Fresque mystique et explosive
Avec « Hazzan », le saxophoniste et compositeur Jacques Schwarz-Bart plonge dans la musique liturgique juive entouré d’un quartet impétueux. Les mélodies venues de la tradition croisent les rythmiques héritées de la diaspora africaine. Sur cet album lyrique et riche en couleurs, le saxophone élève une prière vigoureuse.
Après « Jazz Racine Haïti », le saxophoniste Jacques Schwarz-Bart revient le 21 septembre 2018 avec « Hazzan » (Enja Yellow Bird/L’autre Distribution). Une création de jazz qui embrasse la musique liturgique juive, des séquences d’improvisation et des rythmes envoûtants.
Natif de Guadeloupe et fils de Simone et André Schwarz-Bart, le saxophoniste assume sa filiation et son identité ancrée dans ses doubles origines. Avec son projet « Hazzan », il prend le relai de ses deux parents écrivains dont les œuvres ont évoqué la Caraïbe et le martyr du peuple juif.
« Hazzan », du projet à l’album
Dans la tradition juive, le terme Hazzan peut se traduire par cantor ou chantre. Jacques Schwarz-Bart a choisi ce titre en souvenir des paroles d’un rabbin qui avait assimilé ses notes aux paroles d’une prière et l’avait perçu comme « un hazzan sur [son] saxophone » lorsque le musicien avait interprété Adon Olam en 2008 à la Fondation du Judaïsme français.
Il décide alors, trois ans après la mort de son père, de créer en sa mémoire un projet autour du jazz et de la hazzanout, cet art de chanter des prières juives. Après voir élaboré les premiers arrangements des quelques-unes de ces mélodies traditionnelles, Jacques Schwarz-Bart leur associe des rythmes issus de la diaspora africaine des États-Unis, de la Caraïbe ou des Gnaouas.
Il a ensuite approfondi ses recherches dans les traditions juives d’Europe, du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord en sélectionnant des chants différents dont les couleurs puissent participer à créer une fresque mystique et ardente.
Pour réussir son challenge, le leader a réuni une impétueuse équipe qui soutient le chant de son saxophone. Stéphane Kerecki (contrebasse), Gregory Privat (pianiste) rompu à la tradition afro-caribéenne tout autant que le batteur Arnaud Dolmen. Le chanteur David Linx les rejoint sur deux titres.
Impressions musicales
L’album ouvre avec Shabbat Menuka Hi une célébration collective où le thème est exposé à l’unisson par le ténor et le piano. Le titre du morceau fait comme un clin d’oeil à la tradition du Gwoka. Après une improvisation incandescente du piano fougueux, le ténor en verve élève son cri comme une prière musicale dont le flot génère la transe que la rythmique soutient et que la voix du chanteur entretient.
Le saxophoniste se fait tour à tour serein, enflammé, lyrique (Ma Nishtana), sobre et profond (Avinu Malkenu). Sur son ténor volubile, Jacques Schwarz-Bart fait montre d’une impressionnante maîtrise des sur-aigus.
On a vibré à l’écoute du thème Ahot Ketana ouvert par le chant lumineux de David Linx dont la prière alterne avec celle du saxophone devenu serein. On a apprécié l’ambiance de Daienu, ritournelle joyeuse qui groove sur un tempo médium swing où piano et ténor s’enflamment à tour de rôle.
On a savouré le calme et la simplicité du très court Havdalah. On a cédé à l’enchantement de Ma Nishtana irradié de lumière par le solo ciselé du piano. On a succombé au dialogue fécond de la batterie et du ténor sur Adon Olam que les deux instruments interprètent seuls.
Sur « Hazzan » Jacques Schwarz-Bart élabore une fresque de dix prières qui honorent ses doubles racines. Un album au climat incantatoire où le jazz côtoie la hazzanout, les rythmes africains et carribéens.
Rendez-vous le 04 novembre 2018 au Studio de l’Ermitage dans le cadre du festival « Villes des Musiques du Monde » pour retrouver Jacques Schwarz-Bart avec la formation de l’album, Gregory Privat (piano), Stéphane Kerecki (contrebasse) et Arnaud Dolmen (batterie), Le saxophoniste se produit aussi le 16 novembre 2018 à Ermont dans le cadre du festival « Jazz au Fil de l’Oise », avec Fred Nardin au piano.
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