Innovant et réussi
C’est un véritable défi que réussit le saxophoniste Baptiste Herbin avec « Django! » sur lequel il revisite l’univers de Django Reinhardt, en trio saxophone, contrebasse, batterie. Sans guitare, l’album restitue l’essence de la musique du fameux guitariste manouche. Échanges énergiques, fulgurances virtuoses, valses enivrantes, exubérances et silences, tout concourt à faire de cet album absolue une réussite qui allie innovation et tradition.
Pour Baptiste Herbin : « Django c’est la liberté, l’émotion, l’invitation au voyage, l’Orient, l’Occident, c’est les montagnes, c’est la mer, il a une voix universelle. »
« Django ! »
Sur son nouvel opus intitulé « Django! », le saxophoniste Baptiste Herbin s’est entouré du contrebassiste Sylvain Romano et du batteur André Ceccarelli. C’est dans cette formation sans guitare que le saxophoniste investit l’univers de Django Reinhardt. L’esprit du célèbre guitariste et compositeur manouche est présent de bout en bout. Sans guitare, le pari était risqué et la réussite de ce projet innovant n’en est que plus criante.
« Django! »… un projet lyrique et virtuose, joyeux et entraînant, élégant et dynamique.
Pour la première fois, le saxophoniste a fait appel à un directeur artistique, en l’occurrence à Daniel Yvininec avec lequel il a élaboré un répertoire où cinq thèmes de Django Reinhardt coexistent avec d’autres standards connus et deux compositions du saxophoniste.
D’un titre à l’autre, le tempo ne fléchit guère et le swing constitue un élément essentiel de l’opus. Les échanges alternativement lyriques ou énergiques restituent la complicité qui règne au sein du trio. Entre le son profond de la solide contrebasse et le drive pulsatile de la batterie, le saxophoniste s’est libéré « de tous ses fards ». Sur son instrument il « chante les mélodies » et s’exprime avec finesse et profondeur.
« Django! » un album pour redécouvrir l’œuvre de Django Reinhardt avec le trio de Baptiste Herbin.
Au fil des titres.
Outre cinq thèmes de Django Reinhardt, le répertoire de « Django! » compte deux compositions de Baptiste Herbin, deux superbes valses musette, deux standards archi-connus et Django, la composition de John Lewis qui ouvre l’album. Après une introduction contrebasse/saxophone alto qui sonne comme un requiem, Baptiste Herbin offre un hommage émouvant à John Lewis. Sur son alto à la sonorité profonde, il fait preuve d’une volubilité étonnante avec des fulgurances dans les aigus.
Le saxophoniste se livre ensuite à une relecture stupéfiante du Night and Day de Cole Porter dont le trio donne une version très chantante. Porté par le drive incomparable d’André Ceccarelli, il reprend le solo original de Reinhardt harmonisé pour 2 saxophones avec un naturel et une élégante souplesse qui évoquent le style West Coast. A la contrebasse, Sylvain Romano lui répond par une improvisation d’une clarté harmonique inouïe.
Le trio enchaîne avec trois compositions de Django Reinhardt.
Une minute et dix-huit secondes suffisent au trio pour donner une version étourdissante de Montagne Sainte- Geneviève. L’alto invite à valser et phrase avec une telle limpidité qu’on pense entendre un accordéoniste. On a le tournis.
Les trois musiciens enflamment ensuite Nuits de Saint-Germain-des-Prés en le prenant sur un tempo bop rapide. Tel un acrobate des portées, l’alto s’envole avec virtuosité vers des sommets d’inspiration, stimulé par la vivacité et la puissance du jeu de balais d’André Ceccarelli. Vélocité et musicalité cheminent de concert. C’est sur un tempo ralenti que le trio joue ensuite Anouman, une ballade écrite en 1953 par Django Reinhardt. Les phrasés d’acrobate de l’altiste révèlent la richesse de sa pensée musicale.
La batterie entame un rythme de cha-cha-cha sur lequel l’alto développe Tea for Two, le thème de la chanson de Vincent Youmans avant que le saxophone ne s’envole dans un solo frénétique. Soutenu par le jeu volcanique du batteur aux baguettes magiques, l’altiste s’exprime dans un style hard-bop coloré, sonorité ample, virtuosité bondissante. Son discours explose tel un feu d’artifice.
De sa sonorité chatoyante et avec grand lyrisme, l’altiste étire le tempo et enchante tout au long du Troublant Boléro de Django Reinhardt. Comme transportée sur un tapis volant des Mille et Une Nuits, l’oreille entre en lévitation.
En seulement une minute et huit secondes, contrebasse et alto invitent à valser sur la mélodie de Valse de Wasso de Jimmy Rosenberg. Une prouesse épatante.
Soutenu par la batterie infaillible et énergique, Baptiste Herbin embouche le soprano et avec une virtuosité éblouissante interprète Choro Django, sa première composition dédiée au guitariste manouche. Sur Djangology Herbinologué, une autre composition du saxophoniste, ce dernier développe son phrasé vibrant et lumineux au fil d’un discours virtuose et bondissant. De sa technique irréprochable, il explore à fond la tessiture de l’instrument, des graves aux suraigus. Étonnant et prodigieux.
Plus loin, le trio offre une version admirable de la composition de Tony Murena, Indifférence. Maîtrise parfaite, lyrisme exubérant, inspiration absolue. Deux minutes cinquante de pur bonheur.
Baptiste Herbin termine l’album en solo sur Nuages. De son phrasé fluide, il offre une version singulière de la célèbre composition de Django Reinhardt. Sur l’alto dont il maîtrise toutes les possibilités, son propos inspiré constitue une véritable invitation au rêve. Inspiré et céleste.
Pour écouter, Baptiste Herbin, Sylvain Romano et André Ceccarelli interpréter le répertoire de « Django! », rendez-vous à 20h30 les 31 octobre, 01 et 02 novembre 2024 au Sunside à Paris.
Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »
Sur son nouvel album « Le Sable et l’Écume », Titi Robin présente un répertoire original composé pour Titi Robin Quatuor, sa nouvelle formation instrumentale. Un projet instrumental porté par les sublimes échanges de quatre musiciens hors pair. La musique s’inscrit dans une culture radicalement modale et polyrythmique. La prise de risque artistique est à la mesure de l’enjeu esthétique. Un projet modal, hors mode et radical.
Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988
Le label Storyville Records prévoit la sortie d’un double-album inédit de Michel Petrucciani, « Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988 ». Annoncé pour le 15 novembre 2024, cet opus inédit permet d’écouter le pianiste entouré de Gary Peacock et de Roy Haynes. Du jazz intemporel qui allie lyrisme, sensibilité et virtuosité.
PianoForte… 40 doigts, 88 touches, 11 titres
Composé de Pierre de Bethmann, Éric Legnini, Baptiste Trotignon et Bojan Z, le groupe « PianoForte » propose son premier album. Au piano et sur les claviers électriques, les quarante doigts des pianistes interprètent onze titres composés par de grands noms du jazz et arrangés avec grand talent par les interprètes. Paru le 11 octobre 2024 chez Artwork/PIAS, l’opus met en évidence la complicité qui réunit ces quatre virtuoses du clavier. Du jazz vibrant et joyeux, fluide et énergique.