Musique de chambre aux péripéties imprévisibles
Après « Piano Tales » enregistré en piano solo, Enrico Zanisi présente l’album « Blend Pages » qui combine musique de chambre et improvisation. Autour du pianiste sont réunis Michele Rabbia, Gabriele Mirabassi et le Quatuor IXI. Le propos musical plutôt chambresque réserve des péripéties qui surprennent tout autant qu’elles ravissent.
« Blend Pages », le dernier album du pianiste Enrico Zanisi est annoncé pour le 15 juin 2018 chez Cam Jazz. Le leader réunit autour de lui le clarinettiste Gabriele Mirabassi, le percusionniste Michele Rabbia et le quatuor à cordes français Quatuor IXI, avec Régis Huby et Clément Janinet au violon, Guillaume Roy à l’alto et Atsushi Sakaï au violoncelle.
Un pianiste explorateur et lyrique, un percussionniste évanescent et bruitiste, un clarinettiste voltigeur et magicien, un quatuor souple et subtil.
Enrico Zanisi, pianiste prometteur
Né dans une famille de musiciens, Enrico Zanisi a commencé à se produire au piano au sein d’orchestres de chambre dès l’âge de 8 ans. En 2009 il est admis à la Manhattan School de New-York et est ensuite désigné meilleur Nouveau Talent du Top Jazz 2012 par un jury de journalistes du magazine » Musica Jazz ».
Après trois disques gravés en trio, « Quasi Troppo Serio » (2010), « Life Variations » (2012) et « Keywords » (2014) puis « Piano Tales » (2016) où Enrico Zanisi s’exprime en solo, « Blend Pages » est le cinquième album enregistré en leader par ce jeune pianiste italien de 26 ans. Il a participé par ailleurs à de nombreux autres opus comme co-leader, sideman ou invité.
La production discographique déjà étoffée du pianiste reflète le début d’une carrière plus que prometteuse.
L’album « Blend Pages »
A l’origine Enrico Zanisi envisage un projet pour piano et quartet à cordes. Le canevas original évolue et au final, le leader envisage un autre propos. Il fait dialoguer musique de chambre et improvisation et enregistre l’album « Blend Pages » en France les 03, 04 et 05 avril 2017 au Studio Sextan La Fonderie à Malakoff.
Le titre de l’album, témoigne d’ailleurs de cette recombinaison adoptée par le compositeur Enrico Zanisi. Un peu comme si un coup de vent espiègle avait mélangé les pages du livret d’origine et reformaté l’organisation de l’album qui adopte à la suite de cette péripétie un nouveau format.
Au fil des plages de « Blend Pages », les intervenants varient, les climats évoluent et s’enchaînent sans pause. Le compositeur explore et élargit le spectre musical de son piano. Il propose une musique très personnelle centrée autour du piano qui pilote le scénario musical.
Impressions musicales
Uno ouvre l’album sur une ambiance chambresque à souhait. Le piano dialogue avec les cordes qui malaxent subtilement la matière sonore. Après Chevaliers où piano et quatuor explorent une superbe mélodie sur une structure assez conventionnelle, advient le lumineux Chiari. Avec majesté la clarinette s’envole et illumine le morceau débuté avec délicatesse par le piano.
Après les trois premières pièces où règne une relative tranquillité, le quatrième morceau fait basculer le roman musical dans un climat intranquille puis suivent des péripéties qui se résolvent dans la dernière composition.
Fighting for change ouvre par un accord martelé au piano. Avec ardeur les percussions et les cordes entrent en lutte puis laissent respirer et planer les sons du piano qui revient à l’accord inaugural. Sur Prelude le piano prend la main et réorganise le discours (à dessein) désordonné des cordes.
Advient ensuite la superbe Danse des Arbres où la clarinette espiègle et aérienne se lance dans un solo de haute-voltige au-dessus du tapis des cordes. L’émotion survient au détour de Resonare où le duo piano-clarinette tisse jusqu’au firmament une romantique mélodie. Percussions, quatuor, piano et clarinette se retrouvent sur Modulus aux dissonances étranges.
On est comblé par l’intensité du dernier thème, Few things Left. L’écrin orchestral sensible des cordes et la souplesse délicate des cymbales mettent en valeur le jeu pianistique sobre et bucolique et la clarinette à la sonorité azuréenne.
L’album « Blend Pages » adopte une architecture aux lignes très libres. Maître d’oeuvre du projet, Enrico Zanisi conçoit le disque comme une extension de sa pensée dont le piano est l’architecte. Le Quatuor IXI représente le substrat essentiel qui fonde l’édifice musical. Les percussions et l’électronique de Michele Rabbia constituent les éléments de liaison qui délivrent l’indispensable énergie vibratoire alors que la clarinette de Gabriele Mirabassi apporte lumière et légèreté dans l’ouvrage.
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