Lewis Porter sort « Beauty & Mystery »

Lewis Porter sort « Beauty & Mystery »

Excellence d’une musique fondée sur l’exigence

Sur « Beauty & Mystery », son quatrième opus comme leader, le pianiste new-yorkais Lewis Porter invite John Patitucci à la contrebasse et Terri Lyne Carrington à la batterie ainsi que la saxophoniste Tia Fuller qui est conviée sur deux pistes. Ancré dans l’exigence du beau, cet album dégage un charme mystérieux qui contribue à son excellence.

« The most beautiful thing we can experience is the mysterious »

Cette citation du grand physicien Albert Einstein figure en préambule du livret de « Beauty & Mystery ». C’est en gardant à l’esprit cette idée posée comme principe que Lewis Porter conçoit l’album. Couverture de l'album "Beauty & Mystery" de Lewis PorterEn définitive cela permet au pianiste de réaliser un disque abouti. En effet les dix pistes de « Beauty & Mystery » (Altrisuoni) ne se contentent pas d’être belles, elles cultivent un rien de mystère qui leur octroie encore plus de profondeur.

Dans les faits, c’est sans doute en suivant ce même axe que Lewis Porter a inscrit sa carrière car il est devenu un musicien respecté tant pour sa stature d’universitaire érudit que pour celle de compositeur émérite et de pianiste accompli. Il a joué avec Dave Liebman, Joe Lovano, Wycliffe Gordon, Ravi Coltrane, Marc Ribot et de nombreux autres et a écrit « John Coltrane : sa vie, sa musique » publié aux éditions Outre Mesure en 2007.

Sur « Beauty & Mystery » sorti le 16 février 2018 chez Altrisuoni, le pianiste Lewis Porter réunit un groupe à la mesure de ses ambitions. Il a en effet à ses côtés John Patitucci à la contrebasse et Terri Lyne Carrington à la batterie. C’est d’ailleurs la première fois que ces deux vieux amis enregistrent ensemble un album de jazz acoustique. La participation de la saxophoniste Tia Fuller invitée sur deux pistes (avec l’autorisation du label Mack Avenue) complète la distribution 

Avec ce groupe prestigieux le pianiste conduit sa musique dans des paysages coltraniens et s’aventure aussi sur d’autres pistes qu’il se plait à explorer dans le jazz. L’album a été enregistré le 25 septembre 2017 par Mike Marciano dans les studios de Systems Two de Brooklyn à New-York. Hormis Bye Bye Blackbird de R. Hendersen, People Get Ready de Curtis Mayfield et 1919 de Ted Chubb arrangés par Lewis Porter les sept autres compositions sont à porter au crédit du pianiste.

Les reprises enregistrées par le trio enchantent.

Le trio interprète avec une tendre nonchalance la douce ballade 1919 composée par le trompettiste Ted Chubb. On ne se lasse pas des improvisations successives qui émaillent le célèbre Bye Bye Blackbird de R. Henderson. Sur People Get Ready de Curtis Mayfield, Lewis Porter et John Patittuci devisent avec élégance et le chorus du contrebassiste vibre d’une profondeur émouvante.

L’ensemble des titres du pianiste permet de prendre la mesure de son talent de compositeur et de la variété des styles qu’il embrasse.

« Beauty & Mystery » commence et se termine avec deux compositions de Lewis Porter. Prologue ouvre l’album avec un superbe solo romantique de Lewis Porter inspiré par les premières notes de la Symphonie n° 2 de Jean Sibelius et Day is Done, tendre valse éthérée aux accents lyriques, boucle l’album avec un au-revoir pacifié.

Sur un réarrangement du Cherokee de Ray Noble intitulé Chasing Lines, le groupe réalise une prise qui interpelle. Le piano improvise sur une ligne de basse confondante de justesse et de vélocité alors que la batterie assure le tempo sans rien lâcher mais avec le savoir-faire tout en légèreté de Terri Lyne Carrington. Dazzling Raga mélange avec bonheur raga et jazz.

Trois autres morceaux composés par Lewis Porter rendent hommage à l’univers de John Coltrane. Birthplace lui est dédicacé, Blues for Trane and McCoy adresse un clin d’oeil aux deux complices musicaux que furent le saxophoniste John (Col)Trane et le pianiste McCoy (Tyner) et enfin le morceau From Giovanni to Jimmy écrit pour honorer une des idoles de Coltrane, le contrebassiste Jimmy Garrison avec au passage un rappel aux racines de John Patitucci via l’utilisation de son prénom traduit en italien.

Sur Birthplace aux motifs rythmiques saccadés, la sonorité tranchante et acide du saxophone soprano de Tia Fuller évoque celle de Coltrane. Sur Blues pour Trane and McCoy les échanges tendus du pianiste et du saxophoniste rappellent ceux qui firent la gloire du duo Coltrane-Tyner. Après une longue introduction de la contrebasse, From Giovanni to Jimmy est l’occasion pour John Pattitucci d’exposer toute l’étendue de son art comme une dédicace respectueuse adressée à Jimmy Garrison.

Accéder à la beauté de l’album de Lewis Porter est chose aisée. Il suffit  de laisser tourner les dix plages de cet album qui lève sans pudeur le voile sur son mystère. Cette musique exigeante délivre son excellence qui se savoure avec un plaisir infini.

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