Conversation spirituelle et sereine des musiques du monde
Le 24 février 2017, la discographie du pianiste cubain Omar Sosa s’étoffe d’un nouvel opus, « Transparent Water » enregistré avec Seckou Keita, maître de la kora et chanteur sénégalais. De leur conversation sereine ruisselle une musique pure et translucide.
Album innovant, « Transparent Water » (World Village/Pias) témoigne d’une aventure autant humaine que musicale et de la quête incessante du pianiste Omar Sosa vers de nouvelles orientations musicales.
Cinq années séparent la première rencontre entre Omar Sosa et Seckou Keita et la sortie de l’album. Au départ, un concert du batteur Mark Gilmore auxquels les deux musiciens participent en 2012 au CLF Art Café à Londres à Londres.
Si Omar Sosa a un agenda surchargé on connaît aussi son goût pour les rencontres et sa curiosité pour les musiques du monde. Certes le temps passe mais les musiciens se retrouvent de nouveau en 2013 pour commencer l’enregistrement à Osnabrück en Allemagne au Studio Fattoria Musica. En avril 2013, Omar Sosa est invité par la pianiste et joueuse de cornemuse Cristina Pato à une résidence d’artistes à Saint-Jacques de Compostelle où il côtoie des artistes proches du « Silk Road Ensemble » de Yo-Yo-Ma. Il fait alors la connaissance du joueur de sheng (flûte traditionnelle chinoise) Wu Tong que le pianiste intègre à son projet. En septembre 2013 il profite d’un concert à Shangai pour enregistrer les parties de flûte.
En recherche de sonorités instrumentales qui participent à teinter d’une couleur originale le nouvel album, Omar Sosa s’adresse ensuite à la joueuse de koto, Mieko Miyazaki dont il apprécie le travail auprès du guitariste Nguyen Lê et du contrebassiste Michel Benita. Pour la dimension rythmique de la musique, Omar Sosa se tourne enfin vers le percussionniste vénézuélien Gustavo Osvalles avec il collabore de longue date puisqu’il est déjà présent sur trois de ses albums, « Sentir », Ayaguna » et « Eggūn ».
C’est après les derniers enregistrements réalisés en 2014 qu’Omar Sosa confie à Paris le mixage de l’album au batteur et producteur britannique Steve Argüelles avec qui il a déjà travaillé pour les albums « Mulatos » et « Afreecanos ». Enregistrés entre Allemagne, Chine et France, joués par des musiciens aux origines internationales, les treize titres de l’album « Transparent Water » restituent une musique qui navigue entre spiritualité et rêve.
Au final, à l’écoute de « Transparent Water » on est comme hypnotisé par le mariage subtil et harmonieux des voix, du piano rythmique cubain, de la polyrythmie africaine, des mélodies impressionnistes du koto japonais et de la kora africaine, du souffle du sheng chinois.
Dédié au père de Seckou Keita, Dary ouvre l’album. C’est aussi le premier morceau que Seckou Keita et Omar Sosa ont enregistré en studio. Un chant de paix où les voix des deux musiciens s’unissent pour n’en faire plus qu’une.
Plus que tous les autres, Oni Yalorde entre en résonance avec le titre de l’album, « Transparent water ». En effet, cette composition d’Omar Sosa dédiée à la déesse de la rivière et de l’eau est porteuse d’un climat spirituel et apaisé dont la douceur évoque un amour absolu et impalpable, transparent et pur comme l’eau de la rivière.
On a aimé le climat réflexif et contemplatif du titre In The Forest complètement improvisé et totalement apaisé. Sheng, kora, voix et piano habillent Black Dream d’une atmosphère introspective et émouvante. La tradition africaine fait la part belle à la kora qui croise le folklore et la tradition cubaine sur deux titres exprimés en Wolof, la langue d’origine de Seckou Keita. Mining-Nah qui signifie « serre-moi fort » et Fatiliku qui évoque « le souvenir ».
Empreint des cultures des cinq continents, l’album d’Omar Sosa et Seckou Keita « Transparent Water » offre une musique multiculturelle sans frontières. De cette musique collective se dégage une lumière sereine, celle d’un monde idéal où les instruments improvisent et conversent librement et sans contrainte. De la pure musique du monde comme un remède apaisant au brouhaha dissonant du monde !
Et pour rester dans le domaine des belles nouvelles, le « Trio Transparent Water » (Omar Sosa - Seckou Keita - Gustavo Ovalles) présente l’album éponyme dans plusieurs villes de France. Il est en 16 mars à Paris, au Café de la Danse pour présenter le répertoire de l’album. De la Musique du Monde de belle facture !
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