« Tribute to Lucienne Boyer » par le Grand Orchestre du Tricot

« Tribute to Lucienne Boyer » par le Grand Orchestre du Tricot

Une explosion d’audace et de fraîcheur

Le 29 juin 2017 est sorti « Tribute to Lucienne Boyer » interprété par le Grand Orchestre du Tricot. Pas question de passer sous silence cet album audacieux. Ce n’est en effet pas tous les jours que d’anciennes bluettes sont transfigurées en de fougueuses chansons d’amour. Un vrai remède contre la déprime.

Le répertoire de l’album reprend huit titres que chantait Lucienne Boyer (1901 - 1983) dans l’entre deux guerres. Le repère le plus connu de toutes ces chansons populaires est sans doute « Parlez-moi d’amour » dont on ne compte pas les reprises ultérieures à sa création en 1931.

D’abord, ne pas se laisser abuser par le site du Tricollectif où le Grand Orchestre du Tricot annonce le « Tribute to Lucienne Boyer » comme un « Love Supreme façon opérette » avec une lapidaire présentation qui promet « Gros bisous et folle guinguette ». En fait, il s’agit d’un projet haut en couleurs et plein d’humour qui vibre d’une folie et d’une insolence inouïes.

Ensuite ne pas croire que la musique soit tricotée par ou pour de vieilles dames qui croisent habilement aiguilles et fils de laine. Pas du tout, c’est un ouvrage crée par de jeunes musiciens en direction de tout amateur de musique inventive et jubilatoire.

Au final, se laisser porter par les huit pistes où alternent virtuosité brillante et créativité joyeuse. Le tout servi par des orchestrations énergiques et débridées qui n’oublient pas de sonner aussi avec finesse et délicatesse.

Sous la direction musicale du batteur Florian Satche revivent huit titres de Lucienne Boyer. On est transporté par la mélancolie rétro et encanaillée d’un répertoire qui reprend vie grâce à la magie de la voix d’Angela Flahault et les arrangements à la fois soignés et déjantés du trio de choc constitué du pianiste Roberto Negro, du violoniste Théo Ceccaldi et du violoncelliste Valentin Ceccaldi.

Tous les instrumentistes de l’orchestre s’en donnent à cœur joie au fil des huit plages qui musardent entre rock, valse, musique d’harmonie et free jazz. On ressent leur enthousiasme et leur plaisir de jouer ensemble Le tromboniste Fidel Fourneyron, le guitariste (et banjoiste) Eric Amrofel, le bassiste Stéphane Decolly, le clarinettiste Sacha Gillard, les saxophonistes Gabriel Lemaire et Quentin Biardeau. Régulièrement, l’orchestre pète les plombs de manière tout à fait organisée et met en valeur les nuances du chant maîtrisé d’Angela Flahaut.

Il existe un grand écart absolument voluptueux entre la voix de la chanteuse qui restitue les textes désuets et les folles vrilles musicales où l’orchestre explose la musique pour mieux l’arranger ensuite et la magnifier. Le contraste est saisissant et permet de percevoir le sens encore très actuel des textes venus d’une époque révolue et quasiment oubliée.

On craque à l’écoute du deuxième titre J’ai raté la correspondance où les anches concurrencent dans leur puissance la solide section rythmique du Grand Orchestre du Tricot. On a la tête à l’envers après La valse tourne qui explore un registre où les cordes font tourner le cœur d’Angela Flahaut et notre tête avec. On sourit en écho aux déclarations d’amour sur le titre Je t’aime où Roberto Negro et Théo Ceccaldi devisent gaiement. Les contrastes entre ambiance rock et effluves néo-romantiques de Partie sans laisser d’adresse étonnent et ravissent à  la fois mais c’est sans compter Mon coeur est un violon qui zigzague entre Broadway, free jazz déglingué et minauderies vocales où la chanteuse roule les « r ».

« Tribute to Lucienne Boyer ». Cet album jubilatoire et audacieux rend un hommage impertinent et rafraîchissant aux chansons de Lucienne Boyer qu’on écoutait sur le « poste radio » de grand-mère. La version des chansons que donnent le Grand Orchestre du Tricot et la voix d’Angela Flahaut résonne bien au-delà du jazz et même encore plus loin que la musique impro qui est pourtant le terrain de prédilection du Grand orchestre du Tricot.

Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »

Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »

Sur son nouvel album « Le Sable et l’Écume », Titi Robin présente un répertoire original composé pour Titi Robin Quatuor, sa nouvelle formation instrumentale. Un projet instrumental porté par les sublimes échanges de quatre musiciens hors pair. La musique s’inscrit dans une culture radicalement modale et polyrythmique. La prise de risque artistique est à la mesure de l’enjeu esthétique. Un projet modal, hors mode et radical.

lire plus
Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988

Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988

Le label Storyville Records prévoit la sortie d’un double-album inédit de Michel Petrucciani, « Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988 ». Annoncé pour le 15 novembre 2024, cet opus inédit permet d’écouter le pianiste entouré de Gary Peacock et de Roy Haynes. Du jazz intemporel qui allie lyrisme, sensibilité et virtuosité.

lire plus
« Django! »… Baptiste Herbin en trio sans guitare

« Django! »… Baptiste Herbin en trio sans guitare

C’est un véritable défi que réussit le saxophoniste Baptiste Herbin avec « Django! » sur lequel il revisite l’univers de Django Reinhardt, en trio trio saxophone, contrebasse, batterie. Sans guitare, l’album restitue l’essence de la musique du fameux guitariste manouche. Échanges énergiques, fulgurances virtuoses, valses enivrantes, exubérances et silences, tout concourt à faire de cet album absolue une réussite qui allie innovation et tradition. 

lire plus
Share This