Respiration musicale élégante
Improvisateur inspiré et figure incontournable du jazz européen, Romain Pilon revient avec « Falling Grace », son 5ème disque en tant que leader. Avec un répertoire consacré à des standards de jazz qui l’ont marqué, le guitariste propose un opus à la fois aérien et limpide, subtil et dense. Avec élégance et sans étalage de virtuosité, la musique respire.
Exhumant des perles rares du « Great American Songbook » et des pépites signées par Herbie Hancock, Steve Swallow, Thelonious Monk ou Miles Davis, le guitariste Romain Pilon fait preuve d’une grande maturité expressive et d’une rare sensibilité sur les onze plages de son album « Falling Grace » (Jazz People/PIAS) sorti le 04 mars 2022.
Formé aux États-Unis, le musicien concilie tradition et modernité. Alliée à son toucher délicat et une aisance inouïe, son imagination contribue à transformer les standards que l’on a l’impression de découvrir de nouveau.
Sur « Falling Grace », en trio avec le contrebassiste Yoni Zelnik et le batteur Jeff Ballard, Romain Pilon rafraîchit ces morceaux intemporels que sont les standards. Nouvelles harmonisation, tempo différent, arrangements originaux, tout contribue à transformer les thèmes qui en ressortent renouvelés.
Romain Pilon, musicien et pédagogue
Né à Grenoble, Romain Pilon commence la guitare à l’age de 10 ans. Il étudie avec différents professeurs de la région, étudie au conservatoire de Chambéry et obtient une bourse d’étude pour la « Berklee College of Music » de Boston. Il étudie là-bas où il rencontre notamment Pat Metheny, dont il fait la première partie. Il a aussi l’occasion de jouer avec de nombreux musiciens, parmi lesquels Christian Scott, Esperanza Spalding, Warren Wolf, Lionel Loueke. Après quatre ans à Boston, puis un an à New York, Romain décide de s’installer à Paris où commence à jouer dans divers projets. Il forme un groupe avec le saxophoniste David Prez avec lequel il enregistre deux albums.
Sideman très demandé, Romain Pilon multiplie les collaborations avec Perico Sambeat, le Keystone Big Band, Charlier/Sourisse, Frank Woeste, Raphaele Atlan, Paris Jazz Underground, Anne Paceo, Keyon Harrold, Linda May Han Oh, Sam Yahel et bien d’autres. en 2019, il est appelé pour vingt dates de concerts dans les clubs les plus réputés des États-Unis, par le contrebassiste américain Jeff Denson avec lequel il a gravé en 2018, en tant que co-leader, l’album « Between Two Worlds » (Ridgeway /Orchestra) où la batterie est tenue par le légendaire Brian Blade.
En tant que leader, Romain Pilon a enregistré « NY3 » à New York en 2010, avec Colin Stranahan (batterie) et Matt Brewer (contrebasse), « Colorfield » (Whirlwind Recordings/Bertus) en 2013 en trio, avec Michael Janisch (basse), Jamire Williams (batteur) et le saxophoniste américain Walter Smith III, et en 2015, « The Magic Eye » (jazz&people) avec son trio régulier (Fred Pasqua et Yoni Zelnik) rejoint par deux saxophonistes ténors renommés, Ben Wendel et Walter Smith III.
En 2018, le guitariste sort « Copper » (jazz&people) enregistré en 2017 autour d’une instrumentation électrique avec Tony Paeleman (synth-bass, Fender Rhodes), Fred Pasqua (batterie) et deux invités, le pianiste français Pierre de Bethmann et le saxophoniste new yorkais Seamus Blake.
En juin 2021, Romain Pilon enregistre son premier album de standards, « Falling Grace », avec Yoni Zelnik à la contrebasse et en invité, le batteur américain Jeff Ballard.
A côté de sa carrière de guitariste, Romain Pilon s’avère par ailleurs un pédagogue reconnu. Il enseigne en effet au Conservatoire à Rayonnement Régional (CRR) de Douai, à l’IMEP· Paris College of Music, école de jazz et de musiques actuelles à Paris et intervient aussi au Centre des Musiques Didier Lockwood (CMDL) et au California Jazz Conservatory (Berkeley, Usa). En 2016 il a commencé une série de mini-vidéos pour YouTube. Avec plus de 350000 vues sur la playlist et prés de 8000 téléchargements des pdf, l’expérience a été un grand succès.
« Falling Grace »
L’album ouvre avec Falling Grace, la composition du contrebassiste Steve Swallow. C’est avec sensibilité et sans étalage ostentatoire de virtuosité que le guitariste revitalise ce thème assez rare et plutôt méconnu. Avec talent il a d’aborder cette composition sur un tempo original, ce qui confère une nouvelle fraicheur au morceau. Son jeu élégant et le choix précis de ses notes évoque quelque peu l’influence de Pat Metheny. La musique coule avec un débit chantant.
Romain Pilon, Yoni Zelnik, Jeff Ballard ré-harmonisent le thème Textures de Herbie Hancock enregistré à l’origine sur l’album « Mr Hands » (1980) à l’ambiance funky. Le guitariste s’exprime sans urgence avec subtilité, légèreté et une grande limpidité. Pour interpréter Side Car, Romain Pilon semble s’inspirer de la version de Miles Davis gravée sur l’album « From Circle in the Round » (1968). Il adopte un jeu de guitare incisif et bluesy. Il fait usage d’un savant dosage des effets de saturation et de réverbération. En tirant les cordes de la main gauche, il produit des inflexions évocatrices de celles de John Scofield.
Sur Lament, la ballade composée par le tromboniste J.J. Johnson, le toucher de la guitare flirte avec le silence et étire la mélodie avec sérénité. Il la fait respirer avec une fraicheur délicate alors que le swing impulsé par les balais ne faiblit pas.
Après l’exposition fidèle du thème de Bye Ya par la guitare, la contrebasse improvise avec assurance sur le thème de Thelonious Monk. Dotée d’une sonorité chaleureuse et captivante la guitare au phrasé très fluide navigue ensuite dans la sphère Monkienne alors que la batterie lui répond par un solo très musical. Sur un tempo funky, le trio propose Interlude dont le climat soul à la James brown tranche avec les titres précédents. On en vient à se déhancher durant le court moment que dure le morceau.
Plus loin, sur Sweet and Lovely, chanson populaire américaine de 1931, la guitare swingue sans faille et entame une déambulation musicale à l’issue de laquelle, avec la contrebasse, elle fait un clin d’œil au style néo-orléannais. Le trio revisite ensuite Golden Earrings de Victor Young, pris sur un léger tempo de rumba. Guitare et contrebasse croisent leurs propos ciselés. Le répertoire continue avec By Myself d’Arthur Schwarz et Howard Dietz que le trio interprète sur un mouvement rapide. Grâce à une maîtrise parfaite de sa technique instrumentale, Romain Pilon joue avec fluidité et déroule de séduisantes lignes mélodiques. Tout à fait enivrant !
Sur Horace-Scope, titre éponyme de l’album sorti par Horace Silver chez Blue Note en 1960, la guitare pare son jeu de phrasés hard-bop. Au fil de son improvisation élaborée avec subtilité, on peut apprécier une fois encore le swing et le drive irrésistibles du musicien. Avec Nicolette, l’album se termine dans un climat de douce quiétude. Sur cette composition du trompettiste Kenny Wheeler, la contrebasse développe un solo d’une souplesse inouïe. Toujours en recherche du timbre le plus adapté, la guitare pare son expression d’envolées lyriques parsemées d’étoiles rêveuses.
Pour écouter le « Standards trio » de Romain Pilon (guitare) avec Yoni Zelnik (contrebasse) et Adam Arruda (batterie), rendez-vous le 26 mars 2022 à Lyon au Hot Club, le 27 mars 2022 à Marseille au JAM Hors les Murs, le 29 mars 2022 à Salon de Provence, le 31 mars 2022 à Bruxelles à Jazz Station, le 01 avril 2022 à Paris au Sunset, le 02 avril 2022 à Nice à l’Atelier Frega.
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