Mauro Gargano présente « Nuages »

Mauro Gargano présente « Nuages »

Nuages musicaux dans un ciel lumineux

Avec « Nuages », le contrebassiste Mauro Gargano présente son quatrième projet en tant que leader. La musique du quartet invite à la contemplation d’un ciel lumineux parcouru de nuages sereins et légers. L’on se prend à redouter qu’ils ne se chargent d’électricité orageuse mais rien de tel n’advient. En effet, même si quelques souffles de vent effleurent le répertoire, rien ne parvient à troubler la sérénité des poétiques nuages musicaux.

couverture de l'album Nuages de Mauro GarganoOutre de nombreuses collaborations qui l’ont vu s’associer à Sébastien Jarrousse et Ricardo Izquierdo, Alexis Aviakan, Fabrice Moreau, Toni Germani, Bruno Angelini, le contrebassiste Mauro Gargano a sorti trois albums sous son nom, « Mo’ avast band » en 2012, « Suite for Battling Siki » en 2016 et Born in the Sky en 2018 avec son Mo’Avast Band.

Pour son quatrième projet, « Nuages », il s’est entouré du clarinettiste Matteo Pastorino, du pianiste Giovanni Ceccarelli et du batteur Patrick Goraguer. Sorti le 13 novembre 2020, cet opus de Mauro Gargano porte le nom du thème de Django Reinhardt qui clôt d’ailleurs le répertoire dans une version que le duo clarinette-contrebasse revisite de manière singulière.

« Nuages », un jazz dont les ambiances intimistes rivalisent de subtilité, un jazz raffiné épris de poésie et empreint de tendresse.

Le répertoire

Le quartet clarinette-piano-contrebasse-batterie propose un répertoire principalement composé de ballades.

Deux reprises

L’album « Nuages » est borné par deux reprises. En ouverture, Che cosa sono le nuvole ?, la chanson de Pier Paolo Pasolini et Domenico Modugno, une des bandes son du film “Capriccio all’Italiana” (1968), et à la toute fin, Nuages, la célèbre composition de Django Reinhardt.

Neuf compositions originales

Les neuf autres titres de l’album sont autant de compositions originales de Mauro Gargano où cohabitent tous les styles inscrits dans l’univers de l’auteur inspiré autant par la musique des bande municipali, ces harmonies du sud de l’Italie dont il est natif, que de la musique baroque napolitaine, de la musique contemporaine, des œuvres de Steve Reich et du minimalisme, de celles de Nino Rota et Ennio Morricone, John Coltrane, Duke Ellington, Paul Bley, Keith Jarrett, Bobo Stenson et Jan Garbarek (et bien d’autres encore) mais aussi de la musique brésilienne et du blues.

Il en ressort un univers sensible où toutes ces formes musicales cohabitent sans frontière. Des atmosphères où les musiques populaires transalpines s’abreuvent de modernité. Des nuages de poésie dont les ambiances changent au gré des vents.

Au fil des titres

La clarinette lumineuse installe une ambiance rêveuse tout en délicatesse sur Che Cosa Sono le Nuvole ?, le thème de Pasolini et Modugno qui ouvre l’album. Nuage de tendresse et de lumière. A partir d’un motif répétitif de la main gauche sur le clavier du piano, clarinette et contrebasse caracolent et tissent ensemble une petite mélodie qui voltige et dessinent Nuvole. Nuage évanescent.

Plus loin, sur Danza della sera, la tonalité se fait plus sombre. La clarinette basse enflamme peu à peu le climat sonore puis la contrebasse lumineuse irradie le ciel musical et le solo fougueux de la batterie incarne le vent qui danse pour chasser l’orage du soir. Nuage nocturne.

Mauro Gargano quartet

Mauro Gargano quartet©Davide Del Giudice

Entre étrangeté sereine et poésie mélancolique, Venere allo specchio fait se mirer la musique dans la peinture de Velázquez. Nuage minimaliste. La contrebasse s’octroie les honneurs en ouvrant la procession Il Papunno. Elle égrène un motif réitératif ponctué avec délicatesse par les maillets. La clarinette basse se métamorphose au fil du titre alors que le piano élève son chant vers les rayons du soleil. Nuage ensoleillé.

Her to Me distille une grâce infinie, celle d’une douce bossa nova dont le titre fait un clin d’œil à Hermeto et la musique à Jobim. Le piano chaloupe avec élégance et enchante l’univers. Dépaysée vers les contrées brésiliennes, l’oreille est comblée de plaisir à l’écoute de la clarinette majestueuse qui hésite en ardeur et caresse. Nuage de tendresse.

Exposé à l’unisson par la clarinette basse et le piano sur la ligne de contrebasse, le titre suivant reprend celui du roman d’Elsa Morante, L’Isola di Arturo. De léger, le climat devient plus intense et expressif lors des chorus qu’échangent clarinette basse, piano et contrebasse. Nuage sentimental. Avec Pasolini, le quartet dessine une composition orageuse dont le titre suggère les tensions qui régnaient sur les banlieues romaines chère au cinéaste italien. La clarinette base fait monter la tension que la batterie pleine de furie porte au paroxysme, stimulée par un piano percussif et une contrebasse véhémente. Nuage tourmenté.

A partir de la ligne de basse élastique et swinguante, la clarinette s’agite, tourbillonne, folâtre avec le piano. S’ensuivent des séquences atonales qui ne sont pas sans évoquer les ambiances du dodécaphonisme sériel de Schönberg, sans pour autant se prendre au sérieux. Nuage expressif. Ballade suspendue entre ténèbres et soleil, Elda rend hommage à la mère du compositeur. Nuage contrasté.

L’album se termine avec une reprise singulière de Nuages, le thème de Django Reinhardt. Le duo clarinette basse-contrebasse réharmonise et transforme la rythmique du morceau originale alors que la mélodie demeure en ligne de fond. Nuage innovant.

Laurent Cugny Tentet présente « Zeitgeist »

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Avec « Zeitgeist » Laurent Cugny livre sa définition du jazz : un langage musical universel qui traverse les époques et transcende les mélodies. Le pianiste dirige ici la fine fleur des musiciens hexagonaux réunis dans un tentet où chaque instrumentiste s’exprime avec une grande liberté. Électricité et mélodie font bon ménage. Un album jubilatoire.

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« Healing rituals » de Naïssam Jalal

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« Moods », les émotions de Virginie Daïdé

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Pierre de Bethmann Trio fait coup double

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« Essais / Volume 4 » & Coffret « Essais / Volumes 1 à 4 »

Pierre de Bethmann Trio revient avec « Essais/Volume 4 » et un coffret qui regroupe les 4 albums des « Essais » enregistrés en 5 ans autour de reprises de thèmes issus de multiples traditions. Avec à son actif cinq années d’activité intense, quatre albums enregistrés et regroupés en un coffret, le pianiste continue à expérimenter avec brio, l’art du trio avec ses fidèles compagnons, Sylvain Romano et Tony Rabeson. Un vent de fraîcheur et de raffinement. Un havre de plénitude musicale propice au ressourcement et à la sérénité.

"Essais-Volume 4"et Coffret "Essais-Volumes 1 à 4"Malgré les circonstances sanitaires, économiques et sociales qui ont lourdement affecté l’année 2020, le label ALÉA affiche haut et fort sa détermination à promouvoir ses productions.

En effet, neuf mois après la sortie du Volume 3 de ses « Essais », Pierre de Bethmann Trio revient le 20 novembre 2020 avec « Essais/Volume 4 » et le coffret regroupant les quatre opus des Essais enregistrés par le trio, le « Volume 1 » sorti en 2015, le « Volume 2 » en 2018, le « Volume 3 » publié le 21 février 2020 auquel s’ajoute le Volume 4. Depuis plus de six ans, le trio persiste à proposer son approche de standards issus de multiples traditions musicales et l’on se loue de cette démarche singulière.

Ces deux dernières sorties du label ALÉA confirment la détermination du trio à faire entendre une histoire artistique que la crise profonde ne parvient pas à faire taire. Une posture réjouissante en ces temps où la culture s’avère comme un rempart au manque d’inventivité d’un monde où le déterminisme libéral et économique semble mettre au pas la créativité et avoir raison des espoirs et des crédos des artistes, des mélomanes et des amateurs d’art.

Pierre de Bethmann Trio

Avec plus de sept ans d’activité sur scène et en studio, le pianiste Pierre de Bethmann, le contrebassiste Sylvain Romano et le batteur Tony Rabeson continuent leur exploration de l’art du trio.

Le 20 novembre 2020 a vu la sortie de l’album « Essais/Volume 4 » du Pierre de Bethmann Trio.

Enregistré comme les précédents opus par Philippe Gaillot au Studio Recall (Pompignan), ce quatrième album du trio est issu de séances d’enregistrement de septembre 2019. Une première sélection des prises captées les 06 & 07 septembre 2020 avait contribué au Volume 3. Le Volume 4 restitue d’autres prises sélectionnées à partir des morceaux gravés les 07 & 08 septembre 2019.

Dans « Essai /Volume 4 » le trio inspiré se réapproprie de manière fort personnelle et raffinée des thèmes issus de la grande tradition du jazz avec des morceaux de compositeurs disparus, Charlie Parker, Thelonious Monk, Kenny Wheeler et d’autres d’artistes encore vivants, Carla Bley, Sonny Rollins, Wayne Shorter. S’y ajoutent un thème du jazzman argentin Guillermo Klein et un morceau de Paul McCartney . Point cette fois de reprise d’œuvre classique, ni de titres issus de la tradition populaire ou de la chanson françaises, comme ce fut le cas sur les 3 volumes précédents, pas non plus de chants de résistance comme sur les Volumes 1 & 2.

Sans rupture avec leur posture antérieure, le trio aborde chaque thème dans une perspective rythmique et harmonique à la fois personnelle et innovante. Nul doute que la longévité qui unit les membres du trio contribue pour beaucoup dans la complicité que l’on perçoit à l’écoute des plages de l’album… on visualise presque les regards qu’échangent les musiciens, leur écoute mutuelle et leur interactivité de chaque instant. Le groupe prend le parti de privilégier une musicalité inventive dénuée d’esbroufe. La virtuosité et la maîtrise technique de chacun des trois instrumentistes est mise au service d’un jazz dont la sobriété ne se dépare jamais d’élégance, de sensibilité et de profondeur.

« Essais / Volume 4″… au fil des plages

C’est avec sérénité que Pierre de Bethmann expose au Fender la mélodie de Deluge. Il poursuit par un solo au piano d’une fraîcheur et d’une lisibilité séduisante. Ses traits virtuoses évoquent les phrasés fulgurants du ténor de Wayne Shorter, compositeur du titre. Sur la deuxième piste, le trio semble se faire plaisir à métamorphoser rythmiquement le thème de Charlie Parker, Anthropology. Une allégresse se dégage du piano véloce et la batterie volcanique s’en donne à cœur joie. Une version très personnelle et captivante de ce grand standard du bop qui renouvelle les perspectives traditionnelles.

Le trio propose ensuite un nouvel éclairage de la composition de Carla Bley, Three Blind Mice, où la subtilité et la musicalité sont mises en exergue. Après une improvisation lumineuse de la contrebasse, le piano déborde de ferveur, propulsé par une batterie enthousiaste. Seul sur son Steinway, Pierre de Bethmann batifole avec légèreté sur Ma Bel, le thème de Kenny Wheeler qu’il ré harmonise avec délicatesse.

Plus loin, le trio propose une version punchy de Saint Thomas de Sonny Rollins que dynamisent les audaces rythmiques et harmoniques du Fender soutenu par la solide ligne de contrebasse et la batterie à la fois légère et tonique. Subtilement harmonisé par le piano au jeu mélancolique, This Never happened Before de Paul McCartney sert de tremplin au chorus mélodieux de la contrebasse aux accents romantiques.

C’est ensuite une version d’un thème de Monk que le trio revitalise. Sous les doigts virtuoses du pianiste, le morceau s’inscrit dans un processus d’expansion qu’encourage la batterie effervescente et la contrebasse indéfectible. Think of one s’en trouve comme littéralement recrée. L’album se termine avec une relecture de charme de Moreira, le thème du pianiste et compositeur argentin Guillermo Klein. Le piano reprend la ligne mélodique du chant puis son jeu à la fois brillant et sobre entraîne contrebasse et batterie dans un monde empreint de magnificence.

En fonction des conditions sanitaires à venir en 2021, rendez-vous ICI pour prendre connaissance des dates des concerts à venir du Pierre de Bethmann Trio.

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« Healing rituals » de Naïssam Jalal

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Hommages à Ennio Morricone

Hommages à Ennio Morricone

« Morricone Segreto » & « More Morricone »

Pour commémorer ce qui aurait été le 92ème anniversaire du compositeur italien Ennio Morricone, deux labels présentent des albums qui honorent le Maestro. Son label Decca collabore avec CAM Sugar pour présenter « Morricone Segreto ». Le label Bonsaï lui rend hommage avec « More Morricone ». Le premier présente sept titres inédits en version orchestrale, de quoi satisfaire un public amateur de pièces rares. Interprété par le contrebassiste Ferruccio Spinetti et le pianiste Giovanni Ceccarelli, le second joue sur le registre de la sobriété et de l’intimité.

La carrière extraordinaire du musicien, compositeur, producteur, arrangeur et chef d’orchestre italien Ennio Morricone (10 novembre 1928- 06 juillet 2020 1920) a duré plus de six décennies et lui a valu, en 2007, de recevoir un Oscar pour l’ensemble de sa carrière. De 1961 avec sa première bande originale pour « Il Federale » (Mission ultra-secrète) de Luciano Salce, à 2015 où il composa la musique du film « Les Huit Salopards » de Quentin Tarantino pour lequel il a reçu l’Oscar de la Meilleure musique de film, « Il Maestro » a signé plus de 600 bandes sonores originales.

Ennio Morricone

Fils de Mario Morricone, trompettiste de jazz, Ennio Morricone a suivi très tôt une formation musicale et obtenu les diplômes de trompette, composition, d’instrumentation et de direction d’orchestre à l’Académie nationale de Sainte-Cécile de Rome. La suite, on la connaît…

BO de films…

Ennio Morricone s’est surtout fait connaître du grand public pour être l’auteur des musiques des films du réalisateur Sergio Leone avec lequel il a entamé une collaboration qui a débuté avec « Pour une poignée de dollars » (1964), « Et pour quelques dollars de plus » (1965), « Le Bon, la Brute et le Truand » (1966), « Il était une fois dans l’Ouest » (1968), « Il était une fois la révolution » (1971) et « Il était une fois en Amérique » (1984) mais on peut aussi citer les musiques qu’il a composées pour d’autres fameux films parmi lesquels figurent, « Les Poings dans les poches » (1965) de Marco Bellocchio, « Théorème » (1968) de Pier Paolo Pasolini, « Le Clan des Siciliens »(1969) réalisé par Henri Verneuil, « Metello » (1969) de Mauro Bolognini, « L’Oiseau au plumage de cristal » (1970) de Dario Argento, « Macchie Solari » (1975) d’Armando Crispino, « 1900 » (1976) de Bernardo Bertolucci, « Les Moissons du ciel » (1978) de Terrence Malick, « Le Professionnel » (1981) de George Lautner, « The Thing » (1982) de John Carpenter, « Mission » (1986) de Roland Joffé, « les Incorruptibles » (1987) de Brian Palma suivi par « Outrages » (1990) et « Mission to Mars » (2000), « Cinema Paradiso (1988), « Kill Bill » (2003), « Kill Bill 2 » (2004), « Inglourious Basterds » (2009) puis « Django Unchained » (2012).

Styliste unique, Ennio Morricone a écrit des mélodies qui sont passées à la postérité. Dans le domaine des BO, les musiques de Morricone sont devenues ce que les standards sont au jazz. Une fois écoutées, elles demeurent en mémoire et animent l’imaginaire collectif.

… et aussi

Si son nom et sa musique restent attachés à des films mythiques, Ennio Morricone se prévalait d’appartenir à l’univers de la musique contemporaine expérimentale via le groupe de musique avant-gardiste Nuova Consonanza. Dans la dernière partie de sa vie, il s’est surtout consacré à la musique de concert en revisitant ses écritures le cinéma et des œuvres contemporaines.

Ennio Morricone s’est par ailleurs laissé entraîner dans l’univers du jazz par un trompettiste et pas des moindres, puisqu’il s’est agi de Chet Baker. Pour lui, qui embouche la trompette et chante, le Maestro a écrit les arrangements pour un orchestre symphonique qu’il dirige lui-même sur quatre titres de l’album « Chet is back! » sorti en 1962 et enregistré la même année aux Studios de la RCA italienne, à Rome. Le disque propose aussi huit autres pistes où Chet Baker interprète des standards de jazz à la tête d’un sextet composé de Bobby Jaspar (saxophone tenor, flûte), René Thomas (guitare), Amedeo Tommasi (piano), Benoit Quersin (contrebasse) et Daniel Humair (batterie).

En 2020, deux albums honorent Ennio Morricone, « Morricone » (Decca/Cam Sugar) et « More Morricone » (Bonsaï Music/L’Autre Distribution/Idol).

« Morricone Segreto »

couverture de l'album Morricone Secret en hommage à Ennio MorriconeSortie le 06 novembre 2020 chez Decca/Cam Sugar, cette nouvelle compilation de 27 titres retrace la période la plus créative du compositeur, entre la fin des années 60 et le début des années 80 et compte avec 7 inédits.

A travers les œuvres sélectionnées, on découvre une face cachée et quelque peu excentrique de son génie. On embarque pour un voyage sonore assez sombre et psychédélique avec des mystérieuses voix, des guitares, les cordes aériennes, les synthés… « Morricone Segreto » propose des pièces rares et des prises alternatives provenant des archives historiques de son label.

« More Morricone »

Couverture de l'album More Morricone de Ferruccio Spinetti et Giovanni Ceccarelli en hommage à Ennio MorriconePierre Darmon du label Bonsaï Music a proposé au contrebassiste Ferrucio Spinetti et au pianiste Giovanni Ceccarelli d’enregistrer un album autour de la musique d’Ennio Morricone. Sur « More Morricone » (Bonsaï Music/L’Autre Distribution/Idol) paru le 18 septembre 2020, les deux musiciens font alterner des musiques de films devenues historiques avec d’autres moins connues.

Le défi de ce projet, réside dans la forme intimiste que propose le duo quand la plupart des musiques sont le plus souvent interprétées par de larges formations orchestrales. De facto, la formation piano-contrebasse parvient à restituer la quintessence des quinze mélodies de l’album. De plus, les instrumentistes font varier leurs supports d’expression, piano acoustique, Fender Rhodes clavietta et synthés pour Giovanni Ceccarelli, contrebasse acoustique, basse électrique, guitare acoustique et bouzouki pour Ferrucio Spinetti. Sur cet album empreint de délicatesse, les deux habiles praticiens du jazz n’ont pour l’occasion que peu recours à l ‘improvisation mais alimentent leurs échanges autour des mélodies qu’ils tissent et détissent à l’envi sur une trame nostalgique en diable.

Les deux musiciens ont invité la chanteuse Crystel Wautier pour interpréter le titre Hurry To Me du film « Metti, una sera a cena » (1969) puis My Heart and I de la saison 5 de la série TV « La Pieuvre » et aussi une chanson tirée du film « Revolver » (« La Poursuite Implacable ») repris ensuite par Tarantino dans son film « Inglorious Basterds » qui s’intitule Un ami avec un texte en français. La voix à la fois puissante et douce de la chanteuse belge fait merveille.

Laurent Cugny Tentet présente « Zeitgeist »

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Avec « Zeitgeist » Laurent Cugny livre sa définition du jazz : un langage musical universel qui traverse les époques et transcende les mélodies. Le pianiste dirige ici la fine fleur des musiciens hexagonaux réunis dans un tentet où chaque instrumentiste s’exprime avec une grande liberté. Électricité et mélodie font bon ménage. Un album jubilatoire.

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« Healing rituals » de Naïssam Jalal

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L’ARFI présente « inDOLPHYlités »

L’ARFI présente « inDOLPHYlités »

Effervescence ARFIdèle

Avec « inDOLPHYlités », cinq membres de l’ARFI honorent la musique de l’album « Out to lunch! » gravé par Eric Dolphy en 1964. Par leur démarche, entre hommage et appropriation, Mélissa Acchiardi, Christophe Gauvert, Clément Gibert, Guillaume Grenard et Christian Rollet prolongent la musique du disque original. En conservant la même instrumentation, ils revisitent le répertoire auxquels ils ajoutent trois compositions de leur cru. Il en résulte une musique ludique et effervescente qui réinvente celle de Dolphy. Le bouturage musical de ces « inDOLPHYlités » s’inscrit dans l’ADN du collectif… plus ARFIdèle que ça, impossible !

couverture de l'album InDOLPHYlités de l'ARFIAbreuvés aux fondamentaux de l’Association à la Recherche d’un Folklore Imaginaire fondée en 1977 et toujours vivace en 2020, Mélissa Acchiardi (vibraphone), Christophe Gauvert (contrebasse), Clément Gibert (clarinette, clarinette basse, saxophone alto), Guillaume Grenard (trompette, bugle, flûte) et Christian Rollet (batterie) proposent « inDOLPHYlités », un album savoureux à écouter dès le 13 novembre 2020 sur le label ARFI.

Imprégnés par la liberté qui irrigue l’ARFI depuis sa création et inspirés par celle qui imprègne la musique du disque « Out of lunch! », ces cinq doux fêlés du collectif lyonnais se sont immergés dans le répertoire du mythique album gravé le 25 février 1964 chez Blue Note Records par Eric Dolphy (saxophone alto, flûte, clarinette basse), Freddie Hubbard (trompette), Bobby Hutcherson (vibraphone), Richard Davis (contrebasse) et Tony Williams (batterie) dont « inDOLPHYlités » apparaît comme le prolongement.

Sorti le vendredi 13 novembre 2020, « inDOLPHYlités » (ARFI/L’Autre Distribution et les Allumés du Jazz) est à découvrir sans retenue !

« inDOLPHYlités », entre Fidélité et Infidélité

Par son titre, « inDOLPHYlités » engage de prime lecture à envisager une part d’infidélité vis à vis de « Out of lunch! » qui l’inspire. Après écoute, on serait à vrai dire plutôt tenté d’évoquer une fidélité nuancée à moins qu’il ne s’agisse d’infidélités respectueuses.

L’instrumentation

Sur « inDOLPHYlités » on retrouve clarinette basse, saxophone alto, flûte, trompette, vibraphone, contrebasse et batterie par contre, un instrument s’ajoute. En effet, Clément Gibert enrichit sa panoplie instrumentale (clarinette basse et saxophone alto) d’une clarinette. Par contre, à la différence de « Out To Lunch! » où la flûte est tenue par l’instrumentiste qui embouche aussi saxophone alto et clarinette basse, en l’occurrence Eric Dolphy, sur « inDOLPHYlités », c’est le trompettiste/bugliste, Guillaume Grenard qui est aussi flûtiste.

Le répertoire

Les deux disques ouvrent avec Hat and Beard et se terminent avec l’enchainement des titres Out to Lunch et Straight Up and Down. Sur les deux opus figurent Something Sweet, Something Tender et Gazzelloni à la nuance près que l’ordre s’inverse.

Aux cinq titres de Dolphy, présents sur les deux opus, les arfiens ont greffé trois morceaux. Composé par Guillaume Grenard, le tonique Out to Punch fait le pendant à Out to Lunch. Clément Gibert apporte sa contribution au répertoire en ajoutant deux morceaux, le jubilatoire Damné soit le Premier et le lumineux Quelque chose de Doux, Quelque Chose de Tendre qui apporte un rien de délicatesse supplémentaire et fait écho au titre original dont il restitue le titre mot pour mot.

Cinq compositions originales d’Eric Dolphy et 42′ de musique sur « Out to Lunch ». Huit plages sur « inDOLPHYlités » pour 41′ d’écoute.

La pochette

couverture de l'album Out to lunch d'Eric Dolphy_inDOLPHYlitéscouverture de l'album InDOLPHYlités de l'ARFILe visuel du disque de l’ARFI conserve les tonalités bleues de la pochette de « Out to Lunch! ». Elle schématise les aiguilles des panneaux horaires affichés sur les portes des magasins pour annoncer l’heure du retour après la pause repas, comme le montrait la superbe photo de Reid Miles… Out to lunch… will be back !

S’y ajoutent des figuratifs de couleur rose suggérant instruments et instrumentistes.

Au fil des titres

Comme un clin d’œil à l’univers de Monk, Hat and Beard permet au quintet de l’ARFI de s’en donner à cœur joie sur les tempi impairs et de réinventer sans plagiat et de manière fort singulière l’atmosphère du titre original. Sur l’acidulé Gazzelloni écrit par Dolphy en hommage au flûtiste classique Severino Gazzelloni, Guillaume Grenard délaisse la trompette pour la flûte. Hachures, ruptures et délires aériens zèbrent librement la construction du morceau.

C’est plus loin une atmosphère tout en suspension que le quintet livre sur Something Sweet, Something Tender où calme et volupté font bon ménage. La contrebasse mélodieuse et le vibraphone angélique rivalisent de douceur. Découlant de la même inspiration, la composition de Clément Gibert, Quelque chose de Doux, Quelque chose de Tendre développe plus encore cette dimension de douceur apaisée qui tranche avec les déflagrations des thèmes à venir. Bugle, clarinette basse et vibraphone devisent sereinement alors que contrebasse et batterie ponctuent le dialogue avec tendresse.

Le percutant Out to Punch revitalise l’ambiance. Improvisations étourdissantes, gazouillis à tous crins. La ligne mélodique n’en finit pas d’être brisée par la trompette et la clarinette basse qui s’évertuent ensuite à la reconstruire. Phrases anguleuses, zigzags, rebondissements, digressions, distorsions du vibraphone, délire de haut vol tous azimuts. Total ARFI !

Dans la longue introduction de Damné soit le Premier, la clarinette basse explore l’entièreté de son registre et éructe à qui mieux mieux. Les autres protagonistes la rejoignent ensuite et entament avec elle une danse jubilatoire et incandescente d’où émergent des sons fulgurants jusqu’à ce que, pour finir, le paysage sonore se calme.

Sur un rythme en 5/4, Out to Lunch ouvre un boulevard à l’alto qui explose et s’époumone jusqu’au paroxysme, porté par la batterie en délire.

L’album se termine avec le très intense et singulier Straight Up and Down qui décape les tympans. Sur un motif continu de la contrebasse, les soufflants rivalisent, grognements et borborygmes de la trompette, explosion de l’alto, le vibraphone se fait allusif et la batterie pointilliste. Un moment dont les hauts et les bas ne sont pas sans évoquer les échanges peu maîtrisés des buveurs impénitents à l’acmé de leurs excès. La musique titube et l’oreille frémit.

Si les conditions sanitaires le permettent, RV avec « InDOLPHYlités » le 30 Janvier 2021 à La Fraternelle, Saint Claude (39) pour écouter live Clément Gibert (clarinette, clarinette basse, saxophone alto), Guillaume Grenard (trompette, bugle, flûte), Mélissa Acchiardi (vibraphone), Christophe Gauvert (contrebasse) et Christian Rollet (batterie).

Laurent Cugny Tentet présente « Zeitgeist »

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« Moods », les émotions de Virginie Daïdé

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​Trois ans après son premier album « Dream Jobim », la saxophoniste Virginie Daïdé poursuit son voyage musical avec « Moods ». Malgré sa pochette en noir et blanc, l’album ne manque de couleurs, celles des émotions qu’elle célèbre en quartet. Neuf tableaux, neuf ambiances, neuf humeurs, la vie en quelque sorte.

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The Royal Bopsters présentent « Party of Four »

The Royal Bopsters présentent « Party of Four »

Jazz vocal de haute voltige

Le quartet de jazz vocal américain, « The Royal Bopsters », dévoile « Party of Four » chez Motema Records. Composé d’Amy London, de la regrettée Holli Ross, de Pete McGuinness et de Dylan Pramuk, le groupe cisèle un joyau de l’art vocalese. Dans la lignée des fameux Lambert, Hendricks & Ross, des Manhattan Transfer et des Double Six, The Royal Bopsters présentent un album éblouissant. Accompagné d’un brillant trio piano-contrebasse-batterie, le quartet a invité Sheila Jordan, Bob Dorough et Christian McBride. Au cœur d’arrangements somptueux, les prouesses de ces quatre voix de haute voltige débordent de swing et de précision.

Après « The Royal Bopsters Project » sorti en 2015, The Royal Bopsters sont de retour avec « Party of Four », un deuxième album fort réussi dont la sortie est annoncée chez Motema Records. Sur leur premier album, The Royal Bopsters ont invité cinq légendes qui les ont inspirés : Mark Murphy (1932-2015), Bob Dorough (1923- 2018), Jon Hendricks (1921-2017), Annie Ross (1930-2020) et Sheila Jordan née en 1928 et toujours vaillante.couverture de l'album Party of Four par The Royal Bopsters

Pour leur deuxième album enregistré en juin 2017 et juin 2019, le quartet a de nouveau convié Sheila Jordan et invité Bob Dorough et Christian McBride.

« Party of Four » sort le 13 novembre 2020, trois jours avant la date qui aurait été celle du 64ème anniversaire de la chanteuse du groupe, Holli Ross et 5 jours avant celui de Sheila Jordan.

The Royal Bopsters

Le quartet vocal rassemble Amy London (soprano), Holli Ross (alto), Peter McGuinness (ténor) et Dylan Pramuk (basse). Tous les membres du groupe ont enseigné le jazz dans la région de New York et transmis ainsi leur connaissance et leur pratique du jazz vocal.

Les vocalistes de « The Royal Bopsters » mettent à mal la logique mathématique car leurs quatre voix additionnées n’en font qu’une, celle d’un groupe vocal qui contribue par son approche à rafraîchir le style vocalese. Utilisé pour la première fois par Leonard Feather en 1953, dans la revue Down Beat pour qualifier le style de la chanteuse Annie Ross, le terme vocalese désigne un genre de jazz vocal dont la tradition s’inscrit dans l’histoire du jazz. Il consiste à transcrire des solos d’instrumentistes pour la voix. Aux États-Unis, ce sont le chanteur Eddie Jefferson (1918-1979) puis les groupes de Lambert, Hendricks & Ross (1958-1962) et Manhattan Transfer (fin années 70, début années 80) qui ont popularisé l’art vocalese. En France, Mimi Perrin et les Double-Six (1959-1966) ont représenté avec brio ce style de jazz vocal.

L’écoute de « Party of Four » prouve dès les premières mesures de la première piste combien The Royal Bopsters maîtrisent le jazz vocal de style vocalese. Leurs voix de haute voltige développent des prouesses de swing valorisées par des arrangements éclatants.

Groupe instrumental et invités

Sur l’album « Party of Four », dédié à Holli Ross décédée en juillet 2020, le quartet vocal The Royal Bopsters est accompagné par un trio instrumental composé du pianiste Steve Schmidt piano, du batteur Steve Williams et du contrebassiste Cameron Brown qui cède l’instrument à Christian McBride sur deux titres. Le percussionniste Steven Kroon intervient lui aussi à leurs côtés sur deux morceaux.

Sur Lucky To Be Me, la toujours jeune Sheila Jordan qui a chanté le bop avec Charlie Parker rejoint The Royal Bopsters et retrouve Cameron Brown avec qui elle a souvent partagé la scène et même gravé des albums. Le regretté Bob Dorough (1923-2018) a chanté avec The Royal Bopsters sa composition Baby, You Should Know It, sur ce qui compte sans doute parmi un de ses derniers enregistrements.

Les brillants arrangements sont à porter au crédit de Dylan Pramuk, Peter McGuinness et Steve Schmidt.

Au fil des plages

L’album ouvre avec l’entraînant But not For Me, ce thème de Gershwin qu’affectionnait Chet Baker. Avec agilité et précision, les voix reprennent d’ailleurs un solo scat de Chet Baker harmonisé pour l’ensemble par McGuinness. Le morceau permet aussi d’apprécier un solo swinguant et savoureux du pianiste Steve Schmidt. Le répertoire se poursuit avec le medley On A Misty Night/The Gipsy. Amy London chante la mélodie avec passion et le contrebassiste invité, Christian McBride, offre un solo aussi lumineux que puissant. Sur des arrangements de Dylan Pramuk, les voix des Royal Bopsters sonnent comme les instruments d’un big band qui ponctueraient le rythme derrière la basse. On demeure confondu par la précision de l’orchestration.

Le groupe enchaîne avec la tendre ballade How I Love You (Let me count the reasons) dont les paroles et arrangements ont été à l’origine écrits par Dylan Pramuk à l’occasion de son mariage. C’est d’ailleurs lui dont la voix est mise en valeur sur ce titre. La chanson est basée sur une improvisation de Dexter Gordon. Plus loin, Lucky To Be Me met en avant Sheila Jordan. Après le couplet introductif des Royal Bopsters, Sheila Jordan et Cameron Brown exposent la mélodie puis la chanteuse entame un scat sublime de douceur et de retenue.

Sur Why’d You Do Me the Way You Did ? Amy London a ajouté des paroles à celles de Mark Murphy. La chanteuse clame son blues avec véhémence pour narrer une histoire d’amour ratée et les notes bleues voltigent au-dessus du clavier du pianiste, arrangeur du morceau. La ballade de Billy Strayhorn, Day Dream, ménage ensuite un intermède en suspension que le quartet chante a capella. Ce titre, interprété par les voix sans aucun accompagnement, brille par sa mélancolie un peu décalée par rapport au reste du répertoire. Un joyau vocal absolu !

Le contraste est grand avec le morceau suivant, Cuando Te Vea (When I see you), un mambo de Tito Puente, arrangé par Dylan Pramuk. Sur un rythme de salsa, Holly Ross chante les paroles qu’elle a écrites. Outre l’efficace intervention de la contrebasse de Christian McBride et la présence du percussionniste Steve Kroon, McGuinness offre un remarquable solo de « trombone à la bouche ». Le répertoire se poursuit avec un morceau de Bob Dorough, Baby, You Should Know It, sur lequel le chanteur rejoint le quartet. L’atmosphère se fait bluesy et restitue le rire et la voix pétillante et expressive de Bob Dorough.

Place ensuite à Our Spring Song, une composition de Pete McGuinness qu’il a arrangée pour le groupe sur des paroles d’Amy London. Le morceau se distingue par un swing chaleureux et les prouesses des voix qui développent un solo de groupe chatoyant. Le défi est grand pour les Bopsters sur Rusty Dusty Blues de Mayo Williams, basé sur l’improvisation du groupe de Count Basie. En effet, ce titre fut interprété entre autres chanteurs par Jon Hendricks avec Dave Lambert et Annie Ross. Dylan Pramuk qui a conçu les arrangements, pose avec détermination son chant bluesy sur les paroles de Jon Hendricks.

Une force mystérieuse et une émotion sensible caractérisent l’interprétation que donnent The Royal Bopsters de la composition de Wayne Shorter, Infant Eyes. Sur des arrangements de Pete McGuinnes et des paroles de Doug Carn, c’est un chorus du saxophoniste Wayne Shorter issu de l’enregistrement original qui est repris par le groupe. Le solo solaire et inspiré du pianiste ajoute au mystère et à la douceur du morceau. L’album se termine avec My Shining Hour arrangé par Peter McGuinness. Le scat qu’il développe est remarquable de souplesse, d’inventivité et de clarté sur le tempo rapide du morceau. On est proche de la jubilation !

Laurent Cugny Tentet présente « Zeitgeist »

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Avec « Zeitgeist » Laurent Cugny livre sa définition du jazz : un langage musical universel qui traverse les époques et transcende les mélodies. Le pianiste dirige ici la fine fleur des musiciens hexagonaux réunis dans un tentet où chaque instrumentiste s’exprime avec une grande liberté. Électricité et mélodie font bon ménage. Un album jubilatoire.

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« Healing rituals » de Naïssam Jalal

« Healing rituals » de Naïssam Jalal

​Loin des colères et de la frénésie du monde, la flutiste et compositrice Naïssam Jalal met le cap sur la profondeur et la douceur avec « Healing rituals ». Elle a imaginé et créé huit rituels de guérison qui résonnent comme huit rituels de sérénité où se mêlent harmonies du Moyen Orient et lyrisme modal. Une musique acoustique et vibrante aux atmosphères apaisantes, intenses et lumineuses.

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« Moods », les émotions de Virginie Daïdé

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​Trois ans après son premier album « Dream Jobim », la saxophoniste Virginie Daïdé poursuit son voyage musical avec « Moods ». Malgré sa pochette en noir et blanc, l’album ne manque de couleurs, celles des émotions qu’elle célèbre en quartet. Neuf tableaux, neuf ambiances, neuf humeurs, la vie en quelque sorte.

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Roberto Negro présente « Papier Ciseau »

Roberto Negro présente « Papier Ciseau »

Couleurs sonores contrastées

Trois ans après l’éblouissant « Saison 3 », Roberto Negro revient avec « Papier Ciseau » à sortir le 13 novembre 2020. Toujours en quête de renouvellement, le pianiste et compositeur Roberto Negro revient avec le trio Dadada devenu quartet avec la venue de Valentin Ceccaldi. Les sensations se succèdent, les univers se croisent, les couleurs sonores contrastent et la musique explose.

Roberto Negro©Jean-Pascal Retel

Roberto Negro©Jean-Pascal Retel

Élu aux Victoires du Jazz 2018 dans la catégorie Album sensation de l’année pour l’album « Saison 3 » avec son trio Dadada, le pianiste et compositeur Roberto Negro présente « Papier Ciseau » (Label Bleu/L’Autre Distribution) dont la sortie est attendue pour le 13 novembre 2020.

Sur ce nouvel opus, on retrouve autour du pianiste, le saxophoniste Émile Parisien et le batteur Michele Rabbia. Cependant, le trio Dadada s’étoffe et devient quartet avec l’arrivée de Valentin Ceccaldi, membre, comme le leader, de la tribu du TriCollectif.

Sans cesse en recherche de timbres, le quartet Dadada navigue entre romantisme et modernisme et projette sa musique dans un espace truffé d’effets et de sonorités étranges. Les quatre compères se gardent bien de fixer des repères et le jeu des instruments se combine à celui des effets de toutes sortes. Les couleurs sonores contrastées de cette musique à l’esthétique déroutante se projette loin des normes habituelles.

« Papier Ciseau »

couverture de l'album Papier Ciseau de Roberto NegroC’est en octobre 2019, au Studio Gil Evans d’Amiens, que l’ingénieur du son Mathieu Pion, chargé aussi du mixage, a enregistré « Papier Ciseau ».

Au piano et aux claviers, Roberto Negro s’exprime entre mélodies naïves et phrasés explosifs. Michele Rabbia partage son inventivité entre batterie/percussions et électronique. Émile Parisien parsème son expression lyrique de fulgurances inouïes et surprenantes. Pour ce projet, le violoncelliste Valentin Ceccaldi a opté pour la basse au jeu contrasté.

Des univers aux couleurs tranchées se télescopent. L’oreille vogue de chimère tumultueuse en réalité apaisée et voyage avec plaisir du tumulte à l’apaisement, d’une ambiance paradisiaque et à une atmosphère cauchemardesque. « Papier Ciseau », des sonorités aux couleurs contrastées, réminiscences d’enfance projetées dans l’avenir.

Au fil des titres

Les mains dans le dos, on compte jusqu’à trois pour jouer à Pierre, Feuille, Ciseau… à l’écoute des neuf plages de « Papier Ciseau ».

L’album débute avec Lime, un titre plein de fraîcheur. D’abord une mélodie presque naïve que développe le piano. Il est ensuite rejoint par le groupe et la musique devient délurée, avec des sons acidulés que le quartet triture tout en entonnant en chœur « Dadada ». Plus loin, sur un simple motif réitératif que la main gauche répète sur le piano, la main droite et le soprano embarquent Odile dans un jeu méditatif puis, porté par le souffle effervescent du soprano et la rythmique torride, le climat étrange se métamorphose. Pour finir, la sérénité revient… à moins qu’il ne s’agisse de nostalgie.

Roberto Negro Quartet Dadada©Jean-Pascal Retel

Porté par la rythmique tellurique, le souffle ténébreux du saxophone ouvre plus tard les portes de l’univers fantastique de l’enfance qu’évoque Toot. Dans la foulée, Apotheke débute par un tumulte sonore et une prescription énoncée comme une pub. La ligne de basse soutient la ligne mélodique que fragmentent claviers et soprano. Parasité par des effets sonores surprenants et cocasses, le solo lyrique du saxophone se termine très vite.

Sur Telex, le duo piano-soprano propose d’abord un motif romantique et lent puis entame une narration dont le climat s’intensifie puis est porté au paroxysme par le quartet. Sans crier gare, advient Neunzehn à la construction déroutante. Le soprano à l’expression fulgurante, la basse dévergondée et les percussions toniques génèrent des moments brûlants auxquels succèdent des espaces sereins. On est submergé et esbroufé par la maîtrise dont le groupe fait preuve pour contrôler le climat musical.

Le répertoire se poursuit avec Missa à l’atmosphère musicale onirique : soprano planant, basse pulsatile, percussions et claviers répétitifs. L’ambiance se fait extravagante puis devient enivrante et l’on se laisse flotter avec bonheur au fil des mesures. Sur Solarels, le monde de l’enfance revient en force avec un superbe travail opéré par les effets électroniques, à partir d’un riff de piano. Sifflets et grondements ponctuent le morceau et invitent à rejoindre la cour de récré où se croisent des sonorités tout en légèreté jusqu’à ce que le piano sonne la fin des réjouissances et rappelle basse, cymbales, claviers.

Il faudra attendre 2021 pour que la musique de Roberto Negro et de son quartet Dadada redonne des couleurs à la morosité de ces temps confinés. Rendez-vous le à 20h le 17 janvier 2021 à Paris au Café de la Danse et à 21h le 20 janvier 2021 à la Maison de la Culture d’Amiens.

Laurent Cugny Tentet présente « Zeitgeist »

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« Healing rituals » de Naïssam Jalal

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​Loin des colères et de la frénésie du monde, la flutiste et compositrice Naïssam Jalal met le cap sur la profondeur et la douceur avec « Healing rituals ». Elle a imaginé et créé huit rituels de guérison qui résonnent comme huit rituels de sérénité où se mêlent harmonies du Moyen Orient et lyrisme modal. Une musique acoustique et vibrante aux atmosphères apaisantes, intenses et lumineuses.

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« Moods », les émotions de Virginie Daïdé

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​Trois ans après son premier album « Dream Jobim », la saxophoniste Virginie Daïdé poursuit son voyage musical avec « Moods ». Malgré sa pochette en noir et blanc, l’album ne manque de couleurs, celles des émotions qu’elle célèbre en quartet. Neuf tableaux, neuf ambiances, neuf humeurs, la vie en quelque sorte.

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Francesco Bearzatti Tinissima 4tet signe « Zorro »…

Francesco Bearzatti Tinissima 4tet signe « Zorro »…

… de la pointe de son JaZZ avant-gardiste

Dès ses origines, le jazz s’est inscrit dans une dynamique de libération, de résistance à l’injustice. A l’occasion du centenaire de la création de Zorro, le saxophoniste et clarinettiste italien Francesco Bearzatti à la tête de son Tinissima Quartet célèbre ce justicier légendaire. Les quatre trublions avant-gardistes signent chez Cam Jazz un opus divertissant. Un jazz libéré aux ambiances joyeuses.

couverture de l'album Zorro de Francesco Bearzatti Tinissima QuartetAprès avoir célébré Woody Guthrie sur le superbe « This Machine Kills Fascists », le saxophoniste et clarinettiste italien Francesco Bearzatti revient à la tête de son Tinissima Quartet. De la pointe de son jazz avant-gardiste, il signe « Zorro » (Cam Jazz) à paraître le 13 novembre 2020.

Avec ses ambiances échevelées, l’album honore Zorro, ce héros masqué de la littérature américaine créé sous le titre « The Curse of Capistrano » par l’Américain Johnston McCulley et popularisé de 1957 à 1961 à travers une série télévisée de Walt Disney dont le générique était connu par les générations d’enfants de cette époque. Au cinéma plus de cinquante films ont glorifié le justicier masqué de 1920 où Zorro était incarné par Douglas Fairbanks dans « Le Signe de Zorro » jusqu’aux films de Martin Campbell, « Le masque de Zorro » (1998) et « La légende de Zorro » (2005) où Antonio Banderas campait le héros.

Avec une pochette qui affiche le sourire du justicier masqué, « Zorro » déborde d’une énergie joyeuse. Comme dans un film projeté en noir, blanc et rouge, le répertoire fait alterner aventures haletantes, épisodes romantiques et chevauchées soutenues. Avec Francesco Bearzatti, le Tinissima Quartet signe la musique de la pointe de ses instruments vigoureux et virtuoses.

Francesco Bearzatti

Entre rock, funk, punk et jazz, Francesco Bearzatti incarne la figure d’un artiste qui a développé un style singulier nourri par ses influences éclectiques. Honoré de nombreuses récompenses en Italie comme en France, le saxophoniste et clarinettiste a su tracer son chemin en dehors des sentiers battus et a collaboré avec nombre de musiciens de la scène jazz européenne.

Après des études musicales en Italie et un détour du côté de New York, le clarinettiste et saxophoniste italien Francesco Bearzatti intègre l’orchestre crée par Aldo Romano pour célébrer Sidney Bechet. Le musicien à la technique impeccable développe une personnalité singulière et monte le Bizart Trio avec Emmanuel Bex. Le saxophoniste explore ensuite des contrées plus rock avec le batteur Dan Weiss et le bassiste japonais Stomu Takeishi avec qui il forme les Sax Pistols. En France, Francesco Bearzatti collabore avec de nombreux musiciens de la scène jazz parmi lesquels figurent entre autres Louis Sclavis, Henri Texier, François Merville, Simon Goubert, Thierry Péala, Bruno Angelini.

Francesco Bearzatti forme un duo avec le guitariste Federico Casagrande avec lequel il a enregistré chez Cam Jazz « Double Circle » (2015) et « Lost Songs — Live at Abbazia di Rosazzo Winery » (2018). Il fait également partie intégrante des groupes d’Enrico Rava « Special Edition » et de Giovanni Guidi.

Tinissima Quartet

Dans le même temps, le musicien italien poursuit ses projets personnels dont le Tinissima Quartet fait partie. Entouré du trompettiste Giovanni Falzone, du bassiste Danilo Gallo et du batteur Zeno De Rossi, Francesco Bearzatti a consacée un premier opus au parcours de la photographe et révolutionnaire Tina Modotti, « Suite for Tina Modotti » (Parco della Musica) sorti en 2008, puis un projet consacré à Malcolm X, « X Suite for Malcolm » (Parco della Musica) paru en 2010 et ensuite, en 2013, « Monk’n’roll » (CamJazz), en hommage au génie de Thelonious Monk. En 2015, le Tinissima Quartet sort « This Machine Kills Fascists » (Cam Jazz), un hommage à la vie de Woody Guthrie.

« Zorro » (Cam Jazz) est annoncé pour le 13 novembre 2020.

Chevauchée en neuf épisodes

L’album ouvre avec Zorro qui campe avec brio la silhouette du fougueux justicier. Avec Tierra Indios, la caméra se déplace ensuite sur la terre des indiens que chantent la flûte indienne sur un motif répétitif ponctué par la batterie en guise de tambours indiens. Clap de tournage et la scène suivante campe le retour de Zorro avec en guise d’ouverture, un sifflet comme un clin d’œil à la musique des westerns Ennio Moriccone. El Regresso continue avec les soufflants qui entonnent une chansonnette joyeuse et sautillante. La trompette convoque le chevalier masqué qui enfourche le ténor de Francesco Bearzatti et galope au rythme de la batterie.

Plus loin, quelque chose semble se tramer alors que ténor et trompette soufflent la ligne mélodique introductive sobrement d’abord puis avec plus d’emphase. Pas de doute, Algo Mal évoque une mauvaise action suggérée par les éructations très libres du ténor et la tonalité dramatique qui résulte de l’expression éruptive du quartet et des divagations plaintives du ténor. Après une brève intro à la batterie, les deux vents à l’unisson exposent un thème aux allures bop. L’aventure se poursuit avec Bernado sur un rythme haletant que le ténor adopte sur une ligne de basse continue. Mordante, la trompette entre en jeu et donne la réplique au ténor poussé par une batterie énergique. Le dialogue continue jusqu’au retour du thème bop qui boucle la scène.

Place ensuite à un épisode qui met en scène Sargento Garcia campé par le tuba de Danilo Gallo. Sur cette plage fantaisiste au possible, le jeu de Francesco Bearzatti à la clarinette se fait ludique. Avec la trompette de Giovanni Falzone au jeu truculent, elle entreprend un dialogue moqueur et farfelu qui devient conflictuel jusqu’à ce que le tuba intervienne et calme leur jeu endiablé.

Dans la scène suivante, la clarinette de Francesco Bearzatti entonne une douce romance en l’honneur de la tendre Lolita, amie de cœur de Don Diego. Trompette et clarinette improvisent avec lyrisme au décours d’une mélodie séduisante. Le film continue sur un mode plus tonique puisque Zorro enfourche son cheval, le noir Tornado. La rythmique tempétueuse fait résonner des riffs débridés sur lesquels trompette et ténor soufflent à perdre haleine. La musique enivrante suggère la course du destrier à travers des paysages nocturnes qui défilent à perte de vue. Pour finir, El Triunfio Del Zorro reprend le thème d’ouverture sur un rythme plus serein. Le voyage musical effervescent se termine avec une scène où ténor et bugle annoncent le triomphe de Zorro. La chevauchée se termine en beauté.

Laurent Cugny Tentet présente « Zeitgeist »

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« Healing rituals » de Naïssam Jalal

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Keith Jarrett sort « Live in Budapest »

Keith Jarrett sort « Live in Budapest »

Maître absolu de l’impro piano solo

A 75 ans, le pianiste Keith Jarrett sort un opus inédit intitulé « Live in Budapest ». Publié chez ECM, ce double album restitue la teneur d’un récital capté en 2016 au Béla Bartók National Concert Hall lors d’un récital donné dans la capitale hongroise. Une plongée dans le monde unique de Keith Jarrett devenu le maître absolu de l’improvisation en piano solo.

Sorti le 30 octobre 2020, le double album de Keith Jarrett, « Live in Budapest » (ECM/Universal) amortit par son indicible beauté l’impact de la nouvelle annoncée au New York Times par le pianiste, en l’occurrence, son potentiel retrait de la scène suite à deux accidents vasculaires cérébraux intervenus en février et en mai 2018.

Depuis 45 ans Keith Jarrett a contribué à redéfinir la place du piano dans la musique contemporaine en alliant dans son expression jazz, classique et traditions ethniques. En 2020, son légendaire enregistrement « The Köln Concert » (ECM/Universal) a célébré son 45ème anniversaire et figure au sommet des enregistrements de piano solo vendus dans l’histoire du jazz.

Après avoir annoncé en 1998 qu’il était atteint du « syndrome de fatigue chronique », le pianiste a ensuite repris des forces et enregistré dans son home studio de superbes ballades gravées sur le sublime « The Melody at Night, With You ». Tel un phœnix, en 1998, il a ensuite retrouvé sur scène son légendaire trio avec le batteur Jack DeJohnette et le contrebassiste Gary Peacock, récemment disparu (04 septembre 2020). En mars 2018, le label ECM a sorti le lyrique et sensible « After the Fall » (ECM/Universal) enregistré à Newark (New Jersey) le 14 novembre 1998 au New Jersey Performing Art Center.

« Live in Budapest »

couverture de l'album Budapest Concert de Keith JarrettAvant le concert de 2016 gravé sur « Live in Budapest », Keith Jarrett s’était produit quatre fois au Béla Bartók National Concert Hall de Budapest. La grand-mère maternelle du pianiste était hongroise, il a joué la musique de Bartók dès son plus jeune âge et, comme il l’explique au public, il lui a toujours voué une vive admiration. Les conditions étaient réunies pour que le concert se présente sous les meilleurs auspices.

Sur « Live in Budapest », quelques pièces sont empreintes des atmosphères sombres propres à Bartók et à d’autres compositeurs hongrois. Part VI irradie par la fougue de son toucher alors que Part IX et Part X convoquent un registre plus contemporain aux résonances ombrageuses et interrogatives.

D’autres ballades comme Part V, Part VII et Part XI touchent par leur dimension sensible et lyrique. Après un Part XII blues « bien tempéré » improvisé dans la plus pure tradition de ce style, le pianiste déploie son talent et offre en rappel It’s A Lonesome Old Town et Answer Me, deux titres que Keith Jarrett transfigure en rêveries délicates et poétiques.

Keith Jarrett a confié qu’il considérait « Budapest Concert » comme l’étalon-or de ses performances actuelles, l’œuvre de référence par rapport à laquelle tous ses autres enregistrements en solo devaient être mesurés. De fait, ce double album constitue une réussite absolue à écouter pour s’immerger dans le monde de cet improvisateur unique.

Laurent Cugny Tentet présente « Zeitgeist »

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« Kissed by the mist » par Giorgio Alessani

« Kissed by the mist » par Giorgio Alessani

Crooner dans la brume

La voix embrumée de Giorgio Alessani swingue avec aisance sur les dix pistes de « Kissed by the Mist ». Une section rythmique et une section de cuivres issues de la scène jazz française actuelle, un orchestre symphonique… et le tour est joué, un nouveau crooner est né. Sans s’aventurer ni dans les aigus ni dans les graves, le chanteur façonne le registre médium avec souplesse et sans jamais forcer. Textes, mélodies et arrangements tissent la trame d’un délicieux album où vibrent les émotions.

Après « Semplici Parole » et « Sweet Innocence », Giorgio Alessani propose « Kissed by the mist » (Label Quart de Lune/Idol/UVM) sorti le 25 septembre 2020. Sur les textes du poète new-yorkais Cédric McClester, la voix du chanteur évoque et incarne tous les états d’âme qui fondent la vie… tristesse, désespoir, joie de vivre, amour.

Un savoureux album de jazz aux harmonies contemporaines, aux arrangements rutilants et au swing entraînant.

« Kissed by the Mist »

Avec la complicité de la coach vocale Michele Hendricks, le pianiste et chanteur Giorgio Alessani qui a quitté Rome à 22 ans pour s’établir à Paris, interprète ses propres compositions.Couverture de l'album Kissed By The Mist de Giorgio Alessani

Il est entouré du pianiste Cédric Hanriot, du contrebassiste Diego Imbert et du batteur André Ceccarelli, d’un superbe orchestre symphonique, le Star Pop Orchestra dirigé par Christophe Eliot et d’une section de cuivres composée de Bastien Ballaz (trombone), Cédric Ricard (saxophone et flûte) et David Enhco (trompette et bugle). Le guitariste Allen Hinds accompagne le chanteur sur 50 Shades of Blue et le saxophoniste Christophe Gauthier développe un solo lumineux et concis sur Nothing has Changed.

Tous les arrangements pour orchestre de cordes et cuivres ont été confiés à Jean Gobinet qui avait aussi réalisé ceux du film « The Artist », hormis ceux de A Place To Belong à créditer à Stefano Nerozzi et Giorgio Alesssani lui-même.

Au fil des plages

« Kissed by the Mist », un savoureux mélange de swing, soul et funk.

La voix de Giorgio Alessani se fait feutrée et énergique sur Blood In The Water. La voix au ton chaleureux rebondit sur l’arrangement ciselé de Not Much Has Changed et glisse sur les notes sans jamais les attaquer de front.

Sur la ballade Eventually à laquelle la trompette bouchée de Jean Gobinet insuffle un groove délicat, le timbre de la voix joue sur le velours et semble parfois gémir. Loin de celles du gris, les 50 Shades of Blue sont propulsées sur un tempo funk et la voix plus emphatique se plaît à rugir, soutenue par le big band rutilant où la flamme du ténor Cédric Ricard fait merveille. C’est dans le registre caresse et feeling que s’exprime le chanteur sur le (presque trop) lyrique How Many Ways Are There To Say I’m Sorry.

Ballade interprétée par la voix accompagnée du seul piano, I Now Regret suggère la peine et les remords. On se laisse convaincre par Do I Think About You Every Now And Then où la voix poignante gorgée de swing en suspension entre en osmose parfaite avec le piano au jeu délicat. Les arrangements de la section de cordes participent à créer un écrin harmonieux d’où émergent les aigus précis de la flûte de Cédric Ricard.

Un peu trop chargée en mélancolie, A Place to Belong pourrait accompagner la projection d’une série larmoyante. On préfère le tempo plus soul du titre I Used to Play Around qui conte une belle romance. L’album se termine par le titre éponyme Kissed by the Mist et que l’on aurait volontiers écouté en ouverture. Avec une orchestration riche en couleurs et un piano volubile, la voix du crooner développe l’ensemble de ses atouts dont le charme n’est pas le moindre.

Laurent Cugny Tentet présente « Zeitgeist »

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« Healing rituals » de Naïssam Jalal

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« Moods », les émotions de Virginie Daïdé

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Dexter Gordon – « Montmartre 1964 » (Storyville Records)

Dexter Gordon – « Montmartre 1964 » (Storyville Records)

Lyrisme et audace

Le 06 novembre 2020, le Label Storyville Records propose « Montmartre 1964 », un album inédit de Dexter Gordon capté en direct en juillet 1964 au Jazzhus Montmartre. Le saxophoniste joue avec le trio composé du contrebassiste Niels-Henning Ørsted Pedersen, du batteur Alex Riel et du pianiste Tete Montoliu. Ce merveilleux opus témoigne de la maîtrise du jeu de ce géant du ténor au lyrisme confondant et à l’expression audacieuse. Un souffle de félicité venu de l’âge d’or du jazz danois.

Montmarte 64 - Storyville RecordsÉcouter « Montmartre 1964 » (Storyville Records) offre le privilège d’accéder aujourd’hui à la musique savoureuse dispensée par Dexter Gordon (1923-1990) en juillet 1964 au Jazzhus Montmarte de Copenhague. Installé au Danemark de 1962 à 1965, le saxophoniste ténor américain Dexter Gordon, occupait alors une place phare sur la scène jazz danoise de l’époque.

Durant l’été 1964, le saxophoniste faisait salle comble tous les soirs avec le pianiste catalan Tete Montoliu et les Danois Niels-Henning Ørsted Pedersen (NHOP) à la contrebasse et Alex Riel à la batterie. Le 06 novembre 2020, le label Storyville Records propose un album inédit capté en direct 1964 le 20 et 28 juillet 1964 au club Jazzhus Montmartre.

Dexter Gordon

Géant au propre, il mesurait 1m98, comme au figuré, avec une carrière studio et sur les scènes internationales étendue sur plus de 50 ans, ce maître de la ballade fut l’un des premiers saxophonistes ténor à adapter le langage bop de Charlie Parker, Dizzy Gillespie et Bud Powell.

Son lyrisme prodigieux s’abreuve aux sources de la musique de Lester Young mais sa sonorité puissante et son discours audacieux alimentent des improvisations ébouriffantes qui avaient un impact énorme, tant sur les musiciens que sur le public. En 1962, son arrivée sur la scène jazz danoise a fait grande impression. Au cours de l’été 1964, NHOP, Alex Riel et Tete Montoliu jouaient avec Dexter Gordon tous les soirs. « Montmartre 1964 » se compose d’enregistrements inédits captés en direct les 20 et 28 juillet 1964.

Après avoir retrouvé les scènes new-yorkaises, en 1976, Dexter Gordon a campé le rôle principal du film « Autour de Minuit » (1986) de Bertrand Tavernier et a été nommé membre et officier de l’Ordre des arts et des lettres par le ministère de la Culture de France.

Au fil des pistes

Avec le solo virtuose du tout jeune NHOP tout juste âgé de 18 ans sur King Neptune, on est transporté dans la nuit du 28 juillet 1928. L’ambiance effervescente du club est palpable d’emblée et cela s’amplifie encore après une puissante intervention de Dexter Gordon au ténor. En pleine possession de son art, Dexter est bien le Roi Neptune des lieux.

C’est ensuite la voix de Dexter Gordon qui ouvre Big Fat Butterfly de Eddie Barefield et Saunders King. Le leader continue au ténor. De son timbre acéré, il développe son discours musical impérieux empreint de bop dans un style direct qui coule avec limpidité et va en crescendo. Il galvanise le pianiste Tete Montoliu dont le style inspiré de Tatum et Powell possède un toucher percussif et une articulation très nette. Il truffe ses phrases de traits rapides. Après un solo nourri de Niels-Henning Ørsted Pedersen, Dexter Gordon reprend son chant et termine le morceau.

Le répertoire se poursuit avec Manha de Carnival, la superbe bossa nova écrite par Luiz Bonfa pour le film « Orfeo Negro ». La sonorité chaleureuse et virile du ténor fait merveille. Son phrasé se développe avec ses accentuations typiques et de beaux glissandos dans les aigus. Sur le tempo latin, Dexter Gordon toujours en arrière du temps, impulse un swing constant. Le piano truffe son discours de citations et fait des escapades hors champ mais aucun risque de sortie de route car le magistral contrebassiste balise le tempo avec une assurance peu commune.

Dexter Gordon attaque ensuite le thème de Sonny Stitt, Loose Walk. Il empoigne ce morceau de bop avec un phrasé plus tendu, une sonorité plus rude et maintient la tension par un solo crescendo de 3’54. Avec véhémence, il anime son improvisation et la truffe de citations et de growls rugissants. Stimulés, piano et contrebasse s’en donnent à cœur joie et offrent des solos somptueux soutenus par le beat solide qu’assure Alex Riel sans faillir.

Après avoir présenté les musiciens de sa voix grave et nonchalante, Dexter Gordon ouvre la séance du 20 juillet 1964 avec son thème I Want More. Toujours au sommet de son art, le saxophoniste déroule le thème avant de s’investir dans une improvisation de 2’24 où, avec une grande intelligence mélodique et harmonique, il développe son discours hard bop imparable. Il crée une tension palpable et jubilatoire qui imprègne l’inspiration du piano, du contrebassiste et alimente la vigueur des 4/4 échangés avec le batteur.

Le contraste est grand avec le titre suivant, Misty. L’occasion pour le saxophoniste de démontrer son talent d’interprète sur cette ballade voluptueuse. A l’écoute de sa sonorité langoureuse, on se prend à rêver aux volutes de fumée de sa cigarette qui s’enroulaient autour de son ténor, tout au long de son interprétation chargée d’une douce mélancolie et d’une grâce absolue. L’opus se conclut avec Cheese Cake, une composition originale de Dexter Gordon. Sur un rythme tonique, le discours musical du saxophoniste imprégné de hard bop développe avec ardeur une improvisation audacieuse portée par le swing imparable qu’impulsent les talentueux accompagnateurs et improvisateurs inscrits dans la dynamique lumineuse du leader.

« Montmartre 1964 » (Storyville), un album inédit à découvrir pour pénétrer par la grande porte dans le monde de ce géant du jazz que fut le saxophoniste Dexter Gordon.

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