Jazz Campus en Clunisois 2017- D. Badault-D. Pifarély

Jazz Campus en Clunisois 2017- D. Badault-D. Pifarély

Improvisation, espace sacré entre forme et liberté

D. Badault-D. Pifaréli. Double plateau pour la soirée du 24 août 2017. . Un solo du pianiste Denis Badault suivi d’un concert du Dominique Pifarély Quartet. Au cœur de la soirée, l’improvisation.

Avec « Deux en Un », c’est un clin d’oeil malicieux que propose Denis Badault aux compositeurs du jazz et au grands maîtres du piano. En 2017 il anime un des ateliers des stages proposés par le festival Jazz Campus en Clunisois. Le pianiste fait partie de ces musiciens avec qui le festival entretient des liens depuis longtemps. Il a été le quatrième directeur artistique de l’ONJ et se prévaut d’une relation privilégiée avec l’improvisation.

Ce pédagogue et savant compositeur est connu pour son tempérament facétieux. Il confie durant le récital qu’il prend plaisir a interpréter ce soir-là sur la scène du Théâtre Les Arts des grands standards de jazz qui ne constituent pas vraiment son fonds de commerce habituel. Il propose donc de faire se télescoper des grands titres du jazz en les combinant deux par deux. Pour donner une dimension plus ludique à son propos, il engage le public à reconnaître les titres associés.

When I Fall in Love/In a Sentimental Mood, Pénélope/Over The Rainbow, Blue in Green/Dolphin Street, et de nombreux autres titres dont Un Américain à Paris, If I Should Lose You, Aux Marches du Palais mais avec le sourire le pianiste avoue y avoir ajouté certaines de ses compositions originales.

Certaines associations mettent plus l’accent sur la dimension rythmique de l’expression alors que d’autres combinaisons privilégient l’espace harmonique et la recomposition mélodique. Sur le clavier le toucher se fait léger et délicat ou pulsatile et véhément. De bout en bout du répertoire le pianiste capte l’attention du public amusé et intéressé par le jeu proposé.

Belle mise en bouche que ce début de soirée. Une gourmandise savante et pétillante, délicate et raffinée.

En présentant Dominique Pifarély, Didier Levallet évoque la première venue du violoniste à Cluny en 1978 et la longévité de sa collaboration avec le festival durant les années 70, 80 et 90 alors que son statut de violoniste et improvisateur soliste prenait bonne tournure dans le milieu du jazz et qu’il intégrait en 1992 le fameux label indépendant ECM dont on connait l’engagement dans le champ des musiques improvisées. Les années passant le violoniste n’a eu cesse de travailler avec le festival et la venue de Dominique Pifarély ce 24 août 2017 à Cluny représente le 39ème anniversaire de son histoire avec Didier Levallet et le festival.

Autour du violoniste, le Dominique Pifarély quartet réunit le pianiste Antonin Rayon, le contrebassiste Bruno Chevillon et le batteur François Merville. Au cours du concert, le groupe interprète des pièces pas encore enregistrées et des parties (de parties… dixit Dominique Pifarély) du répertoire de « Tracé Provisoire » le dernier album du Dominique Pifarély Quartet, sorti en juin 2016 chez ECM. La rumeur qui vient, Le peuple effacé, …

Sur scène, on perçoit le lien qui relie les musiciens profondément concentrés. Entre eux existe une grande perméabilité et circule une communication indéniable qui leur permet de réagir en temps réel à l’évolution de la musique. La frontière entre improvisation et composition est ténue. A partir d’éléments structurels écrits, les thèmes, les musiciens développe le discours improvisé qui mêle abstraction et lyrisme.

La connivence qui existe au sein du quartet permet au batteur, au pianiste et au contrebassiste de créer un espace idéal au sein duquel le violoniste laisse libre cours à son expression aventureuse. Dominique Pifarély mobilise son énergie et construit des improvisations lyriques. Il dessine des lignes furieuses suivies de mélodies aux teintes dramatiques ou oniriques.

Entre rêverie intemporelle et divagations abstraites, la musique s’écrit dans l’instant, se charge de lumière et rayonne de toute sa force poétique.

Au service du son d’ensemble, le quartet produit une vraie musique de groupe et chacun des protagonistes a toute liberté pour s’exprimer. Bruno Chevillon apporte une grande attention aux textures sonores. Il éclaire son jeu d’ombres et de lumières. Il fait vibrer les tréfonds des graves et briller les faîtes des aigus. Effleurant les cordes de la contrebasse de son médiator, il évoque les sonorités boisées du gembre.

Soutenu par le violoniste et le pianiste, le contrebassiste prend aussi quelquefois la main sur la rythmique via des riffs réitératifs. Ainsi soulagé de son rôle de rythmicien François Merville peut laisser libre cours à toute sa science des timbres et devenir un mélodiste impressionniste. Le jeu incisif et très créatif d’Antonin Rayon est tout entier au service du groupe

Concentrés et habités par la musique, quatre rythmiciens, quatre mélodistes, quatre improvisateurs se passent le relai pour créer un tissu musical unique. Au gré des césures et des ruptures, écriture et liberté conjuguent leurs forces et brodent un langage aventureux et singulier.

Aux confins de la musique contemporaine et du jazz improvisé, le Pifarély Quartet construit une musique combative et contemplative qui a comblé les auditeurs. Ils repartent avec les yeux et oreilles emplis de souvenirs musicaux lumineux et l’âme nourrie par une musique précieuse.

Pierre de Bethmann quartet présente « Credo »

Pierre de Bethmann quartet présente « Credo »

En 2024, Pierre de Bethmann revient avec « Credo ». En quartet, le pianiste présente la musique à laquelle il croit. Avec un répertoire constitué exclusivement de nouvelles compositions, la musique groove de bout en bout, elle respire et restitue l’énergie du groupe. Un jazz intemporel inscrit dans le passé et ouvert sur l’avenir.

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« Vestido de amor » de Chico César

« Vestido de amor » de Chico César

Figure majeure de la scène musicale brésilienne actuelle, Chico César revient avec « Vestido de amor ». Chanteur, producteur et homme de scène, il célèbre l’amour, le métissage et tous les rythmes du monde, forro, reggae, calypso, rock. Sa musique en fusion délivre un message de paix, de fraternité, d’amour, d’espoir et aussi de lutte.

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« A Lovesome Thing » de Geri Allen et Kurt Rosenwinkel

« A Lovesome Thing » de Geri Allen et Kurt Rosenwinkel

Sorti le 24 novembre 2023 pour le 20ème anniversaire de Motéma, l’album « A Lovesome Thing » permet de savourer le concert de Geri Allen et Kurt Rosenwinkel enregistré le 05 septembre 2012 à la Philharmonie de Paris. De bout en bout, les échanges entre la pianiste et du guitariste révèlent la symbiose musicale qui les unit. Leur propos musical navigue entre virtuosité et inventivité, entre sensibilité et émotion. Un opus enchanteur et somptueux à écouter en boucle.

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Jazz Campus en Clunisois 2017 – Anne Paceo

Jazz Campus en Clunisois 2017 – Anne Paceo

Musique organique et onirique

Le mercredi 23 août 2017, le Festival Jazz Campus en Clunisois accueille Anne Paceo et son projet « Circles » au Théâtre Les Arts. Pour leur dernier concert de l’été, la batteuse et son groupe se produisent devant une salle comble et conquise.

La renommée d’Anne Paceo n’est plus à faire mais c’est la première fois que la batteuse se produit dans le cadre de Jazz Campus en Clunisois dont Didier Levallet tient les rênes depuis 40 ans. Fidèle à ses valeurs, ce dernier continue à programmer du jazz libre et créatif. Il a tenu en cette année anniversaire à inviter des représentants de la jeune génération en même temps que d’anciens compagnons de route du festival. Anne Paceo valorise d’ailleurs en fin de concert la contribution essentielle de Didier Levallet et de son festival à la perpétuation de la musique vivante.

C’est un orchestre sans basse que présente Anne Paceo avec la chanteuse Leila Martial, le claviériste Tony Paeleman et le saxophoniste Christophe Panzani. Sur scène on compte quatre musiciens mais on comprend très vite que la participation de l’ingénieur du son en la personne de Boris Darlay est essentielle sur scène (comme en studio).

Le groupe joue le répertoire de l’album « Circles » sorti en 2016 (enregistré avec Émile parisien au saxophone).

Toutes les compositions sont à porter au crédit d‘Anne Paceo qui restitue à travers douze titres les impressions et émotions vécues au cours de ses aventures dans une quarantaine de pays. Ainsi on peut écouter durant le concert nombre de titres de l’album « Circles » comme Sunshine, Tzigane, Polar night, Circles, Toundra, Sable, Maynmar folk song mais Anne Paceo propose aussi au public de Cluny une nouvelle composition, Hope, écrite récemment durant une résidence artistique au Moulin d’Andé, en Normandie.

Le concert tient toutes ses promesses et on voyage dans des contrées musicales dépaysantes. La musique se fait tour à tout organique, pulsatile, tendre ou onirique. Les climats évoquent le froid ou la chaleur, la douceur ou la combativité. Gardienne du tempo, Anne Paceo pilote le navire et les séquences rythmiques s’enchaînent avec une précision étonnante. Tous les musiciens participent à la pulsation de la musique et assument le rôle de la basse qui ne manque à aucun moment. L’énergie circule entre les quatre protagonistes et chacun est très attentif à la réaction de l’un ou  l’autre d’entre eux.

Batterie et claviers unissent leurs voix pour permettre aux solistes de s’exprimer en toute liberté. Les nappes sonores de Tony Paeleman accentuent le caractère fluide du chant. La voix claire de Leila Martial génère des mélodies aériennes et limpides et sait murmurer mais se transforme aussi en de puissantes tornades rythmiques et incantatoires. Le saxophone soprano de Christophe Panzani lance des notes étoilées en direction de la voix de la chanteuse et tous deux établissent de superbes dialogues de bout en bout du concert. Leurs échanges sereins deviennent parfois aventureux et ils devisent alors sur un fil tendu au-dessus du flot délivré par la batterie et les claviers.

On entend galoper les rennes et sonner les clochettes des traineaux, on ressent le froid tranchant du grand Nord à travers les souffles du saxophone et des voix, Anne Paceo joint la sienne à celle de Leila Martial à de nombreuses occasions.

La frappe sèche de la batterie et les séquences rythmiques complexes contribuent aux variations du climat musical. On a vibré sans retenue sur A tempstade où le saxophone ténor malaxe la substance sonore sans rupture et où la batterie offre un solo physique prodigieux de précision et de vitalité.

Le public quitte le Théâtre les Arts enthousiasmé par le concert généreux et la dimension viscérale de la musique proposée par Anne Pacéo, Leila Martial, Tony Paeleman et Christophe Panzani.

Pierre de Bethmann quartet présente « Credo »

Pierre de Bethmann quartet présente « Credo »

En 2024, Pierre de Bethmann revient avec « Credo ». En quartet, le pianiste présente la musique à laquelle il croit. Avec un répertoire constitué exclusivement de nouvelles compositions, la musique groove de bout en bout, elle respire et restitue l’énergie du groupe. Un jazz intemporel inscrit dans le passé et ouvert sur l’avenir.

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« Vestido de amor » de Chico César

« Vestido de amor » de Chico César

Figure majeure de la scène musicale brésilienne actuelle, Chico César revient avec « Vestido de amor ». Chanteur, producteur et homme de scène, il célèbre l’amour, le métissage et tous les rythmes du monde, forro, reggae, calypso, rock. Sa musique en fusion délivre un message de paix, de fraternité, d’amour, d’espoir et aussi de lutte.

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« A Lovesome Thing » de Geri Allen et Kurt Rosenwinkel

« A Lovesome Thing » de Geri Allen et Kurt Rosenwinkel

Sorti le 24 novembre 2023 pour le 20ème anniversaire de Motéma, l’album « A Lovesome Thing » permet de savourer le concert de Geri Allen et Kurt Rosenwinkel enregistré le 05 septembre 2012 à la Philharmonie de Paris. De bout en bout, les échanges entre la pianiste et du guitariste révèlent la symbiose musicale qui les unit. Leur propos musical navigue entre virtuosité et inventivité, entre sensibilité et émotion. Un opus enchanteur et somptueux à écouter en boucle.

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Nuits de Fourvière 2017 – Echo#4

Nuits de Fourvière 2017 – Echo#4

Nuit Italienne - 2. Musica Nuda & Vinicio Capossela

Pour la troisième année consécutive, les Nuits de Fourvière accueillent le chanteur italien Vinicio Capossela qui partage cette seconde Nuit Italienne 2017 avec le duo italien « Musica Nuda ». La scène intime de l’Odéon se prête tout à fait à ce double plateau transalpin.

Dans cet Echo#4 on revient sur la seconde Nuit Italienne 2017.

C’est la troisième venue de « Musica Nuda » aux Nuits de Fourvière. La chanteuse Petra Magoni et le contrebassiste Ferruccio Spinetti se sont en effet produits avec succès deux fois au Musée des Confluences. Avant leur prestation 2017, on se questionnait quant au répertoire que le duo allait présenter. En effet, Musica Nuda a sorti « Leggera » (Warner) en janvier 2017, un dixième album dont le répertoire compte uniquement des chansons italiennes.

En fait, sur le proscénium, en très grande proximité avec le public, tout de noir vêtu, le duo commence le set avec une splendide version de Speak Low de Kurt Weil. Et de nouveau advient le miracle Musica Nuda. Ils enchainent ensuite avec deux chansons italiennes de « Leggera » puis arrive le très bien rodé Ain’t no sunshine, Tout à tour, la chanteuse scatte dans les suraigus, s’exprime avec puissance et marque le tempo du talon ou susurre de tendres notes. Le jeu de rôle entre les deux artistes et le dialogue contrebasse/voix fonctionnent toujours aussi bien.

Petra Magoni évoque ensuite sa venue à Lyon il y a quinze ans au « Cotton Club » (!)… en fait il s’agit du Hot Club de Lyon où médusés, on a vu et écouté se produire le duo pour la première fois. Depuis, leur proposition scénique a évolué certes mais demeure envers et contre tout, ce dialogue fructueux entre les quatre cordes de la contrebasse de Ferruccio Spinetti et les deux cordes vocales de Petra Magoni.

Il est vrai que Petra Magoni ne se contente pas d’explorer avec talent l’étonnante étendue de sa tessiture. Elle incarne aussi le personnage d’une chanteuse élégante et séduisante qui déploie tous ses charmes face à un Ferruccio Spinetti impassible et ancré dans le sol mais bougrement efficace sur son instrument.

L’humour et le sens de l’à-propos sont aussi des qualités que le duo met en avant. Le public craque lorsque la chanteuse improvise en réponse au corbeau qui croasse en volant au-dessus de la scène. Par contre s’il est impossible au contrebassiste d’imiter l’aboiement hargneux d’un rottweiler lorsque la chanteuse lui tend le micro à la fin de Z’avez pas vu Mirza ? il sait user avec force de son archet pour lancer un Paint it black révolté.

Il faut aussi compter avec l’aide de l’ingénieur du son qui permet à la chanteuse de jouer autrement encore de sa voix. Elle sait user et doser avec talent et sans abus des échos et boucles lancés pour magnifier son chant. Elle sait aussi très vite revenir à un chant mesuré et maîtrisé pour interpréter Dimane, une composition du contrebassiste sur un registre plus romantique et conventionnel. Et voilà que sa voix s’envole de nouveau sur une version de Black Bird où la chanteuse sollicite de nouveau le public qui répond sans vraiment se faire prier.

Le set tire à sa fin lorsque Ferruccio Spinetti sort comme par magie une guitare de derrière son ampli et s’assied sur la même chaise que la chanteuse. Il l’accompagne sur Come si canta una domanda, une des compositions de son cru tiré de leur dernier album « Leggera ». Sur un doux rythme de bossa, la voix de la chanteuse se fait légère et enjôleuse.

Retour à la contrebasse et au chant de feu-follet pour une version tonique de Nature Boy. A genoux, la chanteuse passe du cri puissant au murmure qu’elle entonne dans les ouïes de la contrebasse. Les pieds plantés dans le sol, le contrebassiste incarne plus que jamais la force tranquille et arrache des sons puissants et graves qui contrastent avec l’énergie vive de la chanteuse. En rappel, le duo offre une version très courte mais néanmoins puissante des Vieux Amants.

En concert, le duo a su présenter un répertoire qui marie avec bonheur et équilibre leurs grands succès avec le nouveau répertoire de « Leggera ». Le public a visiblement apprécié la prestation toujours aussi bien réglée du duo Musica Nuda que l’on ne se lasse pas d’écouter.

Dominique Delorme vient lui-même présenter le spectacle proposé en 2017 par Vinicio Capossela. Après avoir évoqué en 2016 la poussière des champs moissonnés, le répertoire proposé en 2017 est celui des Canzoni della Cupa. Un sur titrage évoqué mais absent aurait permis de comprendre les textes mais … point de surtitre. Cela a sans doute manqué pour saisir tout le sens et comprendre l’essence même des Chansons de la Cupa et autres effrois. On s’est contenté de voir et d’entendre et on a aussi tenté de comprendre

Les Canzoni della Cupa font vivre les arbustes, les fantômes, les monstres de l’ombre qui prennent vie sous la lumière de la lune. Le chanteur, guitariste et pianiste Vinicio Capossela et ses musiciens donnent vie à un bestiaire imaginaire éloigné de toute classification zoologique rationnelle.

A travers les chants et la musique des cordes et des percussions, le répertoire présente des créatures de la nuit issues de l’inconscient collectif comme le corbeau, le loup-garou, et tout un tas d’autres apparitions suggérées par les ombres, mille créatures de l’ombre construites par l’imaginaire venu du plus profond du folklore, rural et mythologique de l’Italie profonde.

Ces chansons du monde de la nuit mises en ombres donnent vie aux légendes d’un monde où règne la peur, la puissance des forces de la nuit, celle de la nature sombre et cruelle avec ses racines, ses branches et ses ronces qui entravent l’homme perdu dans la nature sous la lumière de la face lunaire malveillante. Les chants somnambules convoquent la douleur, le désir, la peur, à travers des ombres sombres et mouvantes qui donnent vie à d’effrayants paysages et visages de monstres projetés par les techniciens associés au spectacle.

Avec le soleil et le chant du coq, Vinicio Capossela termine le spectacle. De folles tarentelles réveillent le public enchanté de venir enfin danser devant l’orchestre. Issue joyeuse de cette second Nuit Italienne 2017.

Pierre de Bethmann quartet présente « Credo »

Pierre de Bethmann quartet présente « Credo »

En 2024, Pierre de Bethmann revient avec « Credo ». En quartet, le pianiste présente la musique à laquelle il croit. Avec un répertoire constitué exclusivement de nouvelles compositions, la musique groove de bout en bout, elle respire et restitue l’énergie du groupe. Un jazz intemporel inscrit dans le passé et ouvert sur l’avenir.

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« Vestido de amor » de Chico César

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« A Lovesome Thing » de Geri Allen et Kurt Rosenwinkel

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Sorti le 24 novembre 2023 pour le 20ème anniversaire de Motéma, l’album « A Lovesome Thing » permet de savourer le concert de Geri Allen et Kurt Rosenwinkel enregistré le 05 septembre 2012 à la Philharmonie de Paris. De bout en bout, les échanges entre la pianiste et du guitariste révèlent la symbiose musicale qui les unit. Leur propos musical navigue entre virtuosité et inventivité, entre sensibilité et émotion. Un opus enchanteur et somptueux à écouter en boucle.

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Nuits de Fourvière 2017 – Echo#4

Nuits de Fourvière 2017 – Echo#3

Nuit Italienne - 1. Stefano Bollani & Richard Galliano

Les soirées thématiques font partie des traditions des Nuits de Fourvière. En 2017, l’Italie n’est pas en reste et le public de la Métropole lyonnaise se voit gratifié de deux Nuits Italiennes dont la première programmée le 18 juillet 2017.

Cet Echo#3 propose un retour sur la Nuit Italienne du 18 juillet 2017.

Avec plus de trente degrés au thermomètre et le vent du Sud, la soirée s’annonce calda à l’Odéon le 18 juillet pour la première Nuit Italienne 2017.

Décontracté, en jean, chemise de lin et claquettes, Stefano Bollani a le privilège d’ouvrir la soirée. Le programme s’annonce donc jazz… mais pas que ! En effet, le pianiste a plus d’un tour dans ses claviers et va assumer le rôle d’un amuseur public bon enfant tout au long d’un set qui restera dans les mémoires des spectateurs.

Le concert ouvre avec trois compositions originales. Une première belle histoire allègre et sautillante que le pianiste brode avec aisance, élégance et légèreté sur le clavier du piano. Alors que les grands arbres proches de la scène bruissent sous les assauts du vent, Stefano Bollani effleure les touches du clavier et continue avec une ballade délicate dont la mélodie se fait plus alerte, plus passionnée et se densifie. S’instaure alors une dramaturgie haletante soutenue par l’infatigable main gauche du pianiste. Le musicien s’écartèle ensuite entre piano et clavier électrique sur un morceau au rythme endiablé.

Advient ensuite une version échevelée du célèbre thème Tico Tico no Fubà. La musique enfle, se fait atonale, revient à la douceur puis s’accélère. La musique tourne comme un manège pris de folie avant de s’arrêter sous une ovation enthousiaste du public. C’est le moment que choisit l’artiste pour préciser qu’en jazz on joue souvent plus de notes que nécessaire… ce que visiblement les spectateurs apprécient. Cabotin en diable, il donne une folle leçon de musique autour de plusieurs thèmes de Beethoven, « Marche Turque », « Lettre à Élise », « Symphonie n°5 ». C’est ensuite en chanteur italien que se transforme le pianiste ce qui l’amuse visiblement. Très vite il redevient pianiste. Virtuose et ludique, alerte et énergique il harmonise les mélodies romantiques et se joue des rythmes qu’il détourne avec allégresse ou contourne avec vélocité.

Stefano Bollani annnonce un invité surprise… Richard Galliano. Ensemble ils vont interpréter deux compositions de l’accordéoniste, Waltz for Nicky puis Tango pour Claude. Valse débridée, tango concertant… les deux virtuoses dialoguent avec bonheur et rivalisent d’inventivité. Le public chaviré en redemande et va être comblé car en guise d’au-revoir, le comédien-pianiste va interpréter un medley explosif de dix titres suggérés par le public, Purple Rain, Night and Day, Bella Ciao… et une version paolo-contienne plus vraie que nature de sa composition Copacabana.

Stefano Bollani quitte la scène de l’Odéon. On garde en tête le souvenir de ce set exubérant proposé par l’artiste transalpin à un public conquis. Le pianiste dose avec un égal bonheur énergie et lyrisme et propose un cocktail musical qui balance entre extravagance et charme romantique.

Après la valse du « Parrain » interprétée en solo, l’accordéoniste Richard Galliano invite ses musiciens à le rejoindre sur la scène de l’Odéon. Gabriele Mirabassi à la clarinette, Nicolas Folmer à la trompette, Mattia Barbieri à la batterie et Sylvain Le Provost à la contrebasse.

Le quintet franco-italien emporte le public dans un répertoire tout entier consacré à la musique du célèbre compositeur italien Nino Rota. Richard Galliano lui a rendu hommage en 2011 dans le splendide album « Galliano Plays Nino Rota » (Universal-Deutsche Grammophon Records).

Le groupe enchaîne les morceaux et fait varier les ambiances. Swing et mélancolie alternent. Les couleurs cuivrées que confère la trompette de Nicolas Folmer à certaines orchestrations succèdent à des ambiances plus nostalgiques et plus boisées. Sur la colline de Fourvière, ce n’est pourtant pas le Cirque Plume qui s’est installé mais bien celui de « La Strada » dont Nino Rota a composé la musique.

La mise en place est précise. La musique étincelle de mille nuances qui varient entre puissance tonitruante et délicatesse exquise. Les thèmes de « La Strada », de la « Dolce Vita », du « Parrain » se succèdent sans répit.

Comme un équilibriste fougueux mais précis, le prodigieux clarinettiste Gabriele Mirabassi double les mélodies de l’accordéon à moins qu’il ne dialogue avec lui dans un climat de douce intimité. On a vibré sur le duo poétique de Richard Galliano à l’accordina et du contrebassiste Sylvain Le Provost à l’archet sur un thème de la BO du « Parrain ».

Lyrique, Richard Galliano ne cède pas à la virtuosité mais cultive les mélodies de Rota qu’il harmonise avec sensibilité. Le quintet de l’accordéoniste rend un hommage poétique au compositeur italien Tout à tour joyeuse ou mélancolique la musique valse, explose ou murmure. Élégante elle n’en demeure pas moins populaire et enchanteresse.

Pierre de Bethmann quartet présente « Credo »

Pierre de Bethmann quartet présente « Credo »

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« Vestido de amor » de Chico César

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« A Lovesome Thing » de Geri Allen et Kurt Rosenwinkel

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Nuits de Fourvière 2017 – Echo#4

Nuits de Fourvière 2017 – Echo#2

Guitare flamenca & manouche, Nuit du Tango

Le Festival des Nuits de Fourvière porte un regard pluriel sur les arts. Sur les scènes de la colline de Fourvière résonnent à tour de rôle des musiques très médiatisées qui rallient un large public et d’autres styles musicaux plus minoritaires prisés par des amateurs initiés.

Cet Echo#2 pour se souvenir de deux soirées consacrées l’une à la Guitare flamenca et manouche et l’autre au Tango.

Le 13 juillet 2017 la scène de l’Odéon accueille des virtuoses des cordes. Les cordes des guitares émargent du côté du flamenco avec Pedro Solers puis Tomatito, ou du monde manouche avec Stochelo, Nous’che, Mozes et Johnny Rosenberg mais sont aussi invités les cordes du violoncelle de Gaspar Claus, celles du piano de Michel Camilo et  les cordes vocales de Johnny Rosenberg. Une soirée poétique et sereine, joyeuse et musicale s’il en fut.

La soirée ouvre avec Pedro Soler et Gaspar Claus. Père guitariste flamenco et fils violoncelliste moderne. Les musiciens proposent un voyage intime au cœur d’un flamenco « archaïque » qui ne manque ni de poésie ni de lyrisme. Se succèdent malagueña, airs de Séville, chants des montages. Ces airs de flamenco moyenâgeux ou empreint d’influences baroques hésitent entre plainte et lamentation. Avec La Petenara l’émotion gagne encore en intensité. Écorché et aux frontières de la tonalité le violoncelle apporte un grain de folie à ces rudes mélodies ibériques aux accents enflammés.

Duo plein de grâce ou duel subtil ? La guitare rugueuse et terrienne contraste avec le violoncelle libre et aérien. Venu du fond de l’Espagne ancienne, le chant profond et rugueux de la guitare flamenca de Pedro Soler prend toute sa force aux côtés de la plainte du violoncelle caressant ou éraillé.de Gaspar Claus. La tradition flamenca s’invente une modernité.

Ambassadeurs de Saint-Domingue et de l’Andalousie, le pianiste Michel Camilo et le guitariste Tomatito (José Fernandes Torres) inventent et réinventent l’Espagne musicale depuis longtemps déjà. Après « Spain » (2000) et « Spain Again » (2008), ils ont sorti « Spain Forever » en 2016, leur troisième album en duo. Ainsi le cadre est posé, l’Espagne demeure invitée sur la scène de l’Odéon.

Le set débute par une séance d’accordage qui se renouvellera. Au-delà de l’accord des notes, sans doute celui des hommes, des musiciens qui pénètrent ensemble dans leur musique. En ouverture, Tango for Claude puis « une chanson d’amour ». Les deux partenaires dialoguent avec nuance et légèreté jusqu’à Agua & Vinho du compositeur brésilien Egberto Gismonti (pianiste et guitariste) où le duo fait exploser son talent. Les notes déliées et cristallines de Michel Camilo répondent en cascade au toucher tout en retenu de Tomatito.

Alors que les martinets entament leur vol vespéral au-dessus de la scène, les deux musiciens vibrent à l’unisson. Ils partagent leur musique avec le public tout en restant soudés du regard quel que soit le tempo. Douces notes perlées ou tempo cubain. Le romantisme délicat de la Gnosienne n°1 de Satie scelle la communion nocturne des deux musiciens. Ils entament ensuite leur titre phare, Spain de Chick Corea. Porté par la pulsion torride du pianiste, le guitariste s’envole littéralement. Le jazz cède le pas au flamenco. Le public ravi exulte en redemande. Après deux rappels le duo quitte la scène avec le sourire.

Michel Camilo et Tomatito. Deux virtuoses certes mais surtout deux complices au service de la musique. L’un expansif, l’autre plus hiératique. Un concert magique où alternent des moments d’une évanescente mélancolie et d’autres plus joyeux et toniques.

Sur la scène de l’Odéon, exit les duos. Changement de décor et de musique… Quatre guitares. Une contrebasse. Un chanteur. C’est la Rosenberg Family réunie autour du brillant guitariste Stochelo Rosenberg. On embarque dans le monde du jazz manouche

Le Trio Rosenberg commence avec un thème de Django Rheinhardt, Duke and Dukie. Le contraste est saisissant avec le set précédent. Stochelo (guitare), Nous’che (guitare) et Nonnie (contrebasse) Rosenberg prodiguent une musique puissante et métronomique. Avec Blues en mineur du même Django, la pompe demeure solide mais le propos s’assouplit, les notes perdent en vitesse mais gagnent en sensibilité, la nostalgie se fraie un passage. La venue de Mozes Rosenberg, le plus jeune frère du leader, apporte un brin de modernité à Festival 48. Le public sidéré assiste avec bonheur à un festival de virtuosité qui est la marque habituelle de la musique de Stochelo Rosenberg.

Avec la venue de Johnny Rosenberg, présenté comme le crooner manouche, la musique manouche va quitter la musique de Django pour regarder du côté des standards du jazz américain. Avec une aisance sans pareille les Rosenberg interprètent L.O.V.E., Kiss of Fire, So What, Cry me a river, I’ve Got Rhythm, Whatever Lola wants sans oublier d’inviter Nino Rota et le thème du Parrain. La prestation est renversante. Swing, ballade, tango ou jazz moderne, la rythmique manouche fait mouche sur tous les rythmes. Les solistes s’expriment avec aisance et inventivité. Le crooner convainc. Le public se souviendra de son face à face avec Stochelo Rosenberg et de son scat ébouriffant.

Rosenberg Family. Des musiciens virtuoses et généreux. Du swing manouche qui ne manque ni d’efficacité ni de finesse et conserve une puissance de feu incontestable.

Le 16 juillet 2017 sur la scène du Grand Théâtre, la  Nuit du Tango promet de révéler toutes les facettes du tango avec un concert de Melingo suivi de la création « No Exit », pièce pour 3 interprètes et un chœur de danseurs.

Celles et ceux qui ont apprécié la musique du dernier album de Daniel Melingo, « Anda », ont pu profiter au mieux de son concert et de sa musique. pour les autres qui s’attendaient à écouter du tango conventionnel, la surprise était au rendez-vous.

Vêtu de noir comme à son habitude, coiffé de son éternel chapeau, Melingo se met en scène avec théâtralité et accueille le public dans son cabaret néobaroque où il se produit avec un quartet piano/contrebasse/bandonéon/guitare. Après un premier morceau instrumental, il entre en scène et l’on retrouve sa voix éraillée et rocailleuse plus grave encore que de coutume. Il déroule le répertoire de son opus récent … Sol tropical, En Un Bosque De La ChinaA Lo Megata, Anda, … 

Infatigable, le clarinettiste/chanteur Melingo a proposé un spectacle à la mise en place impeccable. De sa voix lascive, bluesy, nostalgique ou tragique il a fait vivre son tango à nul autre pareil. Halluciné, baroque et touchant à la fois.

« No Exit » est une création où se produisent le pianiste et compositeur Gustavo Beytelman, les danseurs Claudia Codega et Estaban Morena et un chœur de 16 danseurs. « L’enfer c’est les autres »… c’est autour du  propos de Sartre  tenu dans « Huis Clos » que le spectacle souhaite résonner.

La dimension musicale proposée par Beytelman constitue l’élément essentiel du spectacle et aurait suffi à prouver à lui seul combien la matière du tango comporte de richesses et de promesses d’avenir, bien au-delà de ses formes anciennes ou déjà renouvelées. Les mouvements laborieux du chœur des danseurs n’apportent guère d’éclairage  et n’entrent pas en résonance avec la vie scénique du couple de danseurs.

Le spectacle surprenant manque de relief. Les deux danseurs émérites et très techniques renvoient une image conventionnelle et compassée d’un tango de salon en décalage absolu avec la modernité de la musique. Il n’est pas certain que le public ait capté la résonance du spectacle avec les propos de Jean-Paul Sartre diffusés pourtant à l’issue de la création.

Pierre de Bethmann quartet présente « Credo »

Pierre de Bethmann quartet présente « Credo »

En 2024, Pierre de Bethmann revient avec « Credo ». En quartet, le pianiste présente la musique à laquelle il croit. Avec un répertoire constitué exclusivement de nouvelles compositions, la musique groove de bout en bout, elle respire et restitue l’énergie du groupe. Un jazz intemporel inscrit dans le passé et ouvert sur l’avenir.

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« Vestido de amor » de Chico César

« Vestido de amor » de Chico César

Figure majeure de la scène musicale brésilienne actuelle, Chico César revient avec « Vestido de amor ». Chanteur, producteur et homme de scène, il célèbre l’amour, le métissage et tous les rythmes du monde, forro, reggae, calypso, rock. Sa musique en fusion délivre un message de paix, de fraternité, d’amour, d’espoir et aussi de lutte.

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« A Lovesome Thing » de Geri Allen et Kurt Rosenwinkel

« A Lovesome Thing » de Geri Allen et Kurt Rosenwinkel

Sorti le 24 novembre 2023 pour le 20ème anniversaire de Motéma, l’album « A Lovesome Thing » permet de savourer le concert de Geri Allen et Kurt Rosenwinkel enregistré le 05 septembre 2012 à la Philharmonie de Paris. De bout en bout, les échanges entre la pianiste et du guitariste révèlent la symbiose musicale qui les unit. Leur propos musical navigue entre virtuosité et inventivité, entre sensibilité et émotion. Un opus enchanteur et somptueux à écouter en boucle.

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Nuits de Fourvière 2017 – Echo#4

Nuits de Fourvière 2017 – Echo#1

Don Giovanni, Rebel Diwana, Goran Bregovic

Les Nuits de Fourvière battent leur plein en cet été où alternent chaleur et orages. Les soirées se succèdent sur la colline et dans les autres lieux investis par ce festival qui ne cesse de renouveler ses propositions.

Dans cet Echo#1 on revient sur trois soirées de la programmation 2017.

Le 13 juin 2017, pour la première du Don Giovanni créé par Mario Tronco et l’Orchestra Di Piazza Vittorio, la météo locale donne le ton et résonne avec les foudres du Commandeur. Dans le Grand Théâtre, le public se serait sans doute bien passé de ce ciel colérique, du tonnerre et du déluge qui se sont abattus sur la première représentation de cette nouvelle création de Mario Tronco. Capes de pluie et autres protections n’ont sans doute pas permis aux spectateurs de recevoir au mieux le spectacle proposé.

C’est un Don Giovanni revu et corrigé par Mario Tronco avec des coupes franches dans le livret. Présent au-dessus de la scène via la projection vidéo, le visage morcelé et grimaçant du Commandeur. Un trio de femmes chanteuses relookées en Supremes prend place dans le décor rétro d’un night-club évoquant les années folles à moins que ce ne soient les années 70.

Autour du pianiste Leandro Piccioni et du contrebassiste Pino Pecorelli, les musiciens habillés de costumes endimanchés remplacent les airs d’origine par des rythmes latinos, bossa, rumba, flamenco ou orientaux bien loin de l’esthétique mozartienne et l’on sourit à l’écoute de la guitare de Don Ottavio. Il faut aussi compter avec la trompette d’Omar Lopez Valle/Leporello qui tente de sonner jazz. Fort heureusement le rôle-titre tenu par la chanteuse Petra Magoni est assumé avec une forte présence scénique et vocale. La voix de Dona Elvira se colore quant à elle de résonances lyriques.

C’est un final plutôt décalé et bienvenu que Don Giovanni/Magoni chante au retour de son rendez-vous avec le Commandeur … une dynamique version du grand tube « I feel love » qui a le mérite de surprendre les spectateurs, les dérider et même applaudir avec vigueur sous les dernières gouttes d’une pluie qui cesse… dès que le spectacle se termine. Serait-ce un ultime signe Commandeur ?

Le 05 juillet 2017 sur la scène de l’Odéon, on attend avec impatience la création de Rebel Diwana, le nouveau projet électrique de Titi Robin. Après une première résidence artistique à l’Épicerie Moderne, Titi Robin et ses musiciens s’y sont retrouvés de nouveau avant de se produire sur la scène de l’Odéon pour cette troisième coproduction Nuits de Fourvière/Épicerie Moderne.

Sur le devant de la scène Titi Robin et sa guitare électrique. A sa gauche le bassiste Natallino Neto. A sa droite le chanteur indien Shuheb Hasan placé juste en avant le joueur de sarangi Murad Ali Khan. Les instruments occidentaux que sont la batterie tenue par Arthur Allard et les claviers confiés à NIcholas Vella prennent place derrière le guitariste et le bassiste. On capte une certaine tension à sans doute mettre en lien avec les quarante-cinq minutes nécessaires au groupe pour installer le climat.

La musique prend corps doucement et l’on retient surtout le dialogue fécond établi entre la mélopée du chant et la raucité de la guitare. Après avoir présenté ses musiciens, Titi Robin engage le groupe dans un morceau plus interactif. Les rythmes impairs martelés par la batterie génèrent une musique sauvage, brute et caillouteuse. On perçoit assez mal la contribution des claviers et de la basse électrique à l’esthétique de la création. En effet, c’est vraiment entre le duo indien et Titi Robin que bat le cœur de la musique. Le guitariste dit ses poésies en français. Shuheb Hasan les transforme en des psalmodies envoûtantes chantées en indien et soutenues par le chant singulier du sarangui.

C’est au fil des deux derniers morceaux qu’advient l’osmose entre tous les musiciens. La musique prend son envol et l’on retrouve l’esthétique de l’art de Titi Robin telle qu’en lui-même. On attend avec intérêt la sortie de l’album à venir pour prendre la réelle mesure de l’impact du projet Rebel Diwana.

Le 06 juillet 2017, le Grand Théâtre accueille Goran Bregovic qui présente « Trois lettres à Sarajavo », une ode à la Jérusalem des Balkans. Conçu comme un appel à la concorde, le spectacle donne la parole au violon.

Créant la surprise, l’Orchestre des Mariages et des Enterrements fait son entrée par l’arrière du proscénium et dialogue avec les musiciens de l’Orchestre National de Lyon avant de prendre place sur scène parmi eux. Après un second morceau empreint d’une profonde mélancolie, Goran Bregovic tout de blanc vêtu expose le contexte du projet. Avec humour et son éternel sourire il se demande pourquoi « Dieu dans son agenda n’a pas prévu de nous apprendre à vivre ensemble » et propose sa musique pour tenter de remédier à cet état de fait.

Les « Trois Lettres à Sarajavo » donnent la parole au violon de trois solistes venus de Tel Aviv, Tunis et Belgrade qui vont à tour de rôle faire chanter les cordes de leurs instruments. Ainsi sous la direction d’Ognjan Radivojevic, l’ONL, l’Orchestre des Mariages et des Enterrements et les trois solistes vont interpréter trois concertos pour violon et orchestre symphonique. Commencée avec la lettre juive, la soirée se poursuit avec la lettre musulmane avant de se terminer par la lettre chrétienne.

La litanie interrogative du violon klezmer chante son désespoir. L’ONL répond d’abord avec puissance puis avec légèreté et allégresse. La lettre termine allègrement sa ronde fantaisiste pleine d’espoir. D’abord seul contre la puissante vague de l’ONL, le violon oriental élève sa plainte. Il impose sa voix lyrique et grave et rallie à sa cause la masse orchestrale qui entre en communion avec lui pour retrouver son calme. De la scène s’élèvent ensuite des carillons joyeux qui croisent les aigus du violon chrétien. Il pleure sur un tempo slave mais la voix et la guitare de Goran Brégovoc veillent et entonnent une ritournelle réconciliatrice. La lumière revient, les clochent sonnent de nouveau, l’avenir se fait radieux.

Les trois violonistes, l’ONL et l’Orchestre des Mariages et des Enterrements unissent leurs voix. Signe de réconciliation, un chant pacifié et serein s’élève de la scène. Au cours de cette soirée enchanteresse et magique la musique a allié classicisme, folklore et modernité. Elle a délivré le message œcuménique voulu par Goran Bregovic.

Pierre de Bethmann quartet présente « Credo »

Pierre de Bethmann quartet présente « Credo »

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« Vestido de amor » de Chico César

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« A Lovesome Thing » de Geri Allen et Kurt Rosenwinkel

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