Pop jazz souriante et souple
Le guitariste et chanteur Thomas Dutronc est de retour chez Blue Note France avec l’album « Frenchy » et quatorze standards de la chanson française. Il les interprète en français un peu, en anglais beaucoup, en duo, en trio, avec des invités prestigieux des sphères rock, pop, funk ou jazz. Portés par un quartet talentueux, les titres abordent des partis-pris esthétiques variés. Avec de bons moments et d’autres plus dispensables, l’album devrait trouver sa cible auprès d’amateurs d’une pop jazzy souriante et souple.
Annoncé à l’origine pour le 20 mars 2020, l’album sort finalement le 19 juin 2020 chez Blue Note France.
Quatrième album de Thomas Dutronc et deuxième opus chez Blue Note après « Live is Love » (2018), « Frenchy », rassemble quatorze chansons patrimoniales françaises d’avant-hier, hier ou aujourd’hui.
Des invités prestigieux venus du monde de la pop, du rock, du funk ou du jazz rejoignent le guitariste chanteur pour interpréter avec lui quelques-uns de ces succès intemporels entrés dans la mémoire collective, en France mais aussi outre-Atlantique.
Malgré les interventions de quelques stars du jazz vocal comme Diana Krall, Youn Sun Nah ou Stacey Kent et le jeu inspiré de Rocky Gresset (guitare), Eric Legnini (piano), Thomas Bramerie (contrebasse) et Denis Benarrosh (batterie) rassemblés aux côtés du leader, « Frenchy » ne peut vraiment se prévaloir du titre d’album jazz. Il n’empêche que le travail de ces brillants musiciens et l’intérêt que le guitariste Thomas Dutronc porte depuis longtemps à Django Reinhardt, Stéphane Grappelli et Sydney Bechet authentifie l’ancrage jazz.
14 chansons d’hier et d’aujourd’hui
Thomas Dutronc pose sa voix chaude sur les musiques qu’il écoutait quand il était enfant, C’est si bon, La vie en rose, Les feuilles mortes et bien d’autres mais réserve aussi une place à des titres récents comme Playground Love de « Air » et aussi Get Lucky de « Daft Punk » habillé d’un swing souple assez étonnant mais plutôt fun.
Avec des invités
C’est si bon ouvre l’album avec une version peu orthodoxe où les voix contrastées de Diana Krall et Iggy Pop rejoignent celle de Thomas Dutronc. Advient ensuite une version alanguie de La vie en rose où le chant brumeux de Billy Gibbons et celui de Thomas Dutronc flottent avec une douce langueur.
Un Homme et une femme se fait à entendre avec la voix de Stacey Kent derrière laquelle résonne l’accordéon de Marc Berthoumieux. La version restitue la douce nostalgie du film de Claude Lelouch, « Un homme et une femme ». La version que le duo Dutronc/Haley Reinhart donne du grand succès de Jacques Brel, Ne me quitte pas/If you go away, force peut-être un peu trop sur la charge émotionnelle.
Par contre les voix mêlées de Thomas Dutronc et Youn Sun Nah se fondent et habillent de soie la version de Playground love sur laquelle la trompette de Stéphane Belmondo élève des volutes embrumées. Le swing décontracté de La Belle Vie permet d’apprécier la voix chaleureuse de Jeff Goldblum et les talentueux Rocky Gresset et Eric Legnini dont les (trop courts) chorus enchantent.
Pourtant…
On se serait bien passé de la version de La Mer au tempo peu élégant que le chanteur reprend en anglais (… vous avez-dit frenchy ?) et aussi de l’interprétation vocale très fade des Feuilles mortes dont le couplet repris en anglais ne constitue pas un atout majeur pour le disque. Par bonheur, les chorus inspirés des jazzmen contribuent à sauver le titre. On regrette aussi la version trop lisse de Comme d’habitude qui sous des atours de ballade habillée de violons ne convainc en rien.
Versus jazz
Passionné de guitare et disciple de Django Reinhardt, Thomas Dutronc invite Nuages/All for You et Minor Swing (co-écrit par Reinhardt avec Stéphane Grappelli) dont les musiciens donnent deux versions plaisantes fort réussies, instrumentale pour la première et chantée en anglais pour la seconde. Sur Petite Fleur de Sydney Bechet chanté avec une grande tendresse par le leader sur un tempo de cha cha cha ralenti, on saisit quelques mesures jouées par le bandonéon de Michel Portal.
Par son ambiance jazz dynamique, Plus je t’embrasse constitue un des meilleurs moments de l’album. Le swing habite de bout en bout les presque trois minutes de cette version du seul titre écrit par un compositeur américain Ben Ryan en (1926) et repris en France par les Sœurs Étienne. Le chanteur prend un petit accent américain canaille, le quartet fait swinguer le morceau à la manière de Nat King Cole et le superbe échange piano/guitare accentue le côté sautillant plein d’une énergie joyeuse.
Frenchy, un album à la tonalité pop jazz joyeuse où les chansons françaises choisies par Thomas Dutronc se succèdent en souplesse. Même s’il n’innove guère, l’opus ne manque pas d’élégance et déclenche sourire et bonne humeur.
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