Puissance rythmique & élégantes mélodies
Avec « Sly », le trio Reis-Demuth-Wiltgen continue à explorer le format traditionnel du trio jazz piano acoustique/contrebasse/batterie. Alliée à d’élégantes narrations musicales, la puissance rythmique du groupe ne se dément pas. Ce quatrième album reflète l’identité musicale du groupe et rend hommage à ses racines luxembourgeoises à travers la figure du Renard dont la ruse inspire son titre à l’album.
Après trois albums, le trio luxembourgeois Reis-Demuth-Wiltgen revient avec un « Sly », un quatrième opus annoncé pour le 02 avril 2021 chez Cam Jazz.
Les trois musiciens ont participé à l’écriture de cet album enregistré les 02, 03 et 04 mai 2019 à l’Artesuono Recording Studio de Cavalicco.
Le titre du disque fait référence à la ruse si souvent prêtée au Renard dont la figure orne la pochette. C’est ainsi que le trio ancre plus encore son identité dans la tradition luxembourgeoise puisque l’écrivain et poète Michel Rodange a consacré « Le Roman de Renart », une œuvre épique et satyrique adaptée du “Reineke le Renard” de Goethe et publiée en 1872.
Le trio Reis-Demuth-Wiltgen
Composé du pianiste Michel Reis, du contrebassiste Marc Demuth et du batteur Paul Wiltgen, le trio s’est formé pour la première fois en 1998, retrouvé en 2002 puis s’est vraiment reformé en 2011. Après la sortie de son premier album « Reis Demuth Wiltgen » en 2013 sur le label français Laborie Jazz, le groupe a beaucoup tourné en Europe et à l’international. Les trois musiciens ont ensuite sorti un deuxième album, « Places In Between » enregistré à New York et sorti chez Double Moon Records en 2015 puis un troisième intitulé « Once In A Blue Moon » sorti en 2018 chez Cam Jazz.
L’instrumentation classique du trio luxembourgeois Reis-Demuth-Wiltgen ne fonde en rien l’originalité du groupe. C’est ailleurs que se trouve l’identité du groupe, dans ce jeu dont l’esthétique allie puissance rythmique, mélodies élégantes et climats subtils.
En 2021, le trio présente « Sly » avec de nouvelles compositions.
« Sly »
En treize morceaux au format concis, le quatrième album du trio Reis-Demuth-Wiltgen captive l’oreille par l’équilibre musical de ses climats musicaux. Irrigué d’énergie, « Sly » présente un jazz moderne qui navigue entre les couleurs nuancées d’un romantisme mélancolique et celles plus contrastées d’une rythmique vigoureuse.
Dès Snowdrop, le titre d’ouverture, la magie du trio opère. La légèreté des accords plaqués sur le clavier du piano évoquent la chute des flocons de neige déclenchée par un puissant ostinato de basse conjugué au rythme vigoureux des baguettes. Avec le binaire No Storm Lasts Forever, le trio revient à une esthétique plus rock qui n’est pas sans évoquer le souvenir du légendaire EST.
Avec If You Remember Me, le trio revient à un climat plus classique, celui d’une ballade romantique où le piano dessine une mélodie nostalgique sur un motif de basse joué en boucle. Après ce morceau onirique, le trio entreprend de conter l’histoire de ce Fantastic Mr Fox dont les aventures sont dotées d’une puissante effervescence. Portée par une rythmique dynamique, la narration de Silhouettes on the Kura met en valeur un véloce chorus de contrebasse dont la gravité tranche avec le solo incisif du piano enflammé.
Sans doute le climat sonore étrange de Viral se veut-il en résonance avec le climat sanitaire actuel. Il suggère l’insécurité au fil d’atmosphères variées. Ainsi, musique pesante puis allégée, rythmique heurtée puis apaisée, notes dissonantes puis harmonies caressantes évoquent successivement accablement ou espoir. Plus loin sur Diary Of An Unfettered Mind, les musiciens habillent leur plume d’un lyrisme qui ne manque ni de souplesse ni de concision. La musique s’embrase au fil des montées en puissance des solos du pianiste porté par une rythmique vigoureuse.
Après ce concentré d’énergie, Let Me Sing for You advient comme une respiration dont le lyrisme captive. Empreint de romantisme, cet instant musical doit pour beaucoup aux envolées sensibles du piano. On se laisse plus tard aspirer dans le flux exaltant du gracieux Venerdi Al Bacio dont la mélodie fait un clin d’œil aux romances italiennes. Un moment ressourçant dont le tempo énergique n’est troublé par aucune fébrilité.
Avec une rare élégance, Nanaimo constitue ensuite un moment élégiaque. Le morceau se distingue par sa construction des autres thèmes de l’album. Point de développement crescendo, ni d’envol lyrique. Cette ballade élégante ponctuée de silences semble glisser sur le fil d’une eau calme. Avec une grâce infinie, la contrebasse chaleureuse développe un chorus d’une rare douceur.
De format court, The Last We Spoke sonne comme la bande son d’un clip au climat bucolique et l’ambiance un rien mélancolique. Après l’introduction délicate où contrebasse et piano dialoguent soutenus par un accompagnement délicat des baguettes sur les cymbales, la concorde disparaît au profit d’une effervescence groovy en accord avec le titre du morceau, The Rebellion. Unis dans une rythmique alchimique, le trio densifie son expression sans jamais se départir de son élégance. La promenade musicale se termine avec Home is Nearby, un épisode poétique au climat subtil chargé de sérénité.
Avec « Sly », le trio luxembourgeois Reis Demuth Wiltgen demeure ancré dans l’héritage de son pays. Il conserve ce son qui lui appartient en propre et constitue son identité.
Du groove à gogo avec Dmitry Baevsky et « Roller Coaster »
Pour son onzième album, « Roller Coaster », le saxophoniste Dmitry Baevsky revient avec à ses côtés, le guitariste Peter Bernstein. Une fois de plus, le talent de l’altiste éclate avec insolence. A la fois lyrique et sensible, mélodique et virtuose, son jazz impressionne et séduit. Que du bonheur !
Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »
Sur son nouvel album « Le Sable et l’Écume », Titi Robin présente un répertoire original composé pour Titi Robin Quatuor, sa nouvelle formation instrumentale. Un projet instrumental porté par les sublimes échanges de quatre musiciens hors pair. La musique s’inscrit dans une culture radicalement modale et polyrythmique. La prise de risque artistique est à la mesure de l’enjeu esthétique. Un projet modal, hors mode et radical.
Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988
Le label Storyville Records prévoit la sortie d’un double-album inédit de Michel Petrucciani, « Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988 ». Annoncé pour le 15 novembre 2024, cet opus inédit permet d’écouter le pianiste entouré de Gary Peacock et de Roy Haynes. Du jazz intemporel qui allie lyrisme, sensibilité et virtuosité.