Nuit Italienne - 1. Stefano Bollani & Richard Galliano
Les soirées thématiques font partie des traditions des Nuits de Fourvière. En 2017, l’Italie n’est pas en reste et le public de la Métropole lyonnaise se voit gratifié de deux Nuits Italiennes dont la première programmée le 18 juillet 2017.
Cet Echo#3 propose un retour sur la Nuit Italienne du 18 juillet 2017.
Avec plus de trente degrés au thermomètre et le vent du Sud, la soirée s’annonce calda à l’Odéon le 18 juillet pour la première Nuit Italienne 2017.
Décontracté, en jean, chemise de lin et claquettes, Stefano Bollani a le privilège d’ouvrir la soirée. Le programme s’annonce donc jazz… mais pas que ! En effet, le pianiste a plus d’un tour dans ses claviers et va assumer le rôle d’un amuseur public bon enfant tout au long d’un set qui restera dans les mémoires des spectateurs.
Le concert ouvre avec trois compositions originales. Une première belle histoire allègre et sautillante que le pianiste brode avec aisance, élégance et légèreté sur le clavier du piano. Alors que les grands arbres proches de la scène bruissent sous les assauts du vent, Stefano Bollani effleure les touches du clavier et continue avec une ballade délicate dont la mélodie se fait plus alerte, plus passionnée et se densifie. S’instaure alors une dramaturgie haletante soutenue par l’infatigable main gauche du pianiste. Le musicien s’écartèle ensuite entre piano et clavier électrique sur un morceau au rythme endiablé.
Advient ensuite une version échevelée du célèbre thème Tico Tico no Fubà. La musique enfle, se fait atonale, revient à la douceur puis s’accélère. La musique tourne comme un manège pris de folie avant de s’arrêter sous une ovation enthousiaste du public. C’est le moment que choisit l’artiste pour préciser qu’en jazz on joue souvent plus de notes que nécessaire… ce que visiblement les spectateurs apprécient. Cabotin en diable, il donne une folle leçon de musique autour de plusieurs thèmes de Beethoven, « Marche Turque », « Lettre à Élise », « Symphonie n°5 ». C’est ensuite en chanteur italien que se transforme le pianiste ce qui l’amuse visiblement. Très vite il redevient pianiste. Virtuose et ludique, alerte et énergique il harmonise les mélodies romantiques et se joue des rythmes qu’il détourne avec allégresse ou contourne avec vélocité.
Stefano Bollani annnonce un invité surprise… Richard Galliano. Ensemble ils vont interpréter deux compositions de l’accordéoniste, Waltz for Nicky puis Tango pour Claude. Valse débridée, tango concertant… les deux virtuoses dialoguent avec bonheur et rivalisent d’inventivité. Le public chaviré en redemande et va être comblé car en guise d’au-revoir, le comédien-pianiste va interpréter un medley explosif de dix titres suggérés par le public, Purple Rain, Night and Day, Bella Ciao… et une version paolo-contienne plus vraie que nature de sa composition Copacabana.
Stefano Bollani quitte la scène de l’Odéon. On garde en tête le souvenir de ce set exubérant proposé par l’artiste transalpin à un public conquis. Le pianiste dose avec un égal bonheur énergie et lyrisme et propose un cocktail musical qui balance entre extravagance et charme romantique.
Après la valse du « Parrain » interprétée en solo, l’accordéoniste Richard Galliano invite ses musiciens à le rejoindre sur la scène de l’Odéon. Gabriele Mirabassi à la clarinette, Nicolas Folmer à la trompette, Mattia Barbieri à la batterie et Sylvain Le Provost à la contrebasse.
Le quintet franco-italien emporte le public dans un répertoire tout entier consacré à la musique du célèbre compositeur italien Nino Rota. Richard Galliano lui a rendu hommage en 2011 dans le splendide album « Galliano Plays Nino Rota » (Universal-Deutsche Grammophon Records).
Le groupe enchaîne les morceaux et fait varier les ambiances. Swing et mélancolie alternent. Les couleurs cuivrées que confère la trompette de Nicolas Folmer à certaines orchestrations succèdent à des ambiances plus nostalgiques et plus boisées. Sur la colline de Fourvière, ce n’est pourtant pas le Cirque Plume qui s’est installé mais bien celui de « La Strada » dont Nino Rota a composé la musique.
La mise en place est précise. La musique étincelle de mille nuances qui varient entre puissance tonitruante et délicatesse exquise. Les thèmes de « La Strada », de la « Dolce Vita », du « Parrain » se succèdent sans répit.
Comme un équilibriste fougueux mais précis, le prodigieux clarinettiste Gabriele Mirabassi double les mélodies de l’accordéon à moins qu’il ne dialogue avec lui dans un climat de douce intimité. On a vibré sur le duo poétique de Richard Galliano à l’accordina et du contrebassiste Sylvain Le Provost à l’archet sur un thème de la BO du « Parrain ».
Lyrique, Richard Galliano ne cède pas à la virtuosité mais cultive les mélodies de Rota qu’il harmonise avec sensibilité. Le quintet de l’accordéoniste rend un hommage poétique au compositeur italien Tout à tour joyeuse ou mélancolique la musique valse, explose ou murmure. Élégante elle n’en demeure pas moins populaire et enchanteresse.
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