La complétude de “Rebirth Reverse”
Avec le soutien de l’ONJ Fabric, le trompettiste Fabrice Martinez annonce la sortie d’un double vinyle, « Rebirth Reverse ». Deux facettes d’un même groupe. Électrique ou acoustique, la musique est pourtant porteuse du même ADN harmonique. Réjouissant, étonnant et stimulant.
Non content du succès de « Rebirth » sorti en mai 2016, le trompettiste Fabrice Martinez, membre de l’ONJ d’Olivier Benoit, revient le 25 mai 2018 avec « Rebirth Reverse » (ONJ Records), un double vinyle où chaque titre est décliné en deux versions que tout semble opposer à la première écoute.
A la tête du quartet Chut! composé de Fred Escoffier (piano), Bruno Chevillon (contrebasse) et Eric Echampard (batterie), Fabrice Martinez dévoile « Reverse », une facette en miroir inversé de « Rebirth ».
Le propos en miroir de ces deux opus interpelle autant qu’il ravit. Rétro-électrique et groovy pour l’un, intemporel et acoustique pour l’autre. Le très électrique « Rebirth », a été re-masterisé pour s’adapter aux sillons du vinyle et restituer la chaleur de l’analogique alors que « Reverse », nouveau et acoustique, a bénéficié d’un enregistrement en direct dans une chapelle.
Fabrice Martinez et Chut! proposent donc deux faces inversées du même monde en déclinant deux versions d’un répertoire commun. Si l’esthétique des deux opus diffère, la musique est pourtant indubitablement porteuse du même ADN harmonique. C’est d’ailleurs cette fondation harmonique qui tend un pont entre ces deux musiques-sœurs. L’une très rythmique, marquée par l’esthétique électro et rétro des années 70, l’autre aérienne, inscrite dans la grande tradition des musiques improvisées européennes.
« Rebirth » exacerbe les rythmes, concentre les intensités et valorise l’énergie. « Reverse » inverse le processus, étire les silences et caresse les mélodies, explore l’espace sonore et tend des voiles. Le premier incite au mouvement et le second à la rêverie mais l’inventivité habite les deux mondes tout autant porteurs de contrastes et de nuances.
« Reverse » théâtralise la musique qu’il projette sur une scène où s’invitent en contre-jour des traces contrapuntiques fugaces, des réminiscences du monde de Nino Rota, des résurgences de la musique européenne classique du XIXème siècle qui émargeraient du côté de Ravel ou des embardées plus contemporaines et telluriques.
Sur « Reverse » Fabrice Martinez s’exprime exclusivement au bugle. Son jeu lumineux ravit l’oreille par la précision de son articulation, son originalité et des prises de risques inouïes. On re-découvre avec plaisir l’exploration réussie du clavier qu’entreprend Fred Escoffier loin des climats électrifiés
Les phrasés élégants de Bruno Chevillon s’accommodent très bien des atmosphères contemporaines, lyriques ou romantico-oniriques. Le toucher coloriste d’Eric Echampard sied aux ambiances réverbérées, crée une impression feutrée d’intimité mais prodigue un soutien solide aux solistes. Au fil des plages aériennes de « Reverse », Bruno Chevillon et Eric Echampard constituent une paire rythmique à la réactivité extrême.
De fait « Rebirth » et « Reverse » ne sont pas en opposition. Tous deux se complètent plus qu’ils ne s’opposent. Les musiciens explorent deux faces du même monde. L’une inscrite dans un monde électrique, l’autre dans un univers acoustique aux sons aériens. Il fait bon choisir entre les versions miroirs des titres en fonction des envies et des moments.
Le lundi 28 mai 2018 à 20h30, la Dynamo de Banlieues Bleues et le label ONJ Records fêtent à Pantin les quatre ans d’existence du label et la sortie du double album vinyle « Rebirth reverse ». C’est l’occasion de retrouver sur scène Fabrice Martinez, Fred Escoffier, Bruno Chevillon et Eric Echampard.
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