Clin d’œil à Duo Fines Lames & « InTime Brubeck »

Clin d’œil à Duo Fines Lames & « InTime Brubeck »

Modernité sensible

​Sur « InTime Brubeck », le Duo Fines Lames explore le monde musical de Dave Brubeck à travers des relectures d’œuvres choisies ou des compositions personnelles inspirées de l’univers de cette figure essentielle du jazz West Coast que fut le pianiste. Les lames de l’accordéon chromatique de Florent Sepchat et celles du vibraphone et du marimba de Renaud Detruit dialoguent en interaction permanente. Entre hommage fidèle et création inventive, leurs échanges d’une modernité sensible créent des climats inédits.

Avec leur deuxième opus, « InTime Brubeck » (La Saugrenu /L’Autre Distribution) à paraître le 02 avril 2021, le Duo Fines Lames offre une relecture contemporaine et singulière des différentes facettes du monde musical de Dave Brubeck, dont on fêtait les 100 ans de la naissance en 2020.

Enregistré durant cette même année, après le premier confinement, « InTime Brubeck » rend un hommage singulier à Dave Brubeck, ce pianiste et compositeur qui a introduit de nouvelles métriques dans le jazz et a créé un style unique, au carrefour de la musique classique européenne et du jazz.

Sur « InTime Brubeck », les échanges féconds et complices de Florent Sepchat et Renaud Detruit émaillent les relectures de six pièces choisies de Brubeck et des compositions originales inscrites en droite ligne dans l’univers du pianiste.

Duo Fines Lames

Réunis dans le Duo Fines Lames, l’accordéon de Florent Sepchat et le vibraphone et le marimba de Renaud Detruit possèdent des similitudes : claviers et polyphonie et vibrations des lames même si le mode de cette vibration diffère, par le souffle de l’air pour l’accordéon ou par la percussion des mailloches pour marimba et vibraphone. Chaque instrument du duo explore les dimensions mélodique, rythmique et harmonique et le duo sonne comme un véritable orchestre.

Après « Fines Lames » sorti en 2017, le tandem récidive et revient en 2021 avec « InTime Brubeck », un nouvel album tourné vers la musique de Dave Brubeck.

« InTime Brubeck »

Par son titre, le deuxième album de Florent Sepchat (accordéon) et Renaud Detruit (vibraphone, marimba) fait écho à « Time Out » (1959), à « Time In » (1966) et plus largement à la série des Time enregistrés par Dave Brubeck (1920 -2012).

visuel de l'album InTime Brubeck du Duo Fines LamesAvec leur intitulé, Take Eleven de Florent Sepchat et Rondo de Pablo Pico se profilent aussi comme des clins d’œil à Take Five ou Blue Rondo à la Turk, ces fameux morceaux de Brubeck gravés sur l’album « Time out ». Fairy Blades, Ibericana et ELM sont à porter au crédit de Renaud Détruit. Les six autres titres du répertoire sont des reprises de compositions de Dave Brubeck, l’énergique Fast life, le nostalgique Bluette et le très rythmique Tritonis mais aussi le délicat Koto song, le dépaysant Tokyo traffic et l’aérien Fujiyama, trois morceaux gravés par Brubeck en 1964 sur « Jazz Impressions of Japan ».

Loin du format « piano-saxophone alto-contrebasse-batterie » du Dave Brubeck Quartet qui a regroupé autour du pianiste un groupe éphémère constitué du saxophoniste alto Paul Desmond et d’une section rythmique constituée du batteur Joe Morello et du contrebassiste Eugene Wright, le Duo Fines Lames devient trio sur quatre titres. Le tandem accordéon-marimba/vibraphone invite en effet le saxophone alto de Jean-Baptiste Réhault sur Bluette et Tokyo Traffic et accueille Yoann Loustalot et son bugle dont les spirales de notes émaillent de leur lumière poétique Rondo et ELM.

Impressions

Tels des équilibristes, l’accordéoniste Florent Sepchat et le vibraphoniste Renaud Detruit devisent avec fluidité et souplesse. Leur dialogue fusionnel, swinguant et ludique prend parfois des accents poétiques où allégresse et mélancolie jouent à cache-cache. Leur musique de format chambriste possède un rien de sophistication et se distingue par l’extrême virtuosité de chacun des interprètes. Tous deux sont au service d’une trame narrative mélodique qu’ils émaillent d’improvisations vertigineuses.

On se laisse captiver par le grand naturel et la maîtrise du dialogue de Florent Sepchat (accordéon) et Renaud Detruit. Si leur musique à la texture délicate mérite à n’en pas douter le qualificatif de raffinée, elle possède par ailleurs une dimension d’espièglerie qui apporte fraîcheur et modernité à la relecture que font les deux complices de l’univers brubeckien.

Disparition de Mario Stantchev

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Ricardo Izquierdo présente « Kikun Pelu Mi Wá »

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Michel Portal présente « MP85 »

Michel Portal présente « MP85 »

Un voyage musical radieux

Après un silence discographique de 10 ans, Michel Portal revient avec un nouvel album aux accents joyeux, « MP85 ». Si les initiales du titre reprennent celles de son identité, le nombre associé évoque les 85 bougies soufflées le 27 novembre 2020 par le leader. Avec son nouveau groupe, le clarinettiste restitue la vision qu’il a du monde. Il invite à le suivre dans un voyage musical radieux qui commence en Afrique et se termine au pays basque. Dix paysages sonores sublimes.

Avec une carrière menée avec brio à la confluence de plusieurs univers, musiques classique et contemporaine, bandes originales de films, jazz et musiques improvisées, le clarinettiste Michel Portal inspire le respect. Dix ans après « Balaïdor » (2011) enregistré en New York, l’album « MP85 » couverture de l'album MP85 de Michel Portalmarque les retrouvailles de l’artiste avec Label Bleu, label avec lequel il avait collaboré dans les années 90 pour trois albums dont le dernier, « Dockings » (1998), réunissait déjà à ses côtés, Bruno Chevillon et Bojan Zulfikarpašić plus connu sous le nom de Bojan Z.

Enregistré après le premier confinement, entre le 25 et le 30 juin 2020, par l’ingénieur du son Philippe Teissier du Cros, au Studio Gil Evans de la Maison de la Culture d’Amiens, « MP85 » (Label Bleu/L’Autre Distribution) est sorti le 05 mars 2020. Michel Portal évoque lui-même cet enregistrement comme une sorte de retour à ce qui fonde pour lui la musique… la joie des échanges et du partage.

« Ce disque s’est fait dans des conditions très particulières, au sortir de deux longs mois de confinement. Avec les membres de mon nouveau quintet, nous nous sommes retrouvés dans les studios de Label Bleu, avides de musique mais animés d’un sentiment mêlé de joie, de crainte du virus et de méfiance involontaire envers l’autre soudain renvoyé à son statut d’“étranger menaçant”. Comme s’il s’agissait pour chacun d’entre nous de rétablir la bonne distance par rapport au monde et aux autres, la musique durant ces quelques jours d’enregistrement s’est inventée au présent en circulant de l’un à l’autre avec une vraie intensité collective. C’est ce mouvement fondamental d’ouverture qui, je crois, donne à la musique de ce disque sa couleur et sa direction — comme un retour progressif à la vie. Ce que nous avons cherché là tous ensemble, c’est de retrouver l’élan et l’insouciance du jeu, la joie simple de partager l’instant dans ce qu’il a de plus vif et explosif : cette faculté qu’a la musique, quand on la prend au sérieux avec suffisamment de légèreté, d’abattre tous les murs qui peuvent s’ériger entre nous ! »  Michel Portal.

Un groupe transgénérationnel

Michel Portal quintet

Michel Portal 5tet©Stella D

Depuis toujours le musicien et compositeur Michel Portal parcourt les scènes et affectionne les rencontres musicales. En effet, ce précurseur du free jazz a joué avec les plus grands noms de la scène jazz européenne et internationale et n’hésite pas à rencontrer les jeunes pointures de la scène actuelle du jazz.

Ce fut le cas en 2018, où Michel Portal s’entoure d’un nouveau groupe pour honorer une commande de l’Europa Jazz Festival du Mans. Pour l’occasion, il étoffe le duo de ses fidèles compagnons de scène Bojan Z (piano, claviers) et Bruno Chevillon (contrebasse) de deux complices plus récents, le batteur belge Lander Gyselinck et le tromboniste allemand Nils Wogram, un familier du pianiste avec lequel il joue souvent en duo. Après la réussite scénique de ce groupe transgénérationnel réuni autour d’un nouveau répertoire, le quintet se retrouve en juin 2020 dans le Studio Gil Evans de la Maison de la Culture d’Amiens, pour enregistrer les dix pistes de « MP85 » produit par Label Bleu.

« MP85 »

Avant même d’écouter les dix plages de l’album, on est captivé par le visuel de l’album crédité à Christophe Rémy (Links Création Graphique) qui donne à voir le profil de Michel Portal, pensif au centre d’une trouée nuageuse au bleu intense.

Pour ce projet, Michel Portal embouche clarinette basse, clarinette en si bémol et saxophone soprano. Au fil des titres, il conjugue lyrisme et virtuosité, romantisme et énergie. Il libère son inventivité et s’envole dans des improvisations où se croisent humour et poésie.

Autour du leader, Bojan Z se fait tour à tour explosif et enchanteur sur les claviers alors que le jeu Bruno Chevillon sur sa contrebasse ravit par sa subtilité, sa précision et sa justesse. La technique éblouissante du tromboniste Nils Wogram s’allie à un phrasé sans défaut où l’imagination prend toute sa part. Le groove très actuel du batteur Lander Gyselinck, originaire d’Anvers, possède une palette de sons nuancée et une subtilité rythmique qui contribuent à créer d’élégants climats sonores propices à la liberté d’expression des solistes.

De l’Afrique au Pays Basque…

De l’Afrique au Pays Basque en passant par l’Arménie, les Balkans et le désert, « MP85 » regarde largement sur le monde.

Toutes les compositions de « MP85 » sont de Michel Portal sauf Full Half Moon de Bojan Z, Split The Difference de Nils Wogram et le chant traditionnel basque Euskal Kantua.

En ouverture, African Wind résonne comme une mélopée africaine et invite à la danse. Les instruments teintent leur jeu de couleurs douces et leur expression semble témoigner d’une joie insouciante et d’un partage plein de générosité. La mélodie mélancolique de Full Half Moon évoque les musiques des Balkans que développent trombone et piano. La clarinette basse part dans une improvisation libérée et stimule le trombone dont le solo décapant est vivifiant.

Plus loin, en contrepoint avec le trombone et accompagné par le seul piano, la clarinette développe la superbe mélodie du titre Armenia. Son chant rêveur aux accents empreints de tristesse transporte dans un monde onirique au-dessus duquel plane l’âme du pays évoqué dans le titre. Dès le début de Jazzoulie, on est saisi par la dimension orchestrale rutilante de cette plage qui contraste avec la précédente et sonne comme un clin d’œil à l’univers de Miles Davis. L’arrangement explosif, la rythmique affranchie de toute limites, le jeu imprévisible de la clarinette et l’expression jubilatoire du trombone, tout concourt à faire de ce titre un moment fort, à la fois déroutant et réjouissant.

Hommage non dissimulé à Mino Cinellu et à Miroslav Vitous, Mino- Miro séduit par son riff que la contrebasse joue en intro avant d’être repris par la clarinette et le trombone à l’unisson. Après un chorus aérien du piano, la clarinette s’envole au pays des Balkans puis le trombone enracine son solo dans celui du blues. Très jazzy, la ligne mélodique de Split The Difference est exposée avec énergie et précision par les soufflants. Le piano enflammé leur répond puis le trombone se prend au jeu et développe une improvisation toute en vivacité alors que la clarinette n’est pas en reste. S’installe ensuite un échange exubérant entre tous les protagonistes propulsés par une rythmique tonique.

Le voyage continue ensuite dans des paysages désertiques avec Desertown où l’on s’attend à tout instant à croiser une certaine Caravan de Duke Ellington. La sonorité lumineuse de la clarinette peint des arabesques célestes auquel répond le chant empreint de sensualité du trombone. Les ruptures pulsatiles de la rythmique et les interventions du piano les rejoignent et contribuent à créer un climat poétique étrange qui évoque pour finir, un vent de sable. Sur le tempo vigoureux de Nu Hay, la clarinette au son réverbéré, le trombone au jeu explosif et le piano hyper-rythmique ébouriffent cette musique organique au groove charpenté.

Plus tard, Mister Pharmacy se métamorphose de bout en bout à partir d’un motif réitératif dont la répétition évoque un climat obsessionnel irrigué par un lyrisme joyeux. Comme un clin d’œil nostalgique à la jeunesse du leader, l’album se termine par la reprise d’un chant traditionnel basque, Euskal Kantua. Après une introduction de la contrebasse dont le jeu imprime une forte charge émotionnelle, clarinette basse et piano magnifient ce morceau qui résonne comme un hymne porteur d’espoir.

« MP85 », un album généreux aux couleurs sensibles. Des musiques se dégagent des ondes de joie de vivre. Une potion d’optimisme musical !

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Pierrick Pedron sort « Fifty/Fifty (1) New York Sessions »

Pierrick Pedron sort « Fifty/Fifty (1) New York Sessions »

Virtuosité flamboyante & lyrisme sensible

Le 05 mars 2021, le saxophoniste altiste Pierrick Pedron sort « Fifty/Fifty (1) New York Sessions ». Premier volume d’un duo d’albums, cet opus acoustique a été enregistré en 2020 à New York avec trois maîtres du jazz américain. Une musique jubilatoire où règnent tour à tour virtuosité flamboyante et lyrisme sensible. A découvrir absolument !

visuel de l'album Fifty/Fifty (1) New York Sessions de Pierrick PedronPierrick Pedron a fêté de belle manière ses cinquante ans. Accompagné dans son projet par le producteur Daniel Yvinec, le saxophoniste altiste a traversé l’Atlantique en janvier 2020 pour enregistrer à New York avec trois pointures du jazz américain, le batteur Marcus Gilmore, le pianiste Sullivan Fortner et le contrebassiste Larry Grenadier.

Annoncé pour le 05 mars 2021 et intitulé « Fifty/Fifty (1) New York Sessions » (Gazebo/L’Autre Distribution), cet opus constitue la moitié d’un « faux » double album ou plutôt la première partie d’un duo d’albums dont le second volume sortira à l’automne 2021.

En neuf plages, « Fifty/Fifty (1) New York Sessions » propose un jazz acoustique bluffant d’énergie dans lequel éclatent le souffle virtuose et l’inspiration lyrique du talentueux saxophoniste Pierrick Pedron.

« Fifty/Fifty »

Pierrick Pedron aime plusieurs formes de musique. Avec ses deux facettes, le projet « Fifty/Fifty » représente une sorte de condensé des musiques chères au saxophoniste. En effet, le duo d’albums condense à sa manière une synthèse de l’histoire que Pierrick Pedron a entretenu dans le temps avec le jazz… « Fifty/Fifty » résonne comme la somme des « désirs de musique » du saxophoniste

Le projet « Fifty/Fifty » comprend deux albums, « Fifty/Fifty (1) New York Sessions », un volume très jazz capté à New York et « Fifty/Fifty (2) Paris Sessions », un disque plus groove enregistré à Paris dans l’esprit motown c’est à dire inspiré de la musique noire américaine des années 60/70. Un premier opus acoustique avec des musiciens américains renommés et un deuxième électrique avec des musiciens de la jeune scène du jazz français.

Dans la perspective de ce projet, Pierrick Pedron est accompagné dans ce projet par le producteur Daniel Yvinec, ancien directeur de l’ONJ. Le saxophoniste s’engage dans un travail d’écriture qu’il peaufine avec l’arrangeur Laurent Courthaliac.

Ainsi, après une session studio captée à Paris en décembre 2018 avec trois musiciens français de la jeune garde du jazz, Malo Mazurié (trompette), Elie Martin-Chariière (batterie) et Thibault Gomez (claviers), le saxophoniste altiste Pierrick Pedron envisage l’enregistrement à New York. Les séances se profilent les 05 et 06 janvier 2020 à Manhattan avec des musiciens de premier plan que le saxophoniste connait de réputation mais avec lesquels il n’a pas joué, Sullivan Fortner (piano), Larry Grenadier (contrebasse) et Marcus Gilmore (batterie).

Quatre ans après le projet acoustique « Unkown » (Crescendo/Caroline), « Fifty/Fifty (1) New York Sessions » et « Fifty/Fifty (2) Paris Sessions » sortent en 2021 sur le label Gazebo dirigé par Laurent de Wilde, le 05 mars pour le premier et à l’automne pour le second.

« Fifty/Fifty (1) New York Sessions »

@JacquesOllivier

L’altiste Pierrick Pedron rejoint les studios Sear Sound de New York où il retrouve le pianiste Sullivan Fortner récemment écouté aux côtés de la chanteuse Cécile McLorin Salvant, le contrebassiste Larry Grenadier, partenaire historique de Brad Mehldau et le batteur Marcus Gilmore, petit-fils du batteur Roy Haynes. L’enregistrement des onze titres de l’album est confié à l’ingénieur du son James Farber.

Dès la première écoute de « Fifty/Fifty (1) New York Sessions », on capte l’osmose qui règne entre les quatre musiciens. Grâce à une section rythmique hors pair, les solistes rivalisent de liberté dans leurs dialogues improvisés. Sur les tempi rapides, les musiciens font preuve d’une virtuosité insolente alors qu’ils développent un souffle poétique délicat sur les ballades. Du fait d’un équilibre parfait qui règne entre morceaux bouillonnants d’énergie et pièces délicates, l’album possède une dynamique fort stimulante pour l’écoute.

Au fil des onze plages

Sur Bullet, la section rythmique se lance sur un tempo ultra rapide. Très vite émergent le solo énergique et inspiré du pianiste puis l’improvisation généreuse et flexible du saxophone alto alors que le batteur impétueux soutient le tempo sans faillir. Plus loin, piano et alto exposent à l’unisson le thème de Be Ready puis, dans son improvisation, le swing indéfectible du pianiste se double d’une insolente liberté dans le placement rythmique. Le solo de l’altiste bouillonne d’énergie. Avec frénésie il zigzague sur le fil du rythme et déclame sa plainte.

Le quartet invite ensuite à le suivre dans Sakura, une rêverie musicale dont on aimerait que les sept minutes enregistrées se prolongent à l’infini. Après une introduction solo du piano, l’alto développe son chant subtil qui allie chromatisme et glissandos, attaque souple et articulation subtile. La contrebasse chante et l’oreille se délecte de l’écoute de cette ballade délicieuse qui évoque les cerisiers en fleur au Japon, au mois de mai.

C’est alors qu’advient Boom dont les décalages rythmiques et les phrasés font des clins d’œil à l’univers monkien. Cette composition sert de terrain de jeu au quartet dont le plaisir de jouer est palpable.

Après l’introduction singulière du piano dont le jeu évoque la chute de milliers gouttes de d’eau, l’alto s’exprime sur Trevise avec des accents vibrants d’émotions. Une ballade qui navigue entre douceur de vivre et romantiques questionnements. Plus tard, alto et piano déroulent à l’unisson le thème fragmenté de Unknown 2 sur une ligne de basse continue puis alternent des interventions très libres du piano et le jeu remarquable de fluidité de l’alto au phrasé tourbillonnant.

Le contraste est grand avec la pièce suivante. Saxophone et piano glissent sur les vagues amples du morceau Origami. Volubiles, ils dialoguent, flirtent librement avec les harmonies et se retrouvent comme deux acrobates habiles. Sur l’exaltant Takagi, piano et alto jouent à l’unisson sur les brisures de la ligne mélodique puis le piano fait part de surprenantes interrogations qui font alterner des phrases étirées et d’autres plus contractées. La contrebasse stimule l’alto qui se lance alors dans un solo anguleux qui se joue des décalages rythmiques.

L’album se termine avec Mizue, une ballade au climat onirique. Son suave de l’alto, chorus inspiré de la contrebasse, accompagnements délicats des balais sur les cymbales, piano pointilliste, tout concourt à faire de ce dernier titre un moment d’une délicatesse extrême.

Après « Cherokee » (2001), « Classical Faces » (2004), « Deep in a Dream » (2007), « Omry » (2009), « Cheerleaders » (2011), « Kubic’s Monk » (2012), « Kubic’s Cure » (2014), « And The » (2016) et « Unknown » (2017), le saxophoniste Pierrick Pedron revient le 05 mars 2021 avec l’époustouflant « Fifty/Fifty (1) New York Sessions ». Il faudra bien six mois pour le savourer sans se lasser avant de découvrir « Fifty/Fifty (2) Paris Sessions », la deuxième facette du projet.

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Stéphanie Lemoine signe « Love leaves traces »

Stéphanie Lemoine signe « Love leaves traces »

Entre nu-jazz, pop, folk et soul

Avec « Love leaves traces », son deuxième album, la chanteuse, auteure et compositrice, Stéphanie Lemoine navigue entre nu-jazz, pop, folk et soul. Son univers éclectique explore des espaces poétiques où son chant aérien alterne entre français et anglais. Un voyage musical sans frontières entre les genres.

Après- « Sweet Talk », Stéphanie Lemoine revient le 05 mars 2021 avec « Love leaves traces » (Mix up Jazz/Inouïe Distribution), un second opus où la chanteuse ouvre sa musique à différents genres, nu-jazz, pop, folk, et soul.

Elle prend ainsi le parti de mêler les expressions, de fusionner les genres. Au final, son répertoire gagne en consensus ce qu’il perd en identité. Ce choix de l’éclectisme devrait sans doute lui permettre de s’adresser à un public élargi où les puristes du jazz ne font pas la loi.

Avec tendresse, force et souplesse, la chanteuse Stéphanie Lemoine signe « Love leaves traces », un album aux climats sonores changeants où se distinguent de superbes arrangements de cuivres, cordes et chœurs.

Les musiciens

Pour cet album enregistré à Paris en 2020, Stéphanie Lemoine a réuni autour d’elle Pierre-Antoine Clamadieu (piano, Fender Rhodes), Laurent Salzard (basse) et Jeff Ludovicus (batterie).

Sur quatre plages elle s’adjoint la participation de Hamza Touré (saxophone ténor) et de Vincent Echard (trombone, trompette). Jérémie Tepper (guitare) et Laurian Daire (orgue Hammond) qui la rejoignent chacun sur deux titres. Constitué d’Aurélien Guyot (violon I), Pauline Hauswirth (violon II), Sophie Dutoit (violon alto) et Julien Grattard (violoncelle), le String Quartet intervient sur quatre pièces. L’ensemble des participants se retrouvent sur Sunset Town à la pulsation funky. Sur six thèmes de l’album, les prestations instrumentales et la voix sont renforcés par des chœurs.

Après avoir participé au premier album de Stéphanie Lemoine, la compositrice et pianiste Leïla Oliveisi contribue cette fois à l’arrangement de deux titres du deuxième opus de la chanteuse.

Le répertoire

couverture de l'album Love leaves traces de Stéphanie LemoineStéphanie Lemoine signe les paroles de neuf titres originaux figurant sur « Love leaves traces ». Elle en compose aussi la musique accompagnée en cela par Pierre-Antoine Clamadieu sur Love leaves traces, Sunset Town et Song for Paule. Le pianiste du groupe participe aussi à l’arrangement de deux morceaux.

Le répertoire compte par ailleurs quatre reprises de morceaux fameux parmi lesquels trois standards de jazz, Just one of those things (Cole Porter), My Romance (Lorenz Hart & Richard Rodgers), Body and Soul (Edward Heyman, Robert Sour, Frank Eyton et Johnny Green) et le fameux I can’t help it dont Susaye Green a écrit les paroles et Stevie Wonder composé la musique.

Impressions

Avec générosité et chaleur la voix aérienne de la chanteuse déploie son énergie au fil des treize titres du répertoire.

Parmi les reprises gravées sur « Love leaves traces », on est touché par la version très maîtrisée de My Romance. Après une introduction romantique des cordes du String Quartet, Stéphanie Lemoine revient poser son timbre chaleureux. Sur cette romance au tempo jazz cool, la chanteuse fait preuve d’une grande maîtrise des nuances.

Plus loin, sa voix oscille en demi-teinte entre légèreté et force sur une version du titre I can’t help it qui trouverait fort bien sa place sur la grille d’une radio où le jazz n’aurait pas de créneau exclusif.

L’album ouvre et se termine avec deux compositions originales, l’endiablé Somehow et le mélancolique Song For Paule. Sur le premier morceau, la vocaliste développe un chant puissant et souple à la fois. Mâtinée de jazz modal, la musique de ce titre permet d’apprécier un scat frénétique de la voix et un solo musclé du ténor. Par contraste, les accents pleins de tristesse de la dernière romance de l’album donnent à entendre une voix plutôt mate à la justesse infaillible.

Sur une pulsation binaire, c’est la fuite du temps et l’urgence qu’il y a à vivre et à aimer qu’évoque J’préfère t’aimer. Sensible et délicat, Morning possède une dimension intimiste et la voix aux accents folk n’est pas sans évoquer les ambiances de titres anciens de Joni Mitchell. Au mitan de l’album, l’oreille est cueillie sur Love leaves traces par la voix groovy et sensuelle de la chanteuse soutenue par le Fender Rhodes dont on peut apprécier une improvisation précise et enlevée.

On ne peut retenir un vrai « coup de cœur » pour Rive Sauvage où cuivres rutilants et chœurs ardents mettent en valeur le parlé-chanté que la chanteuse déploie en français

 

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Le trio Reis-Demuth-Wiltgen revient avec « Sly »

Le trio Reis-Demuth-Wiltgen revient avec « Sly »

Puissance rythmique & élégantes mélodies

Avec « Sly », le trio Reis-Demuth-Wiltgen continue à explorer le format traditionnel du trio jazz piano acoustique/contrebasse/batterie. Alliée à d’élégantes narrations musicales, la puissance rythmique du groupe ne se dément pas. Ce quatrième album reflète l’identité musicale du groupe et rend hommage à ses racines luxembourgeoises à travers la figure du Renard dont la ruse inspire son titre à l’album.

visuel de l'album Sly du trio Reis–Demuth–WiltgenAprès trois albums, le trio luxembourgeois Reis-Demuth-Wiltgen revient avec un « Sly », un quatrième opus annoncé pour le 02 avril 2021 chez Cam Jazz.

Les trois musiciens ont participé à l’écriture de cet album enregistré les 02, 03 et 04 mai 2019 à l’Artesuono Recording Studio de Cavalicco.

Le titre du disque fait référence à la ruse si souvent prêtée au Renard dont la figure orne la pochette. C’est ainsi que le trio ancre plus encore son identité dans la tradition luxembourgeoise puisque l’écrivain et poète Michel Rodange a consacré « Le Roman de Renart », une œuvre épique et satyrique adaptée du “Reineke le Renard” de Goethe et publiée en 1872.

Le trio Reis-Demuth-Wiltgen

Composé du pianiste Michel Reis, du contrebassiste Marc Demuth et du batteur Paul Wiltgen, le trio s’est formé pour la première fois en 1998, retrouvé en 2002 puis s’est vraiment reformé en 2011. Après la sortie de son premier album « Reis Demuth Wiltgen » en 2013 sur le label français Laborie Jazz, le groupe a beaucoup tourné en Europe et à l’international. Les trois musiciens ont ensuite sorti un deuxième album, « Places In Between » enregistré à New York et sorti chez Double Moon Records en 2015 puis un troisième intitulé « Once In A Blue Moon » sorti en 2018 chez Cam Jazz.

L’instrumentation classique du trio luxembourgeois Reis-Demuth-Wiltgen ne fonde en rien l’originalité du groupe. C’est ailleurs que se trouve l’identité du groupe, dans ce jeu dont l’esthétique allie puissance rythmique, mélodies élégantes et climats subtils.

En 2021, le trio présente « Sly » avec de nouvelles compositions.

« Sly »

En treize morceaux au format concis, le quatrième album du trio Reis-Demuth-Wiltgen captive l’oreille par l’équilibre musical de ses climats musicaux. Irrigué d’énergie, « Sly » présente un jazz moderne qui navigue entre les couleurs nuancées d’un romantisme mélancolique et celles plus contrastées d’une rythmique vigoureuse.

Dès Snowdrop, le titre d’ouverture, la magie du trio opère. La légèreté des accords plaqués sur le clavier du piano évoquent la chute des flocons de neige déclenchée par un puissant ostinato de basse conjugué au rythme vigoureux des baguettes. Avec le binaire No Storm Lasts Forever, le trio revient à une esthétique plus rock qui n’est pas sans évoquer le souvenir du légendaire EST.

Avec If You Remember Me, le trio revient à un climat plus classique, celui d’une ballade romantique où le piano dessine une mélodie nostalgique sur un motif de basse joué en boucle. Après ce morceau onirique, le trio entreprend de conter l’histoire de ce Fantastic Mr Fox dont les aventures sont dotées d’une puissante effervescence. Portée par une rythmique dynamique, la narration de Silhouettes on the Kura met en valeur un véloce chorus de contrebasse dont la gravité tranche avec le solo incisif du piano enflammé.

Sans doute le climat sonore étrange de Viral se veut-il en résonance avec le climat sanitaire actuel. Il suggère l’insécurité au fil d’atmosphères variées. Ainsi, musique pesante puis allégée, rythmique heurtée puis apaisée, notes dissonantes puis harmonies caressantes évoquent successivement accablement ou espoir. Plus loin sur Diary Of An Unfettered Mind, les musiciens habillent leur plume d’un lyrisme qui ne manque ni de souplesse ni de concision. La musique s’embrase au fil des montées en puissance des solos du pianiste porté par une rythmique vigoureuse.

Après ce concentré d’énergie, Let Me Sing for You advient comme une respiration dont le lyrisme captive. Empreint de romantisme, cet instant musical doit pour beaucoup aux envolées sensibles du piano. On se laisse plus tard aspirer dans le flux exaltant du gracieux Venerdi Al Bacio dont la mélodie fait un clin d’œil aux romances italiennes. Un moment ressourçant dont le tempo énergique n’est troublé par aucune fébrilité.

Avec une rare élégance, Nanaimo constitue ensuite un moment élégiaque. Le morceau se distingue par sa construction des autres thèmes de l’album. Point de développement crescendo, ni d’envol lyrique. Cette ballade élégante ponctuée de silences semble glisser sur le fil d’une eau calme. Avec une grâce infinie, la contrebasse chaleureuse développe un chorus d’une rare douceur.

De format court, The Last We Spoke sonne comme la bande son d’un clip au climat bucolique et l’ambiance un rien mélancolique. Après l’introduction délicate où contrebasse et piano dialoguent soutenus par un accompagnement délicat des baguettes sur les cymbales, la concorde disparaît au profit d’une effervescence groovy en accord avec le titre du morceau, The Rebellion. Unis dans une rythmique alchimique, le trio densifie son expression sans jamais se départir de son élégance. La promenade musicale se termine avec Home is Nearby, un épisode poétique au climat subtil chargé de sérénité.

Avec « Sly », le trio luxembourgeois Reis Demuth Wiltgen demeure ancré dans l’héritage de son pays. Il conserve ce son qui lui appartient en propre et constitue son identité.

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Ricardo Izquierdo présente « Kikun Pelu Mi Wá »

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Nouveau RV avec Christophe Monniot & Didier Ithursarry

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« Hymnes à l’Amour - Deuxième chance » … un monde radieux

Plus de deux ans après la parution de leur album « Hymnes à l’Amour », le saxophoniste Christophe Monniot et l’accordéoniste Didier Ithursarry récidivent avec un deuxième opus éponyme sous-titré « Deuxième Chance ». Avec lyrisme et virtuosité, les deux musiciens complices tissent une musique à la fois tendre et sensible, intense et pétillante. « Deuxième Chance », un nouveau rendez-vous à ne pas manquer !

visuel de l'album Hymnes à l'Amour-Une deuxième chance de Christophe Monniot & Didier IthursarryBelle aubaine que « Hymnes à l’Amour - Deuxième chance », ce deuxième volet des « Hymnes à l’Amour » proposé par Christophe Monniot et Didier Ithursarry après .

Leur album « Hymnes à l’amour » (ONJ Records/L’Autre Distribution) sorti en novembre 2018 avait séduit par son discours musical sensible et inventif. Sur « Hymnes à l’Amour - Deuxième chance » à sortir le 26 février 2021 sur le label Emouvance, les deux compères présentent une nouvelle ode à l’amour.

« Deuxième chance » suggère le renouveau possible de l’amour après qu’il se soit affaibli. On ne peut s’empêcher de recevoir cet opus, de le concevoir comme un deuxième rendez-vous, celui qui procure la chance de retrouver ces deux poètes de la musique libre, de partager avec eux une bouffée d’espoir et d’émotions… mais n’est-ce pas là le propre de l’amour qu’évoque Sylvie Gasteau en avant-propos du livret ? De facto, il s’agit bien d’une « Deuxième Chance » que le saxophoniste et l’accordéoniste offrent à leur public.

Toujours complices, Christophe Monniot & Didier Ithursarry rivalisent de tendresse et d’humour, de nostalgie et de folie dans ce deuxième volet des « Hymnes à l’Amour » sous-titré « Deuxième chance ». L’écoute des huit hymnes à l’Amour de cet album transporte dans un monde radieux où se croisent passion, énergie, sensibilité et poésie.

Label Emouvance

Après avoir été appelé en 2019 par Claude Tchamitchian pour faire partie de son trio « Poetic Power » avec la batteur Tom Rainey, Christophe Monniot enregistre avec eux l’album éponyme sorti en 2020 sur le Label Emouvance créé et dirigé par le contrebassiste. Ce dernier lui propose de produire le deuxième volet des « Hymnes à l’Amour » sur Emouvance. Stimulés par cette proposition et par l’attention que la directrice de production, Françoise Bastianelli porte à leur projet, Christophe Monniot & Didier Ithursarry se lancent dans l’écriture de nouveaux morceaux. Ils travaillent « chacun de leur côté » puis se réunissent et répètent ensemble de répertoire original pour « entendre ce qui sonnait, ce qu’il fallait reprendre, plusieurs fois, jusqu’à être tous les deux satisfaits ».

Ainsi après avoir été enregistré les 02, 03 et 04 septembre 2020 aux Studios la Buissonne, l’album « Hymnes à l’Amour - Deuxième chance » entre au catalogue de la maison de Disques Emouvance.

Le répertoire

Dans ce deuxième projet discographique, chacun des deux artistes apporte trois compositions originales et un morceau issu de leurs origines géographiques familiales, basque pour l’accordéoniste, et « pas du tout bulgare pour |le saxophoniste] dont les origines sont situées un peu plus haut sur la mer noire, en Ukraine, mais l’esprit slave » est présent dans ce titre.

Morceaux issus de la tradition

A l’origine, Christophe Monniot avait conçu les arrangements du traditionnel bulgare, Vetcherai Rado (« Soupons ensemble, Rada ») à la demande de Ilia Mihaylov, chef de chœur des fameuses grandes voix bulgares avec lesquelles le saxophoniste a partagé la scène aux côtés du pianiste et compositeur François Raulin et de contrebassiste Brunon Chevillon. Ils ont été repris avec talent par l’accordéoniste.

A l’origine, Banako est la musique d’une danse traditionnelle basque emblématique joué habituellement sur un tempo plutôt rapide. Didier Ithursarry l’a choisi mais a pris le contre-pied et l’a transformé en une ballade lente et sensible.

Les autres titres

Parmi les trois morceaux composés par Christophe Monniot, Pierre qui vole rend hommage à un ami prénommé Pierre qui « s’est envolé », Oláh Là fait un clin d’œil à ses « formidables amis jazzmen tziganes de Hongrie » et Lilia est une ballade dédicacée à sa belle-fille.

Pour sa part, Didier Ithursarry a été inspiré par Leonard Bernstein pour composer East Side et dédie Dede à un ami prénommé Didier.

On demeure en questionnement quant au « ? » du dernier titre de l’album, Une dernière danse ? Peut-être ce signe augure-t-il du doute qui étreint tous les artistes en cette période compliquée où les concerts se sont annulés les uns après les autres et où l’avenir des musiciens se profile comme très incertain ? A moins qu’il n’ouvre la perspective d’un troisième volet…. ce qui ne serait pas pour déplaire au public et aussi aux deux musiciens qui envisageraient volontiers « de faire appel à des compositeurs extérieurs [qu’ils aiment et admirent] et écriraient pour [eux] et un quatuor à cordes ». L’avenir réserve quelquefois de belles surprises et c’est cette dernière option que l’on se plaît à choisir

Impressions

L’album ouvre avec Vetcherai Rado où l’accordéon souffle des accords mélancoliques et le sopranino fait tournoyer ses arabesques. On tombe sous le charme du lyrisme et de l’ardeur de son improvisation où la mélodie se renouvelle à chaque instant, comme le ferait un amour idéal. Sur Dede, le dialogue des deux musiciens permet d’apprécier leur maîtrise technique qui soutient un échange énergique et sensible à la fois. Plus loin, l’alto souffle un brin de folie sur East Side au tempo effervescent.

On plonge ensuite avec délice dans la tendre ballade Lilia, une véritable rêverie musicale où l’alto flamboyant dessine de tendres envolées lyriques. Sur le tempo de valse de Pierre qui vole, le jeu virevoltant du saxophone et de l’accordéon fait tourner la tête. Plus loin, le très touchant Banako sert de tremplin au sopranino qui s’exprime avec un lyrisme autant sensible qu’effervescent. Avec Oláh Là, on se trouve transporté dans une danse balkanique où les deux instruments s’expriment en parfaite symbiose, l’alto passionné stimulant la vigueur inventive de l’accordéon.

Une dernière Danse ? frémit du souffle de l’alto qui instaure un climat brumeux. Le jeu harmonique de l’accordéon évoque la richesse des atmosphères ellingtoniennes traversées par les envolées sinueuses d’un saxophone inspiré et dubitatif. Un délice sonore à savourer sans retenue.

Sur « Hymnes à l’Amour - Deuxième chance » les émotions sont au rendez-vous. Un jazz libéré et sensible qui enchante les tympans, réjouit le cœur et caresse l’âme.

Avec de chaleureux remerciements à Christophe Monniot pour ses amicaux éclairages.
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« Bigre ! » & Célia Kameni…  L’Etoile Filante

« Bigre ! » & Célia Kameni… L’Etoile Filante

Sa joie insolente illumine le firmament

La sortie du nouveau single de « Bigre ! » & Célia Kameni tombe à pic. Tel un élixir de joie, L’Etoile Filante va combler de plaisir les oreilles d’un public désespéré par les scènes vides et frustré de ne plus pouvoir partager la musique vivante avec celles et ceux qui la créent. Dans l’obscurité ambiante, la joie insolente de la musique illumine le firmament.

Après le chatoyant « ¡Caramba! » , le big band « Bigre ! » présente le single L’Etoile Filante sorti le 16 février 2021.

En ces temps chagrins, rien de mieux qu’une telle bonne nouvelle pour redonner du peps et attendre de pied ferme le prochain opus de l’orchestre, intitulé « Tumultes »…. ça promet !

L’Etoile Filante

Le titre recèle autant d’énergie que de poésie. L’ADN de Bigre ! demeure inchangé… cuivres chaleureux, rythmes enfiévrés et, cerise sur le gâteau, la voix lumineuse de Célia Kameni.

L'Etoile Filante par Bigre ! & Célia KameniAvec l’orchestre et la chanteuse, on se souvient de nuits estivales irradiées de poudre d’étoiles, on rejoint en rêve un amour perdu. Guidée par la voix rayonnante, la rythmique enflammée et les constellations cuivrées des sections de saxophones, trompettes et trombones, l’oreille s’immerge dans une galaxie sonore dont l’exotisme emprunte autant à la cumbia colombienne qu’à la timba afro-cubaine. On se laisse bercer au fil des rimes et des riches harmonies et pour finir, on se surprend à danser sur L’Etoile Filante.

Écrit et réalisé par Flipinne Berlue aka Laurent Vichard, le clip de présentation du titre met en valeur le texte et la musique de Sarah Mikovski et les arrangements de Félicien Bouchot.

Avec Célia Kameni (voix), Pierre Desassis, Julien Chignier, Thibaut Fontana, Romain Cuoq, Fred Gardette (saxophones), Vincent Labarre, Rémi Gaudillat, Yacha Berdah, Aurelien Joly, Thomas Leroux (trompettes), Jean Crozat, Loïc Bachevillier, Sylvain Thomas, Sébastien Chetail, Aloïs Benoît (trombones), Francis Larue (guitare), OlivierTruchot (claviers), Nicolas Frache (basse), Wendlavim Zabsonre (batterie), Jonathan Volson, Jorge Mario Vargas, Isel Rasua (percussions)

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Naïssam Jalal revient avec « Un Autre Monde »

Naïssam Jalal revient avec « Un Autre Monde »

Musique lumineuse habitée par la force

Pour le dixième anniversaire de son groupe « Rythms of Resistance », la flûtiste et compositrice Naïssam Jalal revient avec le double album « Un Autre Monde ». Dans ce troisième opus, la musicienne lance un cri d’alarme et imagine un autre monde issu de ses aspirations et de ses rêves. Un manifeste musical lumineux empreint de force et de liberté.

Après « Osloob Hayati » (2015) et « Almot Wala Almazala » (2016), l’artiste compositrice et flûtiste Naïssam Jalal poursuit sa route. A la tête de son quintet, elle signe « Un Autre Monde » (Les Couleurs du Son//L’Autre Distribution), un double album sorti le 05 février 2021.

Dans ce troisième opus qui marque les dix ans de son ensemble « Rythms of Resistance », Naïssam Jalal a voulu « explorer de nouveaux territoires au niveau du sens comme de la matière sonore et continuer inlassablement à mélanger les esthétiques, les traditions pour laisser fleurir Un Autre Monde ».

Comme des images mises en musique, les morceaux de l’album « Un Nouveau Monde » mêlent sans frontière tradition orientale, jazz et musique classique. Une utopie musicale empreinte de lumière et de force à la fois.

Imaginer Un Autre Monde

visuel de l'album Un Autre Monde de Naïssam JalalNaïssam Jalal a intitulé son double album « Un Autre Monde » car depuis plusieurs années elle a « la sensation que le monde dans lequel on vit touche à sa fin et que l’on ne peut pas continuer comme ça ». Pour elle, dans le monde capitaliste « l’argent est maître de nos destins, le profit de certains vaut plus que nos vies et nos droits et notre liberté disparaissent de plus en plus et de plus en vite ». Elle dit voir « tous ces peuples en France ou ailleurs qui se soulèvent et se révoltent contre cet ordre là, et ce système et la nature aussi ».

C’est entre 2017 et 2020 que Naïssam Jalal a écrit le répertoire de son nouvel opus « Un Autre Monde ». Elle a ressenti le besoin de projeter en musique l’utopie du monde auquel elle aspire. Ainsi, le répertoire de ce nouvel album se veut le reflet de cet autre monde dont elle rêve, un monde où l’homme redonnerait sa place à la nature, « car on ne peut pas vivre sans la nature on peut pas vivre en dehors de la nature ». Cet autre monde appartiendrait aussi à l’autre, à « celui qui est différent parce que la haine et le racisme ne peuvent pas avoir de place dans cet autre monde »

Deux formations

Du groupe fondé à l’origine en 2011 par Naïssam Jalal (flûte, nay, voix), demeurent le saxophoniste franco-marocain Mehdi Chaib et le guitariste et violoncelliste allemand Karsten Hochapfelt ; exit Francesco Pastacaldi et Matyas Szandai. En 2020, sur « Un Autre Monde », la contrebasse est tenue de bout en bout par Damien Varaillon et la batterie par Arnaud Dolmen.

Ce double album « Un Nouveau Monde » s’inscrit tout à fait dans la continuité des deux premiers opus et permet de plus d’apprécier des musiques issues de deux contextes différents. Enregistré en studio, le CD1 propose sept titres interprétés par Naïssam Jalal & « Rythms of Resistance et enregistrés par Tom Van Den Heuvel au Studio Midlive de Villetaneuse alors que sur le CD2, le groupe est capté live sur scène, avec l’Orchestre National de Bretagne dirigé par la cheffe d’orchestre Zahia Ziouani. Les deux ensembles dialoguent et se mélangent avec une grande liberté, le quintet et l’orchestre se répartissant tour à tour le rôle de soliste et celui d’accompagnateur.

Impressions

Sur tous les morceaux, Naïssam Jalal allie avec virtuosité, souffle et vocalises. Ses propos lyriques et lumineux possèdent une force qui confine quelquefois à la violence. Dans son art, elle insuffle ses espoirs, ses révoltes et ses détresses, ce qui pour elle constitue la véracité de la vie et que soulignent les cris de son chant. Il est difficile de résister à la force de sa musique pulsatile auxquelles les rythmiques complexes confèrent une dimension hypnotisante.

Construit sur un rythme flamenco de buleria, le poignant Buleria Sarkhat Al Ard introduit la session studio du premier disque. Le titre résonne comme un véritable cri d’alarme devant les catastrophes sociales et écologiques. Le clip tourné dans une raffinerie abandonnée restitue d’ailleurs le « cri de la terre » (traduction de Sarkhat Al Ard).

Sur Samaï Al Andalu, on frissonne à l’écoute du magnifique solo développé, en réponse à la flûte, par le soprano voltigeur et véhément. Violoncelle et contrebasse croisent leurs chants voluptueux sur les chemins de Promenade au bord du rêve, soutenus par une rythmique aux nuances multiples et rejoints par le souffle délicat de la flûte. La voix de Naïssam Jalal ouvre D’ailleurs nous sommes d’ici, le dernier titre du disque studio. Dans le texte qu’elle lit en introduction, elle fait rimer détresse avec tendresse. Il en découle une émotion sensible avant que les cordes de la guitare électrique ne se fassent entendre intensément et instaurent un climat empreint d’une force presque tellurique.

Le second disque ouvre avec Paysages de notre destin, un titre paisible où la guitare s’exprime avec souplesse et tendresse. Le quintet continue avec l’orchestre symphonique avec lequel il reprend Un sourire au cœur, Un monde neuf et Samaï Al Andalus, trois titres présents et enchaînés dans le même ordre que sur le premier CD. A l’écoute de ces trois titres, on perçoit de nouvelles couleurs, de nouvelles textures, comme si l’orchestre symphonique donnait une dimension plus aboutie à la musique de Naïssam Jalal.

On retrouve avec plaisir le morceau titre de son précédent album, Almot Wala Almazala qui termine l’album. Sur cette version, la flûtiste impressionne par sa virtuosité à mêler chants et cris à son souffle sur l’instrument. Après une douce coexistence entre flûte et orchestre symphonique, le quintet entre en action avec force et déclenche un séisme musical au-dessus duquel explosent les envolées furieuses de la flûte.

Si les Victoires du Jazz 2019 avaient désigné le précédent album de Naïssam Jalal, “Quest of the Invisible” dans une catégorie intitulée « album inclassable », peut-être le jury 2020 pourrait-il envisager de classer et récompenser « Un Autre Monde » dans la « catégorie Jazz », car la musique de Naïssam Jalal incarne tout à fait ce que le jazz prétend être. Un propos où se croisent des influences venues d’ici et d’ailleurs, une musique inventive qui n’hésite pas à transgresser les normes pour inventer et renouveler le style.

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Le pianiste Chick Corea est décédé

Le pianiste Chick Corea est décédé

Le jazz est en deuil

Le 09 février 2021, le pianiste et compositeur Chick Corea est mort à 79 ans à Tampa en Floride. Le jazz est en deuil et pleure la disparition de ce prodigieux artiste qui a opéré la fusion du jazz avec le rock et le funk. Sa contribution, majeure dans l’évolution du jazz contribue à faire de lui un musicien dont l’influence est encore perceptible aujourd’hui chez de nombreux artistes. Son empreinte demeure à jamais gravée dans l’univers du jazz.

C’est via un communiqué mis en ligne sur la page Facebook de Chick Corea que l’on a pris connaissance du décès de l’artiste suite à une « forme rare de cancer découvert très récemment ». Sur cette même page figure aussi un message rédigé par l’artiste lui-même : « Je veux remercier tous ceux qui, tout au long du voyage, ont contribué à faire briller de mille feux la musique. J’ai l’espoir que ceux qui ressentent l’envie de jouer, d’écrire, de se produire en spectacle puissent le faire. Si ce n’est pour eux-mêmes, alors pour nous autres. Pas seulement parce que le monde a besoin de plus d’artistes, mais parce que c’est plus amusant. »

Chick Corea©Sakuri Toshi

Chick Corea©Sakuri Toshi

Né le 12 juin 1941 d’un père trompettiste à Chelsea (Massachussetts, États-Unis), Armando Anthony dit Chick Corea a appris le piano et aussi la batterie avant de suivre l’enseignement de l’université Columbia de New York puis à la Juillard School. C’est en 1968, après avoir écouté Miles Davis qui jouait au Birdland de New-York avec John Cortrane. Cette rencontre a en quelque sorte constitué le prélude à son orientation dans le monde de jazz.

Après avoir débuté sa carrière auprès de Blue Mitchell et Cab Calloway, il joue auprès de Willie Bobo, Herbie Mann et Mongo Santamaria et pratique avec eux le jazz latin. En 1966, il enregistre « Sweet Rain » avec le groupe de Stan Getz qui compte alors Ron Carter (contrebasse) et Grady Tate (batterie). C’est la même année qu’il enregistre « Tones for Joan’s Bones », son premier opus en tant que leader avec Joe Farrell (flûte, saxophone ténor), Woody Shaw (trompette), Steve Swallow (contrebasse) et Joe Chambers (batterie). Il forme ensuite un trio avec Miroslav Vitous (contrebasse) et Roy Haynes (batterie) avec lesquels il enregistre en 1968 « Now He Sings, Now He Sobs ».

En septembre 1968, il remplace Herbie Hancock dans le groupe de Miles Davis et jusqu’en 1970, il développe sur son Fender Rhodes et son oscillateur Ring Modulator ses harmonies électriques auprès du trompettiste. Durant cette même période il a aussi participé à l’enregistrement de trois albums de Miles Davis, « Filles de Kilimandjaro » (1969), « In a silent way » (1969) et « Bitches Brew » (1970).

Entre 1970 et 1971, il fonde Circle, un groupe qui réunit autour de lui le contrebassiste Dave Holland, le batteur Barry Altschul et le saxophoniste Anthony Braxton. Avec eux il grave plusieurs albums (« Circling In », « Circulus », « Circle 1 » and « Circle 2 »). Après ce jazz d’avant garde, il constitue son propre groupe, Return to Forever. Aux côtés de Chick Corea, si le bassiste Stanley Clarke a été de toutes les formations, bien des musiciens se sont succédé auprès d’eux dans les différentes versions du groupe parmi lesquels, Bill Connors Joe Farrel, Al Di Meola, Flora Purim, Steve Gadd, Airto Moreira, Gerry Brown et pour la dernière formation, Lenny White, Frank Gambale et Jean-Luc Ponty en 2011.

Avec Return to Forever, Chick Corea a contribué à fonder, le jazz fusion où les synthétiseurs sont omniprésents.

Les années 80 ont marqué son retour à un jazz plus traditionnel avec son Akoustic Band sans pour autant tourner le dos à la musique électrique avec son Elektric Band. Au fil des ans, il a joué auprès des plus grands, Herbie Hancock, Pat Metheny, John McLauglin, Joe Henderson, les frères Brecker, Lee Konitz, Paco de Lucia, Bobby Mc Ferrin, Stefano Bollani, Bela Fleck, Friedrich Gulda et bien d’autres encore.

Durant six décennies, Chick Corea n’a cessé de renouveler son art et de forger un style très personnel au lyrisme contenu et au toucher mordant. Avec panache, il remporté 22 Grammy Awards entre 1975 et 2019.

En sideman ou sous son propre nom, il a gravé plus d’une centaine d’albums dont beaucoup figurent sur le label Stretch Records qu’il a fondé en 1992. Parmi ses nombreux opus, on retient le marginal double album « Plays » ressorti en 2020 se distingue. le pianiste y interprète 18 titres où jazz et musique classique (Scarlatti, Mozart, Scriabinn Chopin) côtoient des compositions pour enfants. Ses deux derniers albums remontent à 2018 pour le double album « Chinese Butterfly » (Concord/Universal) au funk imparable, aux envolées lyriques et aux improvisations hispanisantes et à 2019 pour « Antidote » (Concord/Universal) où le pianiste plonge dans son héritage musical espagnol, latin et flamenco.

Nombre de ses compositions sont déjà devenues des standards et sont passées à la postérité comme Spain, 500 Miles High, La Fiesta ou Armando’s Rhumba.

On conservera à jamais le souvenir de cet artiste toujours souriant et attentif autant à ses musiciens qu’au public avec lequel il communiquait chaleureusement un certain 11 juillet 2016 à Jazz à Vienne, l’année de ses 75 ans, ou le 29 février 2020 à l’Auditorium de Lyon où Chick Corea jouait avec le contrebassiste Christian McBride et le batteur Brian Blade.

Chick Corea a réussi au-delà de ses espérances cette mission qu’il évoque dans le message posthume posté sur sa page Facebook, « apporter la joie de créer partout où je le pouvais, et l’avoir fait avec tous les artistes que j’admire le plus au monde aura été la richesse de ma vie ».

Disparition de Mario Stantchev

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Saison 2023/24 –  Auditorium Orchestre National de Lyon

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Ricardo Izquierdo présente « Kikun Pelu Mi Wá »

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Après « Ida » et « Ants », le saxophoniste Ricardo Izquierdo présente son nouveau album « Kikun Pẹlu Mi Wá » (Mirr/L’Autre Distribution) sorti le 26 mai 2023. A l’écoute de cet album, on plonge au cœur des premières influences de Ricardo Izquierdo, celles de son enfance dans le quartier de la Marina de la ville portuaire de Matanzas, l’un des principaux berceaux de la musique afro-cubaine.

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Airelle Besson dévoile « Try ! »

Airelle Besson dévoile « Try ! »

Entre ombre et lumière

La trompettiste Airelle Besson signe « Try ! », son deuxième album en tant que leader. A la tête de son quartet qui réunit la chanteuse Isabel Sörling au chant, le pianiste Benjamin Moussay et le batteur Fabrice Moreau, elle propose un opus envoûtant. Entre rêverie aérienne et lumineux contrejour, l’oreille flotte et échappe à l’attraction terrestre.

Plus de quatre ans après « Radio One », la trompettiste et compositrice Airelle Besson revient avec Isabel Sörling (chant), Benjamin Moussay (piano, Fender Rhodes, synthé basse) et Fabrice Moreau (batterie). Né entre les deux confinements de 2020, « Try ! » (Papillon Jaune/L’Autre Distribution) est annoncé pour le 05 février 2021.

Le quartet a fait plus qu’essayer… il a réussi un album dont le répertoire aérien enchante. Les tonalités subtiles de « Try ! » dansent entre ombre et lumière, entre terre et espace. Les émotions sont au rendez-vous.

Airelle Besson

La trompettiste émarge aujourd’hui parmi les figures du jazz qui comptent en Europe.

Diplômée du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris où elle a obtenu le premier prix de jazz avec mention très bien, à l’unanimité, en 2002, Airelle Besson double ses talents d’instrumentiste de ceux de compositrice et arrangeuse. Récompensée en 2015 du Prix Django Reinhardt du Meilleur musicien de l’année par l’Académie du Jazz et de la Victoire du Jazz dans la catégorie « Révélation », elle apparaît aujourd’hui sur une soixantaine d’albums et compte plus d’une centaine de compositions.

Elle s’investit dans de nombreux projets, un duo avec le violoncelliste Vincent Ségal, un autre avec l’accordéoniste Lionel Suarez, le trio Besson/Sternal/Burgwinkel. Elle est aussi membre du Quarteto Gardel de Lionel Suarez et du Trio Aïrés avec le pianiste Edouard Ferlet et le contrebassiste Stéphane Kerecki.

Airelle Besson Quartet

En tant que leader, Airelle Besson réunit autour d’elle, la chanteuse Isabel Sörling au chant, le pianiste Benjamin Moussay et le batteur Fabrice Moreau avec lesquels elle a sorti un premier album « Radio One » (2015). Cinq ans de tournées ont permis aux musiciens de se connaître et au groupe de se forger un son. Chacun a trouvé sa place mais le quartet se trouve confronté à la crise sanitaire et à son cortège de concerts annulés.

En août 2020, les quatre musiciens se retrouvent au Studio de la Buissonne. Airelle Besson fournit les partitions, les mélodies, les harmonies, les formes. Les autres membres du quartet apportent leur touche personnelle. Après quelques jours de répétitions, le groupe enregistre un nouveau répertoire, celui de « Try ! ».

« Try !  » onze titres pour rêver

Spontanée et souple, la musique des onze plages musicales de « Try !  » respire. Jeu aérien et mélodique de la trompettiste, voix pure et puissante de la chanteuse, atmosphères vaporeuses du piano et des claviers, délicatesse de la batterie.

En ouverture, les trois parties de The Sound of You Voice permettent d’apprécier dans un premier temps le pas de deux aérien et délicat qu’esquissent la trompette et la voix.

C’est ensuite un dialogue plein de ferveur qui se noue entre le Fender Rhodes et trompette. Après ce mouvement énergique et bouillonnant, le chant mystique et le son ouaté de la trompette dessinent une douce rêverie musicale. Plus loin, le climat envoûtant de Wild Animals accroche l’oreille… mélodie découpée, ritournelle partagée, silence pointillé, envolées croisées de la trompette et de la voix, rythmique fragmentée.

couverture de l'(album Try ! de Airelle BessonEntre ciel et terre, entre mélodie et rythme, Angel’s Dance offre un solo de trompette incisif et inspiré. Try ! déroule ensuite son atmosphère évanescente où le chant incantatoire et l’élégance de la trompette surnagent au-dessus des nappes électriques. Le contraste est grand, avec Patitoune, morceau déjanté aux interactions ludiques et à la rythmique tout en décalage.

Avec Uranus et Pluton, l’oreille rejoint les cieux où la voix céleste et la trompette cosmique tissent un climat de félicité. Sur les ailes de Fly Away, se continue un voyage musical astral. Portés par une rythmique propulsive, l’azur de la voix et le cristal du piano conversent et entrent en symbiose avec la sonorité diaphane de la trompette angélique.

Deux ambiances musicales se succèdent sur le morceau suivant intitulé Après la neige. D’abord, piano et trompette joignent leurs jeux lumineux à la voix chargée d’allégresse. Le Fender Rhodes installe ensuite un climat plus mélancolique dont s’imprègne la trompette à l’expression soudain assombrie. Au-dessus des arpèges du piano et du battement subtil de la rythmique, la voix s’élève vers les sphères de la spiritualité.

L’album se termine par Lulea’s Sunset, une ballade onirique où s’entrelacent à l’unisson les volutes aériennes de la voix et celles de la trompette à la sonorité phosphorescente.

Les rêveries aériennes et les échappées organiques de « Try ! » résultent de la superbe alchimie qui règne entre les quatre membres du groupe réuni autour d’Airelle Besson.

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