Dmitry Baevsky revient avec « Kids’ Time »

Dmitry Baevsky revient avec « Kids’ Time »

Un joyau de virtuosité et de swing

​Le saxophoniste Dmitry Baevsky présente « Kids’ Time », son dixième album, enregistré pour Fresh Sound New Talent. En trio avec le contrebassiste Clovis Nicolas et le batteur Jason Brown, il propose un opus vertigineux de virtuosité. Avec une parfaite maîtrise, l’altiste brille et impressionne par sa virtuosité et son swing.

Amis de longue date, Dmitry Baevsky (saxophone alto), Clovis Nicolas (contrebasse) et Jason Brown (batterie) ont déjà enregistré et joué ensemble de nombreuses fois, cela s’entend d’ailleurs dès les premières notes de « Kids’ Time ».

Tout au long des douze plages du CD, le trio développe un son de groupe chaleureux, à la fois précis et détendu. Le trompettiste Stéphane Belmondo rejoint les trois complices sur trois titres.

Dmitry Baevsky

Fils unique d’un écrivain et d’une traductrice, Dmitry Baevsky grandit à Saint-Pétersbourg, sa ville de naissance ((la ville s’appelait alors Léningrad). Il intègre une école de musique à 14 ans et participe au big band, au pupitre de saxophone alto. Il entre ensuite en 1991 au Mussorgsky College of Music de Saint-Pétersbourg où il étudie avec le saxophoniste russe Gennady Goldstein.

Il fréquente les clubs de jazz de la ville e. Au Jazz Philharmonic Hall de Saint-Pétersbourg, il rencontre Ann et Bob Hamilton, un couple américain qui lui propose de rejoindre New York afin de suivre un stage de jazz de deux semaines. Au final, les deux semaines se prolongent… Dmitry Baevsky demeure chez le couple durant six mois puis, après audition, intègre le département Jazz de la prestigieuse New School University de New York où il obtient une bourse pour une scolarité complète. A la fin de ses études, il est un membre à part entière de la scène jazz locale et décide alors de quitter la Russie pour s’installer à New York.

Dmitry Baevsky revient avec "Kids' Time"

Dmitry Baevsky©Marina Chassé

Technicien redoutable, l’altiste au son chaleureux possède un sens aigu du drive et devient l’un des saxophonistes incontournables de la scène jazz new-yorkaise. Il a joué ou enregistré, avec Benny Green, Peter Washington, Willie Jones III, David Hazeltine, “Killer” Ray Appleton, David Williams, Peter Bernstein, Cedar Walton, Dennis Irwin, Jeremy Pelt, Joe Cohn, Steve Williams, Joe Magnarelli, Jesse Davis, Ryan Kisor, Gregory Hutchinson, Roger Kellaway, Leon Parker, Dena De Rose … et bien d’autres encore.

Au fil de ses tournées régulières en Europe, Dmitry Baevsky découvre Paris où il s’installe en 2016 avec sa famille tout en maintenant une forte connexion professionnelle avec New York.

De son premier disque « Introducing Dmitry Baevsky » (2009) en passant par « Over and Out » (2015), « The Day After (2017) jusqu’à « Sound Track » (2021), Dmitry Baevsky compte neuf albums à son actif.

Sorti le 02 décembre 2022, son dixième opus, « Kids’ Time » (Fresh Sound New Talent/Socadisc) vient enrichir sa discographie et devrait à n’en pas douter recevoir un accueil favorable auprès de tous les inconditionnels du jazz.

« Kids’ Time »

Sur le livret de l’album « Kids’ Time », Dmitry Baevsky donne quelques pistes pour expliciter le titre :

« …. comme les enfants les musiciens jouent seuls ou avec d’autres enfants. En jouant, ils créent et s’expriment, apprennent et grandissent et évoluent. Et bien sûr, en jouant ils s’amusent aussi. …. La musique de cet album prétend simplement être celle de quatre musiciens qui s’amusent, en jouant comme des enfants le feraient sur leur aire de jeu. »

couverture de l'album Kids' Time de Dmitry BaevskyL’album été enregistré et mixé en juillet 2022 par Erwan Boulay au Studio Sextan à Malakoff. Son répertoire compte neuf compositions originales de Dmitry Baevsky, la fameuse calypso Soy Califa de Dexter Gordon et deux non moins célèbres standards, Deep in a Dream de Jimmy Van Heusen et Don’t blame me de Jimmy McHugh.

Autour de lui et de son saxophone alto, Dmitry Baevsky a réuni deux musiciens rencontrés à New York, le contrebassiste Clovis Nicolas avec lequel il a beaucoup d’affinités et le batteur Jason Brown dont il apprécie le jeu et l’implication. Il a par ailleurs invité le trompettiste Stéphane Belmondo pour la qualité fortement émotionnelle de son jeu, tout à fait en accord avec l’ambiance envisagée pour l’enregistrement de « Kids’ Time ».

Au fil des titres

Du début à la fin du répertoire, le saxophoniste soigne la pureté du son de son instrument. Qu’il soit tranchant, tendu, fluide ou acrobatique, son phrasé possède un swing et une élégance intrinsèques. L’altiste met sa virtuosité au service de son expressivité lyrique qui exclut tout bavardage. Aucune redite dans ses improvisations alimentées par des idées sans cesse renouvelées. Ancré dans la tradition du bebop il a développé un style qui lui appartient en propre et que l’on peut qualifier de post bop.

D’emblée, la première plage, Mr H. donne le ton avec les prouesses de style de l’alto. Quasi acrobatique, son phrasé fluide alimente un swing irrépressible. Il devise avec la batterie avec laquelle il échange en 4/4. Imintagante est l’occasion pour le trio d’une escapade rythmique tout en relaxation du côté du Maroc. Sur Kids’ Time le trio invite Stéphane Belmondo. Les deux soufflants échangent dans un idiome post-bop. De son expression à la fois chaude et coupante, l’alto explore une tessiture étendue. Sur Minor Delay on prend la mesure de la fluidité de son phrasé. Avec Times Flies, le trio propulse la musique sur les rails d’une énergie non exempte d’humour.

Sur la sublime ballade, Deep in a Dream, le bugle de Stéphane Belmondo se pare de sobriété et se fond avec le jeu tout en souplesse de l’alto. Le trompettiste brille par le raffinement de son phrasé accompagné par la contrebasse épanouie et la batterie tout en délicatesse.

Sur le tempo ternaire de Morningside Waltz on se prend à esquisser un pas de danse langoureux accompagné par le phrasé de l’alto valseur et délicat. Plus loin sur le tempo ultra rapide des deux compositions du leader, The End et Rollin’, l’alto fait preuve d’une virtuosité qui évoque celle de Cannonball Adderley. La fougue d’un boulet de canon. C’est à couper le souffle !

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MTA permet d’apprécier un généreux chorus de contrebasse auquel le saxophone alto répond avec aplomb. Plus loin, la trompette et l’alto rendent hommage au calypso de Dexter Gordon, Soy Califa. L’alto s’enflamme dans un solo à la fois élastique, lyrique et énergique. La trompette hésite entre sonorité voilée et timbre éclatant. La batterie leur répond avec impertinence.

Sur le standard Don’t Blame Me, le jeu de l’altiste ravit par son lyrisme déconcertant et son discours empreint de sérénité accompagné par une section rythmique imperturbable avec une contrebasse grave et généreuse et des balais tout en retenue sur les peaux.

Pour écouter Dmitry Baevsky en trio avec Clovis Nicolas et Jason Brown, rendez-vous le 01 février 2023 au Duc des Lombards à Paris et le 03 février 2023, salle Hubert Yencesse, 35 Rue de Gramont dans le cadre du Festival Jazz en Hiver à Chambourcy.

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