Robin Nicaise, architecte de « Building & Piano studies »

Robin Nicaise, architecte de « Building & Piano studies »

Projet original, sensible et élégant

Le nouveau projet de Robin Nicaise fascine par la richesse de ses couleurs sonores et par l’originalité de sa forme. Annoncé pour le 09 septembre 2021, l’album « Building & Piano studies » juxtapose en effet deux esthétiques musicales. D’une part, un concerto pour saxophone ténor de quatre titres où le quintet jazz du leader dialogue avec le quatuor à cordes, String Quartet. D’autre part, des études composées et interprétées en piano solo par le leader lui-même. Un opus ambitieux qui accroche l’oreille par son élégance et sa fluidité.

Robin Nicaise est de retour avec « Building & Piano studies » à paraître le 09 septembre 2021. Certes, le saxophoniste a gravé « Tabasco: The last blues » (2015) et « Tabasco, The very last blues » (2019) avec le groupe Tabasco dont il est co-fondateur. Il a par ailleurs participé à « Moon River » de Fred Pasqua et à « ONE. » de Simon Martineau, deux albums parus en 2018, mais le musicien n’avait pas sorti de nouvel album sous son nom depuis « Nouvel air » (2010) sorti après « Hommage à Art Pepper » (1999), « La flamme et la fumée » (2001), et « Lumière » (2005).

Pour son cinquième album, le compositeur, saxophoniste et pianiste Robin Nicaise a conçu un projet à contre-courant de la tendance actuelle friande d’énergie. Il propose un opus plein de fraîcheur, plutôt contemplatif avec des climats intimes et peu de tempi rapides… « Building & Piano studies », un album acoustique original, sensible et élégant.

« Building & Piano studies »

visuel de l'album Building & Piano studies de Robin NicaiseConstruit en deux parties, « Building & Piano studies » est de facto la synthèse de deux projets.

En effet, l’album ouvre avec une suite de quatre pièces où, à la tête de son quintet qui réunit autour de lui Sandro Zerafa (guitare), Clément Simon (piano, Fender Rhodes), Yoni Zelnik (contrebasse) et Fred Pasqua (batterie), Robin Nicaise échange au ténor avec le String Quartet composé de Youri Bessières (premier violon), Fanny Lévèque (second violon), Alain Martinez (alto) et Consuelo Uribe (violoncelle). Après ce concerto pour saxophone enregistré en mai 2013 à la Buissonne et construit comme une suite en quatre mouvements, se profilent les « Piano studies », treize études écrites, interprétées et enregistrées par Robin Nicaise en piano solo, en avril 2021 au studio Prado.

Un réel équilibre se dégage de l’album « Building & Piano studies ». Sa construction musicale peu conventionnelle combine deux esthétiques où cohabitent des ambiances très écrites, proches du classique et d’autres plus jazz.

Au fil des pistes

On ressort détendu de l’écoute de « Building & Piano studies » dont la pochette minimaliste aux couleurs pastel fait écho au contenu musical apaisant. Les titres eux-mêmes résonnent avec ce climat de sérénité. En effet, après avoir évoqué en début de répertoire l’attente de jours meilleurs avec Waiting for others time, le compositeur termine le projet avec The happiness we share et la promesse d’un bonheur que l’on partage. Tout un programme !

En ouverture de l’album, Building pose la première pierre du projet musical de Robin Nicaise. Sur ce morceau assez lent en 12/8, construit à partir d’une boucle jouée par le piano et l’archet au-dessus des nappes vibratoires des cymbales, le souffle soyeux du ténor caresse une lente mélodie céleste.

Sur Waiting for other times, le quintet jazz est rejoint par le String Quartet dont la musique se développe en contrepoint au chant fusionnel du ténor, de la guitare et du Fender Rhodes. Après l’exposition délicate du thème, la guitare sautillante improvise puis laisse place à l’élégant saxophone dont le timbre velouté et dénué de vibrato évoque les ambiances jazz west coast et laisse augurer la venue de jours meilleurs.

Sur La Source, les notes du String Quartet précèdent le souffle sensuel du ténor puis le duo guitare/Fender Rhodes dispense un moment d’une grande sérénité. Le titre prend fin avec une éloquente intervention du ténor à la sonorité feutrée. La première partie du répertoire se termine avec Inner Light, une pièce subtile incitant à la rêverie. Le nonet invite l’oreille à s’immerger dans sa musique envoutante et à pénétrer au cœur-même de sa lumière intérieure. Un jazz imaginaire et moderne où tel un orfèvre, le ténor jongle avec les couleurs sonores dont il explore toutes les nuances.

Jouées par le leader, les treize Piano studies se succèdent et constituent la deuxième facette du répertoire. Une seule étude dépasse les deux minutes… de huit secondes ! Tels de vrais tableaux musicaux, ces courtes « Piano studies » pianistiques s’écoulent comme des respirations musicales. Issues de l’imaginaire de Robin Nicaise, ces treize miniatures musicales se promènent à travers des paysages qui font référence aux épisodes de vie de l’auteur. Ambiance mystérieuse de Thriller, Bretagne, paysage sonore où résonne l’écho de la cornemuse bretonne, Venise, clairs-obscurs des reflets lumineux sur les eaux fluides de la lagune. Sur Jeux de quintes et jeux de quartes, le compositeur rend explicitement hommage à Claude Debussy. La musique emprunte le chemin qui la mène à la maison où le très sage et jeune Emile grandit puis folâtre sur les portées, Emile, trois ans après. L’album se termine avec The happiness we share, un morceau apaisé et lumineux, qui résonne comme une célébration du bonheur.

« Building & Piano studies », un album à partager largement pour les subtiles vibrations et les tendres émotions qu’il déclenche. Et… cerise sur le gâteau, flasher le QR code qui figure au dos du disque permet de télécharger gratuitement pendant un an, les partitions des « Piano studies » au format PDF. Une initiative originale qu’apprécieront les musiciens tombés sous le charme de ces études ludiques.

Pour écouter « live » la musique de « Building & Piano studies » de Robin Nicaise, rendez-vous à 21h au Sunset le 16 octobre 2021, dans le cadre du Festival Jazz sur Seine 2021.

Ellinoa & Wanderlust Orchestra – « Ville Totale »

Ellinoa & Wanderlust Orchestra – « Ville Totale »

« Ville Totale » marque le retour discographique de la compositrice vocaliste et cheffe d’orchestre Ellinoa et son Wanderlust Orchestra. Un voyage musical incantatoire qui imagine les retrouvailles entre l’Homme et la Nature. Une exploration musicale où poésie et narration, jazz, pop et musiques contemporaine allient leurs textures au sein d’une riche palette sonore. Une fable écologique et dystopique qui évolue entre énergie et délicatesse.

lire plus
Focus sur Manu Le Prince et « Children of The Night »

Focus sur Manu Le Prince et « Children of The Night »

Avec « Children of The Night », Manu Le Prince rend hommage à Wayne Shorter, saxophoniste et compositeur essentiel de l’histoire du jazz. Entourée d’un aréopage de musiciens français, cubains et brésiliens, elle met en parole quelques-uns des grands standards du mythique jazzman dont les qualités de mélodiste font l’unanimité.

lire plus
Obradović-Tixier Duo – « A Piece of Yesterday »

Obradović-Tixier Duo – « A Piece of Yesterday »

Après le silence musical imposé par la pandémie, la batteuse Lada Obradović et le pianiste David Tixier présentent leur quatrième album, « A Piece of Yesterday ». Avec neuf compositions originales, le Obradović-Tixier Duo met un conte en musique pour se souvenir d’hier, pour vivre au temps présent et se projeter afin de construire de nouveaux lendemains.

lire plus
Jazz Campus en Clunisois 2021 – Trio Oliva/Abbuehl/Ber

Jazz Campus en Clunisois 2021 – Trio Oliva/Abbuehl/Ber

Poésie musicale en apesanteur

Pour sa dernière soirée au Théâtre les Arts de Cluny, le festival Jazz Campus en Clunisois 2021 invite Susanne Abbuehl, Stéphane Oliva et Samuel Ber qui présentent le projet « Princess ». Comme allégé de toute contrainte, le trio offre un art minimaliste qui flotte en apesanteur. Un moment de poésie crépusculaire hors du temps.

Le vendredi 27 août, c’est une encore autre facette du jazz que Didier Levallet, directeur artistique du festival Jazz Campus en Clunisois 2021  présente au public du Théâtre les Arts de Cluny. Sur des musiques de Susanne Abbuehl et Stéphane Oliva et sur des textes de Susanne Abbuehl, le programme de « Princess » évoque l’univers du clarinettiste, compositeur et arrangeur Jimmy Giuffre qui avait dans le début des années 60 monté un trio et expérimenté l’improvisation totale avec le pianiste Paul Bley et le contrebassiste Steve Swallow.

Pour ce projet, la chanteuse et compositrice Susanne Abbuehl au parcours très diversifié retrouve le pianiste et compositeur Stéphane Oliva avec lequel elle a sorti l’album « Princess » (Vision Fugitive/L’Autre Distribution) en 2017. Sur scène de Cluny, la batterie est tenue par le jeune batteur belge Samuel Ber.

Dès le début du concert, la voix irradiée de grâce de la chanteuse s’élève au-dessus des notes du piano, soutenue par les battements délicats des balais sur les cymbales. Après avoir présenté le projet « Princess », la chanteuse émue dit son plaisir d’être sur la scène pour son premier concert après le confinement.

Tout au long du set, la connivence qui unit les trois artistes est perceptible, regards attentifs et bienveillants, écoute et interaction de chaque instant. Leur dialogue collectif explore toutes les possibilités expressives. Le trio invite le bugliste Matthieu Michel à les rejoindre. Outre les thèmes de Jimmy Giuffre parmi lesquels on identifie Trance et Princess, le trio interprète Desireless / Mopti de Don Cherry, Jimmy composé par Stéphane Oliva en hommage à Paul Bley et une version éthérée de What a Wonderful World de Bob Thiele et George David Weiss.

Sans étalage de virtuosité, les trois musiciens pratiquent un art sensible où chaque note est choisie. Leurs broderies musicales planent en suspension au dessus-de la scène.

Abreuvé par les harmonies subtiles du piano, le souffle de la chanteuse possède la pureté du cristal et rivalise avec la transparence du silence. En réelle apesanteur, sa dentelle vocale déroule les paroles des poèmes ou improvise avec souplesse sur les accords du piano. Ses incantations sont soutenues par les contrechants du bugle. Le visage nimbé de lumière et d’un sourire bienveillant, la chanteuse danse littéralement entre le pianiste et le batteur qu’elle semble soutenir et encourager lors de leurs improvisations. Accompagnée de sa kalimba, elle transfigure la matière vocale et étire la mélodie. Tel un souffle céleste, sa voix diaphane caresse la nuit, tisse de tendres complaintes, accueille le silence et pour finir invite le soleil à briller au cœur de la nuit.

Sur le clavier, le pianiste égrène avec subtilité des notes légères ou plaque ses arpèges magiques comme des guirlandes évanescentes et lumineuses. Véritable coloriste, le batteur virtuose froisse l’air, le martèle, l’enflamme ou le découpe avec délicatesse, tendresse ou vigueur. Les contrechants du bugle accentuent la dimension éthérée du chant.

Avec subtilité, le trio a élaboré une véritable dentelle aérienne brodée de subtiles dynamiques. Après deux rappels, le public conquis par la pure beauté de la musique quitte la salle. Il gardera en mémoire le souvenir de la musique minimaliste du trio Oliva/Abbuehl/Ber qui est parvenue à exprimer l’indicible et à libérer la voix du silence.

Ellinoa & Wanderlust Orchestra – « Ville Totale »

Ellinoa & Wanderlust Orchestra – « Ville Totale »

« Ville Totale » marque le retour discographique de la compositrice vocaliste et cheffe d’orchestre Ellinoa et son Wanderlust Orchestra. Un voyage musical incantatoire qui imagine les retrouvailles entre l’Homme et la Nature. Une exploration musicale où poésie et narration, jazz, pop et musiques contemporaine allient leurs textures au sein d’une riche palette sonore. Une fable écologique et dystopique qui évolue entre énergie et délicatesse.

lire plus
Focus sur Manu Le Prince et « Children of The Night »

Focus sur Manu Le Prince et « Children of The Night »

Avec « Children of The Night », Manu Le Prince rend hommage à Wayne Shorter, saxophoniste et compositeur essentiel de l’histoire du jazz. Entourée d’un aréopage de musiciens français, cubains et brésiliens, elle met en parole quelques-uns des grands standards du mythique jazzman dont les qualités de mélodiste font l’unanimité.

lire plus
Obradović-Tixier Duo – « A Piece of Yesterday »

Obradović-Tixier Duo – « A Piece of Yesterday »

Après le silence musical imposé par la pandémie, la batteuse Lada Obradović et le pianiste David Tixier présentent leur quatrième album, « A Piece of Yesterday ». Avec neuf compositions originales, le Obradović-Tixier Duo met un conte en musique pour se souvenir d’hier, pour vivre au temps présent et se projeter afin de construire de nouveaux lendemains.

lire plus
Jazz Campus en Clunisois 2021 – Trio Oliva/Abbuehl/Ber

Jazz Campus en Clunisois 2021 – Joce Mienniel & Pierre Durand

Dépaysement entre forêt et groove

Le 25 août, Jazz Campus en Clunisois 2021 déroule une soirée en deux parties. Après le projet « Dans la Forêt » de Joce Mienniel, le « Roots Quartet » du guitariste Pierre Durand propose sa musique qui fusionne avec une grande cohérence les musiques qui ont forgé sa personnalité. Entre Forêt et Groove, le public a apprécié ces deux spectacles aux identités musicales différentes.

Double plateau au Théâtre les Arts de Cluny pour la soirée du 25 août 2021 du festival Jazz Campus en Clunisois. La soirée ouvre avec le projet « dans la Forêt » de Joce Mienniel auquel succède le « Roots Quartet » du guitariste et compositeur Pierre Durand

Joce Mienniel « Dans la Forêt »

Au fond de la scène du théâtre, derrière le voile tendu qui le masque ou le révèle et sur lequel sont projetées des images, Joce Mienniel évoque la forêt, urbaine ou végétale, ses reliefs et sa géométrie, sa verticalité et ses bruits.

« Dans la Forêt », poésie urbaine contemporaine

Jazz Campus en Clunisois 2021 – Joce MiennielJazz Campus en Clunisois 2021 – Joce Mienniel« Dans la Forêt » est un spectacle conceptuel. Avec ses flûtes, sa voix, ses guimbardes et d’autres instruments de musique traditionnelle, l’artiste inscrit sa musique dans des images qui révèlent son imaginaire mais laissent peu de place à celui du spectateur devant lequel les projections vidéos sont projetées et s’imposent sans qu’il soit guère possible d’échapper au décor.

Alors que le musicien tout de noir vêtu souffle dans ses flûtes, les images défilent sur la toile à en donner le vertige, paysages urbains nocturnes, façades d’immeuble, usines désaffectées où la nature reprend le dessus, branches d’arbres, jeux d’enfants sur le bitume de la ville.. Les flûtes répondent aux oiseaux et l’instrumentiste devient danseur pour commander les pédales d’effet et générer des boucles sur lesquelles il improvise. Outre la guimbarde et la kalimba (piano à pouces), Joce Mienniel a aussi recours à de petites percussions de type maracas.

A la fin du spectacle, le flutiste remercie l’équipe du festival et le public d’avoir accepté de le suivre dans sa forêt et rappelle que ce spectacle solo a pris naissance durant l’enfermement imposé pendant le confinement.

Pierre Durand « Roots Quartet »

Au festival Jazz campus en Clunisois 2021, le guitariste Pierre Durand porte deux casquettes. D’une part il anime un stage dont le thème s’intitule « Du groove avant toute chose », d’autre part il se produit en seconde partie de la soirée du 26 août avec son « Roots Quartet ».Pierre Durand

En ouverture du set, il annonce clairement qu’il « n’est pas le musicien d’une seule culture », que sa musique plonge dans les racines de celles qui l’ont nourri, blues, gospel, rock, pop, hip hop et musiques traditionnelles d’Afrique, d’Amérique du Sud, d’Europe de l’Est sans oublier le jazz. Il précise d’ailleurs que pour lui, le jazz est la seule musique qui mélange les autres sans distinction de genre, comme Didier Levallet l’a fait tout au long des 44 ans d’existence du festival.

Très mobile sur scène, Pierre Durand est entouré du saxophoniste Hugues Mayot, du contrebassiste Guido Zorn et du batteur Joe Quitzke. Une grande complicité préside aux interactions musicales de ce set groovy et très dépaysant.

Durant What you want, what you choose, la guitare dialogue avec le saxophone. Leur conversation d’abord calme devient plus soutenue. Les fulgurances du ténor répondent aux riffs de la guitare et contrastent avec les lignes sereines que l’archet déploie sur les cordes de la contrebasse. Imprégné d’une profonde désespérance, le morceau suivant voit la tension monter d’un cran. La batterie tellurique stimule le chorus véhément du saxophone très libre et après un break, la guitare soutenue par une rythmique calypso pousse la musique à son paroxysme et l’engage dans une gigue aux accents irlandais.

Le début du thème suivant contraste par son ouverture tout en douceur. Saxophone et guitare jouent en suspension alors que la batterie se fait volcanique avant de s’arrêter pour laisser contrebasse et guitare gamberger à deux avant que le quartet ne se retrouve apaisé puis reprenne la mélopée lancinante à laquelle le groupe dote, pour le final du morceau, d’une belle énergie. Pierre Durand présente ensuite Le Regard Des Autres. Après une ouverture en fanfare, guitare et saxophone entreprennent un dialogue touffu alors que la vertueuse et solide contrebasse monte et descend ses lignes de basse au-dessus de l’expressive batterie. La musique s’arrête puis repart de plus belle. La tension rythmique stimule les délires inspirés du saxophone et le jeu groovy de la guitare.

Le set se termine et Pierre Durand qui a, au sens propre et au sens figuré mouillé le maillot, informe le public que Guido Zorn a joué sur la contrebasse de Didier Levallet qu’il remercie chaleureusement. Pour le rappel dont le leader dit qu’il s’inscrit dans la tradition tex-mex, le quartet interprète un thème joué sur un rythme de boléro et empreint d’une tendre nostalgie. Le public quitte la salle après une soirée dépaysante et ressourçante.

Ellinoa & Wanderlust Orchestra – « Ville Totale »

Ellinoa & Wanderlust Orchestra – « Ville Totale »

« Ville Totale » marque le retour discographique de la compositrice vocaliste et cheffe d’orchestre Ellinoa et son Wanderlust Orchestra. Un voyage musical incantatoire qui imagine les retrouvailles entre l’Homme et la Nature. Une exploration musicale où poésie et narration, jazz, pop et musiques contemporaine allient leurs textures au sein d’une riche palette sonore. Une fable écologique et dystopique qui évolue entre énergie et délicatesse.

lire plus
Focus sur Manu Le Prince et « Children of The Night »

Focus sur Manu Le Prince et « Children of The Night »

Avec « Children of The Night », Manu Le Prince rend hommage à Wayne Shorter, saxophoniste et compositeur essentiel de l’histoire du jazz. Entourée d’un aréopage de musiciens français, cubains et brésiliens, elle met en parole quelques-uns des grands standards du mythique jazzman dont les qualités de mélodiste font l’unanimité.

lire plus
Obradović-Tixier Duo – « A Piece of Yesterday »

Obradović-Tixier Duo – « A Piece of Yesterday »

Après le silence musical imposé par la pandémie, la batteuse Lada Obradović et le pianiste David Tixier présentent leur quatrième album, « A Piece of Yesterday ». Avec neuf compositions originales, le Obradović-Tixier Duo met un conte en musique pour se souvenir d’hier, pour vivre au temps présent et se projeter afin de construire de nouveaux lendemains.

lire plus
Jazz Campus en Clunisois 2021 – Trio Oliva/Abbuehl/Ber

Jazz Campus en Clunisois 2021 – 60% de Matière Grave

Elégance, sensibilité et légèreté

Pour sa quatrième soirée, Jazz Campus en Clunisois 2021 propose « 60% de Matière Grave », un projet mené par le contrebassiste Jean-Philippe Viret avec Jean-Charles Richard au saxophone baryton et François Thuillier au tuba. Lors du concert du 25 août au Théâtre les Arts de Cluny, ces trois instruments imposants ont révélé au public combien la légèreté fait partie de leur vocabulaire. Leur musique élégante et sensible a fait l’unanimité.

Composé de trois instruments de familles différentes, cordes, bois à anche simple et cuivre, le trio acoustique réuni autour de Jean-Christophe Viret a offert aux spectateurs du festival Jazz Campus en Clunisois une musique d’une grâce sans pareille. En effet, le 25 août 2021, les trois musiciens ont exploré avec délice l’univers infini de la matière grave et offert au public du Théâtre les Arts de Cluny une musique exigeante mais accessible, inventive et savoureuse, radieuse et lyrique.

Relégués au fond de l’orchestre symphonique où ils sont appelés « les gros », la contrebasse, le saxophone baryton et le tuba assurent la fondation indispensable de toute harmonie. Lorsqu’ils sont confiés aux mains des jazzmen virtuoses que sont Jean-Philippe Viret (contrebasse), Jean-Charles Richard (saxophone baryton) et François Thuillier (tuba), ces instruments ont dispensé une musique élégante, sensible et d’une inouïe légèreté.

Tout au long du concert, les trois musiciens hors du commun font preuve d’une maîtrise technique sans faille et aux cours de leurs improvisations, ils développent des nuances harmoniques raffinées tout en assurant la dimension rythmique d’une musique chambriste légère et sensible. Sur les élégantes mélodies, la parole circule avec fluidité entre les trois instrumentistes. 

Lorsque le saxophoniste véloce et le tubiste virtuose explorent le registre aigu de leurs instruments respectifs, la contrebasse assure une solide assise rythmique. Les rôles s’inversent et à leur tour, tuba et baryton proposent un écrin rythmique aux cordes de la contrebasse boisée que caresse l’archet. Chants et contrechants se parent de délicatesse. Les molécules aériennes n’en finissent pas de vibrer, soumises tour à tour à une nostalgie délicate, à un swing débridé, une tendresse mélancolique ou un brin de gravité réflexive.

Les musiciens se permettent des fantaisies mélodiques, véritables merveilles de délicatesse. Les sons rebondissent et malgré ses phrasés complexes, la musique swingue de malice et réserve des moments surprenants… lorsque le tubiste chante dans l’embouchure en même temps qu’il souffle, quand la contrebasse endosse le rôle d’un surdo et entraîne les notes dans une procession dansante que ne renieraient point les Brésiliens.

Au fil de la soirée se succèdent les compositions de Jean-Philippe Viret, Entre deux rêves, Pour rire en Mai, Un Chinon, chinon, un nichon, Mon petit lapin (en hommage au violoniste Stéphane Grappelli qui affublait ses accompagnateurs de ce nom), De fil en aiguille, Choro devant.  C’est avec Lucullus, joué en rappel que se termine le concert, Sur cette composition de François Thuillier empreinte de nostalgie, les trois instruments font preuve de mordant autant que de velouté.

Le public a savouré les nuances harmoniques raffinées de ce concert qui s’est avéré un véritable concentré d’émotions. Finallement, contrebasse, saxophone baryton et tuba ne sont pas aussi graves qu’ils y paraissent.

Ellinoa & Wanderlust Orchestra – « Ville Totale »

Ellinoa & Wanderlust Orchestra – « Ville Totale »

« Ville Totale » marque le retour discographique de la compositrice vocaliste et cheffe d’orchestre Ellinoa et son Wanderlust Orchestra. Un voyage musical incantatoire qui imagine les retrouvailles entre l’Homme et la Nature. Une exploration musicale où poésie et narration, jazz, pop et musiques contemporaine allient leurs textures au sein d’une riche palette sonore. Une fable écologique et dystopique qui évolue entre énergie et délicatesse.

lire plus
Focus sur Manu Le Prince et « Children of The Night »

Focus sur Manu Le Prince et « Children of The Night »

Avec « Children of The Night », Manu Le Prince rend hommage à Wayne Shorter, saxophoniste et compositeur essentiel de l’histoire du jazz. Entourée d’un aréopage de musiciens français, cubains et brésiliens, elle met en parole quelques-uns des grands standards du mythique jazzman dont les qualités de mélodiste font l’unanimité.

lire plus
Obradović-Tixier Duo – « A Piece of Yesterday »

Obradović-Tixier Duo – « A Piece of Yesterday »

Après le silence musical imposé par la pandémie, la batteuse Lada Obradović et le pianiste David Tixier présentent leur quatrième album, « A Piece of Yesterday ». Avec neuf compositions originales, le Obradović-Tixier Duo met un conte en musique pour se souvenir d’hier, pour vivre au temps présent et se projeter afin de construire de nouveaux lendemains.

lire plus
Jazz Campus en Clunisois 2021 – Trio Oliva/Abbuehl/Ber

Jazz Campus en Clunisois 2021 – Felsh! & Théo Ceccaldi Trio

Une soirée « Trio² »… deux facettes du jazz

Le 24 août 2021, Jazz Campus en Clunisois présente deux trios sur la scène du Théâtre Les Arts de Cluny. Le trio bourguignon Felsh! t précède Théo Ceccaldi Trio. Le public très attentif fait un accueil chaleureux au premier groupe très inventif et manifeste un enthousiasme unanime vis à vis de la deuxième formation dont la virtuosité n’a d’égale que son inventivité. Une soirée fort réussie qui présente deux facettes du jazz.

Le sourire aux lèvres, Didier Levallet présente la troisième soirée du festival Jazz Campus en Clunisois 2021. Une soirée qui aurait pu s’appeler « Trios² » puisque deux trios se produisent successivement dans la salle du Théâtre Les Arts de Cluny avec en première partie le trio Felsh! suivi du Théo Ceccaldi Trio. L’occasion rêvée pour le directeur du festival de présenter au public deux esthétiques différentes de cet art musical nommé jazz.

Felsh!

La soirée ouvre avec la prestation du groupe Felsh! constitué de deux chalonnais, le pianiste Clément Mérienne et le contrebassiste Jonathan Chamand et du clunisois pur jus, le batteur Loup Godfroy. Ce dernier confiera au public durant le concert combien cela est « fort » pour lui de jouer dans la salle du Théâtre es Arts de Cluny qu’il a fréquenté à l’âge de 13/14 ans, sans se douter qu’un jour il jouerait à son tour sur la scène de ce festival.

Les trois complices jouent leurs propres compositions et dispensent une musique dont la palette sonore se révèle très ouverte. La formation bourguignonne prête une attention particulière aux cadences et explore des territoires où la liberté est reine et où les idées circulent à profusion.

On est frappé par la fluidité des interactions, par les arrangements minutieux d’une musique à la dimension percussive indéniable dont il se dégage une fraîcheur vivifiante. Les moments se suivent sans jamais se ressembler. Au fil du répertoire alternent des textures très libres et d’autres plus conventionnelles quoiqu’inventives, des ambiances tendues et organiques, d’autres plus souples et lyriques, des moments volcaniques proches de la transe, des climats pulsatiles et nerveux, des propositions sombres, intrigantes ou drôles.

Sur le clavier les notes ruissellent alors que les baguettes martèlent les cymbales. Les riffs de contrebasse impulsent le rythme sur 2 cordes et les arpèges répétés à l’envi sur le clavier déclenchent des impressions inquiétantes. En perpétuelle recherche, les trois musiciens font preuve d’une écoute mutuelle qui leur permet une réactivité instantanée, des changements de rythme et d’intensité surprenants. Il en ressort une musique à la construction complexe où les lignes rythmiques s’interpellent, se croisent, se rattrapent ou s’enlacent.

Jazz Campus en Clunisois 2021_Felsh!La contrebasse terrienne, le piano volubile et la batterie volcanique parviennent à suspendre le temps et à captiver l’attention des spectateurs qui succombent au charme de la musique de Felsh!

Au fil d’un répertoire composé de morceaux aux titres évocateurs, Aroundfish, Tuyau, Estampe, Aride, Flocon, les trois interprètes bousculent les repères habituels et provoquent un dépaysement musical total. Ils s’aventurent sur de nouvelles terres musicales qu’ils défrichent et ensemencent de manière très décomplexée.

Derrière son patronyme qui interpelle, Felsh! se révèle un trio fusionnel qui ose, explore, intrigue et pour finir, embarque le public de Cluny conquis par leur prestation généreuse. Chaleureusement applaudi, le groupe a d’ailleurs offert un rappel fort apprécié.

Théo Ceccaldi Trio

Les quatorze cordes du violon de Théo Ceccaldi, de la guitare de Guillaume Aknine et du violoncelle de Valentin Ceccaldi s’unissent pour offrir au public clunisois un concert qui rend hommage à la musique de Django Reinhardt dont ils « respecte l’esprit, mais pas la lettre », comme le précise Didier Levallet lors de sa présentation. Le trio offre aux spectateurs une musique qu’il est difficile de qualifier tant elle s’éloigne des conventions. Entre tendresse et déchaînement, les trois virtuoses offrent un set où se succèdent envolées lyriques, subtiles caresses, tendresses oniriques et tension échevelés.

Visiblement heureux de retrouver Guillaume Aknine, absent des scènes pour raison de santé après une malencontreuse fracture du coude qui l’a empêché de jouer, les deux frères Ceccaldi encadrent sur scène le guitariste, Théo côté jardin et Valentin côté cour. Avec son humour habituel, le violoniste vêtu d’une superbe veste rouge précise d’emblée au public que le trio rend hommage au labrador de Guillaume récemment disparu et fan d’Elvis Presley et d’Igor Stravinsky, sans omettre de préciser plus tard qu’il s’agissait d’une « blague » et que leur musique célèbre bien celle de Django Reinhardt.

Le trio entame le set avec Balancelle & Chèvrefeuille. Changements de rythmes étonnants, prises de risque de chaque instant, virtuosité omniprésente Plus tard, sur Six pouces Sous Mer, le trio suspend sa musique au-dessus du rythme. Au fil de Rythme Futur, la guitare explose, les archets se démènent sur les cordes et déjouent les lois de la pesanteur, le tout saupoudré d’un peu de rock déjanté ! Sacrée entreprise que celle de ce trio démoniaque qui bouleverse tous les attendus, propulse les notes jusqu’aux cintres du théâtre sans jamais se départir de regards et de sourires complices.

Jazz Campus en Clunisois 2021_Théo Ceccaldi Trio_violoncelleJazz Campus en Clunisois 2021_Théo Ceccaldi Trio_guitare, violon & vesteDu début à la fin du set, on perçoit dans le jeu des trois compères des prises de risques insensées comme seuls savent les prendre et en triompher, les musiciens inventifs virtuoses. Envol de nappes planantes, guitare éthérée, profonde désespérance du violoncelle, complainte du violon, musique sautillante et vive, énergie frénétique, sons étirés, archets virevoltants, tensions extatiques, subtiles respirations hors du temps, envoûtantes sonorités. Avec une désinvolte bienveillance, la guitare arbitre le dialogue entre l’archet du violon et celui du violoncelle.

Après avoir tombé la veste, Théo Ceccaldi présente un nouveau morceau « sans nom » pour lequel il sollicite d’éventuelles suggestions au public. Puis, sur Brûle Roulette de Django, le trio étire les sons avant de s’emballer et de faire exploser tous les formats musicaux. Le concert se termine avec une sublime version de Manoir De Mes Rêves. Le thème est exposé avec une délicatesse inouïe et une tendresse éperdue par le violon. Ce sont ensuite les pizzicati volubiles du violoncelliste qui frappe rythmiquement la caisse de son instrument puis avec précision, la guitare égrène des notes perlées qui tissent des guirlandes de nostalgie.

Théo Ceccaldi Trio a sculpté une musique lyrique et virtuose dont le charme a opéré du premier morceau du set jusqu’à la dernière note rappel. Le public ne s’y est pas trompé et s’est laissé emporter en orbite dans le monde imaginaire des trois musiciens auxquels il a réservé un accueil plus qu’enthousiaste.

Ellinoa & Wanderlust Orchestra – « Ville Totale »

Ellinoa & Wanderlust Orchestra – « Ville Totale »

« Ville Totale » marque le retour discographique de la compositrice vocaliste et cheffe d’orchestre Ellinoa et son Wanderlust Orchestra. Un voyage musical incantatoire qui imagine les retrouvailles entre l’Homme et la Nature. Une exploration musicale où poésie et narration, jazz, pop et musiques contemporaine allient leurs textures au sein d’une riche palette sonore. Une fable écologique et dystopique qui évolue entre énergie et délicatesse.

lire plus
Focus sur Manu Le Prince et « Children of The Night »

Focus sur Manu Le Prince et « Children of The Night »

Avec « Children of The Night », Manu Le Prince rend hommage à Wayne Shorter, saxophoniste et compositeur essentiel de l’histoire du jazz. Entourée d’un aréopage de musiciens français, cubains et brésiliens, elle met en parole quelques-uns des grands standards du mythique jazzman dont les qualités de mélodiste font l’unanimité.

lire plus
Obradović-Tixier Duo – « A Piece of Yesterday »

Obradović-Tixier Duo – « A Piece of Yesterday »

Après le silence musical imposé par la pandémie, la batteuse Lada Obradović et le pianiste David Tixier présentent leur quatrième album, « A Piece of Yesterday ». Avec neuf compositions originales, le Obradović-Tixier Duo met un conte en musique pour se souvenir d’hier, pour vivre au temps présent et se projeter afin de construire de nouveaux lendemains.

lire plus