Héros de la trompette du be-bop au hip-hop
Triste nouvelle ! Le trompettiste Roy Hargrove s’est éteint à New-York, à l’âge de 49 ans, dans la nuit du vendredi 02 au samedi 03 novembre 2018. Sa musique transgénérationnelle a mis d’accord les amateurs de be-bop autant que les fans de hip-hop. A tout jamais merci Roy !
On s’est trouvé fort attristé d’apprendre hier sur la page Facebook de Roy Hargrove, le décès du trompettiste Malgré de réels soucis de santé, il n’avait jamais baissé le pavillon de sa trompette et l’on s’était habitué au fil des ans à le voir et l’écouter régulièrement dans l’hexagone, au New Morning à Paris ou sur les scènes des grands festivals de jazz.
Repéré par Wynton Marsalis en 1987 Roy Hargrove apparaît en Europe en 1988 aux côtés de Jerome Richardson et Clifford Jordan managé par Larry Clothier, son manager qui ne l’a pas quitté. Il apparaît ensuite sur scène et sur les enregistrements de Don Sickler, Ricky Ford, Carl Allen, Bobby Watson, et est élu « meilleur soliste de l’année » par la revue américaine de jazz Down Beat.
En 1989 et 1990, Roy Hargrove entre à la Berklee School puis continue à la New School de New York. Il se produit ensuite comme sideman aux côtés de Herbie Hancock, Sonny Rollins, Oscar Peterson, Roy Haynes, Frank Morgan, Shirley Horn, Steve Coleman, Christian McBride et Wynton Marsalis.
Du jazz traditionnel au be bop
C’est à la tête de son quintet composé de Stephen Scott, Christian McBride, Yoron Israel et Antonio Hart, que Roy Hargrove sort ses premiers albums, « Diamond in the Rough » (1991), « Public Eye » (1992) et « The Vibe » (1992). Il sort ensuite « Of Kindred Souls » (1993) enregistré en live avec les saxophonistes Ron Blake et Gary Bartz, et le tromboniste André Hayward.
Signé par le label Verve, le trompettiste enregistre « With the Tenors of Our Time » en 1994 entouré des saxophonistes ténors Ron Blake, Branford Marsalis, Johnny Griffin, Stanley Turrentine, Joe Henderson et Joshua Redman puis « Family » en 1995 avec David « fathead » Newman et Wynton Marsalis.
Roy Hargrove rend ensuite hommage à Charlie Parker avec Christian McBride et le pianiste Stephen Scott sur le disque « Parker’s Mood » paru en 1995.
De la musique cubaine au hip-hop
En 1996, Roy Hargrove rencontre Chucho Valdés au festival de jazz de La Havane et forme ensuite le groupe Crisol qui réunit autour de Chucho Valdès les percussionnistes cubains Horacio « El Negro » Hernandez, Jose Luis « Changuito » Quintana et Miguel « Anga » Diaz et des jazzmans afro-américains comme les saxophonistes David Sanchez et Gary Bartz, le tromboniste Frank Lacy et le guitariste Russell Malone. Le superbe album « Habana » sorti en 1997 lui vaut d’ailleurs son premier Grammy Award dans la catégorie « musique afro-cubaine ».
Roy Hargrove embarque ensuite sa trompette et son bugle dans le monde des ballades auxquelles il consacre « Moment to Moment » en 2000, accompagné de cordes.
En 2003 son album « Directions in Music » enregistré live en 2002 à Toronto avec le pianiste Herbie Hancock et le saxophoniste Michael Brecker est récompensé du Grammy Award du « Meilleur album de jazz instrumental ».
Durant cette même année 2003, il invite D’Angelo et Erykah Badu sur « Hard Groove » puis le trompettiste oriente ensuite sa musique vers le jazz funk et fondeThe RH Factor, avec lequel il grave « Strength » en 2004 et « Distractions » en 2006.
Roy Hargrove revient en quintet à un jazz plus classique en 2006 avec Justin Robinson, Ronnie Matthews, Dwayne Burno, Willie Jones III sur « Nothing Serious ». En 2008 Gerald Clayton, Danton Boller et Montez Coleman sont à ses côtés sur « Earfood » où il grave son fameux Strasbourg/St. Denis dédié au New Morning où le trompettiste s’est produit très souvent ces dernières années
L’énergie de jouer jusqu’au bout
Jamais Roy Hargrove ne s’est enfermé dans la facilité. Pas question pour le jeune et fougueux trompettiste découvert dans les années 90 de demeurer à jamais le porte-parole d’un style qu’il maîtrisait pourtant tout à fait. De son jeu expressif et énergique il a parcouru les styles avec brillance. Du be-bop au hip-hop en passant par la musique cubaine la trompette et le bugle de Roy Hargrove ont parcouru de nombreux courants musicaux.
On le savait dialysé depuis de nombreuses années et l’on comprenait ses baisses de forme qui faisaient plus encore apprécier les superbes prestations qu’il parvenait à offrir au public. Il manifestait une apparente joie de jouer. Même si l’on prenait la mesure de la fragilité de l’artiste, on lui savait gré de de ne pas abandonner sa trompette, la musique et son public, de continuer à jouer envers et contre tout. Comme un certain Chet Baker on l’a vu passer sur scène de profonds moments d’absence à de superbes fulgurances inspirées.
Le 12 juillet 2018 ,dans le cadre du festival « Jazz à Vienne » 2018, le trompettiste Roy Hargrove est apparu dans une très grande forme à la tête de son quintet sur la scène du Théâtre Antique. Avec souplesse et énergie il a présenté un set superbe. De ses notes précises et élégantes son jazz acoustique s’est promené entre post-bop et sonorités néo-orléanaises et il a même endossé avec bonheur le rôle de chanteur.
Habité par la musique, Roy Hargrove a bravé la camarde et même si elle a gagné, il demeure à jamais vivant dans nos mémoires. Grâce aux albums certes mais aussi grâce aux souvenirs qu’il a laissés de ses prestations scéniques. On conserve indélébile le souvenir de ce jeune musicien fougueux et inventif qu’a été Roy Hargrove dans les années 90. On le remercie d’avoir su persévérer malgré le temps et ses problèmes de santé pour continuer à offrir sa musique avec une immense générosité.
Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »
Sur son nouvel album « Le Sable et l’Écume », Titi Robin présente un répertoire original composé pour Titi Robin Quatuor, sa nouvelle formation instrumentale. Un projet instrumental porté par les sublimes échanges de quatre musiciens hors pair. La musique s’inscrit dans une culture radicalement modale et polyrythmique. La prise de risque artistique est à la mesure de l’enjeu esthétique. Un projet modal, hors mode et radical.
Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988
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« Django! »… Baptiste Herbin en trio sans guitare
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