Simone Prattico présente « Oriundo »

Simone Prattico présente « Oriundo »

Entre dynamisme et romantisme

Au fil des huit pistes de l’album « Oriundo », le batteur italien Simone Prattico pratique un art qui navigue entre dynamisme et romantisme. Métissage réussi entre sa culture méditerranéenne et la musique afro-américaine, son jazz moderne cultive tout à la fois intensité, souplesse et élégance. Une musique qui génère de tendres émotions.

Visuel de l'album Oriundo de Simone PratticoAprès « Brooklyn Sessions » sorti en 2016, le batteur et percussionniste italien Simone Prattico présente son album « Oriundo » (Zamora Productions/L’autre Distribution) sorti le 22 octobre 2021 (digital) et le 12 novembre 2021 (physique).

Les visuels de la pochette s’inspirent de la peinture d’Elvira de Luca, mère de Simone Prattico, chorégraphe, scénographe, costumière et peintre italienne qui fut une figure de l’avant-garde romaine dans les années 70. Par son titre, « Oriundo », l’album fait référence aux descendants d’immigrants, à ceux qui vivent loin de leurs pays mais continuent à porter leur héritage qui témoignent de leurs racines… profil dans lequel s’inscrit tout à fait Simone Prattico.

Musicien au parcours éclectique et aux collaborations prestigieuses, Simone Prattico dispense sur « Oriundo » un jazz contemporain et sans artifice. Dans le respect de la tradition, il prodigue une musique à la fois sensible et dynamique où se combinent les rythmes complexes et délicats de sa batterie.

Simone Prattico

Né à Rome en 1970, Simone Prattico a commencé à jouer de la batterie à l’âge de quatre ans, bercé par la musique napolitaine de sa mère, par le groove des artistes de la Motown qui tournent en boucle dans la chambre du grand frère et par quelques grands maîtres du jazz qu’écoute son père (Art Blakey, Max Roach, Weather Report). Il se met à la batterie jazz à l’âge de quatre ans et prend des leçons avec Roberto Spizzichino, celui qui va devenir le fabricant mondialement réputé de cymbales, vénéré dans le cercle des batteurs jazz.

C’est à Paris, dans les années 1990 que Simone Prattico étudie les percussions avec les maîtres Guy Lefevre et Emmanuel Bourseault. Il obtient le « Certificat d’Aptitude au Professorat » (Licence d’enseignement) de l’École Supérieur de Batterie d’Emmanuel Bourseault en 1992. Déjà un musicien de scène et artiste reconnu, il poursuivit ses études à Nice, en 1997, avec Jean-Paul Ceccarelli au Conservatoire National de Musique.

Très sollicité, le jeune batteur s’adapte à une multitude de langages rythmiques et musicaux en participant à de nombreux projets pop, rock, funk, soul, musique brésilienne et jazz. C’est ainsi qu’il collabore avec de nombreux artistes parmi lesquels entre autres l’Orchestre de Chambre de Paris, Hindi Zahra et Jasser Haj Youssef. Il apparaît dans plus de 30 albums, comme ceux de Daniele Silvestri, Stefano Sabatini, Andrea Beneventano, Dario Deidda, Piers Faccini, Ibrahim Maalouf, Pierre Boussaquet et Cliff Korman et il joue sur les principales scènes internationales (Tokyo jazz Fest., Montreal jazz Fest., Philharmonie de Paris, Billboard live, Olympia, Womad …).

En 2005, Simone Prattico déménage à Paris et forme un trio avec Ricardo Feijao (basse) et Laurent de Oliveira (piano). Durant cette période il est à l’affiche de nombreux festivals de musique français et italiens. En 2011, à New York, le batteur forme un nouveau trio avec la contrebassiste Brandi Disterheft et le pianiste Klaus Mueller avec lesquels il enregistre l’album « Brooklyn Sessions » sorti en 2016. Un jazz aux rythmiques intenses et aux mélodies sophistiquées.

« Oriundo », les musiciens

Sur « Oriundo », Simone Prattico retrouve Klaus Mueller, le pianiste déjà présent à ses côtés sur « Brooklyn Sessions », un musicien qui fait partie intégrante de la scène new-yorkaise du jazz et de la musique brésilienne.

Hormis sur les deux titres où il joue solo (Village Debate & That’s it), Simone Prattico a confié la partition de basse à deux musiciens. Essiet Okon Essiet intervient sur quatre titres et Edward Perez sur deux morceaux (Push and Pull & Helene). Exposé très jeune à de nombreuses cultures, le premier dirige son propre groupe « IBO » (nom d’une tribu nigériane, du jazz nigérian qui mêle harmonies jazz et rythmes d’Afrique de l’Ouest. Le second a commencé sa carrière comme bassiste de jazz mais s’est orienté ensuite vers le latin-jazz et les styles traditionnels d’Amérique du Sud (Pérou, Colombie, Brésil, …) et codirige avec le saxophoniste Michael Thomas, le « Terraza Big Band », un groupe de jazz qui réunit dix-huit des meilleurs jeunes musiciens de la scène new-yorkaise).

Sur Bay Ridge et sur Push and Pull, le groupe est augmenté d’une section de cordes composée de Gregor Hubner (violon), Carrie Frey (alto) et Rubin Khodeli (violoncelle).

« Oriundo », l’album

Des Quartieri Spagnoli (les quartiers espagnols de Naples ou de Manhattan) à Tanger, en passant par Bay Risge (un quartier de Brooklyn), « Oriundo » propose un voyage international. Si énergie et dynamisme font partie du casting, élégance et poésie s’invitent aussi sur cet album.

Toutes les compositions de l’album sont signées de Simone Prattico et Klaus Mueller, hormis le titre Promise Me You’ll Remember crédité à Carmine Coppola.

Dès le morceau d’ouverture, Quartieri Spagnoli, on perçoit combien la musique résulte d’une savante et subtile alchimie entre la culture méditerranéenne du leader et l’empreinte de la musique afro-américaine. Après l’exposition par le piano de la mélodie, tantôt bondissante tantôt calme, le solo au toucher mordant et inspiré du pianiste évoque quelque peu le style du regretté Corea. Le batteur offre ensuite une improvisation gorgée d’un groove punchy. Après ce morceau aux teintes afro-funk, se profile Bay Ridge. Exposé par le pianiste qui effleure son clavier et le violoncelle joué en contrepoint, le thème rend hommage au quartier de Brooklyn. Les balais du batteur ponctuent avec délicatesse le propos musical de cette ballade romantique en diable.

Après un solo introductif de la batterie, c’est un riff énergique de la contrebasse qui propulse Push and Pull. Avec les cordes pour écrins, le piano reprend inlassablement le riff lancinant puis le climat change et se fait bluesy. Porté par la batterie pulsatile et la ligne de basse inspirée, le piano impétueux prend la parole puis le riff revient comme une obsession et pour finir… tout s’arrête net. C’est aux mailloches que le batteur entame Helene, une ballade délicate toute en suspension. Notes ciselées du piano, harmonies pleines de grâce, improvisation lyrique de la contrebasse… une douce rêverie.

Exit le piano sur Tanger, bienvenue au Fender Rhodes. La rythmique complexe fait de ce morceau enlevé un moment essentiel de l’album. Toute en légèreté, l’improvisation du Fender participe au climat aérien du morceau. Le solo incisif et énergique du batteur impressionne par sa souplesse et sa complexité.

Sur Village Debate, seul sur sa batterie, le leader propose une improvisation riche en couleurs et en figures rythmiques. Un moment plein de vie qui immerge l’oreille dans une atmosphère enivrante et fait naître des images de danses africaines et de réunions animées mais tout se termine dans le calme. Après un tel concentré d’énergie, Promise Me You’ll Remember tombe à pic. Piano, contrebasse et balais distillent une superbe ballade dont chaque note frémit d’élégance et de sensibilité. L’art de la romance propulsé au firmament !

L’album se termine par That’s It, un solo de percussions/batterie qui propose un voyage rythmique aux dimensions quasi initiatiques. Telle une incantation pacifique, la batucada fait naître un climat ensorcelant et évoque une procession paisible et enjouée.

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