Aux clefs de son sax, il pilote un jazz tonique
Le saxophoniste Benjamin Petit fait voler son saxophone dans les cieux des virtuoses avec son album « 5 degrés Sud » sorti le 20 octobre 2017 chez French Paradox. Du jazz de haute voltige… pourvu que l’oxygène ne lui manque pas à cette altitude !
Après une carrière de sideman dans le monde de la pop (Michel Jonasz, Lionel Richie) et de nombreuses autres collaborations artistiques dans celui du jazz (Eric Legnini, Hadrien Feraud, Benjamin Henocq Quartet, Didier Lockwood, Paco Sery, No Jazz) le saxophoniste Benjamin Petit prend son envol comme leader et compositeur avec l’album « 5 degrés Sud » (French Paradox/Antipodes Music).
Artiste atypique, Benjamin Petit est aussi pilote de ligne et commandant de bord sur Boeing 737, ce qui explique peut-être qu’il ambitionne de voler dans les hautes sphères du monde du jazz comme il le fait aux commandes de son avion. De facto, son décollage comme leader s’est plutôt bien déroulé et ça a l’air bien parti pour lui.
Enregistré à la Maison des Artistes d’André Manoukian à Chamonix par Nicolas Falque et Balthazar Varin, l’album « 5 degrés Sud » est sorti le 20 octobre 2017 sous un nouveau label de jazz indépendant French Paradox né le 04 avril 2017. On souhaite à cette structure encore bien d’autres projets aussi dynamiques.
A la tête d’un équipage/quartet prometteur, le chef de bord Benjamin Petit pilote « 5 degrés Sud » à toute allure. Entouré de Jerry Leonide au piano, de Zacharie Abraham à la contrebasse et de Francis Arnaud à la batterie, il a aussi convié sur deux titres le bugliste et trompettiste Sylvain Gontard.
Benjamin Petit propose un répertoire de dix compositions originales auxquelles s’ajoute une version méditative très personnelle de Colchiques dans les prés. Dès les premières mesures du titre d’ouverture Mygale & Britney, le saxophoniste met le cap sur un bop tonique et bien construit, soutenu de manière très efficace par une section rythmique élastique et bondissante.
Le vol se poursuit ensuite plus calmement en compagnie du trompettiste Sylvain Gontard qui rejoint le groupe sur le splendide Liam au tempo évolutif.
A l’écoute de l’album il semble que le style de Benjamin Petit a sans douté été influencé par la phraséologie de Stefano Di Battista, Rosario Giulliani ou encore Kenny Garret et de bien d’autres musiciens de jazz mais la liste serait trop longue.
Après les riffs sax/trompette du titre I Taw A Putty Tat le saxophone fait monter la sauce et on est entraîné dans un jazz qui hésite entre boogaloo et funky. Sur les huit minutes du titre 5 Degrés Sud le quartet développe un jazz de facture plus traditionnelle et la musique aborde même les rives du lyrisme. Les solistes prennent le temps de s’exprimer portés par la puissante pulsation du batteur et par les lignes de basse attentives du contrebassiste.
La caressante ballade Nodding Milla tranche avec le tempo d’enfer du bien nommé Mach Buffet et le binaire Out of The Hip aux sonorités électriques et à l’ambiance plus nerveuse. On n’oublie pas non plus le sautillant et enivrant Ni !
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