Virtuosité sauvage et fluidité élégante
Le pianiste flamenco Dorantes célèbre ses vingt ans de carrière artistique avec son nouvel album « El Tiempo por Testigo ». Il laisse parler l’âme sévillane de son piano flamenco. Thèmes inédits et succès déjà connus. Fluidité et élégance
Après « Orobroy » en 1999, « Sur » en 2001, « Sin Muros » en 2012 et « Paseo a dos » (avec Renaud Garcia-Fons) en 2015, le nouvel album de Dorantes est annoncé pour le 10 novembre 2017. Sur « El Tiempo Por Testigo » (Dorantes Flamenco/L’Autre Distribution) le pianiste retrace vingt ans de carrière.
Avec le contrebassiste Francis Posé et le percussionniste Javi Ruibal, le pianiste espagnol réactualise des succès déjà enregistrés et présente de nouvelles compositions. Le trio élabore une musique pleine de force, de nuance et de liberté. Dorantes prend le maître de la vie à témoin pour regarder ses vingt ans de carrière et engager sa musique sur une voie nouvelle.
Peut-être pourrait-on parler de « El Tiempo Por Testigo » comme l’album de la maturité musicale de Dorantes mais force est de constater que la musique du pianiste demeure libre et sauvage comme elle l’était à ses débuts. Sa virtuosité joyeuse et son toucher fluide et élégant n’y changent rien. Le piano vibre toujours des multiples nuances d’une force dont la richesse mélodique et rythmique résonne comme un hymne à la liberté du piano de l’auteur qui a imposé son talent dans le monde du flamenco jusqu’à devenir incontournable.
Un répertoire de dix titres. Sept anciens thèmes qui ont marqué ses albums précédents comme Orobroy, Sin muros ni Candados ou Caravana de Los Zincalis. Les nouvelles versions permettent de prendre la mesure de l’évolution stylistique du pianiste. Sur Sin muros ni Candados contrepoint et jazz font bon ménage.
Une chorale de 28 enfants qui appartiennent au Coro Fundacion Meridianos et intègre neuf écoles du quartier Poligono de Séville vient rejoindre le trio piano/contrebasse/percussions sur Orobroy, le dernier titre de l’album. Les jeunes voix font résonner avec encore plus de force l’âme du peuple gitan de ce thème composé il y a plus de vingt ans.
A travers trois thèmes inédits le pianiste traduit sa « recherche d’un nouveau son ». A la fois sur piano et machine à écrire, Dorantes ouvre l’album avec La Maquina. On l’entend d’abord glisser le papier dans la machine à écrire puis écrire et marquer le rythme sur la maquina avant de passer au piano. Pour finir, il chiffonne le papier et le jette.
A bien y réfléchir, autant qu’on s’en souvienne, Dorantes a toujours joué du piano comme d’une machine à écrire. Le musicien transmet ses états d’âme à ses doigts qui frappent les touches du clavier et les marteaux les cordes. Les pensées de l’artiste deviennent notes, vibrations rythmiques et mélodiques. L’air les capte et les transporte jusqu’à l’oreille de l’auditeur qui les reçoit et décrypte le message. Comme si l’âme du piano capturait le langage du musicien et le transformait en l’espace d’un instant en musique, quelquefois sensible, d’autres fois énergique.
Sur Y El Tiempo, on entre dans le piano avec l’artiste. On perçoit les sonorités du piano et les palmas du pianiste. Il joue sur les touches du piano, à l’intérieur, en dessous, dans les cordes. Dorantes libère tous les compás, ces fameux schémas rythmiques du flamenco Toque flamenco !
Barjones, rend un hommage au quartier de Lebrijas où Dorantes a grandi jusqu’à 8 ou 9 ans. Un village proche de Jerez, non loin de Séville où vibre le flamenco. On perçoit une dimension champêtre, le souffle du vent sur les champs de blé mais aussi l’atmosphère joyeuse de la fête flamenca qui réunit régulièrement les membres de la famille de Dorantes. Sur ce morceau, le pianiste affirme son identité. Aujourd’hui, David Peña Dorantes, gitan, petit-fils de La Perrata, neveu de Juan Peña El Lebrijano et d’Ines Bacan, descendant de la dynastie des Peña de Lebrija, réputée pour ses cantaores, est devenu Dorantes, « le » pianiste flamenco de référence.
La douce puissance et les ardentes nuances de l’album « El Tiempo Por Testigo », plus que du flamenco, au-delà du jazz. Dorantes… Duende et Swing.
Une bonne nouvelle en suit une autre. Après la sortie de l’album « El Tiempo Por Testigo », Dorantes est annoncé en concert pour « A Night in Sevilla », à Paris le samedi 18 novembre 2017, à 20h dans la très agréable salle du Pan Piper, 4 impasse Lamier dans le 11ème. Une soirée prometteuse à ne pas rater.
Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »
Sur son nouvel album « Le Sable et l’Écume », Titi Robin présente un répertoire original composé pour Titi Robin Quatuor, sa nouvelle formation instrumentale. Un projet instrumental porté par les sublimes échanges de quatre musiciens hors pair. La musique s’inscrit dans une culture radicalement modale et polyrythmique. La prise de risque artistique est à la mesure de l’enjeu esthétique. Un projet modal, hors mode et radical.
Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988
Le label Storyville Records prévoit la sortie d’un double-album inédit de Michel Petrucciani, « Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988 ». Annoncé pour le 15 novembre 2024, cet opus inédit permet d’écouter le pianiste entouré de Gary Peacock et de Roy Haynes. Du jazz intemporel qui allie lyrisme, sensibilité et virtuosité.
« Django! »… Baptiste Herbin en trio sans guitare
C’est un véritable défi que réussit le saxophoniste Baptiste Herbin avec « Django! » sur lequel il revisite l’univers de Django Reinhardt, en trio trio saxophone, contrebasse, batterie. Sans guitare, l’album restitue l’essence de la musique du fameux guitariste manouche. Échanges énergiques, fulgurances virtuoses, valses enivrantes, exubérances et silences, tout concourt à faire de cet album absolue une réussite qui allie innovation et tradition.