Fay Claassen & David Linx – « And Still We Sing »

Fay Claassen & David Linx – « And Still We Sing »

Jazz vocal au sommet

L’artiste néerlandaise Fay Claassen s’associe avec David Linx sur « And Still We Sing ». Le duo vocal collabore avec le WDR Big Band, dirigé par Magnus Lindgren. Fay Claassen & David Linx rivalisent d’élégance sur cet album dont le titre paraphrase le titre de l’un des poèmes les plus célèbres de Maya Angelou, « And still I rise ». Dix plages gorgées de swing et d’émotions font de ce splendide opus un sommet de l’art vocal.

visuel de l'abum And Still We Sing de Fay Claassen & David LinxSorti le 10 septembre 2021, l’album « And Still We Sing » (Jazzline/Socadisc) réunit Fay Claassen & David Linx. La chanteuse de jazz des Pays-Bas et l’auteur-compositeur-parolier belge, parisien de longue date sont accompagnés par le WDR Big Band de Cologne, sous la direction de Magnus Lindgren.

Produit par le saxophoniste ténor (et mari de Fay Claassen) Paul Heller, l’opus « And Still We Sing » présente des arrangements du big band de Paul Heller, Magnus Lindgren, Bob Mintzer et Michael Abene.

« And Still We Sing », un album lumineux imprégné d’énergie, de lyrisme et de nuances où les voix s’expriment en parfaite harmonie sur les arrangements somptueux de l’un des plus grands big bands du jazz, le WDR Big Band de Cologne dirigé par Magnus Lindgren. La voix limpide au phrasé clair et précis de Fay Claassen se fond avec bonheur avec le chant enflammé et virtuose de David Linx.

Retrouvailles

Après avoir été invitée avec Maria Pia De Vito, sur le projet de David Linx et Diederik Wissels, « One Heart, Three Voices » (e-motive Records/Nocturne) sorti en 2005 et honoré du Grand Prix de l’Académie Charles Cros pour le meilleur disque de jazz de l’année, la chanteuse Fay Claassen s’associe à David Linx sur les dix titres de « And Still We Sing ».

Ainsi, sur ce nouvel album, Fay Claassen & David Linx se retrouvent sur un répertoire qui mêle nouvelles et anciennes compositions parmi lesquelles figurent Sum it Up, Along Goes Betty et Will Build Myself A Nation, morceaux déjà gravés sur « One Heart, Three Voices ».

Au fil du répertoire

« And Still We Sing » ouvre avec les voix de Fay Claassen & David Linx qui résonnent à l’unisson sur Sum it up, la composition de Diederik Wissels. Les deux protagonistes interviennent ensuite l’un après l’autre puis se relaient en spoken word et déclinent les vers du poème de David Linx, Disturbing the peace. Avant que les deux artistes ne reprennent ensemble Sum it up, le tromboniste Andy Hunter expose un brillant chorus au-dessus de la masse orchestrale chatoyante.

C’est ensuite le sensible Along Goes Betty qu’interprètent les deux artistes. Écrit et composé par David Linx, ce titre rend hommage à Betty Carter que le chanteur revendique comme une de ses inspirations essentielles. Sur ce morceau chargé d’émotion, David Linx met en orbite son art unique de moduler le son et son placement rythmique si singulier. Le chant de Fay Claassen se fait sensuel sur les arrangements luxuriants du big band puis la flûte de Magnus Lindgren irradie de romantisme avant que les deux chanteurs ne se retrouvent en parfaite osmose.

Fay Classen & David Linx se retrouvent sur la composition du pianiste belge Ivan Paduart, Waterfalls. Leurs chants fougueux croisent ensuite les lignes musicales exposées par les instruments de l’orchestre avant le chorus lyrique et puissant du saxophoniste ténor Paul Heller. Avec les cascades vocales lumineuses des deux interprètes, le morceau se termine en un feu d’artifice passionné.

Plus loin, sur Good Times, on demeure saisi par la voix gorgée d’émotion de la chanteuse. Elle brille de mille éclats sur les arrangements rutilants de Bob Mintzer. On apprécie ensuite avec délice le solo incisif de l’alto de Karolina Strassmayer et le chorus éloquent et musclé du ténor de Paul Heller auxquels la voix de Fay Claassen répond avec intensité.

Sur des arrangements de Magnus Lindgren, David Linx interprète avec conviction, Tackle and Dabble, thème du compositeur Thijs van Leer sur lequel le chanteur a mis des paroles. Il se lance ensuite dans un florilège de scats inouïs de virtuosité et d’inventivité. Ses acrobaties vocales permettent autant de mesurer l’étendue de sa tessiture que la puissance tout à fait maîtrisée de sa voix. Après une improvisation majestueuse de Ruud Breuls et de sa trompette insolente, le chanteur reprend le poème. Le morceau éblouit par le raffinement mélodique de chaque instant et par la clarté du timbre du chanteur.

La composition de Duke Ellington, In a sentimental Mood, met en lumière la voix radieuse et planante de Fay Classen. De son interprétation se dégage un climat étrange et modal auquel contribue le solo sidérant du saxophone soprano de Johan Hörlén. La souplesse de la masse orchestrale du WDR Big Band de Cologne est mise en valeur de belle manière par les arrangements de Michael Abene.

Fay Classen entame ensuite, Feel The Beat, sa composition (paroles et musique). Arrangé par Paul Heller, le morceau est un concentré absolu de swing. Constitué de prouesses vocales absolues, le dialogue des deux artistes est sidérant. Leurs scats ébouriffants se croisent sur un tempo soutenu. Les improvisations des deux complices représentent de véritables challenges rythmiques où leur virtuosité n’a d’égale que leur créativité. Ils pratiquent littéralement de la haute voltige vocale… un pur moment de magie !

Sur J’me Prépare, David Linx pose ses mots en français sur la composition d’Ivan Lins. Les arrangements raffinés de Magnus Lindgren mettent en lumière la sonorité lumineuse de sa flûte dont le solo éblouit. Au sommet de son art, le chanteur s’exprime sur cette ballade, avec une grâce rayonnante de sérénité. Après cette chanson poignante, Fay Claassen & David Linx se rejoignent sur I will Build Myself a Nation, un morceau plus alerte déjà gravé sur « One Heart Three voices ». Le rythme impair dote le titre d’une pulsation rebondissante au-dessus de laquelle les deux voix brillent de mille feux. Après le solo virtuose du pianiste Billy Test, David Linx pose les spoken words de son poème Biding My Time puis il reprend son chant auquel se joint celui de Fay Claassen.

Le répertoire se termine avec Rebirth, le titre le plus court de l’album. Fay Classen & David Linx interprètent cette ballade majestueuse où la sensualité affleure à chaque instant. Le big band offre un écrin somptueux aux deux voix dont la puissance monte jusqu’au paroxisme en un crescendo sublime soutenu par le battement énergique de la batterie de Hans Dekker.

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