Entre écriture et improvisation … tout un programme
Le 23 août 2018, Jazz Campus en Clunisois propose un menu musical étoffé. En ouverture le duo de Jean-Marc Larché/Yves Rousseau au Farinier des Moines puis un double plateau au Théâtre Les Arts avec le duo Benjamin Moussay/Claudia Solal suivi du trio « Un Poco Loco ». Le triomphe de l’improvisation.
Depuis 41 ans, Didier Levallet soutient et valorise avec opiniâtreté les musiques improvisées et les valeurs qui lui sont associées, liberté, créativité, remise en question et renouvellement des formes et des idées musicales.
Cet art de l’improvisation permet aux musiciens de concevoir une sorte d’écriture spontanée qui s’opère en temps réel. Ces moments musicaux improvisés s’appuient quelquefois sur les œuvres préexistantes de grands auteurs baroques, classiques ou contemporains à moins qu’elles ne s’inscrivent dans le corps des compositions originales écrites par les musiciens eux-mêmes. Il advient aussi que les artistes s’expriment dans des espaces de libre improvisation.
Au Farinier des Moines
« Continuum » - Jean-Marc Larché et Yves Rousseau
Le 23 août 2018 à 19h, le saxophoniste Jean-Marc Larché et le contrebassiste Yves Rousseau présentent leur programme « Continum » dans le Farinier des Moines de l’Abbaye de Cluny. Ce lieu se prête tout à fait à à la musique de ce duo, tant par la qualité de son acoustique que par la sérénité que dégage cet espace propice au recueillement et à l’écoute.
Au répertoire du programme de « Continuum », alternent les compositions de ces deux artistes qui collaborent depuis plus de vingt ans. Adeptes tout autant de l’écriture que de l’improvisation, Jean-Marc Larché et Yves Rousseau sont des (ra)conteurs. Inspirés par des œuvres baroques ou contemporaines. Les deux complices proposent une musique sereine où les fulgurances côtoient les murmures.
Sous le berceau de châtaignier, tel un oiseau éperdu, le saxophone chanteur lance son libre-chant soutenu par la force chaleureuse de la contrebasse. Le public recueilli et attentif a apprécié les confidences que les deux musiciens ont délivré en grande connivence.
Au Théâtre les Arts
« Butter in my Brain » – Benjamin Mousay et Claudia Solal
En ouverture de la première partie de la soirée du 23 août 2018,, Didier Levallet évoque les chansons « offshore » que proposent le pianiste Benjamin Moussay et la chanteuse Claudia Solal. A posteriori, le concert a tout à fait répondu à cette promesse.
Les deux artistes devisent sans filet. Les échanges entre le piano, les claviers et la voix sont explosifs et réservent de belles surprises. Loin des traditionnels duos piano-voix, Claudia Solal et Benjamin Moussay se promènent tels des funambules entre poèmes improvisés, improvisations libres et compositions.
Le pianiste plante les décors, la chanteuse dessine les costumes et ensemble ils scénarisent leur répertoire « Continuum ». Le duo enchaîne les titres avec une réelle théâtralité et présente l’univers singulier de leurs confidences où l’improvisation règne en maître.
The grass is greener, Nightcap for Sparrows, Butter in my Brain, The house that Jack Built, Smokehouse on the Ocean dédié à Martial Solal, Trees Are Green, I Confess se succèdent et comblent le public qui soutient chaleureusement les performances du duo.
On aurait volontiers repris une tartine de Butter in my Brain.!
« Feelin’ pretty » - Un Poco Loco
En seconde partie de la soirée du 23 août 2018 Didier Levallet a programmé le trio « Un Poco Loco » qui porte le nom d’une composition de Bud Powel et incarne pour lui « la vitalité de la musique improvisée ».
Atypique dans son instrumentation, le groupe réunit le tromboniste Fidel Fourneyron, le saxophoniste et clarinettiste Geoffroy Gesser et le contrebassiste Sébastien Beliah. Le dernier projet des trois artistes, « Feelin’ Pretty », consiste en une relecture inventive de « West Side Story » de Leonard Bernstein. Inspirés du chef d’œuvre du compositeur américain, les jeunes artistes ont pris leurs distances vis à vis de ce monument musical qu’ils ont décortiqué et dont ils proposent une version impertinente et drôle.
Au fil du concert, les thèmes de Bernstein se révèlent aux détours des morceaux travestis, découpés puis ré-assemblés avec insolence et humour. S’y ajoutent trois compositions originales « inspirées de loin… », dixit Fidel Fourneyron.
Explorée tour à tour par les trois musiciens, la dimension rythmique prédomine dans l’expression du trio mais la musique explore largement les champs harmonique et mélodique. Les timbres des instruments se complètent, les improvisations s’imbriquent, les lignes mélodiques se croisent dans de denses climats harmoniques. Un véritable travail d’orfèvrerie.
La folie affleure à chaque instant pourtant la mise en place demeure précise. En effet chaque membre du trio maîtrise techniquement son instrument ce qui permet à chacun de jouer avec aisance et de laisser libre-court à sa créativité et à son imagination pour improviser et échanger en totale interaction.
Porté par l’accueil enthousiaste du public, le trio revient jouer América dont il propose une version lumineuse et contrastée. Avec générosité « Un Poco Loco » répond une seconde fois aux rappels du public et interprètent une superbe et surprenante mouture minimaliste du thème de Dizzy Gillespie, Tin Tin Deo.
Tels trois solistes échappés d’un big band, Fidel Fourneyron, Geoffroy Gesser et Sébastien Beliah réalisent la performance absolue de restituer à trois une dimension orchestrale porteuse d’un dynamisme explosif et d’une riche texture harmonique. Les festivaliers ne s’y sont pas trompés et ont réservé une véritable ovation au vigoureux et savoureux travail de ce trio un peu fou.
Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »
Sur son nouvel album « Le Sable et l’Écume », Titi Robin présente un répertoire original composé pour Titi Robin Quatuor, sa nouvelle formation instrumentale. Un projet instrumental porté par les sublimes échanges de quatre musiciens hors pair. La musique s’inscrit dans une culture radicalement modale et polyrythmique. La prise de risque artistique est à la mesure de l’enjeu esthétique. Un projet modal, hors mode et radical.
Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988
Le label Storyville Records prévoit la sortie d’un double-album inédit de Michel Petrucciani, « Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988 ». Annoncé pour le 15 novembre 2024, cet opus inédit permet d’écouter le pianiste entouré de Gary Peacock et de Roy Haynes. Du jazz intemporel qui allie lyrisme, sensibilité et virtuosité.
« Django! »… Baptiste Herbin en trio sans guitare
C’est un véritable défi que réussit le saxophoniste Baptiste Herbin avec « Django! » sur lequel il revisite l’univers de Django Reinhardt, en trio trio saxophone, contrebasse, batterie. Sans guitare, l’album restitue l’essence de la musique du fameux guitariste manouche. Échanges énergiques, fulgurances virtuoses, valses enivrantes, exubérances et silences, tout concourt à faire de cet album absolue une réussite qui allie innovation et tradition.