Marcus Miller égal à lui-même
La venue de Marcus Miller sur la scène du Théâtre Antique de Vienne est toujours un évènement prisé du public venu en affluence ce 03 juillet 2018 pour écouter le nouveau projet de la star. Jazz-funk, gospel, R&B, soul et hip-hop. Le concert tient toutes ses promesses.
Echo#3-Jazz à Vienne 2018 se souvient du concert de Marcus Miller le 03 juillet 2018 au Théâtre Antique de Vienne.
Après le set d’ouverture de l’organiste Rhoda Scott venue fêter ses 80 ans à Vienne, la scène accueille Marcus Miller attendu impatiemment par des spectateurs enthousiastes. A 59 ans Marcus Miller a un pied dans l’histoire et un autre dans l’actualité voire dans l’avenir du jazz.
En effet, après avoir été aux côtés de Miles Davis avec qui il a enregistré Tutu en 1986, il se pose aujourd’hui comme l’ambassadeur des musiques noires de la planète. Le bassiste, clarinettiste, compositeur et producteur assume le rôle de découvreur de talents et endosse en quelque sorte celui de passeur.
Conférence/rencontre
Au cours de la rencontre organisée par le festival et animée par Frédéric Goaty (directeur de la rédaction de Jazz Magazine) à 18h, au Théâtre de Vienne, Marcus Miller a délivré quelques pistes de compréhension de son parcours musical.
Il confie l’importance de musiciens comme Don Cherry, Lenny White, Lonnie Liston Smith, dans les années 70, lorsqu’il était avant tout musicien de studio. Il avoue son plaisir de travailler avec son fils Julian.
Il évoque l’importance que représente le morceau Preacher’s Kid déjà enregistré sur l’album « Afrodeezia ». Marcus Miller a tenu à graver de nouveau ce titre avec le groupe vocal Take 6 sur son dernier opus Black Laid car il le dédie à son père disparu en mars 2018. Il se dit admiratif des choix qu’a fait son père William Henry Miller. Lui qui était chef de chœur dans les églises et souhaitait devenir musicien professionnel a conduit des trains et des bus pour assumer le quotidien de sa famille.
Marcus Miller termine la séance en esquissant quelques lignes de basse dans son fauteuil en se félicitant que son père ait apprécié sa musique.
Le concert
Avec son éternel feutre, lui qui s’était « juré de ne jamais porter de chapeau », Marcus Miller gagne la scène du Théâtre Antique entouré de Brett Williams (claviers), Alex Bailey (batteire), Russell Gunn (trompette) et Alex Han (saxophone alto).
Le show commence vraiment au troisième morceau avec un Papa was a Rolling Stone (repris aux Temptations) qui pousse les solistes dans leurs retranchements. L’enchaînement avec I love you, Porgy, le superbe thème de George Gershwin, permet d’apprécier un superbe solo du leader. Tout au long de son chorus il fait chanter sa basse avec lyrisme, soutenu par les superbes harmonisations du pianiste. Altiste et trompettiste confrontent leurs aigus dans des solos insolents avant que tout le groupe ne se retrouve pour une fin soignée.
Nouveau contraste avec le titre Trip Trap qui remue funky. La batterie découpe le tempo, l’atmosphère se fait urbaine. Les slaps de la basse en délire et la batterie aux accents telluriques entraînent les claviers dans une danse folle jusqu’au paroxysme. Après les guerriers, les cuivres apportent un peu de sagesse dont ils se départissent vite. Pour finir, le bassiste engage le public à le soutenir dans ce funk urbain échevelé.
La musique regarde du côté de l’Afrique avec Highlife, titre repris de l’album « Afrodeezia ». La trame harmonique se fait plus riche, les rythmes plus souples et permettent à la trompette d’exulter et au saxophone alto d’élever ses aigus jusqu’au plus haut des gradins. L’essence de la vie irrigue le morceau.
Advient ensuite Preacher’s Kid pour lequel Marcus Miller embouche la clarinette basse. Dédié comme un hommage à son père récemment disparu, le thème composé il y a 4 ans pour William Henry Miller sonne comme une prière, un requiem gorgé d’émotion. Le bassiste redit comme lors de la conférence « être la continuation de l’histoire de [son] père ». La clarinette basse nostalgique entraîne le saxophone alto et la trompette dans une communion instrumentale somptueuse.
En fin de set Marcus Miller réussit encore à étonner avec une reprise innovante de Tutu qu’il avait composé pour Miles Davis. Le groupe dépayse le morceau vers de complexes rythmes latins que le public soutient tout au long du chorus de Fender du leader.
Décidément Marcus Miller n’en finit pas de surprendre. Le boss de la basse prouve sans se forcer que d’autres possibles peuvent advenir. Tout en restant lui-même il continue à se renouveler et à stimuler son public.
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