Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988

Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988

Un double album inédit à écouter …encore … et encore

Le label Storyville Records prévoit la sortie d’un double-album inédit de Michel Petrucciani, « Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988 ». Annoncé pour le 15 novembre 2024, cet opus inédit permet d’écouter le pianiste entouré de Gary Peacock et de Roy Haynes. Du jazz intemporel qui allie lyrisme, sensibilité et virtuosité.

visuel de l'album Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988A l’écoute de « Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988 » (Storyville Records), on retrouve avec bonheur le phrasé unique de Michel Petrucciani (1962-1999) soutenu par une rythmique de haut-vol en les personnes du contrebassiste Gary Peacock et du batteur Roy Haynes.

Chacun des douze morceaux de ce double album met en valeur l’immense talent de Michel Petrucciani. A chaque instant, l’oreille est enchantée par les improvisations virtuoses et inspirées du pianiste et par le lyrisme de son jeu dynamique.

Les vibrations musicales du double album « Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988 » déclenchent étonnements et émotions.

Michel Petrucciani

Né à Orange en 1962 dans une famille musicienne, Michel Petrucciani est porteur d’une maladie incurable, l’ostéogénèse imparfaite, caractérisée par une grande fragilité osseuse. Sur sa demande, il apprend le piano très jeune et à 13 ans donne son premier concert professionnel au festival de Cliousclat. A l’âge de 16 ans, il rencontre le batteur d’Aldo Romano qui, avec la complicité de Mike Zwerin, lui permet de produire son premier disque « Flash ». Le batteur le présente aussi producteur d’OWL Records, Jean-Jacques Pussiau.

En 1981, Michel Petrucciani se produit au festival de jazz de Paris où il se taille un franc succès. En 1982, à 18 ans, il décide de partir à la conquête de l’Amérique. Il quitte la France et débarque à New York puis, quinze jours après gagne la Californie où il rencontre le saxophoniste Charles Lloyd avec qui il grave trois albums au fil des cinq ans que dure leur aventure musicale. C’est le début de sa carrière internationale.

Au fil des années, le pianiste multiplie les rencontres et joue avec les meilleurs jazzmen du monde… on peut évoquer quelques noms, Jack DeJohnette, Al Foster, Roy Haynes parmi les batteurs, Stanley Clarke, Eddie Gomez, Charlie Haden, Cecil McBee et Gary Peacock du côté des bassistes sans oublier de citer John Abercrombie, Jim Hall et John Scoffield pour ce qui concerne les guitaristes et aussi Joe Henderson, Lee Konitz, Gerry Mulligan, David Sanborn et Wayne Shorter en tant que saxophonistes, sans oublier le trompettiste Dizzie Gillespie.

En 1985, à 23 ans, il signe avec le label Blue Note pour lequel il enregistre plusieurs albums :

  • « Pianism » premier album avec Palle Danielsson (contrebasse) et Eliot Zigmund (batterie) enregistré le 20 décembre 1985 et sorti en 1986.
  • « Power of Three » enregistré le 14 juillet 1986 avec Jim Hall (guitare) et Wayne Shorter (saxophones ténor et soprano) et sorti en 1987
  • « Michel plays Petrucciani » gravé avec Gary Peacock (contrebasse), Roy Haynes (batterie), Eddie Gómez (contrebasse), Al Foster (batterie), John Abercrombie (guitare), Steve Thornton (percussion) enregistré en 1987 et sorti en 1988
  • Les deux volumes de « Music » (1989) enregistrés avec Gil Goldstein (accordéon), Andy McKee (contrebasse), Eddie Gomez (contrebasse) Romero Lubambo (guitare), Lenny White (batterie) Victor Jones (batterie) Anthony Jackson (Basse) Crris Walker (basse), Franck Colon (percussions), Tania Maria (voix), Adam Holzman (synthétisuers), Eddie Gomez (contrebasse)
  • « The Manhattan Project » enregistré le 16 décembre 1989 avec Wayne Shorter (saxophones soprano et ténor), Gil Goldstein et Pete Levin (synthétiseurs), Stanley Clarke (conyrebasse et basse électrique), Lenny White (batterie) et Rachelle Ferrell (voix) et sorti en 1990.
  • « Playground » enregistré avec Adam Holzman (synthétiseurs), Omar Hakim (batterie), Steve Thornton (percussionx), Anthony Jackson (basse) et Aldo Romano (batterie) paru en 1991.

Treize ans après son départ aux États-Unis, Michel Petrucciani rejoint la France. Après sept ans avec le label Blue Note, il rencontre Francis Dreyfus. Il s’engage avec le label Dreyfus chez lequel il enregistre « Marvellous » sorti en 1994, avec Dave Holland et Tony Williams et le Graffiti Strings quartet, un quartet de cordes constitué de Nicolas Krassik (violon), Vincent Pagliarin (violon), Pierre Lemarchand (alto) et Vincent Courtois (violoncelle).

Durant cette même année 1994, il rencontre l’organiste Eddy Louiss avec il joue durant trois 3 soirées au « Petit Journal Montparnasse ». Avec lui, et chez Dreyfus il enregistre « Conférence de Presse » dont le premier volume sort en septembre 1994 et le second en octobre 1995. Durant cette même année 1995, il rencontre Stéphane Grappelli. Avec lui, Roy Haynes et George Mraz, ils enregistrent « Flamingo » paru en septembre 1995 chez Dreyfus Records.

Les années passent et la notoriété de Michel Petrucciani ne cesse de croître.

En 1997, il tourne solo en Allemagne, en Italie, en France où il rencontre un succès à la hauteur de son talent. Les 24, 25 et 26 Août 1997, sur des arrangements de Bob Brookmeyer, il enregistre « Both Worlds » à New York avec Anthony Jackson (basse), Steve Gadd (batterie), Bob Brookmeyer (trombone), Flavio Boltro (trompette) et Stefano di Battista (saxophones alto et soprano). L’album sort le 04 novembre 1997, toujours chez Dreyfus Records.

En 1997, Michel Petrucciani entame une tournée au Japon en trio avec Steve Gadd et Anthony Jackson. Le 4 novembre 1997, il sort « Solo Live » enregistré le 27 février à l’Alte Oper à Franckfort 1997 au cours de sa tournée en Allemagne.

L’année 1998 est, pour le pianiste, intense en concerts. Pour Dreyfus, il enregistre sur l’album de Steve Grossman, « Steve Grossman with Michel Petruccinani qui paraîtra en 1999. Le 19 décembre 1998, il donne un concert exceptionnel en l’honneur de Sa Sainteté Jean-Paul II à Bologne avec la participation de chanteurs italiens parmi lesquels entre autres Andrea Boccelli, Adriano Celentano ainsi que Bob Dylan et Joan Baez.

Après les fêtes de la fin d’année 1998 qu’il passe à New-York avec sa famille, Michel Petrucciani est affecté par des problèmes respiratoires et est admis à l’hôpital Beth Israel où il décède le 06 janvier 1999, à 36 ans, des suites d’une infection pulmonaire foudroyante. Le monde du jazz a perdu un immense artiste dont l’influence s’exerce encore aujourd’hui sur de nombreux musiciens.

Pour en savoir plus sur la vie de Michel Petrucciani, la lecture d’un ouvrage s’impose, « Michel Petrucciani, le pianiste pressé » écrit par Franck Médioni et paru chez L’Archipel pour les 25 ans de la mort du pianiste prodige.

L’album

Avec l’accord de la succession de Michel Petrucciani, Storyville Records annonce la sortie de « Jazz Club Montmartre - CPH 1988 », Michel Petrucciani Trio feat. Gary Peacock & Roy Haynes, un double album inédit enregistré en concert au Montmartre International Jazz le 03 juillet 1988.

Le visuel de l’album est crédité à Finn Nygaard. Outre des photos Jan Persson, le livret propose un texte d’Alex Duthil et un autre de Lars Thorborg.

Ébloui et enchanté, on écoute sans se lasser les douze titres de ce double album qui met en lumière l’immense talent de Michel Petrucciani.

Au fil des titres

Sur les deux albums se côtoient six compositions de Michel Petrucciani et six célèbres standards de jazz.

Les compositions de Michel Petrucciani

Le premier disque ouvre avec 13th. Le jeu du pianiste apparaît d’une vitalité inouïe. Dans son improvisation, les idées musicales se succèdent et se bousculent sans répit. Son phrasé ciselé enivre littéralement l’oreille et procure une joie infinie. La section rythmique soutient son jeu avec brio. Le répertoire du premier CD se poursuit avec l’explosif She Dit It Again. Un thème modal dont le titre fait référence à la chienne de Charles Lloyd,laquelle ne cessait d’émettre des pets lors des voyages en voiture. Michel Petrucciani joue avec énergie et on perçoit des clins d’œil au jeu de McCoy Tyner. Roys Haynes adopte aux baguettes une sonorité très mate et un drumming très rapide sur la caisse claire. Une musique trépidante et sous haute tension, à l’image de la vie de l’artiste. Absolument prodigieux.

Avant dernier titre du premier CD, Mr KJ pulse furieusement et n’est pas sans évoquer l’univers et les couleurs du blues. Sur cette composition écrite par le pianiste en hommage à Keith Jarrett, les idées de Michel Petrucciani se bousculent. Après son solo exaltant parsemé de fantaisies étonnantes, il laisse la parole à une improvisation du batteur qui s’en donne à cœur joie.

Sur sa composition, One For Us, dernier titre du premier CD, Michel Petrucciani dégage une énergie solaire sur un tempo euphorique. Toujours en quête de perfection, il inscrit son propos dans la grande tradition du piano jazz. Les émotions sont de la partie. Au cours de son solo, Roy Haynes fait alterner superbes ponctuations sur la caisse claire et jeu frémissant sur les cymbales.

Deuxième morceau du second CD, It’s a Dance, déjà enregistré sur « Michel Plays Petrucciani » (Blue Note), permet de savourer le jeu de piano plus épuré qu’adopte Michel Petrucciani. Plus limpide, la substance sonore se fait presque cristalline, évoquant celle de Bill Evans une des influences majeures du pianiste natif d’Orange.

Tel un orfèvre, Michel Petrucciani cisèle son thème La Champagne qu’il joue avec lyrisme et sensibilité.

Les standards

Sur le premier CD, le pianiste interprète la ballade de Richard Rodgers, My funny Valentine sur un tempo rapide. Ardeur impétueuse, attaque puissante et traits incisifs parfois fulgurants coexistent avec toucher délicat. Michel Petrucciani a recours à toute la palette sonore du piano. Le solo de Gary Peacock met en évidence les aigus arrondis de sa contrebasse. Construite sur des séquences musicales percutantes et contrastées, l’improvisation de Roy Haynes fait ressortir la variété de son jeu de cymbales.

Le pianiste enchaîne avec la composition de Duke Ellington, In a Sentimental Mood sur laquelle il soigne son propos déroulé avec fluidité

Turnaround ouvre le second CD. Sur la composition du saxophoniste Ornette Coleman, Michel Petrucciani déroule avec brio un jeu plein de swing, un style aux accents bluesy et chaleureux. De sa main gauche, il ponctue la courbe mélodique jouée par sa main droite véloce.

Après une introduction, seul au piano, Michel Petrucciani expose avec flamboyance le célèbre thème de Joseph Kosma, Autumn Leaves. Son jeu virtuose et introspectif révèle un rare sens de l’urgence et son écoute procure une grande joie. Ses échanges en 4/4 avec le batteur se parent de grâce.

C’est un véritable hommage que le pianiste rend à John Coltrane en interprétant sa composition Giant Steps. Swing intense, jeu puissant, direct et fougueux. Le solo de Roy Haynes interpelle par son drumming précis et puissant qui n’omet pas de flirter avec les silences.

Le second disque se termine avec la composition de Frank Churchill, Someday My Prince Will Come, souvent jouée par Bill Evans, autre référence de Michel Petrucciani. Le jeu du pianiste éclate de couleurs variées. Une version jubilatoire non dénuée d’humour.

« Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988 », figure sur la liste des albums indispensables parus en 2024.

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