Martial Solal, libr’explorateur du piano
Martial Solal
Né le 23/08/1927 à Alger
Considéré comme une personnalité importante du jazz moderne, Martial Solal est reconnu bien au-delà du jazz comme un des plus grands pianistes contemporains. Technicien virtuose il s’est imposé comme improvisateur hors pair et possède un style singulier qui demeure ancré dans les racines du jazz.
Né à Alger, il étudie le piano classique puis découvre le jazz à travers les enregistrements que le saxophoniste « Lucky Starway » (Lucien Seror) lui faisait écouter (Benny Goodman, Coleman Hawkins, …). Il devient ensuite musicien professionnel en 1945 et s’installe à Paris en 1950 où il accompagne de nombreux solistes de passage dans les Clubs de jazz de la capitale comme le Club Saint-Germain (Kenny Clarke, Eric Dolphy, Dizzy Gillespie, Django Reinhardt,…). En 1956 il forme son premier bigband avec lequel il enregistre ses propres compositions.
Il compose aussi des bandes originales pour le cinéma comme par exemple celle du film de Godard « A bout de souffle » en 1959 et celle de « Léon Morin prêtre » pour Melville en 1961. Parallèlement Il s’intéresse déjà à la musique orchestrale et enregistre aussi en solo dès 1956. Il se produit aussi en quartet et en trio. En l’occurrence, dans les années 60 il s’associe avec Guy Pedersen et Daniel Humair avant de partir jouer aux Etats-Unis. En effet, dès 1963, il est accueilli et acclamé aux États-Unis (Festival de Newport) où Il se produit ensuite régulièrement en duo avec le saxophoniste alto Lee Konitz.
Au fil des années Martial Solal a éprouvé son art pianistique au sein de différents trios. D’abord avec Gilbert Rovère et Charles Bergonzi puis au sein de son fameux trio « piano - 2 contrebasses » (1969/70) qui fut une réussite musicale mais essuya à l’époque un échec commercial. Il a ensuite joué en trio avec différentes associations contrebasse-batterie des musiciens suivants : les contrebassistes Gary Peacok et Marc Johnson et les batteurs Max Roach, Peter Erksine et Paul Motian. Son trio avec les frères Moutin a aussi connu une grande gloire.
Le pianiste a aussi beaucoup exploré la musique en duo, exercice qui l’a toujours passionné. Il a confronté son discours musical à de nombreux musiciens : Lee Konitz, NHOP, Eric Watson, Enrico Rava, Stéphane Grapelli, Eric Le Lann, Jean-Louis Chautemps, Toots Thielemans, Didier Lockwood, Daniel Humais, Johnny Griffin et bien d’autres, la liste est loin d’être exhaustive.
Martial Solal affectionne aussi la direction d’orchestre. Dans les années 80 il travailla avec un bigband dont la forme évolua au fil des années au profit d’un medium band, orchestre de taille assez réduite. Plus précisément l’orchestre devint le Dodecaband avec lequel il explore entre autre répertoire la matière musicale de Duke Ellington puis le New Decaband avec une instrumentation originale qui compte alors un cor et une voix (celle de sa fille Claudia Solal). En matière d’orchestration, les références de Martial Solal sont diverses, de Duke Ellington et Count Basie à Debussy, Ravel, Stravinsky et Bartók.
C’est enfin en solo que Martial Solal s’est souvent produit. Son art est alors tel qu’il emplit l’espace et comble d’aise ceux qui ont le bonheur de l’écouter.
Martial Solal ne se cantonne pas au jazz. Il a approché la Musique Contemporaine auprès de Marius Constant qui dirigeait l’ensemble Ars Nova. C’est avec lui qu’en 1977 Martial Solal composa Stress pour trio de jazz, piano, quintette de cuivres et percussion. C’est après une rencontre avec Pierre Sancan qu’il étudie dans les années 70 la technique classique du piano dans la perspective d’une meilleure maîtrise du clavier. En effet, pour lui « la technique conditionne l’imagination … […] … conditionne (le) style »(1) et « le contrôle de l’instrument donne à l’improvisateur des possibilités illimitées »(2). Sa liberté tonale jointe à sa technique pianistique lui a permis de développer son talent pour l’improvisation.
Martial Solal pratique un jazz moderne. Lorsqu’il improvise, il conte des histoires. Sa musique inventive et impalpable s’envole et ménage des moments de suspension qui laissent pantois les auditeurs. Mélodiste hors pair, Martial Solal affectionne les ruptures rythmiques et les digressions harmoniques. Sa virtuosité dépourvue de tout cliché explose les conventions habituelles.
Il n’est pas possible d’oublier de mentionner son humour proverbial qui se manifeste entre autre forme à travers de nombreux titres de ses compositions comme « Jazz Frit », « L’allée Thiers et le poteau laid », « Averty c’est moi ».
C’est en reconnaissance à son talent que la Ville de Paris a créé en en 1998 le Concours International de Piano Jazz qui porte son nom et consacre de nouveaux talents. Il a influencé toute une génération de pianistes et ses qualités d’instrumentiste, compositeur et orchestrateur sont reconnues bien au-delà des frontières de la France.
Martial Solal a reçu en 1993 le Grand Prix National de Musique qui est attribué en France une fois par an à un musicien (tous styles de musiques confondues). Enfin, il a été récompensé en 1999 par le Jazzpar Prize, véritable « prix Nobel » du jazz attribué pour la première fois à un Français.
Une sélection de nos disques préférés
- En Solo
- « Solitude » (2007) CamJazz
- « Live at The Village Vanguard » (2008) CamJazz
- En Duo
- « Martial Solal - Didier Lockwood » (1993) JMS avec Didier Lockwood (violon)
- « Portrait in Black and White » (1999) H&L puis (2000) Nocturne avec Eric Le Lann (trompette)
- « Rue de Seine » (2005) CamJazz - avec Dave Douglas (trompette)
- « In and Out » (200) Dreyfus Jazz avec Johnny Griffin (saxophone ténor)
- En trio
- « Just Friends » (1997) Dreyfus Jazz avec Gary Peacock (contrebasse) et Paul Motian (batterie)
- « NY-1 » Live at The Village Vanguard (2003) Blue Note avec François Moutin (contrebasse) et Bill Stewart (batterie)
- « Longitude » (2008) CamJazz avec François Moutin (contrebasse) et Louis Moutin (batterie)
- Orchestre
- « Martial Solal Dodecaband plays Ellington« (2000) Dreyfus Jazz
- « Martial Solal New Decaband Exposition sans tableau« (2006) Nocturne
DVD
- « In and Out - Martial Solal - Bernard Lubat » (2014), Film documentaire de Thierry Augé, Producteur/Distributeur : La Huit Production - Teaser
Références de lecture
- « Martial Solal, Compositeur de l’Instant » - Entretien avec Xavier Prévost, Michel de Maule INA, 2005, 264 p.
- « Ma vie sur un tabouret » - Autobiographie de Martial Solal (en collaboration avec Francl médioni), Actes Sud, 2008, 167 p.
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1 - Entretien avec Xavier Prévost, Martial Solal, Compositeur de l'Instant, Michel de Maule INA, 2005, p.129-130 2 - Martial Solal, Ma vie sur un tabouret, Actes Sud, 2008, p.117

Jazz à Vienne 2025 – La programmation
La programmation de la 44ème édition du Festival « Jazz à Vienne » laisse augurer de belles soirées dans le Théâtre Antique et sur les autres scènes de la ville iséroise. Du 26 juin au 11 juillet 2025 se profile la promesse de réjouissances musicales avec concerts et spectacles à la clef. Une grande diversité musicale, des propositions pour tous les publics. Jazz à Vienne 2025, 15 jours de musique avec du jazz ouvert sur le monde. À vivre à toute heure, seul(e), entre ami(e)s ou en famille !

Nuits de Fourvière 2025 – La programmation
Temps fort de l’été culturel de la métropole lyonnaise, les Nuits de Fourvière 2025 annoncent une programmation renversante. Du 02 juin au 26 juillet 2025, la 79ème édition des Nuits de Fourvière propose plus de 140 représentations de danse, cirque, théâtre, magie, cabaret et musique. Deux mois de fête à vivre aux théâtres antiques de Fourvière et dans la métropole.

Jazz Campus en Clunisois 2025 – Le stage
Chaque année à la fin de l’été, le festival Jazz Campus en Clunisois regroupe un festival et un stage de jazz, à Cluny, en Bourgogne du Sud. Animé par des musiciens de premier plan, le stage de jazz offre aux jeunes instrumentistes, musiciens amateurs et futurs professionnels, une ouverture sur la pratique d’ensemble. Le 19 mars 2025 marque l’ouverture des inscriptions pour le stage 2025 qui se déroulera du 16 au 22 août 2025 à Cluny, en Saône-et-Loire. Une date à ne pas oublier !