Entre Brésil et Afrique, Tigana Santana, un conteur ensorceleur
En quête de ses racines africaines le chanteur, compositeur et guitariste Tigana Santana est invité au Club de Minuit le 09 juillet. Ce Brésilien originaire de Salvador de Bahia se produit en duo avec le percussionniste Inor Sotolongo pour un concert d’une rare sensibilité.
Tigana Santana propose un répertoire principalement issu de son album « Tempo & Magma » où il célèbre un Brésil ancré dans ses traditions africaines, du côté de l’Angola et du Nigéria. Au Brésil, l’influence bantoue est très forte au niveau du comportement, de la pensée et de la spiritualité. Il existe de facto une continuité entre les traditions venues de ces pays d’Afrique et celles de Bahia. Tigana Santana donne corps à ce lien. Sa voix porte le chant de la diaspora de ce peuple africain transporté au Brésil lors de la période esclavagiste. Dans ses chants, il s’exprime en Portugais, Français, Anglais mais le plus souvent dans les langues tribales africaines (idiomes kokongo, kimbundu, tshiluba, …).
Dans les civilisations qu’il a étudiées, toute manifestation artistique est acte de philosophie et vice-versa. Ce philosophe (doctorant en philosophie à l’université de São Paolo) pratique la poésie, la composition et le chant pour perpétuer le lien entre l’Afrique et le Brésil. Cela fait de lui le Brésilien le plus africain du Brésil. La combinaison de ces deux aspects de la diaspora africaine dans la musique de Tigana Santana est une affirmation artistique et politique qui irradie la création de cet artiste singulier et talentueux.
Les arpèges délicatement pincés sur les cordes de sa guitare évoquent le chant de la kora. Le chant éthéré empreint de spiritualité tresse la poésie sur des mélodies lancinantes et plaintives. La voix chaleureuse tout en retenue se fait caressante dans le registre aiguë, suave dans les graves. Entre prière et lamentation, Tigana Santana égrène ses chansons avec élégance et sérénité. L’accompagnement sobre et discret du percussionniste Inor Sotolongo met en valeur les ballades délicates. Les rythmes subsahariens portent les mélodies troublantes. Même lorsque le chanteur s’exprime le poing levé (révolte ou combat ?) le chant confine à la prière et à l’incantation.
D’une voix recueillie et caressante Tigana Santana interprète trois titres en solo dont un morceau en anglais et le sublime Congo-Angola-Bahia. Après le retour du percussionniste, il offre le fameux Mon’ami. Une femme pleure devant la mer en pensant à sa fille, son fils disparus. Ce sont ces enfants perdus que recouvre le terme ami en « kimbundu » (langue d’Angola). Une réflexion sur la vie, la mort. On perçoit le message malgré la barrière de la langue.
Le concert se termine par un rappel de Tigana Santana en solo. Debout sans guitare, les yeux fermés il adresse une prière au Congo, terre de ses aïeuls.
On gardera le souvenir ému de ce spectacle élégant et minimaliste fascinant de sobriété. Un folk élégant nimbé de spiritualité.
Du groove à gogo avec Dmitry Baevsky et « Roller Coaster »
Pour son onzième album, « Roller Coaster », le saxophoniste Dmitry Baevsky revient avec à ses côtés, le guitariste Peter Bernstein. Une fois de plus, le talent de l’altiste éclate avec insolence. A la fois lyrique et sensible, mélodique et virtuose, son jazz impressionne et séduit. Que du bonheur !
Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »
Sur son nouvel album « Le Sable et l’Écume », Titi Robin présente un répertoire original composé pour Titi Robin Quatuor, sa nouvelle formation instrumentale. Un projet instrumental porté par les sublimes échanges de quatre musiciens hors pair. La musique s’inscrit dans une culture radicalement modale et polyrythmique. La prise de risque artistique est à la mesure de l’enjeu esthétique. Un projet modal, hors mode et radical.
Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988
Le label Storyville Records prévoit la sortie d’un double-album inédit de Michel Petrucciani, « Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988 ». Annoncé pour le 15 novembre 2024, cet opus inédit permet d’écouter le pianiste entouré de Gary Peacock et de Roy Haynes. Du jazz intemporel qui allie lyrisme, sensibilité et virtuosité.