« Nat King Cole & Me », un hommage sensible
Gregory Porter honore Nat King Cole, le légendaire crooner du jazz avec un nouvel album intitulé « Nat King Cole & Me ». Un vibrant hommage rendu à la figure mythique qui a influencé sa musique et sa vie. Des atmosphères envoutantes teintées de mélancolie et de tendresse.
On se réjouissait déjà en septembre de la sortie annoncée par Gregory Porter pour le 27 octobre 2017 de son prochain album « Nat King Cole & Me » chez Blue Note. Après « Water » (2010), « Be Good » (2012), « Liquid Spirit » (2013) et « Take me to the Alley » (2016), le chanteur californien aux deux Grammy Awards revient avec un opus remarquable.
Il interprète en effet avec sensibilité quatorze thèmes souvent chantés par Nat King Cole comme les célèbres Smile, Mona Lisa, L. O. V. E., Nature Boy et The Christmas Song. A ces reprises s’ajoute When Love Was King, une magnifique composition de Gregory Porter déjà présente sur l’album « Liquid Spirit ».
Entouré par le pianiste Christian Sands, le bassiste Reuben Rogers et le batteur Ulysses Owens le baryton pose son timbre chaleureux sur les splendides arrangements de Vince Mendoza qu’interprète le London Studio Orchestra.
Sur « Nat King Cole & Me », hommage rendu au légendaire pianiste et chanteur à la voix de miel disparu en 1965, Gregory Porter dévoile une autre facette de son talent. Loin de son habituel registre soul, bluesy, groovy et churchy, il se projette de manière assez radicale dans la peau d’un crooner. Son incroyable tessiture, son phrasé impeccable, son chant profond et grave lui permettent de réussir ce challenge avec succès.
L’album ouvre avec Mona Lisa que Gregory Porter phrase avec une langueur pleine de sensualité. Le chanteur propose ensuite une relecture de Smile, toute en douceur et en tendresse. Nat King Cole avait gravé en 1954 ce célèbre thème de Charlie Chaplin (« Les temps Modernes » - 1936) . On note que Gregory Porter avait déjà interprété ce thème sur un album enregistré par le flutiste Hubert Laws en 1998, « Hubert Laws Remembers the Unforgettable Nat King Cole ».
Un peu de légèreté et de swing advient sur L. O. V. E. que le vocaliste interprète sans le London Studio Orchestra. Sur cette reprise enjouée, le tempo se fait plus soutenu et le trompettiste Terence Blanchard répond au vocaliste avec un solo époustouflant.
L’amour de Gregory Porter pour Nat King Cole remonte à sa petite enfance quand sa mère écoutait la musique du chanteur. A l’écoute des paroles des chansons et en l’absence de son père, Gregory Porter se prend à considérer Nat King Cole comme un « père de substitution » : « J’entendais ces paroles sortir des enceintes, comme si Nat me les adressait à moi et à personne d’autre. J’écoutais ces albums et je m’imaginais que Nat était mon père ». L’amour de Gregory Porter pour la musique du crooner grandit.
A la mort de son père, Rufus Porter, il se décide à écrire « Nat King Cole & Me », une comédie musicale en grande partie autobiographique représentée pour la première fois en 2004. Il y narre comment en l’absence de son père il s’est rapproché de la musique de Nat King Cole, comment elle a contribué à inspirer autant sa vie que son art, comment elle lui a permis de trouver sa voie en le poussant à écrire : « Cette comédie musicale a en quelque sorte fait ressortir le songwriter qu’il y avait en moi et m’a donné la confiance nécessaire pour écrire d’autres chansons ». Telles sont les origines de l’album « Nat King Cole & Me ».
Sur l’album « Nat King Cole & Me » figure une seule composition de Gregory Porter, When Love Was King (quand régnait l’amour). Une nostalgie poignante imprègne ce titre. La profondeur et la gravité du chant sont mises en valeur par les arrangements de cordes de Vince Mendoza. C’est avec une tendresse empreinte de tristesse que Gregory Porter reprend I Wonder Who My Daddy Is qui précède The Christmas Song romantique à souhait.
La mélancolie s’invite sur le tendre Nature Boy, mais aussi sur l’élégant Miss Otis regrets et sur la délicate ballade Lonely One. Sur Ballerina on retrouve une atmosphère un peu plus débridée. Le titre le plus étonnant est sans doute la version de Quizas, Quizas, Quizas que Gregory Porter interprète en espagnol. Le chanteur étire à l’envi le tempo de cette chanson populaire écrite par le compositeur cubain Osvaldo Farrés.
Sur « Nat King Cole & Me », la voix de Gregory Porter touche par sa chaleur et par sa puissance toute en retenue. Au long des quinze titres de ce superbe album, les atmosphères varient, les émotions se succèdent. Entrain, allégresse, mélancolie, tristesse avec toujours à la clef une délicatesse extrême. Un opus ensorcelant.
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