« Moondog », une création des Nuits de Fourvière
en hommage au Viking de la 6ème Avenue
Le 11 juin, les Nuits de Fourvière proposent un vibrant hommage au compositeur de génie, « Moondog ». Une création qui célèbre le fameux Clochard Céleste, Louis Thomas Hardin plus connu sous le nom de « Moondog ».
Le moment est venu de compléter l’article du 27 avril qui annonçait un billet spécial consacré à cette création.
C’est parce que nous percevons cette soirée comme un évènement que nous nous sommes penchés sur la musique de ce créateur pour mieux nous préparer aux moments musicaux de cette soirée à venir. Pour cela nous avons lu l’excellent ouvrage « Moondog » écrit par Amaury Cornut et publié en 2014 aux éditions « le Mot et le Reste ». Le livre est passionnant de bout en bout. Le site français dédié à Louis Thomas Harding est dirigé par ce même Amaury Cornut, devenu le spécialiste français de Moondog. Les informations contenues sur le site « Moondog, Le Viking de la 6ème avenue » nous ont permis de mieux nous imprégner de la musique du compositeur et d’appréhender plus largement son univers. Un vrai trésor que ce site où l’on ne cesse de découvrir des informations sur cet artiste unique.
A partir des sources précitées on tente de se préparer à mieux profiter de la soirée du 11 juin.
Posté à l’angle du Moondog’s corner à Manhattan (New-York), Moondog signait ses œuvres de son nom indien « The Bridge ». Drapé dans sa grande cape, il a ainsi joué de la musique chaque jour, de 1949 à 1959. De célèbres musiciens de jazz lui rendaient visite (Duke Ellington, Charlie Parker, Benny Goodman, …). Il a rejoint l’Europe en 1974 et sa vie s’est terminée en 1999 en Allemagne.
Ce musicien aveugle composa de nombreuses œuvres musicales dans le système tonal auquel il adhérait fondamentalement et son écriture a utilisé l’écriture contrapuntique. La polyrythmie vit et vibre au cœur de ses créations. Ainsi construite, sa musique demeure inclassable, entre pop, jazz, avant-garde et classique.
Taxé de « fondateur du minimalisme » par P. Glass, S. Reich et R. Riley, L.T. Hardin refusa ce qualificatif. C’est en braille qu’il écrivit une œuvre immense qui compte des chansons mais aussi des madrigaux, des symphonies, son grand ouvrage « The Creation » et nombre d’autres pièces (écrites pour orgue, saxophone ou orchestre symphonique).
Le musicien était aussi poète et créateur d’instruments. Il inventa la fameuse trimba (percussion composée de deux tubes de forme triangulaire avec une ou deux cymbales directement rattachées au bois), le Oo, le uni (instrument à 7 cordes), le hüs (instrument à cordes) et le « stinky » (percussion).
Compositeur exceptionnel, Moondog a enregistré sous son propre label puis chez Epic. Il a publié trois albums, « Moondog », « More Moondog » et « The Story of Moondog », sous le Label Prestige Records, label de jazz chez qui avaient signé Coltrane, Getz, Monk, Konitz, Rollins ou Miles Davis. Moondog a aussi enregistré deux disques chez Columbia dont le LP « Moondog » en 1969 et « Moondog 2 » en 1971. Pour précision, une réédition de 1989 chez Columbia réunit ces deux albums.
En Europe il a enregistré sous le Label allemand Roof (Kopf) qui publia « Moondog in Europe » en 1977 puis quatre autres albums dont le fameux « H’art Songs » en 1978 (courtes mélodies chantées et accompagnées au piano), « A New Sound of an Old Instrument » en 1979 où l’orgue est mis en exergue et « Elpmas » en 1992 où le compositeur utilise les machines électroniques (sampler). Il grave ensuite « Sax Pax for a Sax » chez Atlantic Records en 1994, un hommage au saxophone puis « Big Band » en 1985 chez Trimba Music où le « London Brass » rejoint l’orchestre de saxophones.
La première partie de spectacle du 11 juin réunit quelques uns de ceux qui furent les compagnons de la vie européenne de Moondog. Ils viennent honorer de la plus belle manière la mémoire du compositeur. Stephan Eicher a rencontré Moondog aux Transmusicales de 1988, collaboré avec lui sur l’album « My Place » et lui a offert une « Carte blanche » au Montreux Jazz Festival en 1996. À partir de 1995, la pianiste Dominique Ponty était sur les scènes aux côtés de Moondog. Le percussionniste suédois Stefan Lakatos a découvert Moondog au cours d’un programme animé par Frank Zappa. Il a noué avec le compositeur une amitié qui les a unis de 1980 à la mort de Moondog. La présence sur la scène du Grand Théâtre de Stefan Lakatos adoubé par Moondog de son vivant, constitue un garant de l’authenticité de l’hommage rendu le 11 juin à Louis Thomas Harding a.k.a. Moondog. La dimension orchestrale de la musique du compositeur est restituée dans cette même première partie de spectacle par la participation de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon sous la Direction de Stefano Montanari. Le saxophoniste Raphaël Imbert rejoindra les artistes déjà cités sur « Bird’s Lament » (originellement nommé la « Symphonique No. 9 ») que Moondog avait composé suite au décès du saxophoniste de jazz Charlie Parker disparu le 12 mars 1955. Dans cette même première partie de soirée, l’Ensemble Minisym créé en 2013 sur l’initiative d’Amaury Cornut incarne ce que Moondog appréciait, les liens pouvant exister entre le baroque, le classique et la modernité. Cet ensemble emprunte le nom que Moondog avait donné à une de ses symphonies, Minisym en guise de Symphonie Miniature. C’est Amaury Cornut qui assure la Direction Artistique de la première partie de la soirée du 11 juin et tiendra à cette occasion les percussions sur la scène du Grand Théâtre.
La seconde partie de spectacle met en évidence la dimension du mouvement qui habite l’œuvre de Moondog avec des chorégraphies et au piano. Il faut au moins tout cela pour faire connaître plus largement l’art universel de Moondog, ce solitaire qui a croisé Philip Glass, Charlie Parker mais aussi Leonard Bernstein et qui comptait Stravinsky, Toscanini, Frank Zappa, Janis Joplin, John Zorn et Jarvis Cocker parmi ses admirateurs mais aussi aujourd’hui Sophie Calle et Philippe Starck ou Riad Sattouf.
Le samedi 11 juin sera vraiment une journée à marquer d’une pierre blanche puisqu’une conférence « Moondog à travers le XXème siècle » est aussi proposée. Elle sera donnée par le même Amaury Cornut, spécialiste de cet artiste, véritable exégète de la vie et de l’œuvre de Louis Thomas Harding. A cette occasion le conférencier mettra en évidence les liens qui existent entre cet artiste méconnu et des figures marquantes de la musique du 20ème siècle : de Steve Reich à Elvis Costello en passant par Janis Joplin, Leonard Bernstein ainsi que de nombreux jazzmen. Ainsi on en saura encore plus sur Moondog et on sera plus à même de profiter au mieux de la soirée du 11 juin que les Nuits de Fourvière proposent sur la scène du Grand Théâtre.
On se quitte avec la version de Bird’s lament gravée sur le disque « Moondog » de 1989.
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