Vers les étoiles… loin de la gravité terrestre
Avec « Astral », la pianiste et compositrice Leïla Olivesi signe son sixième album. Entourée des meilleurs musiciens de sa génération, elle propose un jazz acoustique lumineux et poétique. Entre tradition et modernité, cet opus regarde vers les étoiles et projette la musique loin de la gravité terrestre.
Après la « Suite Andamane » (2019), coup de cœur de l’Académie Charles Cros, Leïla Olivesi revient avec « Astral » son deuxième album en grande formation. Il s’inscrit dans la lignée de la musique de Mary Lou Williams et de Duke Ellington.
Sur « Astral » (Attention Fragile & ACEL/L’Autre Distribution), sorti le 18 novembre 2022, la cheffe d’orchestre, pianiste et compositrice franco-mauritanienne présente dix œuvres instrumentales ainsi que deux chansons envoûtantes sur des textes de la poétesse contemporaine Lucie Taïeb. Elle accueille deux invitées.
A la tête du Leïla Olivesi Octet, ensemble membre de Grands Formats, Leïla Olivesi rend hommage avec Missing CC Suite, à Claude Carrière, grand amateur d’Ellington.
Leïla Olivesi
Pianiste et compositrice
Leïla Olivesi a commencé la scène au sein de la troupe des P’tits Loups du jazz à l’âge de treize ans. Née au Moulin d’Andé en Normandie, d’un père mauritanien et d’une mère corse, elle a grandi à Paris dans l’effervescence artistique et cosmopolite de son milieu familial, entre le bandonéon d’Astor Piazzola, Nina Simone et la musique de Miles Davis et John Coltrane.
Diplômée en philosophie et en musicologie à la Sorbonne (piano jazz, formation musicale, écriture et orchestration), diplômée en piano jazz, formation musicale, écriture et orchestration au conservatoire et à l’IACP, elle a étudié la musique avec Mulgrew Miller, Stéphane Belmondo, Manuel Rocheman, Bernard Maury, Héri Paredes, Christophe Dal Sasso, Carine Bonnefoy, Jean-Michel Bardez, Jacques Schneck, Lionel Belmondo.
Elle a reçu de nombreux prix et distinctions, lauréate du concours de composition pour Big Band « Ellington composers » en 2013 avec sa composition Summer Wing, Coup de cœur de l’Académie Charles Cros en 2019 pour « Suite Andamane », Académie du Jazz, Tremplin jazz à Montmartre (2002), Trophées du Sunside (2003), Tremplin Jazz Île de France, La Défense, Jazz primeur de Culture France, Prix Sacem en 2004 pour « Frida » et Prix Défi Jeunes en 2007 pour « L’Étrange Fleur ».
Elle a collaboré avec de nombreux artistes parmi lesquels entre autres, Jean-Charles Richard, Alex Terrier, Elisabeth Kontomanou, Manu Codjia, Emile Parisien, Jeanne Added, Magic Malik, Rick Margitza, Sébastien Llado, Glenn Ferris, Stéphane Belmondo, Anne Paceo, David Binney, John Betsch, Julie Saury, le groupe de salsa cubaine Metiswing, African Salsa Orchestra de Michel Pinheiro, Leon Parker, Laurent Mignard, Baptiste Herbin… et bien d’autres encore.
Leïla Olivesi a reçu plusieurs commandes de composition pour grands ensembles, orchestre symphonique et big band : trio jazz + orchestre symphonique à Villejuif, Big Band + orchestre symphonique + chœur au CMA10 et elle a composé des musiques de films comme Musulmans de France (France 5) et Un choix pour la vie (France 2) de Karim Miské, Les Demoiselles du ring (France 3) d’Ilana Navaro. Elle donne aussi des conférences sur Duke Ellington pour la Maison du Duke.
De 2004 à 2019
Avec à son crédit comme leader, cinq albums sortis entre 2004 et 2015, Leïla Olivesi n’a plus à prouver ses talents d’interprète et de compositrice.
Après « Frida » (Attention Fragile) sorti en 2004 et enregistré avec le « Brahma sextet » qui réunissait autour d’elle, Jeanne Added (voix), Julien Alour (trompette), Jean-Philippe Scali (saxophones), Benjamin Body (bassiste) et Donald Kontomanou (batterie), Leïla Olivei présente en 2007 « L’Étrange Fleur » (Nocturne) avec le « Leïla Olivesi quartet » composé d’Élisabeth Kontomanou (voix), Boris Pokora (saxophone), Chris Jennings (contrebasse) et Manu Codjia (guitare). En 2012, elle revient avec « Tiy » (Attention Fragile) gravé avec le Leïla Olivesi trio qui fédère à ses côtés Yoni Zelnik (contrebasse) et Donald Kontomanou et invite Manu Codjia, Niko Coyez (flûte, percussions) et Émile Parisien (saxophone soprano).
En 2015 sort l’album « Utopia » (Jazz&people) qui rend hommage au philosophe et essayiste du XVIIème siècle, Cyrano de Bergerac. Sur cet opus placé sous le signe de la libre pensée, de l’utopie et du voyage, la pianiste se produit en quartet avec Manu Codjia, Yoni Zelnik, Donald Kontomanou et invite le saxophoniste américain David Binney.
C’est en nonet que Leïla Olivesi enregistre « La Suite Andamane » (ACEL Attention Fragile), album sorti en 2019 et récompensé en 2020 par un « Coup de cœur » de l’Académie Charles Cros. Inspirées d’un voyage dans la mer Andaman (entre l’Inde et la Thaïlande), les compositions célèbrent le monde imaginaire et poétique de la pianiste. Sur cet opus, elle rassemble autour d’elle, Quentin Ghomari (trompette), Baptiste Herbin (saxophone alto, flûte), Adrien Sanchez (saxophone ténor) Jean-Charles Richard (saxophone baryton), Glenn Ferris (trombone), Chloé Cailleton (chant), Manu Codjia, Yoni Zelnik et Donald Kontomanou. Une suite en quatre mouvements avec plusieurs poèmes mis en musique (deux de Karine Leno Ancellin et un de sa mère Djamila Olivesi) et une reprise du fameux Satin Doll de Duke Ellington.
« Astral »
Enregistré les 28, 29 et 30 juin 2022 au studio Sextan la Fonderie à Malakoff, l’album « Astral » (Attention Fragile & ACEL/L’Autre Distribution) possède un réel son de de groupe. Il réunit en effet autour de la pianiste leader les musiciens déjà présents à ses côtés sur « La Suite Andamane » : Adrien Sanchez (saxophone ténor), Baptiste Herbin (saxophone alto et flûte traversière), Jean-Charles Richard (saxophone baryton et soprano), Quentin Ghomari (trompette), Manu Codjia (guitare), Yoni Zelnik (contrebasse) et Donald Kontomanou (batterie).
Deux invitées rejoignent le groupe : la saxophoniste Géraldine Laurent sur les instrumentaux Constellation Draconis, Constellation Ellipsis et sur la chanson Soustraire à la Lumière et la chanteuse Chloé Cailleton sur Soustraire à la Lumière, Au feu des Rêves et sur Missing CC le deuxième titre de Missing CC Suite, hommage que Leïla Olivesi rend à Claude Carrière.
Les improvisations émaillent le discours collectif sans que jamais le son de groupe ne soit altéré. Les timbres des instruments et les voix se marient avec bonheur. Un album inventif et plein de swing !
Au fil des titres
Sur Astral, dès les premiers accords du piano, Ellington se profile. Les envolées lyriques de la guitare et le jeu du ténor entraînent l’oreille dans un espace qui navigue entre galaxie et rêves. Une musique stimulante riche en couleurs et en contrastes. Après le titre d’ouverture qui donne son nom à l’album, le second morceau annonce clairement par son titre, Mary Lou, l’hommage que Leila Olivesi rend à la pianiste Mary Lou Williams. Alors que l’orchestre déploie ses couleurs chatoyantes, on est ébloui par le solo jubilatoire de la guitare et l’on se prend à rêver à l’écoute du piano qui improvise avec élégance et fait scintiller ses arpèges.
Black Widow place en orbite dans le ciel d’Astral, le soprano voltigeur et le fulgurant alto alors que l’harmonieuse palette orchestrale harmonieuse évoque l’univers de Billy Strayhorn. Avec Interstellaire, le groupe invite à voyager vers les étoiles et à communier avec l’espace.
Leïla Olivesi revisite ensuite Scorpio, un extrait de la « Zodiac Suite » (1946) de Mary Lou Williams (1910-1981) à qui le groupe rend hommage. Sur une orchestration aux dimensions quasi symphoniques, la sonorité veloutée et les inflexions bluesy du baryton magnifient le thème. Sur Constellation Draconis, c’est la trompette qui est mise en valeur, avec sa brillante sonorité et ses prouesses de style que stimulent les accords planants de la guitare. Une musique qui stimule l’imagination et enchante l’oreille.
Sur Galactica, la contrebasse de Yoni Zelnik soutient la profondeur des paroles du poème « Au feu des Rêves », lu par son auteure, Lucie Taïeb. Le répertoire se poursuit avec Constellation Ellipsis. Avec le groupe, on explore une constellation où la musique respire à pleins poumons. On est littéralement décoiffé par le swing du ténor d’Adrien Sanchez et par la frénésie de l’alto de Géraldine Laurent qui se lancent dans un dialogue ébouriffant.
Le chant de Chloé Cailleton insuffle une dimension céleste à la poésie de Soustraire à la Lumière de Lucie Taïeb. Sauvage et expressif, le brillant solo du bugle fait écho au texte et génère une atmosphère onirique. Sur Au feu des Rêves, Chloé Cailleton chante le poème de Lucie Taïeb au-dessus des arpèges lumineux du piano. Le discours très fluide de la guitare s’envole à en donner le vertige puis un échange fougueux s’engage entre ténor et guitare.
L’album se termine avec Missing CC Suite, en souvenir de Claude Carrière, un hommage en deux parties à l’univers musical de Duke Ellington. Portrait séduit dès son introduction. Au fil des minutes, l’orchestration se fait somptueuse et le climat harmonique se pare d’alliages sonores délicats pour soutenir l’improvisation émouvante du baryton. Missing CC ouvre avec le piano qui mêle avec raffinement dans son introduction, l’esprit du blues et l’âme du classique. Les modulations exquises du piano ouvrent l’espace musical dans lequel s’engouffre l’alto. Il souffle des braises enflammées qu’il propulse vers les cieux et est rejoint par la trompette au phrasé acrobatique. Après un espace de respiration où le silence triomphe, à la toute fin du morceau, le piano invite à une rêverie apaisante et… astrale.
Pour retrouver Leilia Oliveisi, rendez-vous le 01 février 2023 à 20h au Bal Blomet, dans le cadre des Concerts Jazz Magazine (ouverture des portes à 19h). A ses côtés sur scène sont annoncés, Adrien Sanchez (saxophone ténor), Baptiste Herbin (saxophone alto, flûte traversière), Jean-Charles Richard (saxophone baryton et soprano), Quentin Ghomari (trompette, bugle), Manu Codjia (guitare), Yoni Zelnik (contrebasse), Donald Kontomanou (batterie) et en invitée, Chloé Cailleton (chant).
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