All Night Jazz – Jazz à Vienne

All Night Jazz – Jazz à Vienne

Kamasi Washington, un passeur entre innovation et tradition

Pour de nombreux fans de jazz, Kamasi Washington incarne la soirée All Night Jazz 2016. Son jazz organique et massif, à la fois calme et transique, empreint des influences du passé et porteur des promesses de demain. Et après le concert, le désir de l’écouter encore et plus avant.

All Night Jazz ! Trois mots pleins de promesses. Du jazz jusqu’au bout de la nuit, en fait du jazz jusqu’au lever du jour, avec croissants et café en prime. Avec toujours en ouverture de la soirée, le lauréat du Tremplin RéZZO Jazz Focal de l’année précédente suivi d’une brochette de groupes qui enchaînent leur prestations avec pour objectif de garder le public éveillé et plein d’ardeur pour que le dernier groupe soit encore soutenu par les festivaliers survivants. De ce côté là, le schéma a été respecté.

Habituellement la soirée All Night Jazz annonce la fin du Festival Jazz à Vienne mais en 2016, ce n’est point le cas. Elle est suivie par deux journées de programmation labellisée « jazz Mix » et d’une Nuit du Blues avec Buddy Guy en clôture des festivités de « Jazz à Vienne ». Un tel changement n’entrave en rien la portée et l’attractivité de cette nuit toujours vêtue de ses plus beaux atours de jazz.

C’est NOx.3 qui ouvre. La prestation du groupe lauréat du tremplin RéZZo Focal Jazz à Vienne 2015 a offert un set éreintant où les décibels occupent le devant de la scène sans aucune nuance. Le concert donné par le groupe lors du festival à Vaulx Jazz, devant seulement une dizaine de spectateurs (en raison d’un horaire avancé) avait apporté plus de surprise que le set de 30 minutes du 13 juillet devant plus de 3000 spectateurs. On sentait Mathieu Naulleau très préoccupé par la nouvelle barre de capteurs installée dans son piano et du coup sa disponibilité est apparue moindre lors de ses interactions avec les frères Nox, Nicolas (batterie) et Rémi (saxophones). Dommage, l’empire noxien n’a pas tenu ses promesses.

Robin-Mc Kelle_JAV_13072016_NVLa scène appartient ensuite à la chanteuse Robin McKelle. Après 7 ans d’absence au Théâtre Antique, la chanteuse américano-irlandaise revient présenter son nouveau projet via le répertoire de son dernier album « The Looking Glass » teinté de « pop soul ». La chanteuse parle d’un répertoire très personnel auquel elle tient beaucoup. C’est pour elle un nouveau chapitre de sa vie musicale qui se teinte d’un esprit plus frais avec de nouveaux musiciens. Robin McKelle est visiblement à l’aise sur scène où elle bouge avec brio. Elle sait alterner les ambiances et offre un spectacle ovationné par un public très réceptif.

C’est ensuite au tour de Faada Freddy. Le chanteur/rappeur de Dakar. Il présente son album « Gospel Journey ». Il utilise son corps tout entier pour faire résonner son chant. Avec ses compagnons de scène il met son groove au service de la musique. Tout y passe. Sa musique mixe drum’ bass, reggae et africanité. Ça fonctionne et il parvient à convaincre le public de le rejoindre dans son show. Une partie de la foule est visiblement venu pour Faada Freddy et reçoit avec bonheur sa généreuse prestation.

Arrive ensuite le tour de celui qu’attendent les aficionados du jazz. Kamasi-Washington-3_JAV_13072016_NVLe saxophoniste Kamasi Washington que l’Europe a découvert en décembre 2015 via son triple album « The Epic » (Brainfeeder). Annoncé comme un fils de Sun Ra et de Pharoah Sanders, un héritier de la famille de Coltrane, le saxophoniste est précédé d’une déjà fameuse réputation. Au regard de la durée du set annoncé il était évident que la frustration serait de la partie pour les auditeurs désireux de découvrir Kamasi Washington. La palette des possibles de l’artiste est si étendue qu’il aurait fallu la nuit entière pour permettre au saxophoniste de déployer toutes les couleurs de ses talents.

Cette frustration est peu de chose au regard de ce qu’on a pu recevoir. Une musique à la croisée des jazz d’hier et de demain. Un jazz d’aujourd’hui. Une performance produite par un saxophoniste solaire entouré d’instrumentistes qui croisent leurs discours pour tisser leur musique. Sur scène point de confrontation mais des échanges, point de décibels tonitruants mais une masse orchestrale organique dont la sonorité captivante fluctue au fil des morceaux.Kamasi-Washington-01_JAV_13072016_Nv

Le tromboniste Ryan Porter, le claviériste Brandon Colemen aka Professor Boogie, le contrebassiste Miles Mosley contrebasse-Miles-Mosley_JAV_13072016_NV(dont le nom est gravé sur la contrebasse), les batteurs Ronald Bruner Jr et Tony Austin, la chanteuse conteuse Patrice Queen. Tous sont attentifs, furieux ou concentrés mais toujours réactifs. Ils contribuent au spectacle, sans se donner en exhibition, sans excès d’ego. Ils semblent dans le plaisir de jouer, d’être ensemble, de jouer leur musique. Un vrai savoir-vivre musical basé sur l’écoute, sans surenchère d’effets.

Kamasi-Washington_JAV_13072016_NVEn habit traditionnel africain, le saxophoniste leader conduit l’orchestre avec une sérénité pacifique qui demeure lorsqu’il embouche l’instrument. C’est fascinant. Les pieds ancrés sur scène, le colosse propulse son souffle avec aisance et une apparente facilité, avec une puissance alliée à une relative félicité. Il se dégage une musique de transe où le son règne en roi. Avec en ouverture Re Run Home, on goûte à l’énergie débridée et au groove absolu. Advient le contraste avec l’interprétation du Clair de Lune de Debussy… le climat devient contemplatif. Les musiciens sont rejoints par le père de Kamasi Washington Rickey Washington,au saxophone soprano.

Quand le set se termine sous les acclamations du public, le temps reprend son cours normal. On se reJazz-a-vienne_JAV_13072016_NVtrouve un peu sonné, comme dépaysé après le passage de Kamasi Washington et de ses aliens. Il reste les souvenirs et l’espoir de l’écouter prochainement après la sortie de son prochain album. 

Avec The JB’s James Brown band et l’organiste Cory Henry & Funk Apostles, se termine une All Night Jazz 2016 marquée du sceau de l’inoubliable Kamasi Washington.

Disparition de Mario Stantchev

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Ricardo Izquierdo présente « Kikun Pelu Mi Wá »

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Chick Corea Jazz à Vienne

Chick Corea Jazz à Vienne

Chick Corea convoque le Jazz et les cieux se calment

Pour son 75ème anniversaire Chick Corea se produit à Vienne à la tête d’un quintet prestigieux. Durant 55 ans de carrière, il a côtoyé la fine fleur des grands noms du jazz et veut honorer les légendes qui l’ont inspiré. Une prestation inoubliable malgré la pluie qui n’a pu gâcher le plaisir des spectateurs

Chick Corea est une star vivante au firmament du Jazz. En 1968, il remplace Herbie Hancok dans l’orchestre de Miles Davis aux côtés de Ron Carter, Wayne Shorter et Tony Williams. L’époque de « In a Silent Way » et « Bitches Brew », C’est ensuite  le jazz fusion à fond avec « Return to Forever » et dans les années 70 (puis en 2008 et 2011) et l’« Electric band ».  Tout au long de sa carrière Chick Corea ne cessera d’alterner avec brio entre acoustique et électrique. Il explore aussi la musique classique. Ce pianiste aux choix éclectiques s’est imposé comme une grande figure du jazz, tous courants confondus.

« Jazz à Vienne » a souvent accueilli Chick Corea pour le plus grand plaisir des aficionados du pianiste. Pour demeurer das le XXIème siècle, on se souvient de la venue du pianiste en 2003, 2005, 2008, 2011 et 2013. Les inconditionnels de Chick Corea et du jazz en général avaient repéré la soirée du 11 juillet 2016 comme « La Soirée Incontournable » de l’édition 2016. A Vienne on a souvent écouté la musique de Chick Corea sous ponchos et parapluie avec la pluie comme compagne. La soirée 2016 consacrée à Chick Corea est elle aussi arrosée (et même copieusement) mais comme de coutume la pluie n’aura pas eu raison de la « belle » musique qui triomphe toujours face aux éléments.

Chick-Corea-75ans_JAV_11072016_NVLe 11 juillet, Chick Corea est entouré du valeureux et incontournable Christian McBride (contrebassiste et bassiste), du saxophoniste Kenny Garrett, du trompettiste Wallace Roney et du batteur Marcus Gilmore. Du début à la fin de set le sourire ne quittera pas le visage du pianiste. Pour rester fidèle à lui-même passera alternativement du clavier acoustique à l’électrique. A aucun moment Chick Corea ne fait étalage de sa technique dont on connait pourtant l’étendue. Il déroule les fils de ses improvisations avec légèreté et précision et accompagne ses compagnons talentueux auxquels il est très attentif. Il procède par touches délicates ou par relances efficaces plus appuyées et prend visiblement autant de plaisir à les accompagner qu’à se mettre en avant.

Pour Chick Corea c’est l’occasion de rendre un hommage appuyé au pianiste Bud Powell qui fut une de ses influences majeures avec Horace Silver (et Mozart). On note que Wallace Roney, Kenny Garett et Christian Mc Bride étaient présents aux côtés de Chick Corea en 1997 lors de l’enregistrement du disque « About Remembering Bud Powell ». A l’époque la batterie était tenue par Monsieur Roy Haynes. En 2016 c’est Marcus Gilmore, son petit-fils qui est derrière les fûts et le diable ne se content pas d’être élégant (jusqu’au bout de ses chaussures), il assure le tempo avec tant de qualités que le pianiste se joindra aux saxophoniste et trompettiste derrière le batteur pour écouter son chorus. Une sorte de moment de communion.

Chick Corea suit le fil rouge des influences musicales qui ont marqué le fil de sa carrière. En 1994 le pianiste a enregistré en solo acoustique  l’album « Expressions » où il interprète en autres, le titre Lushlife en hommage à Billy Strayhorn. Ainsi c’est au piano acoustique que Chick Corea interprète le même thème et donne l’occasion à Kenny Garret de s’envoler pour un chorus tout en douceur. Le contraste est grand avec ses interventions véloces sur la musique de Bud Powell.

Derrière le piano acoustique, Chick Corea se régale à écouter les chorus de ses compagnons. Les interventions de Christian Mc Bride dans ce contexte sont empreintes de délicatesse. Il se saisit par contre de la basse électrique frettless à 5 cordes sur les morceaux plus fusion où il soutient les solistes avec une vigueur qui tranche avec la rondeur de ses interventions à la contrebasse.

Vient aussi l’hommage à Miles Davis avec qui Kenny Garett à joué durant 4 ans. Miles Davis est le mentor de Wallace Roney avec qui il a joué en 1991 à Montreux et à qui il a dédié l’album « A tribute to Miles ». Dans ce contexte Wallace Roney exprime toute sa verve dans une veine toute davisienne et le saxophoniste n’est pas non plus en reste. Chick Corea savoure ces moments d’échange.

Au final, c’est le public qui a reçu un cadeau à l’occasion des 75 ans de Chick Corea. Un concert où la qualité des échanges est à la hauteur de la renommée des musiciens. Un moment d’écoute et d’échange entre des musiciens complices qui mettent leur savoir-faire au service de la musique. Bonheur partagé sur scène. Musique savourée dans les gradins

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Ricardo Izquierdo présente « Kikun Pelu Mi Wá »

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Gregory Porter Jazz à Vienne

Gregory Porter Jazz à Vienne

Gregory « Preacher » Porter, entre soul et gospel

Gregory Porter ouvre la soirée du 11 juillet qui fête le 75ème anniversaire de Chick Corea. Le « Preacher » Porter offre une célébration chaleureuse teintée d’un gospel énergique aux accents soul et bluesy. Le public enthousiaste et sensible au charisme du chanteur oublie le déluge tombé du ciel.

Gregory Porter a enchaîné les succès discographiques. « Water » en 2010, « Be good » en 2012, « Liquid Spirit » enregistré sous le fameux label Blue Note en 2013 et le splendide « Take me to The Alley » (Blue Note/Universal) sorti en 2016. Gregory Porter est déjà venu à Vienne en 2012 où le public l’a découvert avec bonheur. Son retour au festival « jazz à Vienne » en 2014 lui a valu un franc succès. La scène du Théâtre Antique l’accueille de nouveau en 2016 pour le plus grand bonheur de tous ceux et celles qui aiment sa musique, sa voix chaleureuse et sa présence authentique.

Si la pulsation jazz et le scat s’invitent dans la soirée, la tonalité globale du répertoire est plutôt gospel-blues même si la teinte soul funky demeure. Visiblement la matrice « gospel » est très prégnante pour Gregory Porter qui a d’ailleurs rendu hommage à Prince en interprétant une version de Purple Rain empreinte de gospel.

Gregory-Porter_JAV_11072016_NVÉlégant et souriant le chanteur n’a rien perdu de son charisme. Ses postures évoquent celles d’un prêcheur qui porterait la bonne parole, celle d’une musique qui n’a pas peur d’affirmer ses singularités. La voix de baryton chaleureuse et caressante de Gregory Porter est portée par un quartet qui met en valeur sa prestation. Les interventions très rondes du saxophiste ténor Tivon Pennicot remplacent avantageusement les folles envolées du saxophoniste alto présent à ses côtés les années précédents.

Tivon-Pennicot_JAV_11072016_NVGregory Porter ouvre avec Holding on et interprète aussi le thème éponyme de son dernier album « Take me To The Alley »  dont il propose aussi Fashion, titre un peu atypique de son dernier opus où il scatte avec brio. Après quelques morceaux dont On my way to Harlem enregistré sur l’album « Be Good », la tonalité est donnée et les spectateurs sont acquis. Gregory Porter s’éloigne alors de ses propres compositions pour interpréter Papa was a Rolling Stone immortalisé par les « Temptations » dans les années 60. A peine le chanteur a-t-il lâché « clap your hand ! » que le Théâtre résonne des battements de mains enthousiastes de la foule. On se croirait au cœur d’une cérémonie gospel où le pasteur Porter officie. « Preacher Porter », ce titre lui sied vraiment !

Le show continue avec du jazz qui swing avec un nouveau scat. Arrive ensuite Hit The Road jack comme un clin d’oeil à l’inoubliable Ray Charles. Gregory Porter reprend quelques titres de l’album « Liquid Spirit », Lonesome Lover, Musical Genocide, … mais la fin du set arrive sans même que l’on s’en aperçoive. Les bons moments sont toujours trop courts. Il reste à attendre sa prochaine venue.

A « Jazz à Vienne » la belle musique a toujours raison des intempéries. Cela s’est vérifié une fois de plus. La chaleureuse prestation de Gregory Porter a ensoleillé la soirée des spectateurs pourtant accablés par une pluie battante.

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Saison 2023/24 –  Auditorium Orchestre National de Lyon

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Ricardo Izquierdo présente « Kikun Pelu Mi Wá »

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Tigana Santana Jazz à Vienne

Tigana Santana Jazz à Vienne

Entre Brésil et Afrique, Tigana Santana, un conteur ensorceleur

En quête de ses racines africaines le chanteur, compositeur et guitariste Tigana Santana est invité au Club de Minuit le 09 juillet. Ce Brésilien originaire de Salvador de Bahia se produit en duo avec le percussionniste Inor Sotolongo pour un concert d’une rare sensibilité.

Tigana-santana&-Ino(Sotolongo_JAV-Club de Minuit_09072016_NVTigana Santana propose un répertoire principalement issu de son album « Tempo & Magma » où il célèbre un Brésil ancré dans ses traditions africaines, du côté de l’Angola et du Nigéria. Au Brésil, l’influence bantoue est très forte au niveau du comportement, de la pensée et de la spiritualité. Il existe de facto une continuité entre les traditions venues de ces pays d’Afrique et celles de Bahia. Tigana Santana donne corps à ce lien. Sa voix porte le chant de la diaspora de ce peuple africain transporté au Brésil lors de la période esclavagiste. Dans ses chants, il s’exprime en Portugais, Français, Anglais mais le plus souvent dans les langues tribales africaines (idiomes kokongo, kimbundu, tshiluba, …).

Tigana-Santana_JAV_Club-de-Minuit_09072016_NVDans les civilisations qu’il a étudiées, toute manifestation artistique est acte de philosophie et vice-versa. Ce philosophe (doctorant en philosophie à l’université de São Paolo) pratique la poésie, la composition et le chant pour perpétuer le lien entre l’Afrique et le Brésil. Cela fait de lui le Brésilien le plus africain du Brésil. La combinaison de ces deux aspects de la diaspora africaine dans la musique de Tigana Santana est une affirmation artistique et politique qui irradie la création de cet artiste singulier et talentueux.

Les arpèges délicatement pincés sur les cordes de sa guitare évoquent le chant de la kora. Le chant éthéré empreint de spiritualité tresse la poésie sur des mélodies lancinantes et plaintives. La voix chaleureuse tout en retenue se fait caressante dans le registre aiguë, suave dans les graves. Entre prière et lamentation, Tigana Santana égrène ses chansons avec élégance et sérénité.Inor-Sotolongo_JAV-Club-de-Minuit_09072016_NV L’accompagnement sobre et discret du percussionniste Inor Sotolongo met en valeur les ballades délicates. Les rythmes subsahariens portent les mélodies troublantes. Même lorsque le chanteur s’exprime le poing levé (révolte ou combat ?) le chant confine à la prière et à l’incantation.

D’une voix recueillie et caressante Tigana Santana interprète trois titres en solo dont un morceau en anglais et le sublime Congo-Angola-Bahia. Après le retour du percussionniste, il offre le fameux Mon’ami. Une femme pleure devant la mer en pensant à sa fille, son fils disparus. Ce sont ces enfants perdus que recouvre le terme ami en « kimbundu » (langue d’Angola). Une réflexion sur la vie, la mort. On perçoit le message malgré la barrière de la langue.

Le concert se termine par un rappel de Tigana Santana en solo. Debout sans guitare, les yeux fermés il adresse une prière au Congo, terre de ses aïeuls.

On gardera le souvenir ému de ce spectacle élégant et minimaliste fascinant de sobriété. Un folk élégant nimbé de spiritualité.

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Saison 2023/24 –  Auditorium Orchestre National de Lyon

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Ricardo Izquierdo présente « Kikun Pelu Mi Wá »

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Esperanza Spalding à Jazz à Vienne

Esperanza Spalding à Jazz à Vienne

Emily’s D+Evolution. Portrait funk-rock d’Esperanza

Esperanza Spalding ouvre la soirée du 09 juillet avec une performance artistique qui met en scène la musique de l’album « Emily’s D+Evolution ». Show singulier entre musique et théâtre auquel la bassiste prend visiblement plaisir. Opéra rock/funk exubérant qui conte son histoire.

En très peu de temps peu de temps, Esperanza Spalding a fait sa place dans la sphère du jazz. Avec cinq albums à son actif comme leader, la jeune trentenaire de Boston est un concentré de talents et excelle autant dans le swing que dans les univers musicaux du rock, funk, hip hop et blues qu’elle fusionne à merveille. Cette contrebassiste/bassiste, chanteuse et compositrice surdouée est une artiste authentique qui parvient à transcender les genres. Elle en donne une nouvelle fois la preuve dans le spectacle « Emily’s D+Evolution ».

On a apprécié « Junjo » en 2006 puis l’étonnant « Esperanza » en 2008. En 2010 sort un album maîtrisé et plébiscité, « Chamber Music Society ». En 2012 c’est « Radio Music Society » au groove réjouissant. Le 04 mars 2015 chez Concord/Universal s’ouvre un nouveau chapitre artistique dans la carrière d’Esperanza : un nouveau trio électrique, avec choristes, une touche claviers et de spoken words. Esperanza-Spalding-1_JAV_09072016_NVC’est « Esperanza Spalding Presents : Emily’s D+Evolution », un album conceptuel créé comme une suite poétique de tableaux musicaux vivants, une sorte d’audio-portrait.

Esperanza Spalding est déjà venue à Vienne avant 2016. Au Club de Minuit en 2009. Au Théâtre Antique en 2010 et 2012 avec la musique des albums alors au cœur de l’actualité. Elle revient en 2014 dans le quintet de Tom Harrel « Colors and Dreams ».

En 2016 le Théâtre Antique accueille son nouveau projet, « Emily’s D+Evolution« Esperanza Spalding-2_JAV_09072016_NV, spectacle dans lequel elle crée un monde autour de chaque chanson. Sur scène la bassiste a visiblement envie de chanter et utilise le langage du corps, elle ondule avec grâce sans pour autant proposer une performance de danse, loin de là.

Esperanza le dit, ce projet n’est pas du jazz. Un quelque chose de Zappa plane au-dessus de la scène. On pourrait parler de rock progressif en référence aux interventions de la guitare. On serait tenté d’évoquer le terme de jazz-fusion au vu de la rythmique tonique et métronomique qui incite au mouvement. Avec les choristes, la bassiste s’investit à fond dans son rôle de chanteuse/bassiste extravertie. Les morceaux s’enchaînent et content l’histoire. Il y a autant à voir qu’à écouter. Pas question de décrocher sinon on perd le fil. Dommage pour ceux qui écoutent d’une oreille distraite et se détachent de la naEsperanza-Spalding-3_JAV_09072016_NVrration.

Dans la vraie vie et sur scène l’héroïne s’est libérée de ses entraves, a évoluer et volé de ses propres ailes et a réussi. Être soi-même constitue en soi un défi, y parvenir n’est pas toujours simple. Esperanza a gagné ce double challenge, réussir de sa vie et ce spectacle.

Esperanza Spalding propose une performance artistique exubérante et réussie, un peu éloignée du royaume du jazz. Peu importe qu’on la qualifie de comédie musicale ou d’opéra rock. Les racines et les valeurs du jazz sous-tendent ce projet. C’est créatif, ça prend des risques, ça innove. On est questionné, captivé et convaincu. Tant pis si cela dérange de ci de là. A bientôt Esperanza, pour d’autres aventures !Ibeyi_JAV_09072016_NV

Après Esperanza Spalding, la soirée reste féminine. Ibeyi. Les jumelles Diaz montent sur scène, tout de sourire et de rouge vêtues. Des voix, des percussions, de l’électro. Lisa et Naomi parviennent sans problème à mobiliser le public toujours avide de marquer le rythme. Il est vrai qu’il est plus simple de mettre le le corps en mouvement que de s’attacher à suivre un livret musical exigeant… surtout quand le mercure dépasse les trente degrés.

La fin de soirée sera assurée de belle manière par Yael Naim. Entre pop, folk et jazz, la chanteuse guitariste a conquis son public.Yael-Naim-dvt Esperanza_JAV_09072016_NV

On a aimé le regard souriant et l’attention que Yael Naim a porté sur le spectacle d’Espéranza Spalding.

 

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Scofield/Mehldau/Guiliana à Jazz à Vienne

Scofield/Mehldau/Guiliana à Jazz à Vienne

Le Trio Scofield/Mehldau/Guiliana entre rudesse et douceur

Scofield/Mehldau/Guiliana : trio XXXL en ouverture de la soirée du 07 juillet. Le guitariste John Scofield, le pianiste Brad Mehldau et le batteur Mark Guiliana. La musique singulière de ce all-star trio pourrait bien devenir incontournable.

Les musiciens du trio Scofield/Mehldau/Guiliana ne sont pas des « puristes » du jazz acoustique et se sont déjà croisés. Depuis 1977 John Scofield a diversifié ses expressions musicales en tant que leader et a collaboré avec de nombreux musiciens dont Miles Davis, le trio Medesky, Martin & Wood et bien d’autres. En 2000 sur  l’album « Works for Me », John Scofield avait déjà invité Brad Mehldau. Le pianiste quant à lui porte l’art du trio à des sommets mais se produit souvent en solo où il excelle. En 2014 il a enregistré l’album « Taming The Dragon » (Nonesuch Records), en duo avec Mark Guiliana. Dans ce duo nommé Mehliana, Brad Mehldau est aux synthétiseurs, Fender Rhodes et piano et Mark Guiliana à la batterie et batterie électronique. S’il s’est fait connaître dans le milieu du jazz lors de son passage auprès d’Avishai Cohen, le batteur a aussi tenu les toms sur le dernier disque de David Bowie « Black Star ».

indexComme on peut s’y attendre au regard des trajectoires des trois musiciens, le trio ne pratique pas un jazz « standard ». Le répertoire est adapté à cette formation électrique.

Fin polyrythmicien, Guiliana insuffle un beat pulsatile et implacable. Sa frappe précise alterne entre force et finesse. Il fait un usage adapté de la batterie électronique qui sied tout à fait à l’ambiance musicale du trio. Batteur et pianiste fusionnent et génèrent des atmosphères situées quelque part entre post-bop et drum’n bass. Selon les morceaux, Scofield se promène entre jazz-rock et funk. Toujours lyrique il se tient quelquefois en arrière du temps. Les rôles sont très bien répartis entre le pianiste et le guitariste. Mehldau fait la ligne de basse sur les synthétiseurs durant les improvisations de Scofield et ce dernier troque la guitare pour la basse sur pied avec laquelle il accompagne Mehlldau durant ses solos.

Le groupe ouvre le set avec Wake up, une composition de Mehldau qui passe du Fender Rhodes aux synthés avant d’être rejoint par un Scofield aux cordes de la guitare trempées dans le rythm’n blues. Le trio attaque ensuite Shuffle 7, sur un tempo en 7/4 auquel Guiliana  insuffle une teinte de dub-reggae. Dans It was what it was les nappes sonores de Mehldau évoquent quelque peu les atmosphères de « Weather Report ».  Le set se déroule et apporte son lot de surprises. Vers la fin de la prestation, le trio interprète une ballade superbe à la construction musicale complexe. Mehldau revient vers le piano acoustique pour une délicate improvisation. Dans le dernier morceau, Scofield fait monter la tension et c’est l’occasion pour la batterie de prendre un chorus impressionnant d’inventivité. Le groove absolu. C’est déjà la fin et on n’a pas vu passer le temps !

Scofield/Mehldau/Guiliana, un trio inventif et moderne qui ne s’inscrit pas dans la facilité. Une musique électrique entre rudesse et douceur.

 Il reste à espérer qu’un album prochain restitue la musique du trio mais, même si cela fait partie des possibles à venir, ce n’est pas pour tout de suite car Scofield va sortir à la rentrée un album de country « Country for Old Men » avec Larry Goldings, Bill Stewart et Steve Swallow. On devra se contenter de nos souvenirs pour revivre la musique de ce trio vivifiant.

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