Christophe Monniot - Didier Ithursarry
Le duo d’un Sax’oiseau et d’un Arbr’accordéon
Pour les festivaliers de Jazz Campus, le 24 août 2018 débute avec le rituel incontournable du « concert pique-nique » dans le parc du Haras de Cluny. Cette année, Christophe Monniot et Didier Ithursarry assurent la nourriture spirituelle du déjeuner sur l’herbe. Le public tombe sous le charme du duo. Un des meilleurs souvenirs de l’édition 2018 du festival.
Malgré un temps incertain, le concert « pique-nique » se tient dans le Parc du haras de Cluny. Avec le duo Christophe Monniot & Didier Ithursarry c’est un « retour aux racines des musiques populaires » que promet Didier Levallet au public rassemblé sous les larges branchages du grand tilleul. Des musiciens au public en passant par les organisateurs, toutes les mines affichent leur sourire en guise de soleil.
Les couvertures et les nappes s’étalent sur la pelouse, les chaises se déplient, les verres se remplissent, les corps se détendent, les oreilles se font attentives, le concert peut advenir… les instruments prennent la parole pour le grand bonheur de tous.
Le duo
Christophe Monniot (saxophones sopranino et alto) et Didier Ithursarry (accordéon) n’en sont pas à leur première collaboration. Leur art en duo relève d’un véritable dialogue. Un même souffle inspiré traverse les anches des saxophones et habite les lames de l’accordéon.
Tous deux ont enraciné leur pratique dans les musiques populaires des bals musette et sont par ailleurs d’ardents improvisateurs. Brillants techniciens, ils n’en sont pas moins de sensibles créateurs. De leur complicité résultent des échanges porteurs tour à tour d’énergie, de sensibilité, de précision ou de folie.
Impressions musicales
Au fil du concert, les deux instruments se croisent, s’unissent ou cheminent côte à côte. Sax’oiseau et arbr’accordéon s’entendent à merveille. Le discours musical du duo respire la liberté, pulse l’énergie du jazz et s’enracine dans un monde qui allie tradition des arts populaires et précision des musiques contemporaines.
Large et chaleureux l’accordéon ouvre des fenêtres de liberté au saxophone alto qui se promène du paroxysme au murmure. Lyrique et virtuose le sopranino élève son chant qu’accompagne la plainte grave et sensible de l’accordéon. Le saxophone pose des points d’interrogation auquel répondent les soupirs de l’accordéon.
Le concert
Après le joyeux et enlevé Biguine pour Sushi le duo sopranino-accordéon se fait plus poétique avec un morceau inspiré par un air de l’Opéra de Bizet, Les Pêcheurs de Perles. C’est ensuite au tour de l’alto d’intervenir aux côtés du piano à bretelles sur le superbe Passion que l’accordéoniste Tony Murena a dédié à sa femme.
Avec son humour habituel Christophe Monniot confie avoir fait le choix de l’amour et préféré jouer Passion plutôt que le non moins célèbre thème Indifférence que le même Tony la Murène a aussi dédicacé à sa compagne ! A l’occasion le saxophoniste précise que que le duo a gravé un album intitulé « Hymnes à l’amour » à sortir prochainement.
Le duo évoque ensuite l’univers des Forçats, ceux qui sont en détention… mais pas seulement (dixit Christophe Monniot). L’atmosphère change et regarde ensuite vers les Balkans avec un morceau présenté comme un Song for my mother. L’accordéon se fait ambianceur durant l’improvisation poignante du saxophone alto.
Un troisième souffle s’invite au concert… celui du vent qui taquine micros et les partitions. Quelques pinces à linge et d’habiles réglages des techniciens, et le tour est joué. Rien ne perturbe le concert qui se poursuit de belle manière.
L’ambiance évolue de nouveau lorsque le duo empoigne España Cañi, un morceau phare du répertoire des bals musette que Christophe Monniot et Didier Ithursarry ont pratiqué. Sur ce thème-roi du paso doble, l’interprétation des deux complices s’éloigne des versions habituelles sans pour autant se couper de sa dimension traditionnelle. Ils y rajoutent un soupçon d’amour supplémentaire via des langueurs nostalgiques saisissantes.
Le dernier morceau du set porte le nom de celle qui l’inspire, Soso (chère au cœur du saxophoniste). Porté par l’accordéon dont le son large évoque la profondeur de l’attachement, le saxophone élève avec délicatesse une ode amoureuse zébrée de fulgurances éperdues auxquelles succèdent de tendres motifs apaisés. Une déclaration d’amour vigoureuse et apaisée qui sied au cadre champêtre du concert.
Mis en appétit, le public en redemande et le duo interprète un dernier morceau dédié cette fois au père du saxophoniste. On peut alors goûter une dernière fois à la vélocité allègre du sopranino et à la chaleureuse vibration des lames de l’accordéon.
On aurait bien repris un supplément musical après ce pique- nique savoureux qui laisse à la bouche un sacré goût de revenez-y.
Bientôt… « Hymnes à l’amour »
On quitte malgré tout le concert rassuré à l’idée de pouvoir bientôt goûter de nouveau à la musique de Christophe Monniot et Didier Ithursarry lors de sortie de l’album « Hymnes à l’amour » (ONJ/L’Autre Distribution) annoncé pour le 16 novembre 2018.
Plusieurs rendez-vous se profilent.pour retrouver la musique de Christophe Monniot et Didier Ithursarry, A l’automne dans une prochaine chronique Chorus des « Latins de Jazz ». Sur scène, le 30 novembre 2018 au Petit Duc d’Aix-en-Provence et le 07 décembre 2018 à La Dynamo de Banlieue Bleue de Pantin.
Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »
Sur son nouvel album « Le Sable et l’Écume », Titi Robin présente un répertoire original composé pour Titi Robin Quatuor, sa nouvelle formation instrumentale. Un projet instrumental porté par les sublimes échanges de quatre musiciens hors pair. La musique s’inscrit dans une culture radicalement modale et polyrythmique. La prise de risque artistique est à la mesure de l’enjeu esthétique. Un projet modal, hors mode et radical.
Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988
Le label Storyville Records prévoit la sortie d’un double-album inédit de Michel Petrucciani, « Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988 ». Annoncé pour le 15 novembre 2024, cet opus inédit permet d’écouter le pianiste entouré de Gary Peacock et de Roy Haynes. Du jazz intemporel qui allie lyrisme, sensibilité et virtuosité.
« Django! »… Baptiste Herbin en trio sans guitare
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