Le Label ECM ou l’exigence comme garant d’esthétique
Le label allemand « Edition of Contemporary Music », identifié sous le sigle ECM est connu pour son exigence et la qualité apportée à la réalisation de ses albums. Incontournable dans le paysage discographique du jazz, ECM possède une esthétique unique.

Manfred Eicher
Fondé par le contrebassiste Manfred Eicher en 1969 à Munich, le label ECM a publié plus de 1500 albums qui explorent des idiomes très différents. En effet le catalogue ECM propose à la fois du jazz, de la musique classique, de la musique contemporaine et des musiques du monde. Il est reconnu pour la qualité de son travail et son exigence à tous les niveaux de la chaîne. Cela concerne tant les musiciens invités, que la prise de son et la production toutes deux minutieuses ainsi que les choix graphiques.
Les qualificatifs associés à ECM sont nombreux. Label exigeant, label original, label d’avant-garde. Il s’agit surtout d’un label qui a su conserver son indépendance éditoriale.
La réputation du label ECM n’est plus à faire dans le domaine du Jazz. Le premier album du label paru le 1er janvier 1970 a été « Free at Last » avec le trio du pianiste américain Mal Waldron. De nombreux artistes du monde du jazz ont contribué à sa renommée comme Keith Jarrett (avec plus de 50 références), Jan Garbareck, Charles Lloyd, John Abercrombie, Terje Rypdal, Paul Bley, Marilyn Crispell, Carla Bley, Michael Mantler et Egberto Gismonti pour n’en citer que quelques-uns. Pat Metheny a commencé chez ECM avant d’être connu. En fait, la réputation du label s’est imposée après l’enregistrement le 24 janvier 1975 d’un solo de Keith Jarrett qui est devenu un double album,
le « Köln Concert ». Quasiment incontournable. Ont ensuite suivi le premier « Return to Forever de Corea et le « Offramp » de Pat Metheny puis les albums de nombreux artistes européens ou américains incontournables dont (pour en citer quelques uns) Lee Konitz, Charlie Haden, John Surman, Eberhard Weber, Miroslav Vitous, Eivind Aarset, Nik Bärtsch, Mark Turner, Andy Sheppard, Enrico Rava, Paolo Fresu, Anouar Brahem, Susan Abuehl, Louis Sclavis, François Couturier… pour plus d’exhaustivité, le site du label propose la liste des artistes de son catalogue.
Les musiciens apprécient l’attention que Manfred Eicher porte aux enregistrements mais aussi le fait que chez ECM les artistes signent pour un album sans contrat d’exclusivité. Les séances d’enregistrement en studio sont courtes et le mixage de la même veine.
Dans le domaine de la musique « classique contemporaine », la collection « New Series » a immortalisé quelques enregistrements de Steve Reich, John Adams et Meredith Monk dans le champ de la musique minimaliste. Depuis 1984, la collection explore le chant médiéval et la musique contemporaine. Ainsi on retrouve la musique du compositeur Arvo Pärt, celles d’Andras Schiff, du Hilliard Ensemble, du Trio Mediaeval avec des œuvres de Pérotin et Guillaume de Machautet. La liste est loin d’être exhaustive.
Dans les années 90, ECM a proposé l’écoute de films de Jean-Luc Godard avec l’album « Nouvelle Vague » qui présente musique, dialogues et sons du long métrage éponyme présenté en 1990 à Cannes. A la fin des années 90, ECM se lance dans « Histoire(s) du cinéma » avec cinq CD et cinq livres de textes, accompagnant la série télé réalisée par Godard.
Avant tout, ECM soigne son identité sonore. Ne parle t’on pas de « son ECM » ? En effet dans les années 70 un journaliste avait qualifié le « son ECM » comme « le plus beau son après le silence ». On retrouve souvent de la réverbération dans les sons, qui évoquent ainsi les grands espaces vierges et minimalistes de pays nordiques, d’où sont issus de nombreux musiciens qui enregistrent pour ECM. En fait, Eicher veille à ce que chaque musique conserve un son pur qui soit le sien propre. Rien n’est rajouté par la technique à ce que les musiciens produisent.
On doit aussi considérer le soin apporté par ECM aux pochettes des albums. Là encore il s’agit d’une réelle identité. Le graphisme des pochettes est rigoureux, épuré, austère parfois, esthétique toujours. Des traces, des photographies floues, des aplats de couleurs pastel, vifs ou sombres.
Enfin il convient aussi de noter l’implication constante de Manfred Eicher dans le soin qu’il apporte au choix des musiciens contactés pour les enregistrements. Il suscite même quelquefois les rencontres entre musiciens et quelques formations demeurent historiques comme le « duo Chick Corea - Gary Burton », le quartet « Belonging » avec Keith Jarrett, Jan Garbarek, Palle Danielsson et Jon Christensen, ou encore le trio « Magico » de Charlie Haden avec Jan Garbarek et Egberto Gismonti. Manfred Eicher se mobilise lors des séances d’enregistrements.
Manfred Eicher et ECM ont beaucoup contribué à la diffusion des musiques Improvisées, de ce que d’aucun nomment le « Jazz européen ».
Pour explorer ce label et son esthétique, on se propose de consacrer régulièrement des « Focus ECM » autour de quelques albums écoutés et appréciés.

Matteo Pastorino présente « LightSide »
Avec « LightSide », le clarinettiste Matteo Pastorino invite à un voyage musical au cœur de la lumière méditerranéenne. Le musicien propose un répertoire original conçu pour cette formation instrumentale singulière. Soutenue par le piano de Domenico Sanna et la batterie d’Armando Luongo, la clarinette basse du leader dialogue avec la basse semi-acoustique de Dario Deidda. Un album poétique, sensible et lumineux.

« Twenties » par The Hookup
Avec « Twenties », le groupe The Hookup explore l’idée d’un pont entre les années 1920 et les années 2020. Irrigué d’énergie, l’album séduit par les prestations inventives de Géraldine Laurent, François et Louis Moutin et Noé Huchard. Quatorze morceaux choisis parmi les standards des années 1920 sont réinterprétés par ces quatre musiciens français issus de générations différentes. Un pied dans le passé, un pied dans l’avenir… une belle réussite musicale.

Jazz à Vienne 2025 – La programmation
La programmation de la 44ème édition du Festival « Jazz à Vienne » laisse augurer de belles soirées dans le Théâtre Antique et sur les autres scènes de la ville iséroise. Du 26 juin au 11 juillet 2025 se profile la promesse de réjouissances musicales avec concerts et spectacles à la clef. Une grande diversité musicale, des propositions pour tous les publics. Jazz à Vienne 2025, 15 jours de musique avec du jazz ouvert sur le monde. À vivre à toute heure, seul(e), entre ami(e)s ou en famille !