Un voyage intimiste et sensible
Pour son troisième album chez ECM, Elina Duni signe « Partir », un album conçu et réalisé en solo. La chanteuse interprète un répertoire de chansons autour du départ, de la perte et de l’amour. Elle s’accompagne au piano, à la guitare ou avec un set de percussions. Son chant intimiste et sensible transcende la souffrance.
« Nous sommes tous en partance, amenés à être arrachés de ce que l’on aime » … tel est le point de départ du projet d’Elina Duni concrétisé en 2017 par l’enregistrement de l’album « Partir » enregistré aux Studios La Buissone à Pernes-les-Fontaines en juillet 2017 sous la direction artistique du patron du label ECM, de Manfred Eicher lui-même.
Avec « Partir » (ECM/Universal) à paraître le 27 avril 2018, la chanteuse Elina Duni signe un recueil de chansons issues de sources très diverses. Des airs traditionnels mais aussi des chansons plus connues et même une composition originale.
D’une trajectoire personnelle….
Évoquer l’exil et tout ce qui se rattache au départ contraint ou choisi résonne avec la trajectoire personnelle de la chanteuse devenue une voix de la diaspora albanaise. En effet, suite à la chute du régime communiste, Elina Duni doit quitter l’Albanie en1992. Elle s’établit alors en Suisse avec sa mère. Après avoir appris le violon en Albanie où elle avait déjà chanté dès l’âge de cinq ans puis plus tard pour la Radio et la Télévision Nationales Albanaises, elle étudie en Suisse le piano classique au Conservatoire de Genève où elle continue ses études musicales et découvre le jazz.
Après divers projets de musique, de films et de théâtre qui l’ont de nouveau conduit en Albanie mais l’ont aussi amenée à partir à New-York, elle s’oriente vers le jazz qu’elle étudie à Berne entre 2004 et 2008. En 2005 elle crée le Elina Duni Quartet avec Colin Vallon (piano), Patrice Moret (basse) et Norbert Pfammatter (batterie), un retour à ses sources musicales qui mélange les chants folkloriques des Balkans au jazz
Avec eux elle enregistre deux albums « Baresha » (2008) et « Lume Lume » (2010) chez Meta Records puis publie chez ECM en 2012 « Matanë Malit » (Au délà de la montagne) et en 2015 « Dallëndyshe » (Hirondelle). Les chansons albanaises se retrouvent dans le répertoire de ces albums.
… à une création artistique, « Partir »
Pour « Partir », son troisième album chez ECM, Elina Duni élabore un répertoire de douze titres dont elle réalise les arrangements. Deux pièces chantées a capella, quatre autres où elle s’accompagne au piano, quatre à la guitare et deux autres où elle utilise les percussions pour ponctuer son chant.
Certes la provenance des morceaux est éclectique mais leur thématique est cohérente, puisque tous sont en lien avec l’exil, le départ, la séparation. Certes ces ruptures riment la plupart du temps avec la souffrance mais l’amour et l’espoir permettent de surmonter la perte pour finalement renaître.
Sur « Partir » les nuages du chagrin et de la douleur qui s’élèvent du chant d’Elina Duni ne masquent pas la lumière d’une renaissance possible dans un autre ailleurs. A travers cette réalisation artistique, la poésie musicale de la chanteuse transcende le désespoir et laisse entrevoir une lueur d’espoir.
Au programme, des airs traditionnels d’Albanie, du Kosovo, d’Arménie, de Macédoine, de Suisse ou issues de l’héritage arabo-andalou mais aussi une composition personnelle de l’artiste Let us drive in et d’autres chansons plus connues comme Je ne sais pas de Jacques Brel, Amara terra mia de Domenico Modugno ou encore Meu Amor d’Alain Oulman.
La chanteuse se fait polyglotte et sa voix mute avec aisance de l’Italien au Portugais, de l’Albanais à l’Arménien, de l’Arabe au Yiddish, de l’Anglais au Suisse-Allemand. Dans toutes ces langues, sans dramaturgie excessive, le chant poignant d’Elina Duni conte la nostalgie, la saudade et le spleen mais convoque aussi l’amour.
Arrangements épurés, chant méditatif et recueilli, timbre limpide et clair, tout concourt à faire de « Partir » un album aux ambiances intimistes. A travers la voix expressive et sensible d’Elina Duni vibrent tour à tour la force du chagrin, la tristesse du désespoir, la puissance de l’amour, la lumière de la renaissance. Au fil des titres, on voyage avec Elena Duni dans une rêverie embrumée d’une mélancolie trouée par le soleil de l’espoir. Son chant nuancé exprime la déchirure et la perte mais laisse percevoir la puissance de l’amour.
Pour écouter live le projet « Partir » de la chanteuse Elina Duni en concert, trois rendez-vous se profilent. Le 03 mai 2018 à 20h au Centre Culturel Suisse de Paris. Le 06 juillet 2018 à 18h au musée Gallo-Romain de Saint-Romain-en-Gal dans le cadre des Musaïques de « Jazz à Vienne ». Le 28 juillet 2018 à partir de 20h30 sur la Scène de la Cour dans le cadre de l’Alberville Jazz Festival.
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