Clin d’œil à Roberto Tarenzi

Clin d’œil à Roberto Tarenzi

Love and Other Simple Matters… jazz de haut vol !

Étoile montante du jazz italien, le pianiste Roberto Tarenzi a sorti en janvier 2018, son nouvel album « Love and Other Simple Matters ». Enregistré en trio avec le contrebassiste James Cammack et le batteur Jorge Rossy, l’album surprend par son approche innovante autant qu’il enchante par la richesse de ses textures.

Couverture de l'album "Love and Other Simple Matters" de Roberto TarenziPour enregistrer « Love and Other Simple Matters » (Via Veneto Jazz-Jando Music/Socadisc), le pianiste Roberto Tarenzi a rassemblé une section rythmique internationale de poids. Elle est en effet composée de James Cammack, bassiste du pianiste Ahmad Jamal et de Jorge Rossy qui fut batteur du pianiste Brad Mehldau.

Natif de Milan et aujourd’hui installé à Rome, le pianiste Roberto Tarenzi a multiplié au fil des ans les collaborations avec les artistes de la scène jazz italienne (Stefano Di Battista, Rosario Giuliani, Roberto Gatto, Dario Deidda, Roberto Pistolesi) avec lesquels il a enregistré de nombreux albums parmi lesquels on peut citer « Trio Live » en 2015, « Other Digressions » en 2013 et « Involving, evolving, revolving » en 2010.

Le pianiste italien entretient aussi une grande proximité avec les musiciens américains. Il n’en est d’ailleurs pas à sa première collaboration avec James Cammack qu’il a rencontré pour la première fois en 2003 et avec lequel il avait déjà enregistré en 2008 sur « Rather Odd ».

Dave Liebman considère Roberto Tarenzi comme « l’un des pianistes les plus talentueux [qu’il ait] rencontré au cours des dernières années. Dans cet album, il joue avec deux brillants professionnels et la profondeur de sa grande personnalité musicale se dégage entièrement ».

Derrière le titre railleur de l’album se cache un répertoire qui mêle ballades et morceaux au tempo plus senti, reprises et compositions originales. Le tout interpelle par son éclat et sa modernité. Le jeu très fluide et nuancé de Roberto Tarenzi s’inscrit dans une approche contemporaine innovante même si elle demeure ancrée dans Sauvegarder et quitter la tradition.

Son expression se rapproche plus de celle des pianistes d’outre-atlantique que de celle des transalpins. Les climats et les rythmes varient autant que son langage sans cesse renouvelé.

Sur le clavier Robert Tarenzi fait alterner des traits d’énergie déferlante, de tendres confidences tout en suspension, des interrogations flottantes, des affirmations fulgurantes et percussives, des lignes brisées ou chaloupées. On perçoit très bien l’écoute qu’il manifeste vis à vis de ses deux complices d’ailleurs tout aussi réactifs que lui.

Quatre reprises, quatre réussites.

Sur Autum Leaves le pianiste suggère la délicate chute des feuilles qui tombe entraînées au gré de bourrasques rythmiques surprenantes que souffle la section rythmique. Five restitue tout à fait les atmosphères evansiennes mais prend malgré tout une distance respectueuse vis à vis de la version originale.

Inútil Paisagem respecte à la lettre l’esprit de la composition de Jobim. Les notes du piano flottent en suspension soutenues par la rondeur de la contrebasse et le souple balancement des cymbales. Sur Vincent de Don McLean, le pianiste dessine avec souplesse un paysage contrasté par de complexes ruptures rythmiques.

Du côté des compositions originales de Roberto Tarenzi

On retrouve la même diversité de couleurs et de variations. Dès l’ouverture on vibre avec le complexe Ab I.D.K tout autant que l’on se laisse charmer ensuite par Love And... qui conte doutes et espoirs. Sur Golden Face le piano s’amuse, les notes sautillent et l’on s’essouffle presque à suivre le trio joueur.

A l’écoute de Love and Other Simple Matters on prend toute la mesure de la densité et de la richesse de la musique du pianiste. Par bonheur le trio joue avec la construction complexe qu’il noue et dénoue à l’envi. Un peu comme dans la vie en quelque sorte où même les choses les plus complexes se simplifient alors que les plus simples se compliquent.

Blues X est renversant, par la dextérité dont le pianiste fait preuve mais aussi par l’interactivité étonnante qui relie les trois musiciens. De Liquid Velvet se dégage un climat éthéré et rêveur où les trois instrumentistes caressent la musique plus qu’ils ne jouent. Du piano s’écoule un élégant et délicat ruban de confidences musicales.

« Love and Other Simple Matters », un album au climat enjoué et subtil. Avec souplesse et aisance le pianiste se joue des climats harmoniques complexes dont il déjoue les pièges avec subtilité. Il jongle et muse avec les rythmiques et transforme le répertoire en une promenade musicale captivante qu’on se plait à réécouter pour en profiter plus encore.

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