Coup de cœur… pour « Celia » & Angelique Kidjo

Coup de cœur… pour « Celia » & Angelique Kidjo

L’Afrobeat s’invite dans la Salsa

Angelique Kidjo explore en musique les racines africaines de Celia Cruz sur les dix titres de l’album « Celia ». Très engagée à servir la musique de la diaspora africaine elle entretient un rapport très fort avec les musiques afro-latines. Ainsi, sur « Celia », la chanteuse béninoise réinvente la salsa dans un cocktail fort réussi où se croisent sonorités latines et africaines, incantations et rythmes effrénés.

couverture de l'album Celia Cruz de la chanteuse Angelique KIdjoSur l’album « Celia » (Verve/Universal) sorti le 19 avril 2019, la chanteuse Angelique Kidjo se penche sur la figure iconique de Celia Cruz (1925-2003) consacrée « Reine de la Salsa », ce genre musical inventé entre Miami et New York par les diasporas cubaine et portoricaine.

Fascinée par l’énergie de celle qui fut la figure de proue de la salsa, Angelique Kidjo insuffle dans la Salsa la force de l’Afrobeat et la richesse de la culture yoruba originaire d’Afrique et encore très vive à Cuba.

La chanteuse béninoise remonte aux racines africaines des chansons salsa de Celia Cruz qu’elle réinterprète dans le style afrobeat.

Angelique Kidjo réunit une pléiade d’artistes

Pour son projet, Angelique Kidjo a travaillé entre New York et Paris avec le multi instrumentiste et percussionniste David Donatien qui a aussi assuré les arrangements. Soucieuse de véracité, elle s’est adressée à celui qui a inventé l’Afrobeat avec le chanteur et compositeur Fela Kuti, le batteur nigérian Tony Allen. Son récent album « The Source » où il mêle jazz et musique africaine a encore prouvé sa capacité exceptionnelle aux mélanges de styles.

C’est l’énergique Meshell Ndegeocello qui tient la basse. La musicienne américaine est elle aussi connue pour intégrer tous les genres musicaux dans son expression, R&B, hip-hop, spoken word, rock, électro, reggae, folk, afro-beat ou jazz. Angelique Kidjo s’est par ailleurs adjoint les services de Shabaka Hutchings, saxophoniste ténor londonien originaire de la Barbade qui, avec Sons Of Kemet, nourrit son jazz de hip hop, spoken word, dub ou calypso.

Véritable cerise sur le gâteau,The Gangbé Brass Band a rejoint la chanteuse. Par sa vitalité et son expérience de plus de 25 ans, la fanfare béninoise contribue à apporter une teinte supplémentaire de véracité.

Deux femmes aux destins parallèles

L’album « Celia » croise les destins de deux femmes. Deux femmes qui ont eu la force de s’exiler. Deux chanteuses qui ont imposé leur art dans le monde masculin de la musique.

Après avoir quitté Cuba en 1959 en raison de la révolution castriste Celia Cruz s’est installée à New-York et a rejoint Tito Puente en 1966. Devenue une des voix des exilés cubains, elle a participé à construire ce style dont elle devenue une figure majeure de son vivant et aujourd’hui encore.

La jeune Angelique Kidjo a découvert la salsa au Bénin en 1974 écoutant Célia Cruz venue chanter avec Johnny Pacheco à Cotonou. Dans ses chansons elle avait déjà perçu la force des chants et rythmiques yoruba des esclaves béninois qui avaient traversé l’océan de l’Afrique vers l’Amérique via les bateaux de la traite esclavagiste et étaient revenus en Afrique sur les navires marchands reliant pays post-coloniaux ouest-africains et Cuba.

Angelique Kidjo le 07 juillet 2017 à jazz à VienneAprès s’être elle aussi exilée à New-York pour fuir les régimes marxistes-léninistes du Bénin entre 1974 et 1990, Angelique Kidjo s’est ensuite engagée dans la valorisation de la musique africaine dans le monde. Ainsi, après s’être réapproprié l’héritage africain exploité avec talent par « Talking Heads » dans l’album « Remain In Light »  la chanteuse béninoise revient aujourd’hui avec son projet « Celia »

La chanteuse avait déjà donné un avant-goût de son hommage à Celia Cruz le 07 juillet 2017 dans le cadre de la soirée Cuba du Festival « Jazz à Vienne » où elle avait embrasé le Théâtre Antique de son chant et convié le public à une véritable cérémonie de santeria.

Le répertoire de l’album « Celia » propose une version aboutie du projet.

Dix titres croisent Afro beat et Salsa

Cucala ouvre l’album en fanfare avec des riffs de guitares afro pop, le shuffle afrobeat de Tony Allen et les accents cuivrés du Gangbé Brass Band. L’africanité de la salsa ne fait vraiment aucun doute.

La cumbia La Vida Es Un Carnaval, créditée au composteur argentin Victor Daniel, a été enregistrée en 1988 par Celia Cruz. Angelique Kidjo dépayse le thème dans une dynamique éthio-jazz issue en droite ligne d’Addis-Abeba. Le solo de saxophone de Shabaka Hutchings flotte au-dessus des grondements du tuba de Theon Cross et de la rythmique soutenue par la solide basse de Meshell Ndegeocello. Une fin enflammée embrase la salsa d’africanité !

Angelique Kidjo propose ensuite une version mélancolique de Sahara que Celia Cruz avait chanté avec Tito Puente sur l’album « Alma con Alma ». Imprégnée de spleen, ponctuée par des lignes de cordes et de légères interventions du piano de Xavier Tribolet, la voix de la chanteuse se teinte d’accents intimes et d’une douce sensualité. Clin d’œil au son cubain dont la chanson adopte le tempo.

Sur Baila Yemaya, la chanteuse prend ses distances avec la version de Celia Cruz & Sonora Matancera enregistrée en 1951. L’orchestration cuivrée et la polyrythmie accentuent la dimension africaine que la voix adopte plus encore.

Toro Mata déroule une pulsation rythmique yoruba qui invite à la danse. Porté par les cuivres flamboyants le chant se fait incantation et est rejoint par le saxophone qui prend un court solo enivrant. Après cette bolée vivifiante d’Afrobeat, sur la pulsation des tambours et au-dessus du souffle des cuivres, la chanteuse élève sur Elegua une imploration apaisante en direction de la Nature et des divinités orishas.

Le répit ne dure pas et Quimbara se tourne du côté de la rumba africaine et réinvente la version que Celia Cruz et Johny Pacheco avaient enregistrée en 1974. Angelique Kidjo avait d’ailleurs chanté ce titre sur scène à Paris avec Celia Cruz Le morceau est habité par une grande énergie, la chanteuse ne retient pas son chant et le solo du guitariste togolais Amen Viana l’y encourage tout autant que les cuivres déchaînés et la rythmique pulsatile. Afrobeat à fond !

L’effervescence va gagner Bemba Colora dont Celia Cruz donnait déjà une version rapide. Angelique Kidjo interprète le thème sur le tempo d’une danse africaine sur laquelle Shabaka Hutchings prend un chorus qui n’a rien à envier à ceux de Fela Kuti. Irrésistible !

La suite de l’album se fait plus calme. Angelique Kidjo reprend Oya Diosa que Celia Cruz chantait avec Sonora Matancera sur un rythme de rumba triste. La voix soul et profonde de la chanteuse béninoise élève une incantation comme une prière sur laquelle le violoncelle de Clément Petit fait merveille.

Avec Yemaya se termine l’album. Accompagné par les tambours et sa propre voix enregistrée sur plusieurs pistes, le chant d’Angelique Kidjo invoque la déesse de la mer. Le chant yoruba tourbillonne… la Santeria n’est pas loin.

« Celia », un album à la fois ensorcelant et dansant qui célèbre l’africanité de la salsa. Angelique Kidjo fait coexister avec réussite l’esprit de la Salsa et un Afrobeat paré de nuances et de couleurs attrayantes.

Plusieurs concerts se profilent en France pour vivre live la musique de « Celia » avec Angelique Kidjo sur scène. RV le 14 mai 2019 au Bataclan à Paris, le 17 mai 2019 à Aix-en-Provence au Grand Théâtre, le 25 mai 2019 au festival Jazz Sous Les Pommiers à Coutances et le 16 juin 2019 au festival Rio Loco à Toulouse. ICI pour suivre l’actualité des concerts de la chanteuse Angelique Kidjo.

Yoann Loustalot Trio propulse « Yéti »

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Louis Matute, Prix Evidence de l’Académie du Jazz

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En 2022, l’Académie du Jazz crée un nouveau prix, le Prix Évidence. Le premier lauréat est le guitariste suisse Louis Matute à la tête de son « Large Ensemble » pour son troisième album « Our Follklore ». Par cette récompense, l’institution honore le nouvel enregistrement d’un(e) artiste ou d’un groupe en développement « qui se singularise par sa charge créative, sa qualité d’exécution et sa musicalité ». Belle reconnaissance institutionnelle pour cet album élégant, coloré et lyrique.

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David Bressat signe « Constellation »

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Avec « Constellation », le pianiste et compositeur David Bressat signe son troisième album live. Enregistré en février 2022 dans six clubs emblématiques, entre région Auvergne-Rhône-Alpes et région Bourgogne-Franche-Comté, l’opus présente neuf compositions originales. Une musique colorée, un album énergique et vivifiant !

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« Warm Canto », le monde imaginaire de Leïla Martial

« Warm Canto », le monde imaginaire de Leïla Martial

Immersion dans un univers sans limites

Trois ans après « Babel », Leïla Martial et Baa Box s’aventurent au carrefour de tous les possibles sur l’album « Warm Canto ». Avec Eric Perez et Pierre Tereygeol, la chanteuse explore de nouveaux espaces. Loin des formats habituels, souvent sans les mots, le souffle se fait son, invente un imaginaire poétique et dessine les contours d’un univers sans limites.

Couverture de l'album Warm Canto de Leila Martial-Baa BoxAprès « Dance Floor » (2012) et « Babel » (2016), la vocaliste Leïla Martial revient avec son troisième opus, « Warm Canto » sorti le 12 avril 2019 chez Laborie Jazz. Elle entraîne ses deux complices de Baa Box dans l’univers où la voix délire en maître. Tous les trois inventent un monde imaginaire où le chant-son est roi.

Les deux instrumentistes, Eric Perez (guitare, percussions) et Pierre Tereygeol (guitare) joignent aussi leur voix à celle de Leïla Martial. Les trois artistes inventent un monde imaginaire où le son fait sens mais la chanteuse demeure la pierre angulaire du projet qu’elle fait étinceler de mille cristaux. Certes des réminiscences de chants pygmées, inuit et tziganes affleurent sous les expressions multiples de la voix de la chanteuse mais le cœur du propos de Leïla Martial réside surtout dans sa faculté à imaginer, à renouveler son inspiration, à s’engager dans un processus de création.

Au centre du projet les voix enchantent et réchauffent l’atmosphère. Or, l’air dont la température augmente, s’élève. Dans son ascension, il entraîne celles et ceux qui se sont laissés gagner par la chaleur des voix. Ainsi, « Warm Canto » s’inscrit vraiment dans un processus dynamique et physique où la voix devient le combustible qui alimente le feu de la vie.

« Warm Canto »

L’album emprunte son titre à Warm Canto, une composition du célèbre pianiste de jazz Mal Waldron (1925-2002) qu’il a enregistrée en 1961 sur l’album « The Quest » entouré d’Eric Dolphy (clarinette), Ron Carter (violoncelle), Joe Benjamin (contrebasse) et Charlie Persip (batterie). Leïla Martial et Baa Box se sont réapproprié le titre, l’ont projeté, dépaysé dans un monde qui leur appartient en propre, un univers céleste et onirique éloigné des sphères conventionnelles.

Loin des cadres convenus

Sur « Warm Canto » la voix ouvre de nouvelles pistes exploratoires, invente une poésie voyageuse qui inaugure un voyage imaginaire et dépaysant.

Hors des univers normés et à distance des formes vocales formatées, Leïla Martial qui se présente sur son site comme vocaliste, clown et performeuse, mène le bal. Dans sa ronde échevelée, elle entraîne le langage qui devient presque superflu et elle le réinvente. En fait, sa force de conviction et son énergie sont telles qu’il n’est nul besoin de posséder des clés pour accéder à sa syntaxe et comprendre sa nouvelle langue. Sans dico et sans traducteur, l’oreille décrypte d’instinct le sens des mots-sons en captant l’émotion qui se dégage.

Le son devient sens

Accompagné(s) par percussions, guitares, glockenspiel et senza, le(s) chant(s) plan(ent) au-dessus d’un nouveau monde qu’il(s) irradie(nt) de sincérité. En effet, on perçoit d’emblée que seuls des corps libérés peuvent restituer des sons d’une telle fluidité et d’une telle véracité. En abandonnant les chemins convenus du chant et des postures conventionnelles, les trois complices ont certes pris des risques mais ils ont triomphé. En effet leur chant étincelle et touche les âmes, les corps et les cœurs.

A leur écoute il prend une furieuse envie de les rejoindre… mais du chemin demeure à parcourir pour y parvenir car on reste presque sans voix à les écouter… c’est un comble !

Du corps sort le souffle, du souffle naît le son, le son devient sens… et avec « Warm Canto », la vie se réchauffe.

Au fil des pistes de « Warm Canto »

 

En prologue, telle une plasticienne de la voix, Leïla élabore un scat a capella et sculpte Amuse Bouche qui ouvre le festin vocal de « Warm Canto ». A partir d’un motif réitératif, la chanteuse se transforme ensuite en funambule vocale accompagnée par ses complices sur le fil d’une Nuit Pygmée tout à tour calme et volcanique.

On se laisse captiver plus tard par le Sourire du Clown où la voix éthérée et impalpable de la chanteuse flotte dans un imaginaire bruitiste que créent ses deux compères. Impossible d’échapper alors aux deux mouvements de la Danse du Clown dont on ressort essoufflé mais réchauffé. Boucles musicales et séquences rythmiques contrastées suggèrent une danse-transe à laquelle il est difficile d’échapper. La voix devient un instrument à la sonorité envoûtante.

Advient ensuite Forget and Be, une simple mélodie chantée en anglais. Diaphane et abreuvée de sérénité, la voix convainc … il est vraiment possible de vivre, respirer et d’être soi. Un pur miracle !

L’univers évolue encore. Accompagnées du son pur de la guitare acoustique, les vocalises émouvantes de la chanteuse évoquent sur Jeanne une quête de simplicité et de béatitude dans laquelle il fait bon s’immerger mais le paysage change encore. Avec Serendipity on pénètre plus avant dans le folklore imaginaire de Leïla Martial. On découvre la magie de son monde musical multicolore où ses prouesses vocales époustouflantes sont portées par une rythmique aux accents d’un rock qu’on croirait issu de favelas célestes ou africaines. La magicienne entame ensuite des incantations convaincantes qui engagent à rejoindre le trio.

C’est ensuite le chant éthéré de Leïla Martial qui métamorphose Warm Canto et le projette loin des frontières de son monde originel. La douceur fondamentale de la composition jazz se pare d’un chaleureux environnement.

La voix de la chanteuse se transforme encore. Elle devient une offrande spirituelle dont la force se densifie tout au long de Petit Temps Vo. Elle se pare même d’un brin de folie suggérée par la rythmique percussive. Le contraste est abrupt avec le chant cajoleur et sensible de Solat paré de l’accompagnement lumineux des guitares et des voix masculines caressantes.

Épilogue attendu, Pieds Nus provoque un envoûtement total. Il conjugue et mixe voix et percussions corporelles. Sous le charme, on quitte l’album au rythme des pas du trio qui font écho à ceux du prologue mais la neige a fondu.

On plonge dans le monde de Leïla Martial avec quelques vidéos mises en ligne à  l’occasion de la sortie de « Warm Canto » avec en avant-goût Warm Canto #4 à visionner tout de suite…

Les performances scéniques de Leïla Martial valent toujours le déplacement. Plusieurs datent se profilent pour succomber live à l’envoûtement de « Warm Canto ». Bonne nouvelle donc que la date du prochain concert de Leïla Martial annoncée le 02 mai 2019 à 19h30 & à 21h30 à Paris au Duc des Lombards pour la sortie de l’album.

Que l’on se rassure, la musique de Baa Box va aussi réchauffer le Café du Boulevard de Melle le 04/05/19 puis le Manchester Jazz Festival le 26/05/19 avant de revenir le 08/06/19 à Toulouse dans le cadre du Festival Rio Loco puis passer ensuite par Montreuil Jazz Festival le 15/06/19, rejoint Eus et Mes de Jazz le 28/06/19 avant d’allumer un feu d’artifice au Paris Jazz Festival le 14/07/19 au Parc Floral. Les trois complices vont se produire aussi le 06/07/19 à Bolzano dans le cadre du Sud Tyrol Jazz Festival avant de revenir au Théâtre en Garrigue de Port-Nouvelle le 19/07/19 puis faire étape ensuite à Montpellier le 20/07/19 avant de rejoindre le festival Jazz in Marciac  le 31/07/19. ICI pour suivre l’actualité des concerts de Leïla Martial,

Yoann Loustalot Trio propulse « Yéti »

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Louis Matute, Prix Evidence de l’Académie du Jazz

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« Música Sin Fin », premier album solo de Mario Stantchev

« Música Sin Fin », premier album solo de Mario Stantchev

Un opus sensible et lumineux à écouter sans fin

Sorti le 19 avril 2019, « Música Sin Fin » est le premier album solo de Mario Stantchev. Des douze compositions originales du pianiste se dégagent une infinie sensibilité, une superbe maîtrise du clavier et une absolue sérénité. Dans une approche dynamique, Mario Stantchev invite toutes ses influences musicales auxquelles il associe silence, lyrisme, romantisme, fougue et un rien de mélancolie. A écouter sans fin.

Couverture de l'album solo de Mario Stanchev, Musica Sin Fin« Música Sin Fin » le premier album solo de Mario Stantchev est publié le 19 avril 2019 chez Cristal Records en CD et édité en 300 exemplaires vinyles chez Ouch ! Records, label dirigé par Lionel Martin qui a aussi assuré la direction artistique de l’album.

Les douze titres composés par le pianiste ont été enregistrés le 27 octobre 2017 par Gérard de Haro aux Studios La Buissonne de Pernes-les-Fontaines au cours d’une séance produite par Marc Thouvenot et Ouch ! Records.

De la Bulgarie à la France…

Riche et diversifiée, la vie musicale de Mario Stantchev a commencé à Sofia, en Bulgarie où il est né d’une mère chanteuse lyrique et d’un père pianiste concertiste classique. Il suit un enseignement classique de haut niveau à Sofia et obtient le premier prix au Conservatoire National de Sofia. Adolescent, il découvre le jazz à travers la musique de Monk et pratique ensuite un jazz qui concilie tradition bulgare et jazz moderne. Ses prestations aux festivals de Sofia entre 1977 et 1979 lui valent le succès.

En 1980, empêché par le gouvernement bulgare d’aller jouer au festival « Nancy Jazz Pulsations », Mario Stantchev fuit la Bulgarie et rejoint la France. Après Nancy où il a retrouvé sa mère, il s’installe à Lyon où il se produit en concert et devient enseignant de piano au Conservatoire National de Région de Lyon. En 1984, il fonde le département « Jazz et Musiques contemporaines » où il exercera une activité pédagogique pendant 30 ans.

Entre 1980 et 2018, une riche carrière

Au fil des années, Mario Stantchev fait coexister avec bonheur une carrière de pédagogue, de compositeur et d’instrumentiste où il concilie musique classique, jazz et de nombreuses autres expressions musicales vers lesquelles le porte sa curiosité sans limite. Il multiplie les rencontres avec des musiciens français, européens et nord-américains et s’exprime au sein de formations variées (duo, trio, quartet, sextet,…).

Programmé sur de nombreuses scènes parmi les plus prestigieuses (Vienne, Ramatuelle, Nancy …), il retourne jouer en Bulgarie après la chute du mur de Berlin. Il mène une vie musicale riche et diversifiée relatée dans le « Mini Mémo » qui reprend plus en détails les différentes étapes de la carrière du pianiste.

Mario Stantchev a certes publié des albums de jazz dans des formations variées, « Un certain parfum » (1985) en trio avec Daniel Humair et Mike Richmond, « Kaléidoscope » (1996) où il joue dans des formats variés avec nombre d’artistes européens et américains, « Priyatelstvo » (2001) et « Kukeri » (2006) avec « Mario Stantchev Sextet », en duo sur « Duo » (1997) avec le guitariste Michel Perez etcouverture de l'album Gottschalk de Mario Stanchev et Lionel Martin « Jazz before Jazz » en 2014 avec le saxophoniste Lionel Martin.

Sur scène le pianiste prend plaisir à s’exprimer en solo mais jusqu’en 2018, il n’a pas enregistré un disque entièrement consacré à son expression solo.

Depuis 2008, Mario Stantchev fait régulièrement SaLyon chez son ami le facteur de piano, Yves Dugas (Lyon Music), ce qui donne l’occasion à un public fidèle de suivre son activité musicale.

2019, « Música Sin Fin », premier album solo de Mario Stantchev

On a souvent écouté s’exprimer sur scène Mario Stantchev en solo mais il a fallu attendre 2019 pour qu’il publie un album solo. « Música Sin Fin » sorti le 19 avril 2019 chez Cristal Records en CD et est édité en 300 exemplaires vinyles chez Ouch ! Records.

Histoire d’un album

A l’image de la carrière musicale de Mario Stantchev, « Música Sin Fin » inscrit son histoire dans un processus de rencontres qui débutent en 2017 pour déboucher en 2019 sur un album lumineux et sensible.

Une chaîne de création…

… des images suscitent les textes des « Chroniques Minuscules » écrites par Christophe de Beauvais. Le couple image/chronique est ensuite proposé à des musiciens improvisateurs et leur inspire des musiques. C’est ce processus que propose Marc Thouvenot à six pianistes : improviser sur les « Chroniques Minuscules » et créer des musiques qui résonnent avec leur univers musical. René Bottlang, Mario Stantchev, Camille Thouvenot, Pascale Berthelot, Stefan Oliva et Denis Badault, les six pianistes acceptent l’exercice et, en 2017, Gérard de Haro enregistre leurs prestations dans des conditions identiques aux Studios La Buissonne.

Un texte très éclairant de Marc Thouvenot est publié sur le passionnant site Nepantla et témoigne du processus d’improvisation de ces six musiciens à partir des « Chroniques minuscules » de Christophe de Beauvais. C’est ainsi que « Mario Stantchev a, lui, choisi la voie de l’improvisation écrite. Pour chacune des quatorze Chroniques de son choix il a spécialement écrit une musique qu’il a ensuite enregistrée, dans le mode d’un interprète plus que dans celui d’un improvisateur. »

De l’enregistrement à l’album

Depuis 2016, Cristal Records & le label indépendant spécialisé dans le vinyle, Ouch ! Records crée par le saxophoniste lyonnais Lionel Martin collaborent afin de proposer des projets atypiques. Parmi ceux-là, « Jazz before Jazz » (2014), enregistré par Mario Stantchev et Lionel Martin, figure en bonne place.

Le pianiste Mario Stantchev confie les bandes enregistrées en 2017 à Lionel Martin. Le saxophoniste et directeur du label lyonnais Ouch ! Records assure la direction artistique du projet qui va aboutir à l’album « Música Sin Fin ».

Avant la sortie de l’album

Le jeudi 04 avril 2019, Mario Stantchev a donné un court récital solo chez Yves Dugas dans le cadre d’un SaLyon Music.

Après une courte partie consacrée à des pièces du répertoire de son père, pianiste de salon dans l’entre-deux guerres, le pianiste poursuit non sans humour, avec deux compositions, Why, en hommage au Warum du romantique Robert Schumann et Beethoven où quelques rythmes bulgares figurent l’énergie du grand compositeur. Il présente ensuite quelques titres de l’album « Música Sin Fin » avant sa sortie.

Le récital donné par Mario Stanchev dans les locaux de Lyon Music a été filmé par Yves Dugas que l’on remercie pour les vidéos offertes pour illustrer cette chronique.

Au fil des pistes…

De bout en bout de l’album, l’expression du pianiste démontre une superbe maîtrise de la ligne mélodique et propose de très riches climats harmoniques.

La déambulation musicale du pianiste débute avec Epilogue, très influencé par la photo proposée au pianiste. Dès les premières notes ciselées on plonge dans un paysage mélancolique et bucolique où un silence paisible s’insinue à travers les sonorités éthérées de l’instrument. Les notes répétées en boucle d’une gamme pentatonique dessinent autour de Rockefeller : Une belle âme, un tableau méditatif hypnotique.Les mains du pianiste Mario Stanchev sur le clavier du Bosendorfer le 02/04/19 à Lyon Music

Joke (la leçon) adopte un style plus léger et sautillant et tisse une ligne musicale ludique imprégné d’une tradition classique qui fait un clin d’œil complice au canon Frère Jacques. La richesse harmonique de Messiaen in the sky est dédiée au grand compositeur qui n’appréciait guère le jazz et ses rythmes à son goût trop peu subtils. Qui sait, à l’écoute de la richesse rythmique impalpable du morceau composé par Mario Stantchev le composteur amoureux des oiseaux aurait-il été convaincu par cette vision céleste du jazz ?

Inspirée par le personnage lunaire et réflexif de la photo des « Chroniques minuscules », une ritournelle tourne en boucle comme la musique d’un film muet où l’on entendrait s’animer la pensée de L’Ambassadeur. Le départ tourbillonne au rythme de notes irradiées de la lumière d’une possible renaissance après une fatale séparation. Elles tranchent avec l’atmosphère tendre de La tricoteuse qui n’est pas sans évoquer les ambiances des tableaux de Renoir. On entend presque le sautillement des brins de laine sur les aiguilles.

La composition En écoutant La Traviata (Alice) immerge dans un climat onirique et mélancolique redevable à Satie ou à l’impressionnisme de Liszt, à moins qu’il ne fasse écho aux souvenirs du petit Mario qui enfant écoutait la musique que jouaient ses parents, caché sous le piano.

Short Strory V déroule les réminiscences d’un voyage en Égypte à partir d’un motif réitératif à la main gauche sur lequel la main droite butine et papillonne des motifs aux saveurs orientales dans les aigus du piano. Les riches harmonies que développe Elégie mettent en lumière une mélodie poétique rayonnante d’une tendre tristesse. Au passage, on apprécie la référence du titre aux nombreuses élégies écrites par les compositeurs classiques.

Sur Requiem le jeu de piano captive et enivre plus qu’il n’attriste, il évoque des souvenirs heureux partagés avec une personne chère mais disparue. L’album se termine avec Música Sin Fin. Imprégné de grâce et de sérénité, le morceau ouvre la porte d’un monde porteur d’espérance.

Au cœur des douze compositions de « Música Sin Fin » réside le cristal de l’identité musicale de Mario Stantchev. Le phrasé du pianiste combine une dimension lyrique et romantique issue de ses influences classiques et un côté expressif dynamique ancré dans un jazz qui navigue entre force et finesse. L’album propose une musique à la fois sensible et fougueuse, onirique et descriptive, lyrique et virtuose. De « Música Sin Fin » se dégage une impression de profonde sérénité. Comme le suggère le titre de l’album… on pourrait écouter cette musique sans fin, jusqu’au bout du jour et de la nuit.

Le 30 avril 2019, à l’occasion de la Journée Internationale du Jazz plus simplement nommée « Jazz Day », l’association « Jazz à Fareins » et Jacques Seigneret organisent à 20h30 un concert gratuit de prestige au Théâtre du Château du Bouchet de Fareins Mario Stantchev se produit en piano. Belle manière de fêter la sortie de « Música Sin Fin ». Par contre en raison du nombre limité de places, la réservation est impérative (coordonnées ICI).

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Jazz Day 2019 sur le Pôle Métropolitain

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Du jazz dès midi jusque tard dans la nuit !

Pour la septième année consécutive depuis 2013, Jazz à Vienne coordonne cette année encore la Journée Internationale du Jazz sur le territoire métropolitain. Le 30 avril 2019 mobilise de nombreux acteurs du jazz du Pôle Métropolitain pour des rencontres et des échanges autour d’évènements festifs. 24 heures de jazz pour célébrer la diversité du jazz en direction de tous les publics.

Le 30 avril 2019, plus de 190 États dans le monde participent au Jazz Day, cette journée internationale initiée en 2011 par l’Unesco qui célèbre le Jazz et ses valeurs comme instrument de paix, de démocratie et de dialogue entre les cultures.

Cette année le compositeur et pianiste Herbie Hancock, à l’initiative de la journée, et le trompettiste australien James Morrison présentent le concert principal du Jazz Day, le fameux « All-Star Global Concert », qui en 2019 a lieu en Australie à Melbourne avec de nombreux artistes internationaux parmi lesquels entre autres Brian Blade, Kurt Elling, Eli Degibri, Antonio Sánchez, James Genus, Eric Reed, Eijiro Nakagawa, Mark Nightingale, A Bu, Paul Grabowsky, Lizz Wright….

Le 30 avril 2019, Jazz à Vienne coordonne la septième édition du Jazz Day sur les six agglomérations du Pôle Métropolitain qui ambitionne d’être la capitale internationale de l’international Jazz Day en 2021.B Tanguy, P Curtaud et M Picot présentent Jazz Day Lyon 2019

Le 06 avril 2019, Myriam Picot (Vice-présidente de la Métropole de Lyon), Patrick Curtaud (en charge de la culture à la Mairie de Vienne et au Conseil Départemental de l’Isère) et Benjamin Tanguy (coordonnateur artistique du Jazz Day sur le Pôle Métropolitain) ont présenté le programme de cette Journée Internationale du Jazz déclinée sur le Pôle Métropolitain.

Ainsi en 2019, Grand Lyon, Saint-Étienne Métropole, CAPI Porte d’Isère, Vienne-Condrieu Agglomération, Est Lyonnais et Villefranche-Beaujolais-Saône soutiennent les efforts de nombreux acteurs jazz en direction d’un large public.

70 lieux
80 acteurs
6 territoires
80 évènements
280 artistes

Aéroport Saint-Exupéry

L’aéroport Saint-Exupéry figure parmi les nouveaux lieux investis en 2019. Jean-Salim Charet Quartet se produit à 12h et 18 h pour des sets de 20 minutes proposés dans le terminal 1 pour tous les passagers du jour munis d’un billet.

Ninkasi, Clubs, écoles de musique, médiathèques et MJC

Bourgoin-Jallieu, Saint-Étienne, Vienne, Villefranche-sur-Saône et leurs alentours s’associent à la dynamique de la journée.

Sur Lyon et ses alentours, 17 établissements estampillés Ninkasi proposent du jazz 100% local. Les clubs emblématiques (des plus anciens aux plus récents), les lieux en charge de la pédagogie du jazz, des médiathèques et des MJC montent au front pour cette Journée Internationale du Jazz. Ainsi, entre autres propositions, on a repéré à 20h à la MJC Saint Just (06 rue des Fossés de Trion), la programmation de Francois Dumont d’Ayot Quartet, laquelle prestation s’inscrit aussi dans le cadre du « Festival Jazz à cours et à jardins ».

Jazz en direction du public empêché

Parce que le partage est une des vertus du jazz, il va à la rencontre de tous les publics. Ainsi en 2019, le Jazz Day va s’installer au cœur de sept établissements qui accueillent des publics empêchés pour des concerts réservés aux résidents de ces lieux dont la liste est à retrouver sur le site Jazz Day Lyon.

D’autres établissements hospitaliers, des crèches et des lieux qui accueillent des personnes en difficulté continuent à ouvrir leurs portes au jazz. Parmi ceux-là on a repéré Alged l’ïle Barbe, Centre d’activité de jour et Korian, le Clos d’Yprès où se produit François Dumont D’Ayot Quartet dans le cadre du « Festival Jazz à cours et à jardins ».

 

Lieux et spectacles à découvrir

Cette année encore, « Latins de Jazz » invite à découvrir quelques lieux atypiques pour vivre le Jazz Day 2019 autrement

Pour en savoir plus et consulter l’intégralité des propositions du Jazz Day Lyon 2019, rendez-vous sur le site Jazz Day Lyon où une astucieuse carte des lieux du Jazz Day permet de se repérer pour mieux se déplacer tout au long du 30 avril 2019.

Mixité, échange et liberté président aux 24h de ce Jazz Day qui réunit sur les 6 territoires du Pôle Métropolitain 270 artistes autour de 80 événements programmés dans 70 lieux et animés par 80 acteurs.

Yoann Loustalot Trio propulse « Yéti »

Yoann Loustalot Trio propulse « Yéti »

Poésie musicale en suspension Voix singulière de la trompette européenne, le compositeur Yoann Loustalot propulse son nouvel album « Yéti ». Avec le guitariste Giani Caserotto et le batteur Stefano Lucchini, il propose une musique stellaire, à la fois dense et...

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Louis Matute, Prix Evidence de l’Académie du Jazz

Louis Matute, Prix Evidence de l’Académie du Jazz

En 2022, l’Académie du Jazz crée un nouveau prix, le Prix Évidence. Le premier lauréat est le guitariste suisse Louis Matute à la tête de son « Large Ensemble » pour son troisième album « Our Follklore ». Par cette récompense, l’institution honore le nouvel enregistrement d’un(e) artiste ou d’un groupe en développement « qui se singularise par sa charge créative, sa qualité d’exécution et sa musicalité ». Belle reconnaissance institutionnelle pour cet album élégant, coloré et lyrique.

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David Bressat signe « Constellation »

David Bressat signe « Constellation »

Avec « Constellation », le pianiste et compositeur David Bressat signe son troisième album live. Enregistré en février 2022 dans six clubs emblématiques, entre région Auvergne-Rhône-Alpes et région Bourgogne-Franche-Comté, l’opus présente neuf compositions originales. Une musique colorée, un album énergique et vivifiant !

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Clin d’œil à Joachim Caffonnette Trio & « Vers l’Azur Noir »

Clin d’œil à Joachim Caffonnette Trio & « Vers l’Azur Noir »

Richesse harmonique et climats poétiques

Le pianiste Joachim Caffonnette appartient à la génération montante du jazz belge. Pour son deuxième album « Vers l’Azur Noir » il s’associe à une section rythmique énergique. Le jeu interactif du trio est habité par un swing omniprésent. La richesse harmonique du propos soutient des mélodies alertes ou poétiques. A suivre avec attention !

Le pianiste Joachim Caffonnette

Joachim Caffonnette©Roger Vantilt

Après plusieurs années passées à jouer en quintet, le pianiste belge Joachim Caffonnette rencontre le contrebassiste français Alex Gilson. Sur le conseil de ce dernier, en avril 2017 il fait appel au batteur français Jean-Baptiste Pinet. Les trois musiciens s’entendent à merveille.

Au printemps 2017 ils entreprennent une tournée entre Belgique, Luxembourg et France qui leur permet de trouver leur son. A la suite de cela ils conçoivent d’enregistrer un album annoncé pour le 19 avril 2019. Son titre « Vers l’Azur Noir » fait référence à un poème de Rimbaud.

L’album est dédié à tous les migrants désespérés qui se lancent vers la méditerranée comme vers une illusoire « mer des topazes » qui se transforme en un « azur noir » où se noie leur espoir. Plusieurs titres de l’album évoquent d’ailleurs cette problématique vis à vis de laquelle Joachim Caffonnette est fort impliqué.

« Vers l’Azur Noir »

Couverture de l'album Vers l'Azur Noir de Joachim Caffonnette trio« Vers l’Azur Noir » (Neuklang Records/See List) propose un répertoire de neuf titres parmi lesquelles six compositions du leader et trois reprises. Deux titres pop-rock, Hey Jude de Paul McCartney (dédié à Julian, le fils de John Lennon) et Sugar Man de Sixto Rodriguez. Un standard de jazz redevable à Thelonious Monk, Monk’s Dream.

A six titres enregistrés au Jet Studio de Bruxelles en novembre 2017 par Angelica Roca et mixées par Vincent De Bast, le groupe a ajouté trois morceaux captés live par Vincent de Bast lors d’un concert à la Cellule 133a à Bruxelles en septembre 2018. Grâce à cette proposition on saisit à la fois la précision du travail du trio en studio et la spontanéité des échanges en concert.

Cette double perception de la musique du trio permet de saisir l’écoute interactive qui relie les musiciens et le jeu symbiotique qu’ils développent. On appréhende ainsi la richesse harmonique des textures et les lignes mélodiques poétiques ou vivaces développées par le trio.

Au fil des titres

Les six premiers titres restituent le travail du trio en studio.

Après une délicate mélodie romantique, Perspectives se densifie harmoniquement et fait référence au contrepoint de Bach. La musique tourbillonne et l’on perçoit la synergie qui règne au sein du trio. Pris sur un tempo plus rapide, Inner Necessity déroule un swing fluide et souple auquel le superbe solo du batterie apporte une respiration.

Entre ténèbres et lumière, le piano interprète en solo Tripoli’s Sorrow, une élégante ballade élégiaque au parfum evansien. Le trio enchaîne avec une version lumineuse et pleine de fraîcheur de Hey Jude dont le développement restitue tout à fait l’esprit de l’original… il manque juste la coda et les na, na, na qu’on est tenté de fredonner in petto.

Joachim Caffonnnette Trio

Joachim Caffonnette Trio©Roger Vantilt

Intitulé en référence aux derniers mots du premier vers de « Ce qu’on dit au Poète à propos de fleurs » écrit par Arthur Rimbaud en 1871, Vers l’Azur Noir magnifie le versus lyrique du trio dont la poétique musicale ne restitue en rien l’ironie dont le texte rimbaldien est imprégné.

Pris sur un tempo jazz médium, Sugar Man prend ses distances avec la version originale du titre que Sixto Rodriguez a créé lors de sa brève carrière aux USA entre 1967 et 1971 et que l’on a retrouvé en 2013 après un regain de succès en Afrique du Sud en 1998. Avec son alternance de solos, la valse tendre inscrit son format dans un jazz on ne peut plus classique qui magnifie le thème.

Enregistrés live, les trois derniers titres captent l’impact du trio sur le public.

Sur À Mawda, la section rythmique accompagne avec ardeur le jeu effervescent du piano qui porte l’expression de sa colère vis à vis de la mort dramatique de la fillette kurde à qui est dédiée la chanson.

Le trio groove et semble s’amuser sur les presque huit minutes que dure Monk’s Dream. Dans le pur esprit de la composition de Monk, le piano ludique et élastique articule un chorus ponctué de virgules. Les séquences saccadées et les distorsions harmoniques nourrissent le propos du pianiste auquel le batteur répond par un solo fort inspiré.

Jax and Reddy marque la fin du voyage.  Cet épilogue met en évidence le goût du piano pour le décalage qu’il maîtrise d’ailleurs à la perfection, le souple mais solide soutien de la contrebasse et la réactivité admirable de la batterie.

La sortie de « Vers l’Azur Noir » donne à découvrir Joachim Caffonnette Trio. Un univers où lyrisme et dynamisme se disputent la préséance. Traversé par le swing et porté par une complicité perceptible, l’album propose une musique fort équilibrée où mélodie, harmonie et  improvisation coexistent avec bonheur.

Après un concert de sortie d’album prévu à Bruxelles le 18 Avril 2019, au Théatre Marni, le trio annonce une tournée avec un concert à Paris le 23 avril 2019 à 19h30 au Sunside. ICI pour suivre l’actualité des dates de concert de Joachim Cafonnette Trio.

Yoann Loustalot Trio propulse « Yéti »

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Louis Matute, Prix Evidence de l’Académie du Jazz

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David Bressat signe « Constellation »

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Auditorium de Lyon – Youn Sun Nah

Auditorium de Lyon – Youn Sun Nah

« Immersion » dans une bulle de vibrations

Le lundi 13 mai 2019, l’Auditorium de Lyon accueille la chanteuse Youn Sun Nah. Au sommet de son art, la diva coréenne vient présenter le répertoire de son tout nouveau projet « En Immersion ». Un RV essentiel pour plonger en apnée dans la bulle vocale unique de Youn Sun Nah. Des promesses de vibrations sensibles.

Youn Sun NAh

Yun Sun Nah©Sung Yull Nah

Après Archie Shepp, Madeleine Peyroux, Anouar Brahem et Brad Mehldau, c’est au tour de Youn Sun Nah de fouler la scène de lAuditorium-Orchestre National de Lyon le 13 mai 2019 à 20h. Réalisé en coproduction avec « Jazz à Vienne », le concert de la chanteuse coréenne est le dernier mais non le moindre de la saison jazz 2018/2019 de l’Auditorium-Orchestre National de Lyon.

Le temps a passé depuis 2003 où l’on découvrait avec bonheur la jeune chanteuse Youn Sun Nah dans la petite église de Pavezin durant le Rhino Jazz(s) Festival. Depuis, la chanteuse a atteint le statut de diva du jazz et ses concerts conservent toujours le même attrait car elle ne cesse de renouveler et enrichir son art. Youn Sun Nah s’inscrit en effet, aujourd’hui comme une figure incontournable dans le paysage du jazz vocal international.

Dotée d’une fabuleuse technique vocale, cette improvisatrice hors pair développe des scats ébouriffants mais pratique aussi avec ferveur l’art du minimalisme. Sa voix se pare de mille nuances et fait se côtoyer des climats extrêmes. Entre joie et mélancolie, furie et douceur, Youn Sun Nah promène son timbre de soprano sur un spectre esthétique élargi.

De Séoul… à Paris

Née à Séoul d’une mère actrice de comédies musicales et d’un père chef de chœur, la jeune Youn Sun Nah apprend le piano et chante des gospels avec le Korean Symphony Orchestra avant d’étudier la musique et d’approfondir le chant.

Francophile, la jeune-femme rejoint ensuite Paris pour étudier le chant à l’Institut National de Musique de Beauvais, au Conservatoire Nadia et Lili Boulanger et au CIM (école de Jazz et Musiques Actuelles). Chez elle se produit alors le déclic et naît son intérêt pour le jazz avec des tournées et des prix obtenus lors des concours organisés dans les festivals de jazz.

Chanteuse puis star internationale de Jazz

De « Reflets », son premier album sorti en Corée en 2001 à « Voyage » paru en 2008, Youn Sun Nah confirme son statut de chanteuse de jazz. En 2010, « Same Girl » (ACT) la consacre parmi les artistes lauréats d’un Disque d’or (en France). Le même album reçoit un Echo Jazz Award en Allemagne et un Korean Music Award en Corée.

Les plus grands festivals de jazz ouvrent leur scène (Montréal, Marciac, Monterey, Java ou Montreux) à Youn Sun Nah. En 2013, elle affirme son intérêt pour les ballades sur l’album « Lento » (ACT), lui aussi récompensé d’un disque d’or en France et en Allemagne. Ce succès confirme la reconnaissance de la chanteuse parmi les voix qui comptent dans le jazz.

Entre 2009 et 2015 elle enchaîne les concerts et parcourt les scènes internationales avec une escale le 23 février 2014 à Sochi où elle chante durant la Cérémonie de clôture des Jeux Olympiques d’hiver. Partout ses prestations obtiennent un égal succès mais au printemps 2015 elle décide de s’accorder une pause et prive le public de sa présence sur scène.

En 2017

Après deux années sabbatiques passées à se ressourcer chez elle, à Séoul, Youn Sun Nah fait son retour en 2017 avec l’album « She Moves On » (ACT) dont elle présente aussi le répertoire en concert. C’est d’ailleurs lors de sa tournée européenne qu’elle triomphe le 09 juillet 2017 sur la scène du Théâtre Antique de Jazz à Vienne qui l’avait déjà accueillie en 2014 en duo avec Ulf Walkenius.

En 2019

couverture de l'album Immersion de Youn Sun NahLe 08 mars 2019 voit la sortie de son dixième album « Immersion » qui marque aussi un tournant dans sa carrière de Youn Sun Nah. Elle quitte en effet le label européen ACT et signe chez Arts Music, une division de Warner Music Group, qui fait écho à la dimension internationale de sa carrière.

C’est dans le cadre de sa tournée européenne que Youn Sun Nah fait escale sur la scène de l’Auditorium-Orchestre National de Lyon, le 13 mai 2019 à 20h. Pour l’occasion elle se présente en trio accompagnée de Tomek Miernowski aux guitares, piano, synthétiseur et programmation et Rémi Vignolo dont les talents vont se déployer entre batterie, contrebasse, basse électrique et programmation.

Ce concert est à saisir comme une opportunité pour plonger dans le monde musical sensible de Youn Sun Nah et vibrer à l’écoute de la voix pure et sensuelle, souple et puissante, chaleureuse et piquante, claire et limpide, élégante et sensible de la chanteuse. Une expérience à vivre comme un moment de ressourcement pour capter les ondes de zénitude mais aussi pour absorber les éclats d’énergie qui parcourent tour à tour le chant de Youn Sun Nah.

Yoann Loustalot Trio propulse « Yéti »

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