Musique organique et onirique
Le mercredi 23 août 2017, le Festival Jazz Campus en Clunisois accueille Anne Paceo et son projet « Circles » au Théâtre Les Arts. Pour leur dernier concert de l’été, la batteuse et son groupe se produisent devant une salle comble et conquise.
La renommée d’Anne Paceo n’est plus à faire mais c’est la première fois que la batteuse se produit dans le cadre de Jazz Campus en Clunisois dont Didier Levallet tient les rênes depuis 40 ans. Fidèle à ses valeurs, ce dernier continue à programmer du jazz libre et créatif. Il a tenu en cette année anniversaire à inviter des représentants de la jeune génération en même temps que d’anciens compagnons de route du festival. Anne Paceo valorise d’ailleurs en fin de concert la contribution essentielle de Didier Levallet et de son festival à la perpétuation de la musique vivante.
C’est un orchestre sans basse que présente Anne Paceo avec la chanteuse Leila Martial, le claviériste Tony Paeleman et le saxophoniste Christophe Panzani. Sur scène on compte quatre musiciens mais on comprend très vite que la participation de l’ingénieur du son en la personne de Boris Darlay est essentielle sur scène (comme en studio).
Le groupe joue le répertoire de l’album « Circles » sorti en 2016 (enregistré avec Émile parisien au saxophone).
Toutes les compositions sont à porter au crédit d‘Anne Paceo qui restitue à travers douze titres les impressions et émotions vécues au cours de ses aventures dans une quarantaine de pays. Ainsi on peut écouter durant le concert nombre de titres de l’album « Circles » comme Sunshine, Tzigane, Polar night, Circles, Toundra, Sable, Maynmar folk song mais Anne Paceo propose aussi au public de Cluny une nouvelle composition, Hope, écrite récemment durant une résidence artistique au Moulin d’Andé, en Normandie.
Le concert tient toutes ses promesses et on voyage dans des contrées musicales dépaysantes. La musique se fait tour à tout organique, pulsatile, tendre ou onirique. Les climats évoquent le froid ou la chaleur, la douceur ou la combativité. Gardienne du tempo, Anne Paceo pilote le navire et les séquences rythmiques s’enchaînent avec une précision étonnante. Tous les musiciens participent à la pulsation de la musique et assument le rôle de la basse qui ne manque à aucun moment. L’énergie circule entre les quatre protagonistes et chacun est très attentif à la réaction de l’un ou l’autre d’entre eux.
Batterie et claviers unissent leurs voix pour permettre aux solistes de s’exprimer en toute liberté. Les nappes sonores de Tony Paeleman accentuent le caractère fluide du chant. La voix claire de Leila Martial génère des mélodies aériennes et limpides et sait murmurer mais se transforme aussi en de puissantes tornades rythmiques et incantatoires. Le saxophone soprano de Christophe Panzani lance des notes étoilées en direction de la voix de la chanteuse et tous deux établissent de superbes dialogues de bout en bout du concert. Leurs échanges sereins deviennent parfois aventureux et ils devisent alors sur un fil tendu au-dessus du flot délivré par la batterie et les claviers.
On entend galoper les rennes et sonner les clochettes des traineaux, on ressent le froid tranchant du grand Nord à travers les souffles du saxophone et des voix, Anne Paceo joint la sienne à celle de Leila Martial à de nombreuses occasions.
La frappe sèche de la batterie et les séquences rythmiques complexes contribuent aux variations du climat musical. On a vibré sans retenue sur A tempstade où le saxophone ténor malaxe la substance sonore sans rupture et où la batterie offre un solo physique prodigieux de précision et de vitalité.
Le public quitte le Théâtre les Arts enthousiasmé par le concert généreux et la dimension viscérale de la musique proposée par Anne Pacéo, Leila Martial, Tony Paeleman et Christophe Panzani.
Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »
Sur son nouvel album « Le Sable et l’Écume », Titi Robin présente un répertoire original composé pour Titi Robin Quatuor, sa nouvelle formation instrumentale. Un projet instrumental porté par les sublimes échanges de quatre musiciens hors pair. La musique s’inscrit dans une culture radicalement modale et polyrythmique. La prise de risque artistique est à la mesure de l’enjeu esthétique. Un projet modal, hors mode et radical.
Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988
Le label Storyville Records prévoit la sortie d’un double-album inédit de Michel Petrucciani, « Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988 ». Annoncé pour le 15 novembre 2024, cet opus inédit permet d’écouter le pianiste entouré de Gary Peacock et de Roy Haynes. Du jazz intemporel qui allie lyrisme, sensibilité et virtuosité.
« Django! »… Baptiste Herbin en trio sans guitare
C’est un véritable défi que réussit le saxophoniste Baptiste Herbin avec « Django! » sur lequel il revisite l’univers de Django Reinhardt, en trio trio saxophone, contrebasse, batterie. Sans guitare, l’album restitue l’essence de la musique du fameux guitariste manouche. Échanges énergiques, fulgurances virtuoses, valses enivrantes, exubérances et silences, tout concourt à faire de cet album absolue une réussite qui allie innovation et tradition.