« Border Lines », le pays singulier de Stéphane Tsapis
Dans l’album « Border Lines » (Cristal Records/Harmonia Mundi) paru le 18 mars, le pianiste Stéphane Tsapis explore avec beaucoup de liberté ses racines grecques. Le disque présente un panorama musical de la Grèce d’hier et d’aujourd’hui.
Le titre de l’album « Border Lines » de Stéphane Tsapis génère plusieurs réflexions en ces temps où les frontières sont au cœur des préoccupations de notre monde.
Puisque c’est le propre du « jazz » de ne pas fixer de frontières, puisque cette musique prône le concept de liberté, cet opus a tout à fait sa place dans le jazz, cet idiome qui a ouvert les bras à tant de mondes musicaux et l’ouverture à la diversité. Dans un tel territoire, musiciens et auditeurs ne sont pas en situation « borderlines ». La définition du terme « borderlines » comme un état d’instabilité émotionnel, recouvre aussi la situation de celui qui vit à cheval sur deux cultures et est en déstabilisé. Tel fut le cas pour Stéphane Tsapis que la barrière de la langue a conduit à se sentir français quand il est en Grèce et pas tout à fait français quand il est en France…
Le titre de l’album « Border Lines » est donc à double titre compréhensible. C’est en considérant la musique comme « langage universel » que le musicien transforme la notion de frontière et affirme qui il existe et définit son propre territoire.
Avec poésie, dérision et humour, Stéphane Tsapis navigue dans « Border Lines » entre compositions originales et musiques traditionnelles grecques revisitées. Onze titres singuliers. Un répertoire interprété avec grande intelligence et sans fébrilité.
Ce projet très original évoque différentes époques et régions du pays. Les musiques stimulent l’écoute et entraînent l’auditeur aux confins d’un monde aux frontières mouvantes. Stéphane Tsapis a confié la direction artistique de son projet au compositeur Arthur Simonini et a construit le monde musical de son album avec la complicité de Marc Buronfosse à la contrebasse et d’Arnaud Biscay à la batterie.
Clin d’œil en ouverture du disque avec « Welcome to my country » et virgule à mi-album avec « Tourist’s point of view », des balises d’humour qui définissent la place du touriste. Les modes des musiques anciennes dépaysent. On est transporté en Macédoine et dans d’autres contrées d’Asie Mineure. Avec d’intrigantes harmonies, les musiciens nous transportent ensuite avec « Karaghiósis in Wonderland » dans le monde magique du théâtre d’ombres et de son héros Karaghiósis.Le titre « Goldman Sucks » fait résonner une énergie plus électrique où la colère résonne de manière évidente pour dire la révolte dont le titre est porteur.
Des images, des paysages oniriques défilent au fur à mesure que le disque se déroule. Il est vrai que Stéphane Tsapis est aussi professeur de création musicale pour l’image au Conservatoire à rayonnement régional de la Ville de Paris et compose beaucoup pour le cinéma… ceci explique peut-être cela. Une consultation du site de Stéphane Tsapis vous permettra de mieux le connaître.
La vidéo réalisée au Studio de l’Hermitage donne envie d’écouter l’album « Border Lines » de bout en bout.
L’album « Border Lines » ouvre les frontières musicales sur un nouveau monde, celui de Stéphane Tsapis, un musicien dont le discours nuancé emprunte la voie de la délicatesse pour narrer des émotions fortes.
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