Audacieux et sensible
« Unknown » dévoile un nouveau Pierrick Pédron. En quartet acoustique, ce neuvième album du saxophoniste délivre émotion et flamboyance. Un jazz exigeant aux mille éclats.
Une année après son précédent album « And The », Pierrick Pédron présente « Unknown » (Crescendo/Caroline), son nouvel opus annoncé pour le 15 septembre 2017. Une fois encore le saxophoniste étonne.
Sur « Unknown« Pierrick Pédron se produit en quartet acoustique. Il retrouve son compagnon de longue date, le contrebassiste Thomas Bramerie qui assure une solide assise au quartet. La batterie est tenue par Greg Hutchinson et le piano par Carl-Henri Morisset, le jeune pianiste aux origines haïtiennes que le tout Paris du jazz se dispute. Laurent de Wilde assure la direction artistique de l’album.
En juillet on avait annoncé « Unknown » comme la neuvième planète de l’altiste. On se propose d’explorer les dix plages de ce neuvième album où Pierrick Pédron lève le voile sur un continent inconnu. Cinq ballades bouleversantes où le silence s’invite et fait respirer la musique. Cinq autres morceaux menés sur un rythme soutenu où les musiciens croisent leurs propos inspirés.
Dix plages, neuf titres, huit compositions de l’altiste dont sept nouvelles. Seul Enjoy The Silence de Depeche Mode, n’est pas écrit par le saxophoniste.
En ouverture, Unknown interpelle par son univers très ouvertement jazz. Place aux improvisations qui se promènent entre le post-bop et la libre expression héritée des avant-gardistes qui ont ouvert la route au free-jazz. Clins d’œil du saxophoniste à Parker, du pianiste à Monk mais place à un univers que n’aurait pas dénié Mingus. Ruptures rythmiques et relances sont assurées avec aisance par une section rythmique d’acier qui laisse toute latitude à l’alto pour explorer le fameux territoire inconnu qui donne son nom à l’album. En fait Pierrick Pédron évolue en terrain plus que connu, celui de l’improvisation qu’il développe avec une grande maîtrise.
On retrouve cette ambiance bouillonnante sur With The 2B‘s inspiré par Thomas Bramerie et sa femme. La rythmique sous-tend le groove et le saxophone débride son discours sans limite. L’improvisation a élu domicile sur le territoire de Trolls. Alors que les lignes de basse de Thomas Bramerie assurent une assise solide au morceau, le batteur découpe le tempo sur lequel saxophone et piano tracent des lignes brisées.
L’énergie habite aussi Val André écrit par le saxophoniste pour l’album « Omry » sorti en 2009. A la toute fin du morceau Pierrick Pédron se lance dans un chorus échevelé où il mobilise toute l’étendue de sa technique. Porté par la puissance de Greg Hutchinson, Mister Miller rend hommage au pianiste Mulgrew Miller (1955-2013) qui était présent en 2005 aux côtés de Pierrick Pédron et Thomas Bramerie sur l’album « Deep in A dream ».
On est bouleversé par le chant nostalgique et sobre du saxophone et par le toucher sensible du piano sur Mum’s Eyes, une ballade écrite par le leader quelques jours après la disparition de sa mère. Sur Petit Jean, ballade dédiée par Pierrick Pédron à son jeune fils, le propos tout aussi délicat se fait moins mélancolique mais porteur d’une tendre émotion.
La cinquième ballade fait référence à une certaine anche, A Broken Reed. Rien que de très normal dans le fait qu’un saxophone utilise des anches, par contre ce qui l’est moins c’est lorsque l’anche casse. C’est ce qui est arrivé durant l’enregistrement mais la sonorité étrange que restituent les bandes a plu à Pierrick Pédron et l’on se réjouit de pouvoir écouter ce son voilé un peu inhabituel.
Un détour du côté de la pop avec Enjoy The Silence du groupe Depeche Mode dont le quartet propose une version courte et une version longue. Sur ces deux ballades, le silence s’invite. Le lyrisme que le saxophoniste développe sur ces deux titres apporte une respiration poétique à l’album.
« Unknown », entre nostalgie poétique et énergie flamboyante, l’album surprend, enchante, émeut et donne envie de le faire tourner en boucle pour mieux pénétrer le monde inconnu dans lequel Pierrick Pédron exprime sa sensibilité et son audace.
A l’occasion de la sortie de l’album « Unknown », on peut retrouver Pietrick Pédron en concert à Paris au Duc des Lombards les 23, 24 et 25 octobre 2017.
Du groove à gogo avec Dmitry Baevsky et « Roller Coaster »
Pour son onzième album, « Roller Coaster », le saxophoniste Dmitry Baevsky revient avec à ses côtés, le guitariste Peter Bernstein. Une fois de plus, le talent de l’altiste éclate avec insolence. A la fois lyrique et sensible, mélodique et virtuose, son jazz impressionne et séduit. Que du bonheur !
Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »
Sur son nouvel album « Le Sable et l’Écume », Titi Robin présente un répertoire original composé pour Titi Robin Quatuor, sa nouvelle formation instrumentale. Un projet instrumental porté par les sublimes échanges de quatre musiciens hors pair. La musique s’inscrit dans une culture radicalement modale et polyrythmique. La prise de risque artistique est à la mesure de l’enjeu esthétique. Un projet modal, hors mode et radical.
Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988
Le label Storyville Records prévoit la sortie d’un double-album inédit de Michel Petrucciani, « Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988 ». Annoncé pour le 15 novembre 2024, cet opus inédit permet d’écouter le pianiste entouré de Gary Peacock et de Roy Haynes. Du jazz intemporel qui allie lyrisme, sensibilité et virtuosité.