Le pianiste Laurent Coq propose « Confidences », son troisième album enregistré en trio piano-contrebasse-batterie. Un répertoire de huit compositions empreintes à la fois de poésie, de mélancolie et d’allégresse. Il serait dommage de se priver de ce jazz vibrant au lyrisme intense et à l’écriture singulière. Pas question donc que cette sortie se fasse sous le sceau du secret. « Confidences »… à partager largement !
Jazz Campus en Clunisois 2024 – Elina Duni & Rob Luft Band
Entre évanescence et effervescence.
A l’occasion de sa cinquième soirée, le Festival Jazz Campus en Clunisois 2024 investit de nouveau la scène du Théâtre les Arts de Cluny et accueille Elina Duni & Rob Luft Band. Accompagnée de son orchestre cosmopolite, la chanteuse vient présenter un répertoire multilingue qui mêle chansons traditionnelles albanaises et kosovares, chansons françaises, standards de jazz et compositions personnelles écrites avec le guitariste Rob Luft. Musique envoutante entre évanescence et effervescence.
Au Théâtre Les Arts de Cluny, la soirée du 21 août 2024 affiche « complet » pour la venue d’Elina Duni & Rob Luft Band. La chanteuse helvético-albanaise Elina Duni est entourée du compositeur et guitariste londonien Rob Luft, du contrebassiste Patrice Moret, du batteur Viktor Filipovski et du bugliste Matthieu Michel.
Avec eux elle présente un répertoire qui reprend quelques titres de son album « A Time To Remember » sorti en juin 2023 chez ECM.
Au programme de la soirée… générosité et partage, grâce et nostalgie, apaisement et ébullition.
Le concert débute par Absence, poème de l’écrivain Ismaïl Kadaré. Après la lecture du texte, la voix pure et aérienne de la chanteuse grimpe dans l’azur puis entame un scat en dansant, soutenue par la guitare qui enchaîne avec un solo. Le répertoire se poursuit avec un morceau traditionnel du folklore kosovare chanté dans les mariages. Une chanson du sud de l’Albanie évoque ensuite la paix trouvée dans la nature. Musique festive, rythmique composée, chorus enflammé de la guitare… les notes s’envolent !
« J’avoue j’en ai bavé pas vous, Mon amour… », le groupe propose une version d’abord langoureuse puis éruptive de La Javanaise de Gainsbourg. Souffle délicat du bugle qui gagne en puissance et échappe à la pesanteur au fur et à mesure de l’avancée du morceau, nappes de sons arpégés et réverbérés de la guitare, batteur aux balais puis scat sensuel de la chanteuse. Un moment musical riche en émotions.
Le répertoire se poursuit avec La fille des vagues auquel Elena Duni est très attachée. Il s’agit d’un « chant polyphonique du sud-ouest de l’Albanie chanté à 4 voix »… une jeune-fille regarde la mer en attendant son bien-aimé et demande aux oiseaux s’il se souvient encore d’elle ». Chorus virtuose de la guitare, chant expressif du bugle, le tempo évolue, la plainte délicate devient hymne martial.
« Mieux vaut ne penser à rien que de n’pas penser du tout… », Gainsbourg est de nouveau invité sur la scène. Chorus mélodieux et inspiré du bugle, impro bluesy de la guitare. La voix sensuelle de la chanteuse reprend ensuite le texte de Ces Petits Riens … « Je vous envie, je vous en veux, beaucoup… « . Conquis, le public sort de son envoûtement pour applaudir à tout rompre.
Sur scène, regard et sourires échangés témoignent de la complicité qui unit les cinq artistes, ce qui participe sans nul doute à la cohérence de musique. Soucieuse de partager avec l’auditoire, Elena Duni prend soin de conter l’histoire de chaque morceau. Cette contextualisation est visiblement appréciée par le public.
Elena Duni présente le morceau suivant, une autre chanson d’exil de l’Albanie du Sud. « Une femme reste et les hommes partent… un homme revient et parle à la maison, veut embrasser sa mère … ». Sur un rythme allègre elle chante et danse en ondulant. Sa voix pure s’élève avec de plus en plus de force au-dessus de l’environnement rythmique pulsatif. Contrebasse et batterie jouent en extrême symbiose. Le chorus de Rob Luft n’est pas sans évoquer les ambiances sonores de Pat Metheny. Alors que la batterie se déchaîne, les notes de la guitare s’envolent littéralement. Après de nombreuses nuances expressives, la musique s’apaise sans pour autant perdre de sa force.
Le répertoire se poursuit avec Évasion, une composition de Rob Luft sur un poème de la poétesse belgo-israélienne Esther Granek qui a échappé à la Shoah. En ouverture, la voix dramatise le propos sur une harmonisation lumineuse, les notes du bugle s’envolent avec éclat vers les étoiles, portées par la guitare et la section rythmique jusqu’à un final extatique. Le groupe continue avec Willow Weep for Me, un standard de jazz immortalisé par Nina Simone et Billie Holiday et arrangé par Rob Luft. Portée par une section rythmique tout en souplesse, la chanteuse scatte dans les aigus et pulse avec des accents souls, Patrice Moret tire avec vigueur les cordes de sa contrebasse puis la guitare aux accents hendrixiens se déchaîne avant un incandescent solo de batterie de Viktor Filipovski.
En duo, Elena Duni et Rob Luft interprètent Hier encore de Charles Aznavour. Notes délicates de la guitare, accords étirés, douceur de la voix, tout concourt à installer un climat d’intimité chargé de mystère et de mélancolie.
Après avoir célébré « la vie, le vin, la Bourgogne, Cluny et le festival », le groupe joue Couleur Café, un autre titre de Serge Gainsbourg « arrangé par Rob Luft sur un rythme de samba ». Grâce et volupté caractérisent cette interprétation. Après un début murmuré, la chanteuse se lance dans un scat décoiffant puis danse, toujours pieds nus, sur le solo du bugle. Après un véhément solo du guitariste, Elena Duni fait le chanter le public conquis qui applaudit à tout rompre.
Les artistes reviennent. Rob Luft se saisit de sa guitare acoustique et s’assied pour une version jazzy de Black Trombone de Serge Gainsbourg. La musique swingue. Elina Duni improvise comme un saxophone, le bugle prend un chorus époustouflant de groove, la section rythmique accélère le tempo puis revient au swing manouche, la contrebasse improvise dans les graves avant un retour au thème. Avec générosité, les artistes offrent un deuxième rappel, une chanson kosovare des années 60. « Une femme demande à la lune de retrouver son mari car elle seule sait où elle se trouve… ». Chant plaintif et nostalgique, chorus planant du bugle, guitare électrique déchaînée, section rythmique tonique. De la nostalgie à l’extase, la musique est portée à son paroxysme.
A la fin du concert, le public quitte la salle sans hâte, comme envoûté par le voyage original proposé par Elina Duni & Rob Luft Band.
Laurent Coq présente « Confidences »
Jazz Campus en Clunisois 2024 – Louis Sclavis Quintet
Pour sa septième et dernière soirée au Théâtre les Arts, le Festival Jazz Campus en Clunisois 2024 affiche complet. Le compositeur, saxophoniste et clarinettiste Louis Sclavis vient en quintet présenter son projet « India ». Fusion entre son jazz toujours inventif et des réminiscences mélodiques issues en droite ligne de l’Inde. De Madras à Cluny en passant par Calcutta… les notes vagabondent.
Jazz Campus en Clunisois 2024 – Néon & Unfolding
Pour sa cinquième soirée, le Festival Jazz Campus en Clunisois 2024 accueille deux quartets sur la scène du Théâtres Les Arts de Cluny. Au programme, « Néon » puis « Unfolding – Baccarini/Melville ». Leurs univers différents déclenchent l’enthousiasme du public. Les contraintes formelles sont oubliées au profit d’une expression musicale libre et inventive.