« Brighlight », le nouvel album du contrebassiste Avishai Cohen

« Brighlight », le nouvel album du contrebassiste Avishai Cohen

A écouter sans retenue

Virtuose de la contrebasse, Avishai Cohen revient le 25 octobre 2024 avec « Brightlight », un album lumineux et inspiré. Il est entouré d’un ensemble de jeunes talents parmi les plus brillants de la nouvelle scène du jazz qui étoffent son trio habituel composé au piano de Guy Moskovich et à la batterie de Roni Kaspi. Avec un large éventail de compositions originales, de standards de jazz et d’un morceau vocal, Il repousse les limites du jazz et explore de nouveaux paysages sonores tout en restant ancré dans la tradition qui l’a toujours inspiré. Un album à écouter sans retenue.

Avant d’acquérir son statut actuel d’icône internationale du jazz, le contrebassiste Avishai Cohen a parcouru les scènes du monde entier sur lesquels il a captivé les publics avec ses mélodies complexes mais toujours très accessibles. Son indéniable virtuosité sur l’instrument et son sens aigu du rythme font merveille mais au-delà de ses prouesses instrumentales, le musicien fait preuve d’une grande sensibilité tout au long de ses improvisations qui captivent les auditeurs par leur richesse narrative. Compositeur dans l’âme il crée des morceaux, véritables histoires qui déclenchent surprises et émotion chez le public qui repart des concerts en fredonnant les mélodies écoutées.

Avishai Cohen revient avec son nouvel album, « Brightlight » (Naïve/Believe) dont la sortie est annoncée pour le 25 octobre 2024.

« Brightlight » témoigne de l’éclectisme du contrebassiste Avishai Cohen. Dynamique et riche en climats émotionnels variés, l’album accroche l’oreille de bout en bout. Absolument irrésistible !

L’album

Sur « Brightlight » (Naïve/Believe) le contrebassiste Avishai Cohen transcende les frontières du jazz entouré des membres de son trio de base, le pianiste Guy Moskovich et la batteuse Roni Kaspi auxquels se joignent un ensemble de jeunes musiciens parmi les plus talentueux de la nouvelle génération du jazz actuel, le saxophoniste Yuval Drabkin, le guitariste Yosi Ben Tovim, le trompettiste Lars Nilsson, le bugliste Hilel Salem, le tromboniste Jakob Sollerman, le flûtiste Ilan Salem et la chanteuse Jenny Nilsson.

Enregistré pour partie aux studios Kicha à Tel-Aviv en Israël et au studio Nilento à Göteborg en Suède, l’album « Brightlight » a été mixé et mastérisé par Lars Nilsson & Joar Hallgren au Nilento Studio.

Toutes les compositions sont d’Avishai Cohen hormis Liebestraum n°3 de Franz Liszt interprété en trio contrebasse/piano/batterie, Summertime de George Gershwin dont le groupe donne une interprétation peu traditionnelle et Polka Dots And Moonbeams de Jimmy Van Heusen. Tous les arrangements sont d’Avishai Cohen sauf Liebestraum n°3 crédité au pianiste Guy Moskovich. 

Au fil des pistes

Onze morceaux enregistrés en trio, avec l’orchestre entier ou en duo constituent le répertoire de « Brightlight », un album irrigué d’un fluide vital inouï.

Trio

On retrouve Avishai Cohen en trio sur cinq pistes de l’album.

Courage ouvre l’album avec une mélodie entêtante construite en boucle, avec de subtils dégradés harmoniques et rythmiques. Après avoir délicatement exposé la mélodie, la contrebasse cède la parole au pianiste dont on peut apprécier le touché raffiné dont les accents classiques sont teintés de couleurs moyen-orientales. Le propos de Guy Moskovich s’intensifie au fil des mesures avant que n’intervienne Roni Kaspi. Son groove hypnotise autant qu’il impressionne. 

Sur Brightlight, titre éponyme de l’album, Guy Moskovich pose des accords lumineux qui complètent tout à fait les lignes de basse d’Avishai Cohen. Il s’envole ensuite dans une improvisation au climat idyllique. La batterie insuffle un vigoureux accompagnement qui magnifie la musique. Un véritable ravissement.

Plus loin, le trio expose le thème du morceau Humility, telle une variation en contrepoint. Le jeu du pianiste se fait limpide et cristallin. De ce titre se dégage une sensibilité harmonique qui abreuve avec bonheur tant le corps que l’esprit.

On peut ensuite écouter Roni’s Swing, titre dédié par le leader à Roni Kaspi. Soutenu par le groove implacable de la batteuse, le piano tonique dialogue avec elle et développe à la fois swing et lyrisme. Le solo du contrebassiste est d’une virtuosité éblouissante et d’une justesse remarquable. Du jazz qui pulse on ne peut mieux.

Plus tard, le son solide et enveloppant de la contrebasse introduit une version romantique et élégante du Liebestraum n°3 de Franz Liszt. Chargé d’expressivité, le jeu du pianiste se fait majestueux avant le solo de contrebasse qui révèle encore une fois la dextérité technique du leader et la richesse de ses timbres. Sur un rythme ternaire l’oreille valse avec plaisir et en redemande.

Orchestre entier

Cinq autres titres permettent d’écouter Avishai Cohen entouré des membres de son trio et des autres musiciens invités, soufflants, chanteuse et guitariste.

Avishai Cohen débute Hope par une ligne de basse chantante qui annonce la mélodie reprise ensuite par le piano et l’ensemble des soufflants. Au mitan du morceau, la guitare de Yosi Ben Tovim se greffe sur le motif avec des notes percutantes et une sonorité qui hésite entre rock et blues. Un pur moment de bonheur et d’espoir. Le groupe enchaîne avec The Ever and Ever Evolving Etude qui évolue à partir d’un motif de basse répétitif. Le piano rejoint la contrebasse et la mélodie se déploie. Ce sont prouesses rythmiques, accords éclatants, chorus virtuose de la contrebasse et notes étincelantes du piano porté par le groove impressionnant de la batterie. Le groupe raconte une véritable histoire qu’il est vraiment plaisant d’écouter sans discontinuer.

Plus loin, Drabkin met en lumière le chant mélancolique du saxophone ténor de Yuval Drabkin dont la sonorité douce et feutrée transporte l’oreille dans un climat onirique. Deux titres après, l’orchestre interprète Hitragut, une autre composition du leader. Son climat empreint de nostalgie et de délicatesse met en valeur le souffle voilé du saxophone de Yuval Drabkin et la délicatesse du jeu pianistique de Guy Moskovich.

Plus tard, le groupe interprète Summertime dont il donne une version originale, mâtinée de ska et d’afrobeat. Le morceau est introduit par la contrebasse et la voix d’Avishai Cohen. Piano et contrebasse accentuent le tempo alors la batterie éblouit par sa maîtrise rythmique. L’orchestre reprend le thème avec force puis le piano improvise avec brio. Une version envoûtante de ce standard de jazz que le groupe décoiffe et redimensionne.

Duo

Le répertoire de l’album se termine par le superbe Polka Dots and Moonbeams. Le saxophone ténor et la contrebasse à l’archet exposent en mode rubato, la musique de Jimmy Van Heusen. Le ténor déroule ensuite une improvisation sensible, colorée et chaleureuse avec un léger vibrato. Les inflexions nostalgiques de son phrasé, ses échappées dans les aigus, ses incursions dans les graves sont soutenues par l’accompagnement indéfectible de la contrebasse à la sonorité tellurique. Malgré le tempo lent, ça groove au rythme de la vie.

Pour vibrer à l’écoute du répertoire de « Brighlight », rendez-vous à 20h le 21 novembre 2024 à l’Olympia de Paris, où Avishai Cohen se produit en trio.

Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »

Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »

Sur son nouvel album « Le Sable et l’Écume », Titi Robin présente un répertoire original composé pour Titi Robin Quatuor, sa nouvelle formation instrumentale. Un projet instrumental porté par les sublimes échanges de quatre musiciens hors pair. La musique s’inscrit dans une culture radicalement modale et polyrythmique. La prise de risque artistique est à la mesure de l’enjeu esthétique. Un projet modal, hors mode et radical.

lire plus
Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988

Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988

Le label Storyville Records prévoit la sortie d’un double-album inédit de Michel Petrucciani, « Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988 ». Annoncé pour le 15 novembre 2024, cet opus inédit permet d’écouter le pianiste entouré de Gary Peacock et de Roy Haynes. Du jazz intemporel qui allie lyrisme, sensibilité et virtuosité.

lire plus
« Django! »… Baptiste Herbin en trio sans guitare

« Django! »… Baptiste Herbin en trio sans guitare

C’est un véritable défi que réussit le saxophoniste Baptiste Herbin avec « Django! » sur lequel il revisite l’univers de Django Reinhardt, en trio trio saxophone, contrebasse, batterie. Sans guitare, l’album restitue l’essence de la musique du fameux guitariste manouche. Échanges énergiques, fulgurances virtuoses, valses enivrantes, exubérances et silences, tout concourt à faire de cet album absolue une réussite qui allie innovation et tradition. 

lire plus
Chocho Cannelle présente « Yo te cielo »

Chocho Cannelle présente « Yo te cielo »

Un univers coloré et lumineux

Le quartet de jazz Chocho Cannelle présente son premier album dont le titre « Yo te cielo » est inspiré par Frida Kahlo. Sorti le 29 septembre 2024, l’album propose un répertoire tout en nuances et en contrastes où alternent douceurs harmoniques et subtilités rythmiques. Un univers coloré et lumineux.

« Yo te cielo » (CVE prod / Modulor music) est le premier album du groupe Chocho Canelle. Yo Te cielo fait référence à une lettre de Frida Kahlo dans laquelle elle écrivait « je te ciel » pour embrasser l’univers, le monde, formule poétique employée comme un message d’amour.

Le groupe

Quartet de world-jazz à l’instrumentation singulière, Chocho Cannelle se nourrit des musiques du monde. Il s’inscrit dans la lignée des groupes de jazz contemporains qui ont aboli les frontières stylistiques.

Créé il y a 3 ans, Chocho Cannelle réunit Arthur Guyard (piano, claviers), Timothé Renard (clarinette, clarinette basse), Léo Danais (batterie) et Camille Heim à la harpe électro Ilanera, une harpe colombienne sur laquelle a été mis un système électrique.

Dans ce quartet atypique sans contrebasse, le clavier et la harpe assument alternativement le rôle de la basse. Ainsi harpiste et pianiste jouent-ils alternativement le rôle de soliste et d’accompagnateur-trice. Le drumming du batteur porte avec brio les arrangements électroniques des claviers, les clarinettes et le jeu très libre de la harpe. Les instrumentistes jouent de leur timbre et ponctuent par de superbes improvisations les compositions qui s’enchaînent.

Le groupe Chocho Cannelle a été Lauréat du Concours National de Jazz à la Défense en 2022, finaliste du Tremplin Rezzo Jazz à Vienne en 2023 et lauréats Occijazz en 2023. C’est après les différentes tournées de 2023 que le quartet a enregistré « Yo te cielo ».

L’album

Frida Kahlo a écrit “Peut-on inventer des verbes ? J’aimerais t’en dire un : Je te ciel, ainsi mes ailes s’étirent, énormes, pour t’aimer sans mesure”. C’est ce message d’amour de la poétesse et peintre mexicaine qui a inspiré « Yo Te Cielo », le premier album du quartet Chocho Cannelle.

Chocho Cannelle présente "Yo te cielo" - visuel de l'album Yo Te Cielo de chocho cannelle« Yo te cielo » a été enregistré durant l’hiver 2023 par Fabien Auguy au Funk You Studio.

Sur l’album figurent des compositions de chacun des artistes du groupe. Ainsi « Yo te cielo » se présente comme une synthèse de l’univers de compositions des quatre musiciens.

Dans un subtil équilibre, la musique « Yo te cielo » mêle de nombreuses couleurs, celles des influences latines sud-américaines, créoles, africaines mais aussi celles du jazz, de la musique classique et d’autres plus impressionnistes, plus calmes, plus douces. Sans oublier, la dimension dansante de la musique.

Au fil des titres

L’album ouvre avec Prélude suivi de High Point, polyrythmique à souhait. Les lignes de basse de la harpe et la batterie font corps. Lyrique, la Clarinette fait danser les montagnes.

Le voyage musical continue avec une virée du côté de Cinque Terre, la célèbre région italienne. Clarinette basse et piano improvisent avec brio soutenus par la rythmique harpe/batterie. Plus loin, l’Hystérie du mec débute par un solo de batterie déstructuré comme un clin d’œil au jeu de Stéphane Galland. Le morceau continue sur un mode tonique dans lequel la harpe, stimulée par la clarinette déchaînée, n’en oublie pas pour autant de faire résonner ses improvisations mélodiques.

Changement d’ambiance avec Nuotare qui installe une atmosphère plus calme et entraîne l’oreille dans les profondeurs de l’océan. La harpe et le Rhodes mêlent leurs notes qui parent la musique de reflets bleutés. C’est au flûtiste Magic Malick qu’est dédié le titre suivant, Asaralain qui signifie « le sorcier » en Gaélique. Une musique impressionniste qui entraîne l’oreille au rythme du balancement des pas d’un chameau sur les pentes des dunes des contrées sahariennes.

Una Piel Ardiente fait alterner moments lyriques et calmes avec passages plus ténébreux. Superbe improvisation du piano sur des relances de la harpe et le continuum rythmique de le batterie. Des frissons musicaux inspirés.

C’est une clarinette basse incantatoire qui souffle sur Mammas qui précède Valse à Jeanne, écrit par la harpiste, Camille Heim pour sa petite sœur. Douceur de l’introduction batterie/clarinette basse puis sonorité d’un piano d’enfant qui rappelle celle d’une boîte à musique. En contrepoint les instruments entremêlent leurs chants crescendo jusqu’au final intense. Le morceau se termine avec la harpe qui revient et égrène les dernières notes du thème. Une sorte de danse enfantine enchanteresse et malicieuse comme un hommage à l’enfance.

Nouveau contraste avec Industriel qui résonne comme un écho venu d’une dance-party. La batterie et la clarinette exultent poussées par une batterie triomphante. Une invitation à bouger sans limite sur la piste de danse.

La promenade musicale s’aventure ensuite dans les contrées apaisées de La Brume Dans Laquelle Mes Pensées Dansent. Un très court moment, semblable à celui où l’on ouvre les yeux au petit matin sur les volets ouverts, pour les poser sur les nuages qui dansent dans le ciel.

L’album se termine avec le très apaisant Yggdrasil où piano et clarinette échangent en toute sérénité. Délicieux !

Une grande force vitale se dégage de « Yo te cielo » dont la musique tour à tour dynamique, dansante, douce et émouvante stimule l’imagination.

Pour retrouver le quartet Chocho Cannelle et écouter en concert la musique de l’album « Yo te cielo », rendez-vous le 10 octobre 2024 à Annemasse, dans le cadre du Festival JazzContreBand Annemasse le 08 novembre 2024 à 20h30 à Annecy dans le cadre du Festival Jazz Aux Carrés, le 28 Novembre 2024 à 20h30 au Studio de l’Ermitage à Paris et le 29 novembre 2024 à 20h30 à l’ Auditorium de Cahors. Cliquer ICI (lien agenda) pour retrouver l’ensemble des dates de la tournée du groupe.

Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »

Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »

Sur son nouvel album « Le Sable et l’Écume », Titi Robin présente un répertoire original composé pour Titi Robin Quatuor, sa nouvelle formation instrumentale. Un projet instrumental porté par les sublimes échanges de quatre musiciens hors pair. La musique s’inscrit dans une culture radicalement modale et polyrythmique. La prise de risque artistique est à la mesure de l’enjeu esthétique. Un projet modal, hors mode et radical.

lire plus
Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988

Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988

Le label Storyville Records prévoit la sortie d’un double-album inédit de Michel Petrucciani, « Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988 ». Annoncé pour le 15 novembre 2024, cet opus inédit permet d’écouter le pianiste entouré de Gary Peacock et de Roy Haynes. Du jazz intemporel qui allie lyrisme, sensibilité et virtuosité.

lire plus
« Django! »… Baptiste Herbin en trio sans guitare

« Django! »… Baptiste Herbin en trio sans guitare

C’est un véritable défi que réussit le saxophoniste Baptiste Herbin avec « Django! » sur lequel il revisite l’univers de Django Reinhardt, en trio trio saxophone, contrebasse, batterie. Sans guitare, l’album restitue l’essence de la musique du fameux guitariste manouche. Échanges énergiques, fulgurances virtuoses, valses enivrantes, exubérances et silences, tout concourt à faire de cet album absolue une réussite qui allie innovation et tradition. 

lire plus
Laurent Coq présente « Confidences »

Laurent Coq présente « Confidences »

Sous le signe de la poésie, de la mélancolie et de l’allégresse

Le pianiste Laurent Coq propose « Confidences », son troisième album enregistré en trio piano-contrebasse-batterie. Un répertoire de huit compositions empreintes à la fois de poésie, de mélancolie et d’allégresse. Il serait dommage de se priver de ce jazz vibrant au lyrisme intense et à l’écriture singulière. Pas question donc que cette sortie se fasse sous le sceau du secret. « Confidences »… à partager largement !

En donnant à son album le titre de « Confidences », Laurent Coq fait-il référence au fait de « communiquer un secret » ou évoque-t-il le sens de « confiance intime » que lui prête aussi les dictionnaires ? Sans doute les deux options sont-elles à considérer mais quoi qu’il en soit, pas question de garder le secret quant à cet album car les émotions que son écoute procurent sont telles qu’il serait dommage d’en priver les oreilles des amateurs de musique.

« Confidences », un jazz sensible et puissant, lyrique et inspiré. Un secret à partager largement !

L’album

Visuel de l'album "Confidences" de Laurent Coq Trio - Laurent Coq présente "Confidences"Avec « Confidences » (jazz&people/Integral) sorti le 06 septembre 2024, le pianiste et compositeur Laurent Coq propose un jazz vibrant et lyrique.

Il s’agit du seizième disque du pianiste en leader et de son troisième opus en trio piano-contrebasse-batterie, après « Spinnin’ » en 2004 et « Kinship » (jazz&people/PIAS).

Sur « Confidences », Laurent Coq s’est entouré du contrebassiste Yoni Zelnik et du batteur Fred Pasqua. A l’écoute des huit plages de l’album, la grande osmose et la confiance qui règne entre les trois musiciens sont perceptibles.

Enregistré les 25 et 26 juillet 2023 par Philippe Gaillot dans le célèbre Recall Studio, à Pompignan, aux pieds des Cévennes, « Confidences » propose un répertoire dont toutes les compositions sont de Laurent Coq. Le mixage et mastering de l’album ont été confiés à Dave Darlington à New York.

« Confidences », des histoires, des moments de vie narrés par la plume de Laurent Coq et restitués par le trio. Des compositions à la fois complexes et mouvementées, généreuses et tendres, exubérantes et délicates. Un régal de chaque instant !

Au fil des titres

L’album ouvre avec Around the Corner. Dès ce premier titre, on perçoit la richesse et la subtilité du jeu du pianiste. Construit entre un ostinato tenu à la main gauche au piano et par la contrebasse, le morceau propose une mélodie alerte et saccadée, haletante et mouvementée. On arrive essoufflé au coin de la rue.

Plus loin, Confidences débute après une introduction aux accords interrogatifs joués au piano. Après le dense et très mélodique solo de Yoni Zelnik sur les cordes de sa contrebasse, Laurent Coq expose le thème au piano et génère un climat mélancolique. Un court chorus de batterie vient se greffer sur le motif d’introduction du piano et conclut la pièce. Une architecture complexe mais efficace.

Le répertoire se poursuit avec Nawari tout en délicatesse. Dans un climat chargé de quiétude, avec fermeté et un sens mélodique hors du commun, le piano expose le thème avec la contrebasse.

Sur Caprices, après une courte introduction du piano solo, la musique du trio se densifie puis l’improvisation du pianiste se déploie progressivement faisant alterner tensions et raffinement. Les accords élégants du piano soutiennent ensuite le chorus de la contrebasse suivi des roulements ondulants de la batterie pour conclure. Le morceau se termine avec le thème brièvement repris.

Le changement de dynamique est perceptible dès le début de Carrousel. Après une courte introduction du piano solo, la musique du trio se densifie. Après une improvisation raffinée, entre tensions et détente, le piano soutient le chorus de contrebasse d’accords élégants. Un dialogue s’installe entre le piano allègre et la batterie qui conclut par des battements ondulatoires pulsatiles.

Changement ambiance avec L’Ange Madidjè. Le piano joue une mélodie mélancolique sur une ligne de basse descendante. La contrebasse improvise seul à son tour et la fin du morceau s’étire tout en délicatesse. 26 Esplanade Nathalie Sarraute installe un climat swinguant. La section rythmique soutient le tempo sur lequel le piano développe un discours souple et agile. Batterie et contrebasse échangent avec complicité. Un moment savoureux et plein de surprises.

L’album se termine avec Mazurka pour Alain Jean-Marie. Hommage au talentueux pianiste Alain Jean-Marie, cette escapade musicale du côté de la Caraïbe et du continent africain appelle à la danse. Avec talent, Laurent Coq concilie héritage des anciens et sens de l’innovation.

Rendez-vous les 23 et 24 octobre 2024 à Paris, au Sunside pour écouter Laurent Coq Trio qui présente son nouvel album « Confidences », dans le cadre du Festival Jazz sur Seine.

Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »

Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »

Sur son nouvel album « Le Sable et l’Écume », Titi Robin présente un répertoire original composé pour Titi Robin Quatuor, sa nouvelle formation instrumentale. Un projet instrumental porté par les sublimes échanges de quatre musiciens hors pair. La musique s’inscrit dans une culture radicalement modale et polyrythmique. La prise de risque artistique est à la mesure de l’enjeu esthétique. Un projet modal, hors mode et radical.

lire plus
Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988

Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988

Le label Storyville Records prévoit la sortie d’un double-album inédit de Michel Petrucciani, « Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988 ». Annoncé pour le 15 novembre 2024, cet opus inédit permet d’écouter le pianiste entouré de Gary Peacock et de Roy Haynes. Du jazz intemporel qui allie lyrisme, sensibilité et virtuosité.

lire plus
« Django! »… Baptiste Herbin en trio sans guitare

« Django! »… Baptiste Herbin en trio sans guitare

C’est un véritable défi que réussit le saxophoniste Baptiste Herbin avec « Django! » sur lequel il revisite l’univers de Django Reinhardt, en trio trio saxophone, contrebasse, batterie. Sans guitare, l’album restitue l’essence de la musique du fameux guitariste manouche. Échanges énergiques, fulgurances virtuoses, valses enivrantes, exubérances et silences, tout concourt à faire de cet album absolue une réussite qui allie innovation et tradition. 

lire plus
Christophe Monniot présente « Six Migrant Pieces »

Christophe Monniot présente « Six Migrant Pieces »

Ode musicale à l’humanité, à la bienveillance

Le compositeur et saxophoniste Christophe Monniot présente « Six Migrant Pieces » (Le Triton/L’Autre Distribution). Chaque membre du septet a une histoire vis à vis de la migration. L’album vibre d’énergie et de sensibilité. La musique résonne comme une ode musicale à l’humanité et à la bienveillance. Mieux qu’un manifeste politique, le propos du disque invite à l’accueil et à l’acceptation de l’autre avec ses différences. Un opus engagé en prise réelle avec l’actualité.

Après « Jericho Sinfonia » (Ayler Records) enregistré avec les musiciens du Grand Orchestre du Tricot et sorti en avril 2018, après « Hymnes à l’amour » (ONJ Records/L’Autre Distribution) publié en novembre 2018 et « Hymnes à l’Amour, Deuxième chance » (Émouvance) paru en mars 2021, tous deux enregistrés en duo avec Didier Ithursarry et « Dernier Tango » (Jazzdor/L’Autre Distribution) sorti en octobre 2022 et gravé en duo avec le guitariste Marc Ducret, Christophe Monniot revient le 21 juin 2024 avec « Six Migrant Pieces » (Le Triton/L’Autre Distribution) enregistré au Triton les 18 et 19 Mai 2023 par Jacques Vivante, Bastien Boisier et Jules Ferroul et également enregistré en concert le 6 juin 2023 au Kresselhaus Berlin lors du Festival Jazzdor Strasbourg-Berlin-Dresden.

« Six Migrant Pieces »

Pour son nouveau projet, « Six Migrant Pieces », Christophe Monniot dit être parti d’une idée très simple : « le mot hôte… racine commune du mot hostilité et et du mot hospitalité ». Ses compagnons et lui ont essayé de se positionner du côté de l’hospitalité plutôt que de l’hostilité. A ce propos il cite la philosophe, écrivaine et directrice de recherche émérite au CNRS Marie-José Mondzain : « Nous ne sommes pas simplement en train de donner l’hospitalité, nous sommes en train de recevoir de la part de notre hôte ».

Visuel de l'album Six Migrant Pieces de Christophe Monniot_Christophe Monniot présente "Six Migrant Pieces"Christophe Monniot a conçu la musique de « Six Migrant Pieces » comme « un voyage permanent, un flux migratoire perpétuel ». Il invite à accepter l’autre dans ses points communs autant que dans ses différences. Il engage à voir le migrant comme une chance.

Le répertoire propose six compositions de Christophe Monniot et Interlude, un titre co-conçu par l’ensemble des musiciens réunis autour du leader au saxophone alto : Aymeric Avice (trompette), Jozef Dumoulin (claviers), Nelson Veras et Nguyên Lê (guitares), Bruno Chevillon (contrebasse), Franck Vaillant (batterie).

Dans l’orchestre, chaque musicien a une histoire vis à vis de la migration : Christophe Monniot à moitié ukrainien, Nelson Veras originaire du Brésil, Nguyên Lê du Vietnam, Bruno Chevillon dont la maman italienne est venue vivre en France, Jozef Dumoulin belge d’origine flamande, Aymeric Avice d’origine normande et donc de « lointaine » origine viking et Franck Vaillant, l’élément français. Ainsi, chacun a amené dans l’album une partie de lui-même sous forme d’un témoignage familial sur la migration de sa propre famille.

Au départ, les morceaux eux-mêmes sont inspirés chacun par un compositeur qui a une histoire avec la migration, un dédié à Leonard Bernstein, un autre à Michael Brecker, un autre à Wayne Shorter, « tout afro-américain ayant quelque chose à voir avec la migration et avec l’invention de la musique de jazz ».

A la musique se mêlent plusieurs voix, parmi lesquels entre autres celles de Martin Luther King, de l’écrivain Abdoul Ali War, de l’Abbé Pierre avec son « appel à la bonté », de Pierre Desproges, de Bruno Chevillon, de la mère de Christophe Monniot qui parle de l’exil ukrainien de son père, une conversation en flamand de la famille de Jozef Dumoulin, de la philosophe Marie-José Mondzain. Chaque musicien a donné ou suscité un propos de son origine. La conception du livret des textes de l’album est à porter au crédit de Sylvie Gasteau.

« La musique et les textes racontent une histoire ».

Au fil des titres

L’album ouvre avec Climax Change. Sur des accords de piano de Jozef Dumoulin, le poète, romancier et dramaturge Abdoul Ali se questionne à propos de la beauté qui « est dans tout… il suffit de la trouver, il faut la chercher d’abord…une façon de dire le beau à travers ce qui n’est pas beau ». La musique prend forme et sa gravité s’intensifie quand interviennent contrebasse et batterie et que s’élève la voix de Martin Luther King et le début de son discours « I have a dream » du 28 août 1963. En totale synergie interviennent ensuite saxophone alto et trompette. Le dialogue s’instaure entre les deux instruments, Interventions corsées, stimulantes et colorées de l’alto auquel répond la trompette au son plus rond dont les audaces virtuoses résonnent telles des prouesses.

Sur les premières mesures d’Interlude, la guitare de Nelson Veras sculpte la musique avec une remarquable dextérité au-dessus de la voix d’Ana Flavia Calabresi (en portugais) et de Vetea Pambrun (en français) qui lisent des extraits de « Mort et vie sévérine » (1955) du poète brésilien João Cabral de Melo Neto à propos de l’odyssée du migrant Sévérino, un poème de combat qui dit la dureté de la vie des migrants à la recherche d’une vie meilleure. Alors que la musique enfle, la mère de Christophe Monniot narre l’exil ukrainien de son grand-père embarqué au Havre « dans des cales pleines de vermines, sans hygiène et sans nourriture » en direction de New-York. Soutenu par la contrebasse, le saxophone prend ensuite la parole, tel un trublion dans un environnement électrique pointilliste qui laisse entendre des bribes d’une conversation en flamand de la famille de Jozef Dumoulin.

6T2P part 1 débute sans musique avec la voix de Pierre Desproges et la dernière phrase de son « Réquisitoire contre Jean-Marie Le Pen » diffusé dans le Tribunal des Flagrants Délires sur France Inter le 28 septembre 1982. Il évoque la parole de Luis Rigo, « les chiffres sont accablants, il y a de plus en plus d’étrangers dans le monde ». Le titre se poursuit avec la voix de la philosophe écrivaine et directrice de recherche émérite au CNRS Marie-José Mondzain lors d’une intervention sur France Culture à propos de son ouvrage « Accueillir. Venu(e)s d’un ventre ou d’un pays » (Edition Les Liens qui Libèrent)/PUF) où elle oppose l’accueil et l’hospitalité à la haine : « l’accueil ou le non accueil de tous ceux qui sont en train d’arriver, de tous ceux qui sont naufragés, misérables ou sur les routes ; c’est la question de l’hospitalité, c’est ça qui est au cœur ». Ses paroles sont suivies de l’entrée en force du groupe. Alto et trompette exposent un thème très dense, soutenus puis les voix reprennent alors que, soutenues par une section rythmique tonique les guitares conversent à leur tour, avec des distorsions sonores. Le climat musical se densifie et se fait de plus en plus libre, le piano triture les touches blanches et noires du clavier, la trompette s’embrase avec fougue, la batterie s’enflamme. Une accalmie musicale permet d’écouter un nouvel extrait du discours « I have a dream » prononcé par Martin Luther King puis piano et basse interviennent. Friselis du batteur sur ses cymbales, plainte de la trompette au-dessus du Rhodes puis solo colérique de la batterie. Dans le dernier tiers du titre, on écoute la voix de l’Abbé Pierre lors de son appel du 01 février 1954 (« insurrection à la bonté ») alors que piano, batterie et contrebasse ponctuent le temps avec force jusqu’à la fin du morceau.

Le piano égrène des notes interrogatives au tout début de 6T2P Part 2 alors qu’une voix se questionne à propos de la migration. Contrebasse et guitare rejoignent le piano puis, en italien, Bruno Chevillon parle de sa mère italienne « venue vivre en France », discours ponctué par des frémissements des cymbales. Trompette et saxophone alto entrent ensuite en jeu et tissent des entrelacs sonores complexes. Le groupe crée ensuite un climat sonore stratosphérique puis l’écrivain, poète, docteur en philosophie et essayiste tchadien Nimrod Bena Djangrang et l’auteur, dramaturge et metteur en scène camerounais Kouam Tawa dialoguent à propos de la poussière du Tchad indispensable à l’écosystème de l’Amazonie. Sur fond de batterie délicate et d’échantillonnages électriques s’instaure un climat aux sonorités dramatiques au-dessus duquel, tel un voltigeur, le saxophone alto propulse des arabesques de notes fougueuses, se jouant de tout académisme. Le morceau se termine par un constat dramatique quant à l’issue pas toujours heureuse du déplacement des « migrants qui viennent du lointain Sertao…. ne peuvent continuer parce que la mer est devant eux, ils n’ont pas où travailler et encore moins où habiter et au vu de l’immédiat encore moins il n’auront pas pour être enterrés ».

Lilia ouvre avec un nouvel extrait du discours de Martin Luther King, puis l’alto dessine de tendres envolées lyriques, impulsant au morceau un climat de rêverie musicale étrange. Son phrasé papillonne, tourbillonne même, alors que les sonorités électriques du Rhodes résonnent comme sonnerait une cloche d’église. La batterie accentue l’étrangeté de la situation. De nouveau sont donnés à entendre les mots de Martin Luther King… « forts de cette foi nous pourrons tailler dans la montagne le désespoir en pierre d’espoir, forts de cette foi nous pourrons transformer les stridentes discordes de notre nation en une merveilleuse symphonie de fraternité » avant que le saxophone alto ne reprenne la parole pour terminer le morceau.

Le manifeste musical se termine avec les deux parties de Melting Teapot. Après les voix, la première partie débute par un riff musical scandé au clavier et le morceau continue dans un climat véhément qui navigue entre violence musicale et joyeuse effervescence. La trompette sculpte un solo incisif dans le climat sismique qu’instaure la section rythmique. La guitare électrique intervient ensuite avec énergie et libère des cascades de notes vrillées dont les colorations distordues ne sont pas sans rappeler les effusions hendrixiennes. Après la musique, la première partie du morceau se termine par une voix qui évoque « le temps des autres, celui où il n’y aura plus de recevant ni de reçus, celui où chacun pourra se dire l’hôte de l’hôte ». La deuxième partie de Melting Teapot débute avec quelques mesures de Su la mé d’Alfred Rossel chantée par André Dalibert (1961), puis comme un soutien à la marche des manifestants, la musique reprend avec véhémence au-dessus de quelques secondes du discours de Martin Luther King qui revient d’ailleurs plus loin, comme dans un dialogue que les musiciens instaurent avec lui. Le manifeste musical se termine par une étonnante et réjouissante symphonie sonore où liberté et furie font bon ménage, au fil des fulgurances inspirées de chaque musicien.

« Six Migrant Pieces »… quand l’art promeut les lois de l’hospitalité pour contribuer à diminuer la situation dramatique des migrants. « Six Migrant Pieces »… un projet musical d’actualité qui Invite à l’accueil, à la bienveillance et l’acceptation de l’autre. « Six Migrant Pieces »…. un hommage aux hommes et femmes qui œuvrent pour moins de discrimination et une meilleure entente.

Christophe Monniot, Aymeric Avice, Jozef Dumoulin, David Chevallier, Bruno Chevillon et Franck Vaillant seront en en concert au Triton, le samedi 29 juin 2024 à 20h30, à l’occasion de la sortie de l’album.

Avec de chaleureux remerciements à Sylvie Gasteau pour ses éclairages.

Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »

Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »

Sur son nouvel album « Le Sable et l’Écume », Titi Robin présente un répertoire original composé pour Titi Robin Quatuor, sa nouvelle formation instrumentale. Un projet instrumental porté par les sublimes échanges de quatre musiciens hors pair. La musique s’inscrit dans une culture radicalement modale et polyrythmique. La prise de risque artistique est à la mesure de l’enjeu esthétique. Un projet modal, hors mode et radical.

lire plus
Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988

Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988

Le label Storyville Records prévoit la sortie d’un double-album inédit de Michel Petrucciani, « Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988 ». Annoncé pour le 15 novembre 2024, cet opus inédit permet d’écouter le pianiste entouré de Gary Peacock et de Roy Haynes. Du jazz intemporel qui allie lyrisme, sensibilité et virtuosité.

lire plus
« Django! »… Baptiste Herbin en trio sans guitare

« Django! »… Baptiste Herbin en trio sans guitare

C’est un véritable défi que réussit le saxophoniste Baptiste Herbin avec « Django! » sur lequel il revisite l’univers de Django Reinhardt, en trio trio saxophone, contrebasse, batterie. Sans guitare, l’album restitue l’essence de la musique du fameux guitariste manouche. Échanges énergiques, fulgurances virtuoses, valses enivrantes, exubérances et silences, tout concourt à faire de cet album absolue une réussite qui allie innovation et tradition. 

lire plus
Kenny Barron revient avec « Beyond this Place »

Kenny Barron revient avec « Beyond this Place »

Un album irisé de grâce et d’élégance

Pianiste et compositeur récompensé neuf fois aux Grammy Awards, Kenny Barron a collaboré avec les plus grands noms du jazz. Au sommet de son art, il revient à la tête d’un quintet multigénérationnel avec « Beyond this Place » (Artwork Records/Pias). Neuf plages où swing et délicatesse se croisent avec bonheur. Un opus raffiné, irisé de grâce et d’élégance.

Kenny Barron revient avec "Beyond this Place" - Visuel de l'albumAprès son album solo « The Source » (Artwork Records) sorti en 2023 et nominé aux Grammy Awards, le pianiste Kenny Barron dévoile « Beyond This Place » (Artwork Records/Pias) sorti le 10 mai 2024.

Il revient à la tête d’un quintet multigénérationnel, accompagné du jeune saxophoniste Immanuel Wilkins (saxophone alto), du vibraphoniste Steve Nelson, du contrebassiste Kiyoshi Kitagawa et du du batteur Johnathan Blake.

Kenny Barron

À presque 80 ans, le natif de Philadelphie fait figure de véritable légende et est considéré comme un Maître du piano jazz.

Kenny Barron revient avec "Beyond this Place"

Kenny Barron@Philippe Lé

Membre de l’Académie américaine des arts et des sciences et il possède un NEA Jazz Masters Fellowship, récompense remise tous les ans depuis 1982 par le National Endowment for the Arts (NEA). Il a joué dans plusieurs types de configurations orchestrales. Brillant en solo, maître dans l’art de la conversation en duo, des échanges trio ou quartet, Kenny Barron a aussi régulièrement joué en quintet où tour à tour avec brio il interprète, improvise et accompagne.

Kenny Barron a joué avec toute l’aristocratie du jazz, Dizzy Gillespie, Milt Jackson, Ella Fitzgerald, Elvis Jones, James Moody, Freddie Hubbard, Stan Getz, Dave Holland, Ron Carter, Jimmy Cobb, Yusef Lateef, Regina Carter, Cecil McBee, Al Foster, Ornette Coleman, Charlie Haden, Roy Haynes et bien d’autres encore.

Kenny Barron ne se contente pas d’être interprète, accompagnateur et improvisateur il est aussi compositeur et arrangeur.

« Beyond this Place »

@Philippe Lévy-Stab

Sorti le 10 mai 2024, cet opus est le deuxième album de Kenny Barron sur Artwork Records. Le pianiste l’a enregistré en quintet, avec le bassiste Kiyoshi Kitagawa et le batteur Johnathan Blake, section rythmique de longue date. Déjà présent sur l’album Golden Lotus du pianiste en 1982, le vibraphoniste Steve Nelson les a rejoints. A ce quartet s’ajoute le saxophoniste alto de 26 ans Immanuel Wilkins, étoile montante du jazz.

La musique de « Beyond this Place » s’inscrit dans la pure tradition du swing. Sans révolutionner le genre et malgré leur technique musicale impressionnante, les cinq musiciens soignent chaque note, trouvent l’expression juste, intègrent le silence dans leur expression. Leur musique simple et dépouillée coule avec limpidité.

Le répertoire de l’album se caractérise par de forts contrastes et des dynamiques variées.

On retrouve cinq compositions de Kenny Barron, Scratch, Innocence, Tragic Magic, Beyond this Place et Sunset, une alternance de ballades et thèmes au rythme médium voire rapide. S’y ajoutent un thème de Johnathan Blake, au tempo médium, Blues on Stratford Road et trois reprises du répertoire, la ballade The Nearness of You (Hoagy Carmichael, Ned Washington), Softly As in a Morning Sunrise (Oscar Hammerstein II, Sigmund Romberg) interprété sur un inhabituel tempo rapide et We see, une composition de Thélonious Monk joué sur un tempo médium.

Au fil des titres

Les compositions du maître

Titre emblématique éponyme de l’album enregistré en 1985 pour le label Enja avec Dave Holland et Daniel Humair, Scratch, un rien monkien, s’inscrit dans la dynamique bop. Sur un tempo rapide, le pianiste laisse le champ libre au saxophoniste qui s’exprime dans un idiome très free et dans un style très orageux. C’est ensuite le vibraphoniste qui s’exprime dans une direction fort différence avec tout autant de fougue. Il cède la place au leader dont le solo révèle la maîtrise de son art puis tous se retrouvent pour une fin abrupte.

Ballade lancinante, Innocence brille par son élégance mais aussi par une certaine mélancolie que les trois solistes restituent chacun à sa manière, de façon presque complémentaire. L’atmosphère du morceau semble quelque peu mystique.

Dans le style hard-bop, Tragic Magic rend hommage au pianiste Tommy Flanagan. Sur le tempo rapide du Morceau, on perçoit à chaque instant la virtuosité des solistes. Le saxophoniste s’envole dans une improvisation fulgurante, le chorus du vibraphoniste est d’une modernité absolue et celui du pianiste magistral et en totale osmose avec la section rythmique. Le chorus très expressif du batteur est suivi d’une reprise du thème par l’ensemble du quintet.

Le quintet met ensuite en relief la mélodie de la composition éponyme de l’album, Beyond this place. Climat nocturne, sonorité empreinte de délicatesse, douceur groovy. Le quintet reprend aussi Sunset, une composition de Kenny Barron qui figurait dans son premier album pour le label Muse, « Sunset to Dawn » sorti en 1973. Sur cette version de 2024, Kenny Barron joue du piano électrique. Avec décontraction et une aisance étonnante, le vibraphoniste offre un chorus vibrant de sensibilité et le solo du saxophone allie délicatesse et force. Finement ciselée, l’improvisation du Maître se pare de subtilités harmoniques qui régalent l’oreille.

Composition de Johnathan Blake

Sur un tempo médium, le quintet interprète Blues on Stratford Road, une composition du batteur. Au vibraphone, Steve Nelson offre un solo brillant et d’une légèreté étonnante. On est captivé par le solo élastique d’Immanuel Wilkins dont le saxophone se lamente. Le piano offre ensuite un chorus où virtuosité et décontraction font bon ménage. C’est une musique aux accents bluesy qui circule entre les artistes.

Les reprises du répertoire

Sur un tempo très lent, The Nearness of You ouvre l’album. Interprété en quartet, sans vibraphone, cette ballade composée en 1937 par Hoagy Carmichael (paroles de Ned Wahsington) met en évidence la grande connivence qui existe entre le pianiste et l’altiste. De sa sonorité aérienne et limpide, le saxophone conte une histoire en laissant de grands espaces au silence. Avec une indolence lascive il murmure un chant à la fois caressant et voluptueux. De bout en bout, soutenu par la contrebasse, le piano développe des harmonies raffinées.

En duo avec le batteur Johnathan Blake, Kenny Barron propose une version véloce de Softly as in a Morning, un titre l’opérette « New Moon » composée en 1928 par Sigmund Romberg sur un livret d’Oscar Hammerstein II. En symbiose avec le batteur, le pianiste au toucher cristallin développe avec vélocité un phrasé impeccable soutenu par la force du jeu tendu mais absolument contrôlé du batteur.

L’album se termine avec Wee See, un thème de Thelonious Monk, musicien révéré par Kenny Barron. En duo, le pianiste et l’altiste en donnent une interprétation ludique. Leur conversation joyeuse privilégie dissonances et décalages asymétriques tout en restituant une atmosphère sereine empreinte d’une force tranquille.

« Beyond this Place », un jazz moderne plein de vitalité, d’élégance et de poésie.

Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »

Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »

Sur son nouvel album « Le Sable et l’Écume », Titi Robin présente un répertoire original composé pour Titi Robin Quatuor, sa nouvelle formation instrumentale. Un projet instrumental porté par les sublimes échanges de quatre musiciens hors pair. La musique s’inscrit dans une culture radicalement modale et polyrythmique. La prise de risque artistique est à la mesure de l’enjeu esthétique. Un projet modal, hors mode et radical.

lire plus
Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988

Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988

Le label Storyville Records prévoit la sortie d’un double-album inédit de Michel Petrucciani, « Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988 ». Annoncé pour le 15 novembre 2024, cet opus inédit permet d’écouter le pianiste entouré de Gary Peacock et de Roy Haynes. Du jazz intemporel qui allie lyrisme, sensibilité et virtuosité.

lire plus
« Django! »… Baptiste Herbin en trio sans guitare

« Django! »… Baptiste Herbin en trio sans guitare

C’est un véritable défi que réussit le saxophoniste Baptiste Herbin avec « Django! » sur lequel il revisite l’univers de Django Reinhardt, en trio trio saxophone, contrebasse, batterie. Sans guitare, l’album restitue l’essence de la musique du fameux guitariste manouche. Échanges énergiques, fulgurances virtuoses, valses enivrantes, exubérances et silences, tout concourt à faire de cet album absolue une réussite qui allie innovation et tradition. 

lire plus
« La Dolce Vita » selon Stefano Di Battista

« La Dolce Vita » selon Stefano Di Battista

Entre ferveur et nostalgie

Trois ans après « Morricone Stories » dédié à Ennio Morricone, le saxophoniste italien Stefano Di Battista est de retour avec « La Dolce Vita », un nouveau projet ancré dans la culture populaire de son pays. En quintet, il fait résonner sous un nouveau jour douze chansons italiennes emblématiques de l’âge d’or de l’Italie. L’album navigue entre ferveur et nostalgie.

Très attaché à la mélodie, Stefano Di Battista est un maître du son, un magicien du timbre, un virtuose de l’improvisation. Après avoir publié « Morricone Stories » en 2021 chez Warner Music, le saxophoniste revient avec « La Dolce Vita » dont la sortie est annoncée pour le 03 mai 2024 chez Warner Music. Pour l’occasion, le quartet composé du pianiste Fred Nardin, du contrebassiste Daniele Sorrentino et du batteur André Ceccarelli, s’étoffe et devient quintet avec la participation du trompettiste Matteo Cutello."La Dolce Vita" selon Stefano Di Battista

Sur « La Dolce Vita », Stefano Di Battista célèbre la splendeur de la grande musique italienne d’hier, la fait scintiller, un peu comme s’il tentait de la rendre éternelle. En effet, pour lui, l’album a pour but « d’explorer une partie de l’immense et merveilleux répertoire italien depuis la Dolce Vita et de l’offrir au public contemporain ». Il explique que « ces compositions incarnent la culture italienne et l’art de nos grands compositeurs, en soulignant l’âge d’or incontestable de l’Italie et l’héritage de ces années qui vit encore en nous aujourd’hui ».

Au fil des douze plages de « La Dolce Vita », le quintet du fougueux et lyrique Stefano Di Battista navigue entre ferveur et nostalgie. Le groupe fait résonner sous un nouveau jour les thèmes rendus célèbres par Paolo Conte, Andrea Bocelli, Lucio Dalla et rend aussi hommage à des compositeurs comme Renato Carosone ou Armando Trovajoli.

Dès le premier titre, La vita è bella on savoure l’impétuosité de l’alto de Stéfano Di Battista, la flamboyance de la trompette de Matteo Cutello et la fluidité du style pianistique de Fred Nardin. Sur Con te partirò écrit par Francesco Sartori et Lucio Quarantotto et popularisé par Andrea Bocelli, le saxophoniste embouche le soprano et impressionne par sa vélocité, sa générosité et son aisance dans les aigus.

Plus loin, le quintet revitalise Tu vuò fa l’americano, cette chanson italo-américaine de Renato Carosone dans lequel swing et boogie-woogie se mêlent allègrement sur un tempo de foxtrot. L’alto s’envole, pétille de mille étincelles et dialogue avec la trompette à la sonorité rutilante au-dessus du jeu brillant, précis et délicat du pianiste.

Sur la superbe mélodie de Roma nun fa’ la stupida stasera composé par Armando Trovaioli, le soprano captive l’oreille qu’il enivre par la magie de son timbre et ses aigus flamboyants. Sur un rythme de Jazz New-Orleans, le quintet insuffle une dimension festive à La dolce vita écrite par le compositeur Nino Rota pour le film « La Dolce Vita » (1960) de Fedérico Fellini. Alors que la trompette ponctue son jeu d’effets de glissando, au soprano, le saxophoniste s’exprime avec une sonorité droite et pleine avec le piano en contrepoint.

On ne résiste pas à l’écoute de Via con me, la chanson de Paolo Conte transfigurée par l’arrangement orchestral des soufflants survoltés et du piano inspiré et les exaltantes improvisations collectives. Un grand moment !

Le climat change du tout au tout sur Una lacrima sul viso de Bobby Solo. Sur cette mélodie d’amour, l’alto et le piano s’expriment avec un tendre lyrisme et le jeu étincelant de Stéfano Di Battista redonne de la splendeur à ce titre. Sur la ballade Sentirsi solo écrite par Piero Umiliani pour « Fiasco in Milan », l’alto et la trompette recréent l’atmosphère mélancolique, dépouillée et captivante d’un film noir, un univers sonore qui n’est pas sans évoquer celui de Chet Baker lorsqu’il jouait le thème avec Piero Umiliani.

Stefano Di Battista chante littéralement dans son alto sur la version que le quintet donne de Volare de Domenico Modugno. A l’alto, il apporte un souffle de fraîcheur. Son discours est limpide et son propos d’une clarté et d’une tendresse inimitables. Il apporte même un brin d’exaltation dans son interprétation allant jusqu’au paroxysme dans les aigus. Le soprano métamorphose ensuite La califfa, la composition d’Ennio Morricone à laquelle il redonne vie. Un délicat enchantement.

Plus tard, le quintet sublime Amarcord, composé par Nino Rota pour le film de Federico Fellini. Le groove et le swing sont au rendez-vous sur le thème qu’exposent les soufflants. Les improvisations successives font de superbes incursions dans le monde du bop.

L’album se termine avec une version magnifique de Caruso écrite en 1986 par Lucio Dalla. Dimension orchestrale subtile mais avérée, sonorité majestueuse de la trompette, envolées étincelantes du soprano, accords mélancoliques du piano. Un moment sensible, nostalgique et irrésistible !

Pour écouter live la musique de « La Dolce Vita » avec Stefano Di Battista (saxophones), Matteo Cutello (trompette), Fred Nardin (piano), Daniele Sorrentino (contrebasse) et André Ceccarelli (batterie), quelques rendez-vous se profilent : le 14 juin 2024 à 20h30 à Hardelot dans le cadre du Jazz’Opale Festival, le 07 juillet 2024 à 21h à Grabels dans le cadre de L’Instant Jazz à Grabels et le 27 juillet 2024 à 20h à Dinant dans le cadre du Dinant Jazz Festival.

Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »

Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »

Sur son nouvel album « Le Sable et l’Écume », Titi Robin présente un répertoire original composé pour Titi Robin Quatuor, sa nouvelle formation instrumentale. Un projet instrumental porté par les sublimes échanges de quatre musiciens hors pair. La musique s’inscrit dans une culture radicalement modale et polyrythmique. La prise de risque artistique est à la mesure de l’enjeu esthétique. Un projet modal, hors mode et radical.

lire plus
Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988

Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988

Le label Storyville Records prévoit la sortie d’un double-album inédit de Michel Petrucciani, « Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988 ». Annoncé pour le 15 novembre 2024, cet opus inédit permet d’écouter le pianiste entouré de Gary Peacock et de Roy Haynes. Du jazz intemporel qui allie lyrisme, sensibilité et virtuosité.

lire plus
« Django! »… Baptiste Herbin en trio sans guitare

« Django! »… Baptiste Herbin en trio sans guitare

C’est un véritable défi que réussit le saxophoniste Baptiste Herbin avec « Django! » sur lequel il revisite l’univers de Django Reinhardt, en trio trio saxophone, contrebasse, batterie. Sans guitare, l’album restitue l’essence de la musique du fameux guitariste manouche. Échanges énergiques, fulgurances virtuoses, valses enivrantes, exubérances et silences, tout concourt à faire de cet album absolue une réussite qui allie innovation et tradition. 

lire plus