Le contrebassiste Mauro Gargano signe « Feed »

Le contrebassiste Mauro Gargano signe « Feed »

Musique, nourriture de l’âme

En 2021, le contrebassiste et compositeur Mauro Gargano propose « Feed », un nouvel album enregistré en trio avec le pianiste italien Alessandro Scobbio et le batteur français Christophe Marguet. Huit plages d’un jazz moderne et exigeant dont les vibrations poétiques nourrissent l’âme et irriguent l’imaginaire de rêveries singulières.

visuel de l'album Feed de Mauro GarganoAprès le fort raffiné et poétique « Nuages » sorti en 2020, le contrebassiste Mauro Gargano revient le 07 mai 2021 avec « Feed » (Diggin Music Prod/Absilone Socadisc). Composé entre avril et septembre 2020, le répertoire de l’album reflète les réflexions du leader lors de la première vague de la pandémie.

En trio avec le pianiste Alessandro Sgobbio et le batteur Christophe Marguet, le compositeur et contrebassiste Mauro Gargano propose huit pistes d’une musique sans concession où alternent tensions collectives et expressions individuelles. Son écoute réactive le souvenir de ces moments étranges où regarder par la fenêtre était le seul voyage possible et où la musique nourrissait les rêves d’évasion vers un monde libéré des contraintes imposées par le virus.

Enregistré à Paris où réside Mauro Gargano depuis des années, « Feed » délivre des sonorités chargées d’énergie, de surprises et d’espoir.

En ouverture de l’album, Feed se donne à découvrir au fil de 7’26 d’une musique ondulatoire pleine de surprises. A partir d’un motif répétitif de la contrebasse, le piano soutenu par une batterie au jeu tellurique déverse des torrents d’arpèges vibratoires. Après un début tout en hésitation, le titre offre une structure solide dont les débordements rythmiques stimulent l’oreille et enchantent l’écoute. Telle une nourriture mentale apéritivante, Feed ouvre l’envie de découvrir l’album plus avant.

Full Brain installe ensuite une étrange atmosphère. Débutée sur un tempo lent avec des volutes pianistiques tout en suspension et un accompagnement rythmique déstructuré sur des mesures impaires, cette seconde plage musicale s’enflamme en un crescendo rythmique. Contrebasse et piano rivalisent de puissance et réitèrent chacun de son côté un thème trituré inlassablement presque jusqu’à la saturation. Étrangement, cela fait écho à ces pensées redondantes et presque obsessionnelles qui ont pu envahir l’esprit de nombre de personnes confinées.

Plus loin sur l’album, Keep Distance déploie une structure hypnotique imprégnée d’une mélancolique beauté. Le jeu dépouillé du piano et l’accompagnement minimalisme des balais sur les peaux des tambours évoque l’introspection et suggère cette distanciation qui coupe les liens si l’on n’y prend pas garde. Après les tonalités plutôt sombres du début, on se laisse enivrer par les fluctuations du rythme et de l’intensité musicale induite par le jeu répétitif du piano porté par les impulsions de la rythmique. Sur Look Beyond the Window, le titre suivant, le trio engage à porter le regard plus loin. Il instaure d’abord un climat sonore pastoral puis fait évoluer l’atmosphère vers un groove où les synthés sont stimulés par une pulsation rythmique aux accents enrockés. Sans doute le compositeur veut-il ainsi augurer ainsi des ailleurs et des lendemains porteurs d’espoirs… on veut y croire avec lui.

Outre ces propositions musicales en lien avec le contexte sanitaire actuel, Mauro Gargano dédie deux pièces au désastre sanitaire, écologique et social qui touche la région des Pouilles dont il est originaire. Il reprend le thème Pasolini gravé sur « Nuages » et le renomme Ilva’s Dilemma en hommage au peuple de Tarente où l’aciérie d’Ilva a engendré une pollution source d’une catastrophe environnementale. Aujourd’hui ni le repreneur ni l’état italien ne consentent à sécuriser la production pour relancer l’économie tout en préservant la santé de la population. Après une introduction morose, le trio dessine une atmosphère singulière et la musique va crescendo. Le piano éloquent s’enflamme stimulé par le jeu sombre et réitératif de la contrebasse et celui et par celui de la fougueuse batterie. Pour Mauro Gargano, cette composition évoque « la musique des processions des « Mystères » jouées par les “bande municipali” de [s]a région pendant Pâques ». Dans la même veine, The Red Road fait référence à la poussière mortelle qui a pollué et coloré de rouge Tarente. Le morceau se termine par le chant désespéré de la contrebasse après que piano et batterie font résonner un chant qui évoque un tocsin funèbre. Mauro Gargano a composé ce morceau 2 heures en travaillant une étude basée sur les intervalles de neuvième et treizième à la contrebasse. Le titre est dédié à Lorenzo Zaratta, enfant de 5 ans mort d’un type de cancer du cerveau provoqué par la pollution.

En préambule de Lost Wishes, la contrebasse à la sonorité boisée développe une mélopée bluesy sur laquelle se greffe le jeu harmonieux du piano et le drive espiègle et inventif de la batterie. Le contrebassiste confie avoir « essayé d’écrire une chanson de Noël pour ces moments très spéciaux ». Ce thème lent souligné par le chant profond de contrebasse ménage des échappées très libres au piano.

L’album se termine avec le titre Secret Garden dédié au pianiste Gianni Lenoci (1963-2019). Composition originale, le morceau porte le même nom que celle gravée par pianiste disparusur l’album éponyme sorti en 2011. Sur la contrebasse l’archet développe une mélodie évanescente alors que le piano s’exprime comme en flottaison sur un continuum d’accompagnement des balais. Une improvisation collective se développe sur « une série de petits Haiku mélodiques » combiné « dans le cadre d’une improvisation collective plus étendue » avec répétition de « petits motifs rythmiques, toujours répétés avec de petites variations ». … climat épuré, notes raffinées du piano, sombre sonorité de la contrebasse. Une conclusion intime et poétique.

Après avoir apprécié l’album, on espère pouvoir se nourrir très vite de la musique du trio avec la réouverture prochaine des clubs et salles de concert. En conclusion, cette vidéo enregistrée à l’Institut Culturel Italien de Paris constitue une belle mise en oreille et … en appétit.

Anne Paceo revient avec « S.H.A.M.A.N.E.S »

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Au fil des douze pistes de « S.H.A.M.A.N.E.S », la batteuse, chanteuse, autrice et compositrice Anne Paceo invite à un voyage à la fois introspectif et ouvert sur le monde, celui d’un chamanisme intemporel. Elle réinvente sa musique et la projette sur les ailes d’un oiseau, de l’aube à la nuit, des astres à la terre. Au centre de l’album, percussions et voix tissent un voile lumineux et apaisant.

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Romain Pilon signe « Falling Grace »

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Improvisateur inspiré et figure incontournable du jazz européen, Romain Pilon revient avec « Falling Grace », son 5ème disque en tant que leader. Avec un répertoire consacré à des standards de jazz qui l’ont marqué, le guitariste propose un opus à la fois aérien et limpide, subtil et dense. Avec élégance et sans étalage de virtuosité, la musique respire.

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Nuits de Fourvière 2021 – La programmation

Nuits de Fourvière 2021 – La programmation

Le festival fête son 75ème anniversaire

​Malgré le contexte sanitaire particulier, les Nuits de Fourvière 2021 donnent rendez-vous à leur public du 1er juin au 30 juillet. Pour son 75ème anniversaire, le festival international de la Métropole de Lyon annonce 60 jours, 9 créations, 8 coproductions, 2 premières françaises. Une affiche prometteuse !

Affichedes Nuits de Fourvière 2021Avec ses gradins en plein air et ses places assises, le festival international de la Métropole de Lyon répond aux exigences gouvernementales pour accueillir des spectacles publics en cette période particulière. Toute l’équipe des Nuits de Fourvière est restée mobilisée pour travailler à l’adaptation du festival au contexte sanitaire.

Après l’annulation de son édition 2020, le festival des Nuits de Fourvière 2021 annonce une programmation alléchante dont le contenu a été dévoilé le 03 mai à partir de 11 heures.

Cette année les Nuits de Fourvière associent leur image au photographe Ken Hermann.

Avec 75 ans au compteur, les Nuits de Fourvière comptent parmi les plus anciens festivals de France. Du 1er juin au 30 juillet 2021, le festival international de la Métropole de Lyon propose 35 spectacles de théâtre, danse, musique, opéra, cirque et 66 représentations.

Danse

Prévue initialement en septembre 2020, la Biennale de la Danse 2020 a été reportée au mois de juin 2021. Dominique Delorme (directeur des Nuits de Fourvière) et Dominique Hervieu (directrice de la Biennale de la danse) associent les deux évènements. Ainsi, le festival des Nuits de Fourvière 2021 ouvre les 01 et 02 juin avec Alarm clocks, spectacle de la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin avec la chanteuse Camille, une chorégraphie réalisée en coproduction avec la Biennale de la danse. Sans oublier le fameux défilé de la Biennale de la Danse organisé dans le cadre de la Saison Africa2020. Contexte sanitaire oblige, il quitte les rues de Lyon pour la scène du Grand Théâtre, les 05 & 06 juin.

La collaboration des deux festivals se poursuit avec Josef Nadj qui présente pour la première fois en France, Omma (09 & 10 juin) et elle se termine, entre danse et musique, avec Room With A View (13 & 14 juin) de RONE et (LA)HORDE en compagnie des danseurs du Ballet national de Marseille.

Entre opéra, tango, cirque et danse

En collaboration avec l’Opéra National de Lyon, la compagnie Circa présente « María de Buenos Aires », l’opéra tango du compositeur Astor Piazzolla. Sur un livret écrit par Horacio Ferrer, la mezzo-soprano Wallis Giunta et le baryton Luis Alejandro Orozco seront soutenus par un orchestre de tango renforcé par l’Orchestre national d’Auvergne et entourés de dix acrobates et de danseurs.

Théâtre

Les élèves de la 80ème promotion de l’ENSATT proposent « Leurs enfants après eux » de l’écrivain Nicolas Mathieu dans une mise en scène de Simon Delétang (25 juin au 06 juillet). Les Comp. Marius font partie de la grande famille d’artistes associés au festival. Ils reviennent à l’Odéon (du 18 au 20 juin) pour faire renaître Les Enfants du Paradis de Jacques Prévert.

Sans oublier Antigone à Molenbeek et Tirésias, créé par Guy Cassiers avec le Quatuor Debussy (du 11 au 13 juin) au théâtre de la Renaissance. On note aussi la venue des tg STAN avec Poquelin II (du 12 au 14 juillet), d’après Molière. Au Théâtre du Point du Jour, Sonia Bester est aussi de la partie, avec Comprendre, une création théâtrale et musicale avec restitution de son immersion à l’hôpital des Massues (du 17 au 20 juin).

Musique

Au regard de la situation sanitaire internationale, les têtes d’affiche internationales se font rares. On note parmi eux Asaf Avidan (01 juillet), quelques autres et le groupe écossais Mogwaï avec qui se termine l’édition 2021 (30 juillet).

En revanche, les artistes français et francophones sont nombreux. Auréolés de leurs récentes Victoires de la musique sont annoncés Benjamin Biolay (06 et 07 juillet) et Pomme (27 & 28 juillet). Il faut aussi compter avec Alain Souchon (28 & 29 juin), Catherine Ringer (19 juillet), Woodkid (20, 21 & 22 juillet), Philippe Katerine (03 juillet), Stephan Eicher (11 juillet), Jane Birkin et Louis Chedid (02 juillet).

Sans oublier plusieurs propositions orchestrales dont la Symphonie n°9 de Beethoven avec l’Orchestre National de Lyon sous la direction de Ben Glassberg (09 juillet) ainsi que François Morel et son complice Antoine Sahler avec l’orchestre du Conservatoire à rayonnement régional (04 juillet).

Musiques du Monde & Jazz

Plusieurs rendez-vous vont faire le bonheur des amateur.trice.s de Musiques du Monde et de Jazz.

Musiques du Monde

  • le 07 juin à 18h30 au Grand Théâtre, l’ensemble Al-Kindî et les derviches tourneurs de Damas sont précédés du trio 3MA (MAli, MAroc, MAdagascar) qui réunit Ballaké Sissoko (kora), Driss El Maloumi (oud), Rajery (valiha),

  • le 25 juin à 19h30 au Musée des Confluences, est proposé Polyphonie-Polyfolie, un opéra d’Afrique Centrale de Camel Zekri (composition, guitare) entouré de Chœurs des Pygmées Aka de la Lobaye et Trompes Ensemble Ongo-Brotto de Bambarile. Cette création est prolongée par la projection de Makongo, du cinéaste centrafricain Elvis Sabin Ngaï,
  • le 10 juillet à 20h30, dans une soirée avec Orange Blossom, la joueuse de kora Sona Jobarteh va mêler les styles musicaux, tout en restant fidèle à la culture mandingue,
  • le 24 juillet, pour les 30 ans du CMTRA, le Carioca João Selva, récemment installé à Lyon, ouvre la soirée et présente le répertoire de son nouvel album  » Navegar ». Place ensuite au sextet turco-néerlandais Altin Gün qui mêle, sonorités pop-rock et éléments de musique traditionnelle turque.

Jazz

  • le 15 Juin à 20h00, le Grand Théâtre accueille la « Nuit du Jazz Italien ». Figure légendaire du jazz depuis cinquante ans, le trompettiste Enrico Rava vient à la tête d’un sextet composé de Giovanni Guidi (piano), Francesco Diodato (guitare), Francesco Bearzatti (saxophone, clarinette), Gabriele Evangelista (contrebasse) et Enrico Morello (batterie). Autour de son projet « Morricone Stories », le saxophoniste Stéfano Di Battista rend quant à lui hommage au Maestro Ennio Morricone avec à ses côtés, Fred Nardin (piano), Daniele Sorrentino (contrebasse) et André Ceccarelli (batterie),

  • le 30 juin à 20h30, au Grand Théâtre, c’est le retour d’un habitué du festival, le vocalchimiste André Minvielle, (chant, percussions, objets divers…). Dans un premier temps il retrouve ses compagnons Bernard Lubat - Malpoly instrumentiste (piano, accordéon, batterie, chant…) et Fabrice Vieira (guitare). Place ensuite au Valletti Quinteto qui réunit autour de Serge Valletti (voix), André Minvielle (percussions, voix, arrangements), Raphaël Imbert (saxophones, clarinette basse, arrangements), Vincent Beer-Demander (mandoline, mandole, arrangements) et Grégory Daltin (accordéon, arrangements) sur des compositions d’Elisabeth Valletti,
  • le 05 juillet à 21h30, la chanteuse, pianiste et guitariste Mélody Gardot va venir présenter le répertoire de son nouvel opus « Sunset in the Blue » (Decca Records) au Grand Théâtre. Sur la même scène, va se produire la pianiste, chanteuse, auteure et compositrice Macha Gharabian dont la musique méditative est chargée d’allégresse,

  • le 11 juillet à 19h30, à 19h30, à l’Amphi de l’Opéra de Lyon, une soirée en deux parties rend hommage au guitariste Henri Crolla. Elle propose d’abord de découvrir le guitariste en visionnant « Le bonheur est pour demain », un film d’Henri Fabiani de 1960 qui réunit Crolla et le jeune Jacques Higelin. Puis c’est un concert présenté par Dominique Cravic (guitare, chant) et Les Primitifs Du Futur avec Claire Elzière (chant), Fay Lovsky (scie musicale, thérémine, vibraphone, violoncelle, instruments divers), Christophe Lampidecchia (accordéon) et Mathilde Febrer (violon),
  • le 18 juillet à 20h30, le Grand Théâtre accueille Stefano Bollanni. Après son succès de 2017 à l’Odéon, le pianiste revient en piano solo pour revisiter l’opéra « Jesus Christ Superstar ». La soirée voit aussi le retour de Thomas de Pourquery, déjà accueilli à l’Odéon en 2018 pour un hommage à Nougaro avec Minvielle et Babx. Cette fois, le saxophoniste, compositeur et chanteur vient à la tête de son Supersonic qui réunit ses fidèles compagnons Arnaud Roulin (piano, synthétiseur), Fabrice Martinez (trompette, bugle, voix), Laurent Bardainne (saxophone ténor, chant), Frederick Galiay (basse, chant) et Edward Perraud (batterie, chant). Vibrations explosives en perspective !

Tous les spectacles des Nuits de Fourvière 2021 sont annoncés en format assis et la programmation reste soumise à l’évolution de la situation sanitaire. La billetterie des Nuits de Fourvière 2021 ouvre le 04 mai à partir de 12h. Plus d’informations ICI concernant le protocole sanitaire et ICI pour la programmation exhaustive du festival.

Anne Paceo revient avec « S.H.A.M.A.N.E.S »

Anne Paceo revient avec « S.H.A.M.A.N.E.S »

Au fil des douze pistes de « S.H.A.M.A.N.E.S », la batteuse, chanteuse, autrice et compositrice Anne Paceo invite à un voyage à la fois introspectif et ouvert sur le monde, celui d’un chamanisme intemporel. Elle réinvente sa musique et la projette sur les ailes d’un oiseau, de l’aube à la nuit, des astres à la terre. Au centre de l’album, percussions et voix tissent un voile lumineux et apaisant.

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Romain Pilon signe « Falling Grace »

Romain Pilon signe « Falling Grace »

Improvisateur inspiré et figure incontournable du jazz européen, Romain Pilon revient avec « Falling Grace », son 5ème disque en tant que leader. Avec un répertoire consacré à des standards de jazz qui l’ont marqué, le guitariste propose un opus à la fois aérien et limpide, subtil et dense. Avec élégance et sans étalage de virtuosité, la musique respire.

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Retour de Sébastien Texier & Christophe Marguet 4tet

Retour de Sébastien Texier & Christophe Marguet 4tet

« We Celebrate Freedom Fighters ! »

Trois ans après « For Travellers Only », Sébastien Texier & Christophe Marguet reviennent avec leur deuxième album, « We Celebrate Freedom Fighters ! ». Avec Manu Codjia et François Thuillier, ils célèbrent des combattants qui ont lutté pour la liberté. Un hommage musical rendu à ces femmes et hommes engagés contre toute forme d’obscurantisme, de discrimination, d’exclusion et d’injustice. En cette période perturbée, cet hymne à la liberté résonne avec une grande force.

Sur leur nouvel album « We Celebrate Freedom Fighters ! », le saxophoniste et clarinettiste Sébastien Texier et le batteur Christophe Marguet reviennent avec leurs fidèles compagnons, le guitariste Manu Codjia et le tubiste François Thuiller. Après un voyage imaginaire proposé en 2018 sur « For Travellers Only » (Cristal/Sony Music Entertainment), le quartet invite cette fois à célébrer dix « Freedom Fighters », cinq femmes et cinq hommes qui se sont distingués pour leur engagement et leur lutte pour la liberté.

Deux compositeurs et un quartet

Le programme de « We Celebrate Freedom Fighters ! » (Cristal Records/Believe) sorti le 30 avril 2021, rend hommage au courage et à la dignité de dix fortes personnalités.

Sébastien Texier & Christophe Marguet 4tet

Sébastien Texier & Christophe Marguet 4tet©Jérôme-Prebois

Dix combattants engagés contre l’esclavagisme, le fascisme, la ségrégation raciale, pour la liberté d’expression, la défense des droits de l’homme, des femmes, le droit à l’avortement, combat contre l’asservissement au travail, pour les peuples premiers, pour la vérité : Claudia Andujar, Aimé Césaire, l’inconnu de Tian’anmen, Louis Coquillet, Gisèle Halimi, Rosa Parks, James Baldwin, Sitting Bull, Olympe de Gouges et Simone Adolphine Weil.

Pour raconter et exprimer la force et l’engagement de ces héros, le répertoire intégralement composé par Sébastien Texier & Christophe Marguet conserve les couleurs singulières déjà appréciées sur « For Travellers Only », le premier album du quartet.

Sur « We Celebrate Freedom Fighters ! » la clarinette et l’alto s’envolent, la batterie donne le rythme et caractérise les atmosphères, la guitare brille par ses chorus expressifs et le tuba insuffle son énergie.

Au fil des combats

Quatre compositions de Sébastien Texier et cinq autre de Christophe Marguet célèbrent les soldats de la Liberté.

Sur un riff du tuba débute Yanomami’s Dance dédié à la photographe brésilienne Claudia Andujar (née en 1931) qui, depuis les années 1970, voue sa vie à la photographie et à la défense des Yanomami, peuple amérindien de l’Amazonie brésilienne. Sur un rythme soutenu, alto et guitare déroulent le thème puis l’alto densifie son expression et élève ses phrases sinueuses auquel répond un chorus atmosphérique et fluide de la guitare. La dynamique rythmique rappelant les battements des tambours indiens s’allège durant le solo enchanteur du tuba.

Le répertoire continue avec Aime ces airs, un pamphlet musical joyeux dédié à Aimé Césaire. Sur un rythme de calypso, alto et guitare chantent en hommage à l’inventeur du concept de la négritude qui prône l’identité noire et sa culture. Après un chorus glorieux du tuba et un court solo de batterie, le quartet invite à suivre la parade derrière lui. Dédicacé à l’Inconnu de Tian’Anmen posté seul devant les chars de l’armée chinoise venus réprimer le mouvement du peuple chinois, Elégie résonne comme une complainte recueillie. Les solistes font succéder leurs chants poignants et sobres.

Plus tard, le ton change du tout au tout avec le blues funky tout droit inspiré des années 70 et intitulé Another Country. Cet hommage à l’écrivain James Baldwin (1924-1987) engagé aux États-Unis dans le mouvement contre le racisme et pour les droits civiques et réfugié en France à Saint-Paul de Vence. La guitare fulmine d’étincelles de révolte et l’incandescent alto le rejoint alors que le tuba explose de colère sur un tempo groovy. P’tit Louis célèbre ensuite Louis Coquillet (1921-1942), le cheminot communiste parisien fusillé par l’occupant nazi. La clarinette à la sonorité de velours illumine le morceau de sa virtuosité mélancolique alors que la guitare se fait plus incisive, comme pour signifier l’engagement du résistant.visuel de l'album We Celebrate Freedom Fighters! de Sébastien Texier & Christophe Marguet

C’est sur un bruissement de cymbales que débute Liberté farouche dédié à Gisèle Halimi (1927-2020), infatigable combattante pour la cause des femmes et le droit à l’avortement. Empreinte d’une tendresse nostalgique, la ballade étire le chant de l’alto et les pleurs de la guitare.

Pour honorer la mémoire de Rosa Parks (1913-2005), égérie non violente du mouvement national de défense des droits civiques, Serenade for Rosa se charge de délicatesse et d’émotions. Alto et guitare conjuguent leur sensibilité musicale et offrent une interprétation dont les nuances enchantent. Avec Tatanka Iyotake, le quartet adopte un langage plus tourmenté qui témoigne de la vigueur de Sitting Bull (1831-1890), le fameux chef de tribu et médecin sioux qui demeure une des principales figures de la résistance amérindienne face à l’armée américaine au 19ème siècle et qui a défait le général Custer à la célèbre bataille de Little Big Horn. Le jeu orageux de l’alto et la guitare enflammée chevauchent le tempo débridé impulsé par le tuba et la batterie qui évoquent les charges musclées des combattants.

Avec L’insoumise à mort, le quartet fait ensuite une révérence musicale à Olympe de Gouges (1748-1793) qui a revendiqué la liberté de la femme, soutenu mouvement de défense des droits de la femme et payé son combat de sa vie sur l’échafaud. Alto et tuba lui élèvent une douce prière qui, avec le solo de guitare se transforme en un manifeste énergique. Le répertoire se poursuit avec L’obsession de la vérité dont la relative pesanteur restitue l’engagement politique dont n’a eu cesse la philosophe Simone Weil (1909-1943) dans son combat contre tous les totalitarismes. Alors que le battement incessant des baguettes sur les cymbales évoque la persévérance inouïe de cette combattante humaniste, la mélodie lumineuse jouée par l’alto et la guitare caressante laisse entrevoir une lumière d’espérance.

L’album se termine avec Freedom Fighters, véritable dédicace à tous les combattants de la liberté. Un vent musical organique souffle sur cet hymne groovy qui balance entre spleen et blues.

Section rythmique redoutable d’efficacité, solistes lyriques et inspirés, interprétation riche en nuances, tout concourt à sublimer un propos dont la force narrative est indéniable. Sébastien Texier & Christophe Marguet honorent avec Manu Codjia et François Thuillier, les combattants de la liberté. Une musique lumineuse qui glorifie la lutte pour la liberté, invite à ne pas oublier celles et ceux qui ont combattu pour elle et engage à poursuivre leur combat.


Anne Paceo revient avec « S.H.A.M.A.N.E.S »

Anne Paceo revient avec « S.H.A.M.A.N.E.S »

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Romain Pilon signe « Falling Grace »

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Jazz à Vienne 2021 dévoile les derniers noms

Jazz à Vienne 2021 dévoile les derniers noms

… au final, 18 soirées et 8 Cartes Blanches

Avec l’annonce de quatre nouvelles soirées du Théâtre Antique, le festival « Jazz à Vienne » dévoile les derniers noms de son affiche désormais complète. Au final, la programmation a de quoi réjouir un large public autour de cette édition anniversaire prévue du 23 juin au 10 juillet 2021.

Jazz à Vienne 2021 dévoileAprès avoir révélé début avril 2021 la programmation de 14 soirées sur les 18 soirées de la 40ème édition du festival Jazz à Vienne, le 27 avril, les organisateurs dévoilent les noms des artistes programmés durant les 4 autre nuits : une soirée New Generation le 24 juin 2021, une soirée Brésil le 26 juin 2021, une soirée Funk le 03 juillet 2021 et la venue du Jazz at Lincoln Center Orchestra avec Wynton Marsalis précédé du Belmondo Quintet le 08 juillet.

Certes les soirées se tiendront en configuration assise avec une jauge réduite mais l’essentiel réside vraiment dans le fait que le festival ait lieu.

A n’en pas douter, le public l’a compris et est déjà au rendez-vous. En effet, 57 jours avant le début du festival, les Pass 7 soirées sont épuisés et la soirée du 28 juin avec Ibrahim Maalouf & Erik Truffaz du 28 juin est déjà complète. Des places sont encore disponibles pour le deuxième concert d’Ibrahim Maalouf & Laurent Bardainne le 27 juin. La billetterie est ouverte pour les autres soirées de la 40ème édition de Jazz à Vienne parmi lesquelles les quatre nouvelles soirées à découvrir ci-après.

24 juin 2021

Pour cette soirée New Generation, la scène du Théâtre Antique accueille trois groupes.

Le pianiste Gauthier Toux, Lauréat Talent Adami Jazz 2021 et son groupe For A Word composé de la chanteuse Léa Maria Fries, du batteur Valentin Lietchi et du bassiste Julien Herné invitent Nils Petter Molvaer. Ensemble, ils présentent un projet créé à partir de compositions de Gauthier Toux. Un live inédit qui réunit générations de la scène européenne, l’une pionnière d’une exploration musicale intransigeante, l’autre son héritière.

Le pianiste Tigran Hamasyan n’a eu cesse de renouveler ses sources d’inspirations et d’enrichir son monde intérieur de nouvelles couleurs. Lors de ce concert, il propose au public de Vienne un concert inédit où il présente pour la première fois sur scène, son dernier album « The Call Within ». A la tête de son trio, il sera entouré de Marc Karapetian (basse) et Arthur Hnatek (batterie).

Depuis sa création, au milieu des années 2000, le Portico Quartet a proposé une musique en constante évolution. Le groupe londonien fait partie de ces groupes inclassables qui séduit autant qu’il étonne. Leur nouvel album « Terrain » annoncé pour mai 2021, se déroule en trois mouvements et propose une méditation sur les temps actuels. Ambiances à savourer entre musique électronique et minimalisme américain.

26 juin 2021

Au Théâtre Antique, la Soirée Brésil se déroule en deux parties.Jazz à Vienne 2021 dévoile Luca SanttanaJazz à Vienne 2021 dévoile Seu Jorge & Rogê

Amis de longue date, Seu Jorge & Rogê font partie de ces grands noms de la MPB (Música Popular Brasileira). Leur premier passage en duo sur la scène du Théâtre Antique devrait permettre au public de les découvrir.

Pour sa Carte Blanche, le brésilien Lucas Santtana invite le chanteur et guitariste João Selva installé à Lyon et le saxophoniste français Baptiste Herbin dont le Brésil est devenu la terre d’adoption. Avec le neveu de Tom Zé et héritier du mouvement tropicaliste, la soirée promet des moments riches en surprises.

03 juillet 2021

Pour la Soirée Funk, deux stars du style se partagent la scène du Théâtre AntiqueJazz à Vienne 2021 dévoile Martha High.Jazz à Vienne 2021 dévoile Maceo Parker

Après 1991, 1995, 2005 et 2015, l’inaltérable Maceo Parker n’en est pas à sa première venue à Jazz Vienne. Avec son saxophone, il va une fois de plus célébrer la musique qu’il aime et pratique avec fougue et talent, celle dont la soirée porte le nom la soirée, le Funk.

C’est à celle qui fut la choriste de James Brown avant de trouver sa propre voie et de devenir la déesse de la soul que revient l’honneur d’ouvrir la soirée… Marta High, avec à ses côtés, le trio Soul Cookers.

08 juillet 2021

Format en deux parties pour cette soirée où vont se succéder un quintet et un big band.

Jazz à Vienne 2021 dévoile Wynton MarsalisJazz à Vienne 2021 dévoile Belmondo QuintetDepuis 1981 où le public de Jazz à Vienne l’a découvert aux côtés de Herbie Hancock, Ron Carter et Tony Williams, on compte plus le nombre de fois où le trompettiste Wynton Marsalis a embouché sa trompette sur la scène principale de Jazz à Vienne. À bientôt 59 ans, il continue à porter haut le flambeau de la musique qu’il défend tout autour du globe et ce soir là, face aux gradins du Théâtre de Vienne et à Notre Dame de Pipet, il est annoncé avec son légendaire Jazz at Lincoln Center Orchestra.

La première partie de soirée est assurée par le Belmondo Quintet qui réunit autour de Lionel Belmondo(saxophones ténor et soprano, flûte) et Stéphane Belmondo (trompette, bugle) le pianiste Eric Légnini, le contrebassiste Sylvain Romano et le batteur Tony Rabeson. En mars 2021, le quintet a fait son retour dans les bacs de disques avec leur cinquième opus intitulé « Brotherhood ». Il y a fort à parier que le public de Vienne apprécie le répertoire de ce nouvel album fort inspiré.

En définitive, si la situation sanitaire ne se dégrade pas, Jazz à Vienne 2021 propose 18 soirées avec 8 cartes blanches. Pour plus de précision, l’intégralité de la programmation du festival est à consulter ICI.

Anne Paceo revient avec « S.H.A.M.A.N.E.S »

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Au fil des douze pistes de « S.H.A.M.A.N.E.S », la batteuse, chanteuse, autrice et compositrice Anne Paceo invite à un voyage à la fois introspectif et ouvert sur le monde, celui d’un chamanisme intemporel. Elle réinvente sa musique et la projette sur les ailes d’un oiseau, de l’aube à la nuit, des astres à la terre. Au centre de l’album, percussions et voix tissent un voile lumineux et apaisant.

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Romain Pilon signe « Falling Grace »

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Improvisateur inspiré et figure incontournable du jazz européen, Romain Pilon revient avec « Falling Grace », son 5ème disque en tant que leader. Avec un répertoire consacré à des standards de jazz qui l’ont marqué, le guitariste propose un opus à la fois aérien et limpide, subtil et dense. Avec élégance et sans étalage de virtuosité, la musique respire.

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Clin d’œil à Isfar Sarabski & « Planet »

Clin d’œil à Isfar Sarabski & « Planet »

Savant mélange d’énergie et d’émotions

Le pianiste, compositeur et arrangeur, Isfar Sarabski présente son album « Planet ». A la tête d’un trio piano-basse-batterie, le musicien virtuose s’entoure aussi sur certains titres d’un orchestre à cordes. Il propose une musique qui crée des ponts entre jazz, mugham et musique classique. Quelques moments chargés d’émotion parsèment cet album détonnant d’énergie.

couverture de l'album Planet du pianiste Isfar SarabskiVirtuose du clavier, le pianiste Isfar Sarabski est venu au jazz après une solide formation classique. Sur son album « Planet » à sortir le 30 avril 2021 chez Warner Music, il a réuni à ses côtés le pianiste Alan Hampton et le batteur Mark Guiliana.

Propulsé par cette rythmique détonante, il déploie une grande énergie sur son clavier et jongle avec les octaves. Par bonheur, quelques moments sensibles constituent d’appréciables parenthèses de calme qui tempèrent la fougueuse effervescence du pianiste.

Isfar Sarabski

Né en 1989 à Bakou (Azerbaïdjan), Isfar Sarabski débute la pratique du piano vers l’âge de 3 ans. En 2007, il intègre la Bulbul Music School puis l’Académie de musique de Bakou dans la classe de piano de Farhad Badalbeyli. De cet enseignement il apprend la rigueur de l’univers du monde classique. Il bénéficie ensuite d’une bourse accordée par le Président de son pays et est nommé artiste honoraire de l’Azerbaïdjan. Ainsi, à 16 ans, le pianiste Isfar Sarabski est déjà un jeune espoir prometteur qui se produit dans son pays mais aussi en Norvège et en Russie.

Rien de très étonnant, car la musique est en quelque sorte inscrite dans l’ADN de cet artiste issu d’une famille de musiciens. Il est en effet l’arrière-petit-fils d’Huseyngulu Sarabski, pionnier musical et immense star du monde musulman, chanteur (ténor) d’opéra, acteur et auteur de pièces de théâtre. Le jeune Isfar Sarabski grandit par ailleurs au milieu de la collection des vinyles de son père qui « … étaient littéralement [s]es jouets ».

“Je suis fasciné par les grands vinyles noirs… Je me souviens précisément de ce que j’ai ressenti la première fois que j’ai entendu les disques de Dizzy Gillespie ou les enregistrements des œuvres de Bach et de Chopin. A la première écoute j’ai senti qu‘il fallait que j’aille plus loin“. Isfar Sarabski

Isfar Sarabski

Isfar Sarabski©Peter Hönnemann

Ils ont contribué à sa culture et son esprit d’ouverture en direction du jazz, de l’opéra ou du mugham, ce genre musical traditionnel et savant de la musique azérie qui laisse une place prépondérante à l’improvisation. Il s’intéresse aussi aux chansons des artistes de sa génération tels que Jennifer Lopez, Christina Aguilera, Benny Benassi.

A l’issue de ses études au Berklee College of Music de Boston, Isfar Sarabski se présente à la Compétition de Piano Solo du 43ème Montreux Jazz Festival. Le 18 juillet 2009, il remporte le premier prix (ex æquo avec Beka Gochiashvili) et impressionne le jury par son interprétation phénoménale des compositions de Bill Evans. C’est d’ailleurs à cette occasion qu’il rencontre Quincy Jones, qui, depuis, ne tarit pas d‘éloges sur ce jeune prodige. L’année suivante, il reçoit le prix d’État de Zirva.

En 2011, le pianiste forme et dirige son propre trio avec les musiciens moscovites Alexander Mashin à la batterie et Makar Novikov à la basse. Avec eux, Isfar Sarabski se produit dans de nombreux festivals et salles de concert en Amérique du Nord, à l’Apollo Theatre de New York et dans de nombreux clubs de jazz en Europe, au club Ronnie Scott de Londres, au Duc des Lombards à Paris (en 2013) et à Paris en 2015 pour l’International Day of Jazz. Après 2016 joue au sein du groupe de Dhafer Youssef et tourne avec lui sur son projet « Birds Requiem » puis « Diwan Of Beauty And Odd » en Europe et en Océanie.

Fasciné par le monde de l’électro, Isfar Sarabski se rapproche des groupes phares de la scène électronique de Bakou et son intérêt pour la musique électrique se confirme puisqu’un album électro est aussi annoncé pour l’année 2021 après la sortie de son album « Planet » (Warner) dont la sortie est attendue pour le 30 avril 2021.

Au fil des pistes de « Planet »

Déjà vu ouvre l’album sur des arpèges pseudo classiques vite teintés d’une pointe de beat rock qui évolue en un air de jazz porté par le trio cinématique auquel s’allie l’énergique Main Stream Strings Ensemble dirigé par Lev Trofimov. Sur Limping Stranger, le trio ménage une accalmie dans le tempo et la puissance de son. La contrebasse et le piano font dialoguer leurs nostalgies respectives alors que la batterie les encourage et dynamise leurs échanges.

Swan Lake est le seul titre du répertoire qui n’est pas composé par Isfar Sarabski. En effet le pianiste et le trio livrent une version interprétée librement et peu commune du Lac des Cygnes de Tchaikovsky que le pianiste et son trio interprètent en 7/8 au lieu du 4/4 habituel, et avec une fougue qui peut en surprendre, voire en déranger plus d’un.e. Avec les cordes, Prelude verse ensuite son content de larmes et pourrait prétendre s’inscrire dans la B.O. d’un film romantique.

Transit advient alors avec plus de vigueur, les cordes passent à l’arrière-plan alors que batterie et piano s’octroient l’avant-scène et font alterner césures et reprises pêchues jusqu’à l’acmé final échevelé et haut en couleurs. Entre temps, le trio s’amuse et utilise le thème comme un terrain de jeu qu’il devienne musique d’ambiance ou serve de tremplin à leurs exploits. Plus loin, un lancinant leitmotiv repris dans les graves du clavier appelle le târ (luth d’Azerbaïdjan) de Shahriyar Imanovqui transfigure The Edge en une plainte dont les accents sont portés par la puissance des cordes. Le répertoire se poursuit avec une première version du titre Planet, un long solo de sept minutes où le leader expose sans retenue tout son savoir-faire sur le clavier.

Plus tard, G-Man condense toutes les influences du leader. Le morceau débute dans un idiome qui emprunte beaucoup au classique puis, porté par la rythmique, le tempo se fait plus rock et le trio balance du gros son. Un jazz qui fait taper du pied, osciller la tête en rythme et pourrait inviter le public à taper dans ses mains. Après cela, nul n’est censé ignorer que le pianiste maîtrise tous les styles dont il se réclame et qu’il exécute dans les grandes dimensions. Un morceau qui devrait soulever l’enthousiasme des foules !

Sur Novruz revient le târ et les cordes. Après un début énergique où le Baku Strings Quartet est aussi de la partie, le trio fait alterner souplesse et véhémence, jazz et influences traditionnelles azéries. Une fort belle manière d’évoquer Novruz, cette fête de la terre, de la lumière, du renouveau de la nature, cette date du 21 mars qui célèbre le printemps, ce novruz inscrit depuis 2009 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture. On imagine sans peine la liesse, les tables garnies de mets et les sauts de tous au-dessus des feux.

Une version orchestrale de Planet conclut l’opus. Dynamique et emphatique, elle emprunte ses codes à la B.O. d’un film, celui d’un pianiste venu d’Azerbaïdjan pour conquérir le jazz… ce qu’il a réussi avec brio d’ailleurs.

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