui entremêlent les langues de son quotidien (français, anglais, hindi, persan, turc), comme « un écho de ce qui se dit dans le disque avec les notes et les rythmes ». Ainsi, le leader fait-il le parallèle entre le geste de l’improvisateur et celui du poète et l’on comprend que le quatuor entreprend une « joute poétique » dont les mots seraient les notes.
Le répertoire
Compositeur des neuf titres de l’album, Titi Robin présente un répertoire totalement original, à la fois modal et polyrythmique.
« Le Sable et l’Écume », un album envoûtant et magnétique.
Au fil des pistes
Le Goût de la Cerise Amère ouvre l’album. Le titre du thème fait allusion à celui du film du réalisateur iranien Abbas Kiarostami.Guitare, « Le goût de la cerise ». Guitare, contrebasse et cor anglais jouent une mélodie mélancolique et réitérative construite sur un seul mode majeur puis les percussions de Ze Luis Nascimento entrent en scène apportant une densité rythmique au propos et la musique du quartet nous entraine dans une danse joyeuse et enivrante.
« Rentre chez toi si tu peux, / je dormirai en pleine mer, / car seuls les abysses comprennent / le poids de mon amertume. // Ils sont loin les rivages, ils sont loin. » (texte présent en langue persane dans le livret de l’album)
Le répertoire se poursuit avec une autre composition de Titi Robin au titre turc, Aşıklar Bayramı için. Un dialogue aux consonances orientales s’installe entre la contrebasse de Chris Jennings au jeu à la fois élégant, souple et puissant et le riff pentatonique et méditatif de la guitare de Titi Robin. Ze Luis Nascimento rejoint ensuite le duo. Il installe alors une rythmique complexe tout en finesse puis la clarinette basse développe une improvisation empreinte de poésie. Titi Robin fait fusionner les deux significations du terme Aşık, d’une part la Fête des Amoureux et d’autre part une assemblée de poètes musiciens.
« J’ai cueilli ces graines sur le bord du chemin, afin qu’elles germent dans notre jardin commun, elles roulent pour l’instant dans le creux de ma main, l’une est violette, une autre dorée, et pour les autres, il n’y a pas de nom donné à leurs couleurs, si ce n’est les couleurs de la vie. Vagabond, toi qui marches nus pieds, que ton chemin se perde dans l’amour. » ( texte figurant en dialecte anglo-urdu, dans le livret de l’album)
Exprimé dans un dialecte anglo-turc, le titre suivant, Who drank yeni su ?, pose la question de savoir « Qui a bu l’eau nouvelle ? ». Il débute par un solo du percussionniste puis jouant sur une base mélodique servant de canevas. Le bouzouq de TitI Robin joue une mélodie modale. Il est rejoint par le cor anglais et la contrebasse sur une alternance, majeur/mineur de la tierce. Tel un poème lyrique, la musique du collectif s’écoule avec fluidité. L’écoute de ce titre incite à la rêverie.
« You will find kaynak in the palm of onun eli. / Whose tracks are on the shores? / Who drank yeni su? // My own question is dudağında . » (Tu trouveras la source au creux de sa main. A qui sont ces traces sur la rive ? Qui a bu l’eau nouvelle? Ma propre question est sur tes lèvres.)
Sur le morceau intitulé « Le lait cru de la vie », à partir d’une note modale tenue en continu par la guitare et la contrebasse à l’archet, la clarinette basse énonce le mode puis guitare et contrebasse échangent. La musique se densifie ensuite avec l’entrée des percussions et du saxophone ténor qui improvise avec fougue puis s’efface au profit d’un dialogue improvisé entre la guitare et de la contrebasse abreuvées des musiques de l’Inde.
« Humant dans la paume de ta main / le lait cru du poème qu’est ta vie. »
Sur Mast Pavan Gaae Lori qui signifie « le vent ivre chante une berceuse », clarinette basse et bouzouq interviennent simultanément sur un type de gamme mineure utilisée à la fois dans la musique arabe et dans la musique classique turque. Un morceau joué avec une grande liberté mais sans improvisation. L’émotion est de chaque instant.
« Il n’ y avait pas de fil / sur lequel tu ne t’étais posé, / sur lequel tu n’avais chanté. // Il y avait / une seule ligne de fuite, / ta vie. // On la devinait / rase / et coupante, / pur effleurement. »
Le répertoire continue avec Poisson ivre, un thème qui propose deux parties de rythmiques différentes. Ce morceau met en valeur la partie de la percussion jouée sur un rythme à 5 temps par Ze Luis Nascimento sur une cruche en terre. Guitare et saxophone ténor interprètent ensuite à l’unisson, un riff à six temps, ce qui contribue à intensifier le jeu énergique du percussionniste et du contrebassiste. Le ténor prend ensuite un solo au cours duquel il souffle des notes qui palpitent telles des braises. C’est le son frétillant de la cruche en terre qui évoque le mouvement d’un poisson ivre, ce qui donne son nom au morceau.
« Lorsqu’on touche / à la limite, / qu’on se tient debout / à la lisière, / le vent chaud / de nos braises intérieures / souffle / et fait vaciller, / souffle et fait vaciller. »
Composé par Titi Robin après la vision d’un entretien télévisé sur Arte entre Romy Schneider et Alice Schwarzer, Romy résonne ensuite comme une prière portée par le bouzouq inspiré et recueilli. Plus loin, lorsque cor anglais et rythmique rejoignent la musique, le morceau résonne tel un chaabi à la marocaine invitant à une danse lente.
« Et beaucoup de moi / existe là-bas / dans une ombre de mystère / qui n’éclaire rien. »
Hommage rendu à Hiba Abu Nada, jeune-femme morte sous les bombes à Gaza avec toute sa famille, La poétesse de Khan Younès s’élève tel un chant funèbre. Sur un son de bourdon tenu à l’archet par Chris Jennings, le oud pleure et, telle une complainte, son chant est porté par la rythmique lancinante des percussions. Empreint de gravité, le morceau invite au recueillement.
« Tu as d’abord été créé par amour, / alors ne porte rien d’autre que de l’amour / à ceux qui tremblent. Ô petite lumière en moi, dis : / Entrez dans mon cœur en paix. / Vous tous, / entrez ! » (extrait d’un poème de Hiba Abu Nada).
L’album se termine avec Café Malté. Accompagnés des percussions, guitare et ténor entonnent le thème plutôt méditatif puis la rythmique change et le quartet invite à la danse sur un rythme de rumba, cher à Titi Robin. Le solo de guitare conserve une dimension méditative puis le saxophone énergique s’élance dans une improvisation vigoureuse.
« Tu ouvres en pleine face / ton poing de lumière / dans l’espace / et le ventre du monde / encaisse le coup /comme il peut. »
« Le Sable et l’Ecume », à écouter en boucle pour voyager entre rives pacifiques, terres explosives et chemins apaisés. Émotions garanties.
Pour écouter « live » le projet de Titi Robin Quatuor, RV à 20h les 27 & 28 novembre 2024 à l’Amphi Underground de l’Opéra de Lyon et le 30 novembre 2024 à 20h au Café de la Danse à Paris après une première partie assurée par Saina Zamanian.
Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988
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« Django! »… Baptiste Herbin en trio sans guitare
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