La fougue de Gaël Horellou enflamme le Sirius
Faute de posséder le don d’ubiquité, impossible de profiter de la totalité des évènements du Jazz Day 2017 à Lyon même si tous sont attractifs. Le Jazz Day au Sirius enflamme la péniche et enchante son public. Gaël Horellou porte le message d’un jazz multiculturel et ouvert.
Comme annoncé, le Jazz Day 2017 à Lyon, Saint-Étienne et Vienne, augurait des réjouissances prometteuses pour le 30 avril. 24h de jazz à vivre un dimanche laissait envisager la possible participation de familles à cet évènement. Ce fut le cas et l’on a observé de nombreux jeunes enfants aux côtés de leurs parents durant les évènements diurnes de ce Jazz Day 2017 à Lyon.
Faute de pouvoir se transporter dans l’espace et le temps pour profiter de tous les spectacles proposés pour cette Journée Internationale du Jazz, on choisit d’entreprendre une déambulation le long des fleuves de la métropole des Gaules.
On se dirige du côté du Bémol5, 01 rue de la Baleine sur les quais de Saône, dans ce lieu qui a ouvert ses portes le 21 avril avec la venue de David Linx et de « InLab 4tet ». Ce 30 avril 2017, Yves Dorn et son équipe propose un Brunch au Bémol5 à partir de 13h30 avec la promesse d’une double programmation.
Lorsqu’on arrive, la salle affiche « complet ». Le concert de Magnetic Orchestra a commencé depuis 13h30. Il s’agit en fait du Magnetic Orchestra « augmenté ». En effet, le trio est devenu quartet avec la participation du saxophoniste ténor Stephan Moutot qui a rejoint le contrebassiste François Gallix, le pianiste Benoît Thévenot et le batteur Nicolas Serret. On découvre à l’occasion que l’orchestre présente son nouvel album « June ». Le public applaudit à tout rompre et visiblement le plaisir est de mise tant sur la scène que dans la salle. Après la courte mais énergique prestation du Magnetic Orchestra s’installent les 17 musiciens du Limonest Swing Band dirigés par Stéphane Rivero.
Le Bémol5 ne désemplit pas et la fête du jazz continue mais on le quitte pour se diriger vers le Jazz Club Saint Georges du même côté de la Saône. Dans cette cave sympathique est programmé le Georges V Quintet et là encore la salle affiche « complet »… même les escaliers sont occupés. On écoute les derniers morceaux du groupe sur l’écran situé dans l’entrée alors qu’affluent les nouveaux spectateurs venus pour écouter le Jazz Club Quarte. Décidément, du côté de la Saône, le jazz attire le public.
On poursuit le parcours du Jazz Day péri-fluvial en direction de la confluence du Rhône pour rejoindre le Musée des Confluences qui consacre le Jazz Day aux Racines du Jazz et on prend le parti de s’y rendre en avance pour pouvoir accéder au grand Auditorium du musée et à sa double programmation, conférence de Florent Mazzoleni puis concert de Lionel Martin & Mario Stanchev autour du répertoire de l’album « Jazz Before Jazz ». mais que nenni ! Impossible d’accéder aux gradins de la salle, là encore le lieu affiche complet pour les deux spectacles.
Déçus, on se réjouit malgré tout du succès que rencontre le Jazz Day tout au long des fleuves lyonnais. On en profite pour deviser avec d’autres spectateurs déçus que l’on engage à se rendre au Sirius.
On remonte le Rhône en direction de la péniche amarrée en face 04 quai Augagneur, le Sirius qui, pour ce jazz Day accueille le saxophoniste Gaël Horellou qui vient présenter son nouveau projet et son album « Identité ». A 17h, il y a déjà foule pour un concert qui doit commencer à 18h et qui débute à 18h30 son premier set. Les rayons du soleil dardent leur lumière à travers les vitres de la péniche dont la température va très vite monter. Outre l’astre solaire, c’est aussi et surtout la musique de Gaël Horellou et de son groupe qui réchauffe l’ambiance.
C’est en effet la verve habituelle du saxophoniste alto qui déclenche l’enthousiasme du public massé dans tous les recoins du pont. Il y a certes des fidèles qui suivent le saxophoniste mais aussi des spectateurs venus profiter de ce moment festif proposé dans le cadre du Jazz Day. Ils font coup double et découvrent en même temps le lieu et les musiciens. D’emblée, ils adhèrent à cette musique chaleureuse et énergique que le groupe offre avec grande générosité.
Sur scène le saxophoniste Gaël Horellou est entouré de Florent Gac (orgue) et du guitariste réunionnais Nicolas Beaulieu. Si les percussionnistes de l’album ne sont pas présents, Vincent Alyberil, Fredo Ilata, Zelito et David Dorisa assurent leur partie avec brio et l’on met bien au défi quiconque de faire la différence tant sont grands leur enthousiasme et leur talent.
La musique demeure live ce qu’elle est sur l’album. Elle oscille entre les caractéristiques du Jazz et ceux du Maloya, entre chaleur des percussions et improvisations du jazz. L’altiste navigue très bien entre les deux mondes dont il possède les codes. Avec lui coexistent modernité du jazz et tradition du maloya.
La mise en place de la musique est parfaite, l’altiste possède une présence scénique inouïe. L’orchestre tout entier s’investit et avec Saint Leu et Identité la pression monte à son paroxysme. Le premier set ébouriffant se termine par une romance poétique (dixit Gaël lui-même) issue du répertoire de Broadway, Nature boy gravé sur l’album « Identité ». Le saxophoniste change de registre sans effort et son discours se pare d’accents sensibles presque poétiques.
L’orchestre attaque le second set avec Grand Brillé ou d’emblée Gaël Horellou introduit une dimension quasi mystique au cœur de la musique. Les tambouyé tendent le rythme alors que Nicolas Beaulieu déclenche l’enthousiasme du public. La transe n’est pas loin lorsque l’altiste totalement libéré enflamme presque le pont de ses improvisations hypnotiques. Malgré l’effort, le saxophoniste ne se départ pas de son sourire. La musique coule et sa chaleur se répand dans l’assemblée qui reçoit avec un bonheur palpable cette musique où se marient la culture de la Réunion et celle du jazz. Après l’interprétation de Lonely Woman composition d’Ornette Coleman où l’émotion et la sensibilité sont perceptibles, le concert se termine avec des vibrations tout droit venues de la Réunion.
La Journée Internationale du Jazz prône le dialogue interculturel. On termine ce Jazz Day péri-fluvial 2017 en adéquation avec cette philosophie. En effet, c’est bien ce qu’a offert la chaleureuse et solide musique jouée par Gaël Horellou et les musiciens qui l’accompagnent autour de son projet « Identité », un exemple absolu de musique multiculturelle et ouverte.
Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »
Sur son nouvel album « Le Sable et l’Écume », Titi Robin présente un répertoire original composé pour Titi Robin Quatuor, sa nouvelle formation instrumentale. Un projet instrumental porté par les sublimes échanges de quatre musiciens hors pair. La musique s’inscrit dans une culture radicalement modale et polyrythmique. La prise de risque artistique est à la mesure de l’enjeu esthétique. Un projet modal, hors mode et radical.
Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988
Le label Storyville Records prévoit la sortie d’un double-album inédit de Michel Petrucciani, « Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988 ». Annoncé pour le 15 novembre 2024, cet opus inédit permet d’écouter le pianiste entouré de Gary Peacock et de Roy Haynes. Du jazz intemporel qui allie lyrisme, sensibilité et virtuosité.
« Django! »… Baptiste Herbin en trio sans guitare
C’est un véritable défi que réussit le saxophoniste Baptiste Herbin avec « Django! » sur lequel il revisite l’univers de Django Reinhardt, en trio trio saxophone, contrebasse, batterie. Sans guitare, l’album restitue l’essence de la musique du fameux guitariste manouche. Échanges énergiques, fulgurances virtuoses, valses enivrantes, exubérances et silences, tout concourt à faire de cet album absolue une réussite qui allie innovation et tradition.