Album méditatif à l’élégance diaphane
Pour « Lemon The Moon », le pianiste Nitaï Hershkovits s’entoure du batteur Amir Bresler et du contrebassiste Or Bareket. D’élégantes lignes mélodiques irriguent d’étranges climats. Les confidences diaphanes du piano croisent les lignes éthérées du synthé venues des confins de la galaxie. Un album méditatif à l’élégance diaphane.
Après « New Place Always », l’album « Lemon The Moon », sorti le 15 novembre 2019, marque la deuxième collaboration de Nitaï Hershkovits avec Enja Yellowbird Records. Sur ce troisième album en tant que leader, Nitaï Hershkovits (piano, Prophet 08) invite à ses côtés le batteur Amir Bresler et le contrebassiste Or Bareket remarqué pour « 33 », son deuxième album sorti en mai 2019 avec Nitaï Hershkovits au piano.
Dans la lignée de ses albums précédents, le pianiste fait équipe avec Rejoicer (Yuvi Haykin) qui co-produit l’album avec lui, intervient (piano, Prophet 08) sur deux titres et assure le mixage de l’opus.
Nitaï Hershkovits
Après avoir étudié musique classique et piano en Israël, le jeune Nitaï Hershkovits rejoint le groupe du bassiste Avishai Cohen en 2011. Ensemble ils enregistrent trois opus. « Duende » (EMI/Blue Note) gravé en duo et sorti en 2012, le superbe projet de cordes, « Almah » (EMI/Parlaphone) publié en 2014 et « From Darknesse » (Razdaz Records) capté en trio et paru en 2015.
En 2016, après cinq années passées avec Avishai Cohen Group, le pianiste s’installe à New-York où il enregistre avec de nombreux artistes (Theo Bleckmann, Matt Penman, Mark Turner, Marcus Gilmore, Kendrick Scott, Jorge Rossy, Gilad Hekselman… entre autres) et devient membre régulier des groupes d’Oded Tzur et d’Ari Hoenig.
Le pianiste sort son premier album « I Asked You A Question » (Raw Tapes Records) en février 2016. Coproduit avec Rejoicer, le disque met en vedette Nitaï Hershkovits au chant, au piano et aux synthés. Sur deux titres il est rejoint par la chanteuse Georgia Anne Muldrow et le célèbre guitariste Kurt Rosenwinkel. Sur deux autres morceaux la batterie est tenue par Amir Bresler. Assez éclectique, l’album explore le domaine de l’électronique analogique qu’il mêle avec la dimension improvisée du jazz.
Les huit titres de son deuxième album, « New Place Always » (Enja/Yellowbird) sorti en 2018, ont été écrits en studio avec Rejoicer pour piano solo. Durant la même année il entreprend par ailleurs une fructueuse collaboration avec Rejoicer et d’autres complices electro-soul avec lesquels ils fondent « Time Grove ».
En juillet 2018, le pianiste part en tournée pour deux semaines au Japon en trio avec deux musiciens qu’il connait de longue date, le batteur Amir Bresler et le bassiste Or Bareket. C’est avec eux qu’il va enregistrer son troisième album « Lemon The Moon » (Enja Yellow Bird/L’Autre Distribution) sorti le 15 novembre 2019.
« Lemon The Moon »
Le répertoire de cet album réunit dix morceaux assez courts puisque la durée du disque ne dépasse pas trente-sept minutes. Certes le propos n’est pas bavard mais l’album réussit la prouesse de créer un climat dont les contrastes diaphanes sont propices à la méditation. Avec légèreté et élégance, les titres dessinent une musique transparente dont les lumineux contrejours se parent d’élégantes douceurs.
Élégante et légère, la mélodie du titre d’ouverture, Invite Me, Dance, danse sur les touches du piano qui génère une ambiance teintée de mélancolie.
Les univers se succèdent. Imaginaire et ensorcelant sur la cadence binaire sur les sonorités électro de Witch is which ou minimaliste sur le sensible Amelia Heals, Le climat change encore sur Bridge Under Water où alternent rêverie apaisée du piano et exploration rythmique de la contrebasse et de la batterie.
La musique du trio transcende les genres et véhicule un large spectre musical aux contrastes variés. Espiègle, Goat résonne des échos fantaisistes du synthé qui croise un motif réitératif du piano sur Lemon The Moon dont la ligne mélodique s’envole ensuite pour rejoindre l’astre lunaire. Ailleurs les ambiances sonores se succèdent et réservent bien des surprises sur le très changeant Thin White Curtain alors que la musique glisse sur le terrain de l’Ethio-jazz sur l’enivrant Bonfire Wiggle qu’enflamme un chorus de contrebasse.
Dans un espace pourtant empreint de légèreté, un motif répétitif de contrebasse installe un climat étrange qui instaure un groove inattendu sur Hangontree. Dans la même veine groovy, portés par la rythmique pulsatile, le piano lumineux et le Prophet 08 embarquent Far Picture of Bresi sur un chemin truffé de surprises sonores interrogatives.
Sur « Lemon The Moon », Nitaï Hershkovits invite à cheminer dans des ambiances oniriques qui dessinent des espaces imaginaires apaisants.
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