De l’énergie galactique à la lave incandescente
Riche en énergie, la soirée « French Touch » du 04/07/017 a tenu ses promesses sur la scène du Théâtre Antique de « Jazz à Vienne ». La dynamique musicale du Yaron HermanTrio donne le ton. Après la chanteuse Anne Sila, le public accueille avec enthousiasme le concert proposé par Émile Parisien et Vincent Peirani en hommage au légendaire Joe Zawinul disparu en 2007.
C’est la première venue du pianiste Yaron Herman Sur la scène du Théâtre Antique de Vienne. En trio, il vient présenter le répertoire de son dernier album « Z » (Blue Note/Universal) accompagné de son alter-ego, le batteur Ziv Ravitz et du bassiste-chanteur Bastien Burger. Le trio prend visiblement plaisir à jouer et on perçoit d’emblée la grande connivence qui règne entre les trois musiciens. Le set contrasté permet de prendre la mesure des différentes propositions du groupe.
Pleine d’énergie et de ruptures, la musique du trio de Yaron Herman propose des facettes variées. Elle oscille entre fureur et sérénité, entre tumulte et élévation, entre fracas et spiritualité. Les climats se suivent et leurs nuances sont plaisantes. Les nappes électroniques lancées en boucle par le batteur suggèrent des éthers galactiques. Tantôt le martèlement de la batterie rejoint le grondement de la basse, tantôt la voix éthérée du chanteur s’élève et ouvre la voie à l’expression romantique du pianiste qui prend même sur le dernier morceau des accents galactico-gershwinien.
On retrouve avec plaisir chez Yaron Herman des éclats lyrico-romantiques. Les atmosphères mélodiques, douces et délicates contrastent avec les grondements telluriques des deux rythmiciens. Le rythme hypnotique de Legs to run rappelle l’attachement du trio à la musique séquentielle et répétitive inscrite en filigrane dans tout le répertoire.
Le public fait un bel accueil au trio de Yaron Herman qui a offert un voyage musical alternatif réussi entre acoustique et électronique.
Révélée au grand public par The Voice 4, le chanteuse Anne Sila présente à Vienne un répertoire plus orienté vers le jazz que vers la pop même si elle se fait plaisir à interpréter un titre au texte anecdotique. Accompagnée par les musiciens du Magnetic Orchestra, Benoit Thévenout au piano, François Gallix à la contrebasse et Nicolas Serret à la batterie, elle présente un set dont on retient l’interprétation soignée du poème de Victor Hugo, Demain dès l’aube.
Soucieuse de performance vocale, la chanteuse gomme la dimension émotionnelle de son chant mais le public de Vienne apprécie celle qu’il a découverte à la télévision ou sur les scènes de la proche ville de Valence.
Le saxophoniste Émile Parisien et l’accordéoniste Vincent Peirani rejoignent la scène avec les six musiciens qu’ils ont réunis pour rendre hommage au grand Joe Zawinul.
« File Under Zawinul » rassemble huit musiciens dont quatre anciens compagnons de route du pianiste autrichien. Alignés en fond de la scène ces derniers assurent la fondation rythmique de la musique. Paco Serry à la batterie, Mino Cinelu aux percussions, Aziz Samahoui au chant et aux percussions et Linley Marthe à la basse.
Tony Paeleman au Fender Rhodes et Manu Codjia à la guitare entourent le duo Emile Parisien-Vincent Peirani. A l’occasion il sied de rappeler que l’accordéon a été l’instrument de début de Zawinul.
C’est Gibraltar, un thème de Wayne Shorter écrit à la grande période de « Weather Report », qui ouvre le set endiablé. Émile Parisien dit ensuite son plaisir de pouvoir rendre hommage au légendaire compositeur et pianiste Joe Zawinul avec cette bande d’artistes talentueux réunis à l’occasion.
Pas de doute l’énergie est de la partie. Le groupe enchaîne avec Madagascar puis Orient-Express et emporte le public de « Jazz à Vienne » dans un voyage au cours duquel les percussions et les interventions vocales d‘Aziz Samahoui apportent une coloration singulière et essentielle.
Paco Sery fait le show et galvanise le public qui manifeste très vite et très fort son enthousiasme. De bout en bout du set, Émile Parisien parcourt le plateau, s’immerge dans le flot débordant d’énergie de la musique. Il stimule les musiciens, les encourage, capte les vibrations qu’il restitue lors de ses chorus.
Assurée sans faille par les quatre anciens compères de Zawinul, la rythmique de File Under Zawinul génère certes une énergie incandescente mais assure aussi une mise en place précise garante de l’expression des solistes. Explosive et pulsatile la musique n’en demeure pas moins lyrique et créative. L’inspiration circule et les interventions des uns stimulent le discours des autres. Les solos fluides et acérés fusent de la guitare, les claviers fondent l’architecture de la musique, l’accordéon chante et harmonise, le saxophone se lamente. Ancré dans le sol, la basse fusionne avec la batterie et les percussions.
La déferlante musicale et la rythmique incandescente des huit musiciens du « File Under Zawinul » ont emballé le public de « Jazz à Vienne » comblé par un rappel généreux. Soutenue par la Spedidam, la Soirée French Touch a été à la hauteur des attentes des spectateurs..
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