Lyrique et sensible, mélodique et virtuose
Pour son onzième album, « Roller Coaster », le saxophoniste Dmitry Baevsky revient avec à ses côtés, le guitariste Peter Bernstein. Une fois de plus, le talent de l’altiste éclate avec insolence. A la fois lyrique et sensible, mélodique et virtuose, son jazz impressionne et séduit. Que du bonheur !
Après « Soundtrack » (Fresh Sound New Talent), son neuvième album enregistré en quartet et sorti le 21 mai 2021 et « Kid’s Time » (Fresh Sound New Talent/Socadisc), son dixième album enregistré en trio et sorti le 02 décembre 2022, l’altiste Dmitry Baevsky est de retour en quartet, avec « Roller Coster » (Fresh Sound New Talent) dont la sortie est annoncée pour le 06 décembre 2024.
« Roller Coster » propose des morceaux aux atmosphères contrastées. C’est d’ailleurs cette avalanche d’émotions diverses qui a donné son titre à l’album. Jamais « montagnes russes » n’auront généré autant de plaisir.
Dmitry Baevsky
Originaire de Saint-Pétersbourg, Dmitry Baevsky a forgé sa personnalité auprès de Cedar Walton, Jimmy Cobb et de nombreux autres qui comptent parmi les meilleurs musiciens de la scène jazz new-yorkaise. Installé à Paris depuis 2016, l’altiste brille par sa virtuosité et son lyrisme. Ce sont d’ailleurs ces qualités et l’élégance de son jeu qui lui ont valu de gagner sa place sur la scène internationale du jazz.
Pour en savoir plus sur la biographie de Dmitry Baevsky et sur sa trajectoire, de St Petersbourg à New-York puis à Paris, rendez-vous sur « Dmitry Baevsky présente « Soundtrack » » et « Dmitry Baevsky revient avec « Kids’ Time » ».
Depuis son premier disque « Introducing Dmitry Baevsky » (2009) en passant par « Over and Out » (2015), « The Day After » (2017) jusqu’à « KId’s Time » (2022), Dmitry Baevsky compte dix albums à son actif.
Enregistré à New York, « Roller Coaster » (Fresh Sound New Talent) constitue son onzième album.
« Roller Coaster »
Annoncé pour le 06 décembre 2024, « Roller Coaster » (Fresh Sound New Talent) a été enregistré à New York, le 10 janvier 2024 en six heures, sans aucune répétition, sans photographe ni vidéaste présent, sans autre témoin que l’ingénieur, Chris Sulit, qui a réalisé la prise de son au Trading 8s Recording Studio à Paramus dans le New-Jersey, à dix minutes de Manhattan. Il a été mixé par Erwan Boulay au Studio Libretto à Antony (France) et mastérisé par Pieter De Wagter au studio Equus Audio Mastering de Bruxelle (Belgique).
Dmitry Baevsky (saxophone alto) a souhaité inviter l’un des artistes qu’il estime le plus, pour son approche du jazz et pour sa musicalité : le guitariste Peter Bernstein. Les deux musiciens s’étaient déjà croisés à plusieurs reprises, sur scène, en studio ou au cours de la vie nocturne des clubs new-yorkais.
Dmitry Baevsky et Peter Bernstein possèdent en commun ce supplément d’âme dans la profondeur de leur son, dans leur façon de poser chaque note avec une intention et une projection particulières, sans jamais chercher à briller ou à se mettre personnellement en avant par rapport à la musique et au groupe. A leurs côtés on retrouve le contrebassiste David Wong déjà présent aux côtés du saxophoniste sur « Soundtrack » et le batteur Jason Brown avec lequel Dmitry Baevsky a enregistré « Kid’s Time ». A l’écoute des onze plages de l’album, on perçoit l’entente remarquable qui règne entre les quatre membres du groupe.
L’album ne répond à aucun concept ni projet particulier. Dmitry Baevsky a construit le répertoire en pensant aux musiciens réunis pour cette session, en prenant en compte leur personnalité, un peu comme un scénariste écrit en fonction des acteurs du film.
Le répertoire compte deux compositions originales de l’altiste et neuf morceaux aux atmosphères contrastées, du Matador de Grant Green à The Sun Died écrit par Hubert Giraud, en passant par un calypso de Tommy Flanagan, le fameux Sentimental Blues de Ray Charles ou encore le mélancolique Gloomy Sunday composé par Rezsó Seress et rendu célèbre par Billie Holiday. C’est en duo que l’altiste et le guitariste ouvrent et ferment cet album.
Au fil des titres
L’album ouvre avec la composition de Benny Golson, Out of The Past, que Dmitry Baevsky et Peter Bernstein interprètent en duo. Dès les premières notes, la complicité qui unit les deux instrumentistes est perceptible. De sa sonorité ronde et chaleureuse, l’altiste fait preuve d’un grand sens de la mélodie. A ses côtés, le guitariste adopte un swing léger et développe un jeu raffiné comme irradié de lumière.
Le quartet au complet se retrouve sur la composition guitariste Grant Green, Matador. Changement de tempo et de couleur. Chaque musicien pose des banderilles et s’empare de la muleta. La sonorité ardente de l’alto se pare de fulgurances qui ne sont pas sans rappeler celles d’Art Pepper. Porté par le duo tonique contrebasse/batterie, la guitare répond à l’alto par une improvisation enivrante aux lignes mélodiques chargées de feeling. Un moment jubilatoire de l’album.
Nouveau contraste avec le mélancolique Gloomy Sunday. L’alto débute en duo avec la contrebasse à l’archet. Il expose ensuite la mélodie mélancolique avec la guitare qui offre ensuite une improvisation dont le phrasé élégant se pare de lumière alors que la batterie adopte un accompagnement d’une infini légèreté aux balais. Malgré les accents infiniment nostalgiques de ce morceau composé par le pianiste hongrois Rezső Seress, on ne se laisse pas gagner par le cafard.
Le quartet interprète ensuite la composition de Duke Ellington, Mount Harissa, que Dmitry Baevsky a déjà enregistré en 2010 avec ses compères David Wong et Jason Brown sur l’album « Down with it’ (Sharp Nine Records). Le jeu de l’alto captive par sa sonorité bien timbrée. Ses échanges avec la guitare stimulent son lyrisme. Un instant délicieux et empreint de tendresse.
Le quartet enchaîne avec Roller Coaster, la composition de Dmitry Baevsky qui donne son nom à l’album. Le trio guitare/contrebasse/batterie assure un groove irrésistible sur lequel l’altiste fait preuve d’une invention déconcertante. Son jeu évolue dans un registre post-bop. Sur la pulsation irrésistible de la section rythmique, le jeu du saxophoniste fait coexister sonorité moelleuse et phrasés dont l’attaque ne manque pas de fermeté. Subtilement élaboré, le solo du guitariste se teinte de couleurs chaleureuses et sensuelles proches de celles d’une guitare acoustique.
C’est un tempo médium qu’adopte le quartet sur la composition d’Hubert Giraud, The Sun Died. On apprécie la vivacité de l’attaque de l’altiste et la fluidité de son débit, ses glissandos, sa sonorité qui alterne entre douceur et agressivité où l’on croit déceler l’influence de Johnny Hodges. La guitare lui répond par un discours mélodique et véloce aux accents très équilibrés où alternent phrases jouées en notes détachées (single notes) et d’autres en accords, le tout avec une maîtrise absolue. Un pur moment d’extase !
Le répertoire se poursuit avec la composition bluesy de Ray Charles, A Sentimental Blues, que le quartet joue avec un swing efficace mais contrôlé. Après le chorus de la guitare aux accents chaleureux et colorés de bleu, la sonorité de l’alto contraste par un son tranchant et ferme. Son phrasé affirmé avec fermeté n’en est pas moins gracieux, chantant et mesuré. Dans son improvisation, la contrebasse explore avec dextérité les registres de son instrument, passant du grave à l’aigu sur un tempo infaillible, soutenu en cela par une batterie au drive implacable.
La différence est vive avec Will You Still Be Mine ?, thème crédité à Matt Denis, chanteur pianiste, chef d’orchestre arrangeur et auteur de chansons populaires. Pris sur un tempo très rapide, le morceau séduit l’oreille par son intensité. Tel un acrobate véloce, l’alto déroule des phrases très denses qui fusent telles des flèches. La guitare lui répond sur le mode de la virtuosité dans un style totalement maîtrisé. Les deux instrumentistes échangent ensuite avec la même aisance sur un 4/4 mené de main de maître par la batterie de Jason Brown au jeu déchainé.
Nouveau changement d’atmosphère avec la version espiègle que le quartet donne de la composition Eclypso du pianiste Tommy Flanagan. Sur un rythme assumé de calypso, le titre invite à la danse. Les figures répétitives et les accentuations inattendues de l’alto évoquent certains phrasés de Sonny Rollins sur St Thomas. Dans son chorus, le guitariste manifeste une grande spontanéité et se laisse entraîner hors des progressions harmoniques convenues. On apprécie la sonorité chatoyante de la contrebasse qui fait preuve d’une grande sûreté rythmique. A chaque mesure, le bonheur est de la partie.
L’écriture de la seconde composition de Dmitry Baevsky, Would You ? semble complexe. Sur ce titre, le plus court de l’album, l’alto se dote d’un lyrisme à la fois élégant et vigoureux. Sur cette plage, ses phrases sinueuses frappent par leur modernité. Le guitariste ponctue quant à lui ses lignes mélodiques d’accords tranchants et de notes puissantes qu’il affirme sur le manche de manière percussive. Un court chorus de batterie précède la reprise du thème par le quartet et la fin du morceau en diminuendo.
L’album se conclut comme il a commencé, avec un thème joué par le duo alto/guitare. En parfaite connivence, les deux compagnons offrent une version sobre et sensible d’Autumn Nocturne, ballade écrite par le pianiste et compositeur russe Joseph Myrow. Du grand art !
Pour écouter le nouveau projet de Dmitry Baevsky, rendez-vous à 20h30 le 17 décembre 2024 au Sunset à Paris. Le 16 décembre 2021, le saxophoniste Dmitry Baevsky et le guitariste Peter Bernstein seront aussi à l’affiche avec de la soirée « You & The Night & The Music #21 », à 20h, salle Pleyel à Paris, soirée au cours de laquelle se produiront aussi nombre d’autre célèbres musicien.ne.s de jazz parmi lesquels entre autres, le contrebassiste Avishai Cohen, le trompettiste Daoud, les pianistes Monty Alexander, Joe Webb et Marco Mezquida, la chanteuse et harpiste Sophye Soliveau, le saxophoniste Stefano Di Battista.
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