« Spacebound Apes », un album sidéral et sidérant
Le pianiste anglais Neil Cowley revient avec « Spacebound Apes », un album-concept réalisé en studio sur son propre label. La bande son originale de l’histoire magique de Lincoln. Une promenade spatiale dans des atmosphères émotionnelles surprenantes.
depuis longtemps Neil Cowley a fait sa place dans le monde de la musique. S’il a commencé par la musique classique, il a tôt fait de l’abandonner pour se tourner vers le rock puis le jazz. Ses talents de claviériste et de producteur sont appréciés de groupes avec lesquels il travaille (« The Brand New Heavies », « Zero 7 »). Après un essai en duo, il monte un groupe en trio avec le contrebassiste Richard Sadler et le batteur Evan Jenkins Ainsi est né le Neil Cowley Trio qui flirte avec le jazz et le rock sans pour cela faire du jazz-rock. Le trio sort deux albums en trio, « Displaced » en 2007 puis « Loud…Louder…Stop » en 2008. « Radio Silence » paraît en 2010. En 2012, Rex Horan remplace Richard Sadler et la même année le nouveau Neil Cowley trio sort « The Face of Mount Molehill » puis « Touch and Flee » en 2014.
Le jazz du trio est un jazz singulier qui n’est pas sans évoquer l’énergie du groupe « Bad Plus ». Le trio de Neil Cowley construit une musique dynamique qui émerge vraiment du collectif et ne doit rien à la virtuosité. Le trio crée des ambiances et des textures aux allures changeantes. Il utilise des riffs répétitifs pour créer des tensions et des atmosphères qui ne cessent d’évoluer. Des rythmiques complexes sous-tendent des mélodies très simples habilement répétées. Sur l’album « Spacebound Apes », la musique du trio conserve ses caractéristiques singulières mais cette fois Neil Cowley, Rex Horan et Evan Jenkins mettent en scène la bande originale de l’histoire de Lincoln dont on peut lire le « journal ».
Au gré des plages de « Spacebound Apes » on ressent des accélérations et des décélérations. On vogue de planète en planète au gré de rythmes entêtants. On plane en apesanteur dans des galaxies inconnues dont le magnétisme bouleverse nos repères. Un voyage intergalactique qui décoiffe.
L’écoute du disque est en effet sidérante, on ne peut décrocher. On se laisse porter au fil de l’aventure musicale pour découvrir les couleurs des planètes sonores de l’album. Après le premier titre Weightless, on flotte quasiment en apesanteur comme suspendu en attente du titre suivant, Hubris Major au climat presque pop. L’atmosphère se tend jusqu’à devenir martiale dans Governance qui nous conduit aux portes de The City And The Stars où se déchaîne un rock pulsatile.
Après un paroxysme d’énergie adviennent les vibrations salvatrices de Grace …
A l’écoute du titre Echo Nebula on accède alors au monde des nébuleuses et on se sent de nouveau flotter. On plane dans une atmosphère aux couleurs irisées mais voilà qu’approchent de nouvelles planètes dont les dangers menacent. Regain d’énergie rock avec le titre The Sharks of Competition. Pour Lincoln le temps s’écoule mais il reste encore beaucoup à faire, Duty to The Last, pour accéder à l’amour dans un lieu privilégié et prometteur, Garden of Love. L’album touche à sa fin et le titre The return of Lincoln annonce le retour dans une galaxie plus apaisée. Le voyage intersidéral est terminé.
On dit d’un astéroïde qu’il peut bouleverser la vie d’une planète. Il n’est pas exclu que « Spacebound Apes », le nouvel album concept de Neil Cowley soit l’astéroïde qui explose le paysage du jazz en 2016.
« Spacebound Apes », un bon moyen pour changer de galaxie. Avec cet album magnétique et envoûtant on décolle et on découvre les confins d’un jazz décomplexé et débarrassé de ses discours habituels.
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