Xavier Belin dévoile « PiTakPi »

Xavier Belin dévoile « PiTakPi »

Allégresse, lyrisme et créativité

Le pianiste, arrangeur et compositeur martiniquais Xavier Belin signe un album prometteur, « PiTakPi ». A la tête de son quartet du même nom, il développe un projet moderne et très personnel. Attaché à sa culture et à la modernité de son écriture, il déborde de créativité. Il compose autour de la clave du « ti-bwa », utilisée dans la musique traditionnelle martiniquaise, mais aussi autour du « ti-bwa », instrument de percussion en bambou frappé avec des baguettes. Du jazz moderne influencé par les musiques afro-descendantes.

couverture de l'album PiTakPi de Xavier BelinA la tête de son quartet (vibraphone, piano, basse, batterie) le pianiste Xavier Belin puise son inspiration dans le jazz le plus moderne mais aussi dans la musique traditionnelle de la Martinique, son île natale. Le terme « PiTakPi » désigne à la fois le nom de son quartet et celui de son album sorti le 16 janvier 2021 sous le label Déluge.

« PiTakPi » fait référence aux onomatopées utilisés pour la clave du « ti-bwa », tak-pi-tak-pi-tak, à partir de laquelle est construite une bonne partie de la musique traditionnelle martiniquaise.

« PiTakPi » … le quartet

S’il a commencé le piano très jeune, aux environs de 7 ans, Xavier Belin s’est très vite intéressé au jazz et après avoir étudié la musique au lycée Bellevue, il rejoint Paris pour poursuivre un cursus de jazz. Pendant 4 ans, il suit les cours International Music Educator of Paris (IMEP ). Puis, sorti major de la promotion 2014, il poursuit ses études pendant 3 ans au Pôle Supérieur de Musique de Paris dont il sort diplômé.

Xavier Belin met à profit enseignements et rencontres ultérieures pour développer un jeu très personnel où lyrisme et composantes rythmiques caribéennes s’allient avec bonheur. Il devient musicien professionnel et en 2018 monte son quartet « PiTakPi ». En 2019, il remporte le prix du jury et le prix du public du Golden Jazz European Trophy.

Autour de lui, le pianiste au jeu métissé et dense a réuni avec le batteur Tilo Bertholo croisé au lycée Bellevue, le bassiste Elvin Bironien rencontré dans les jam sessions parisiennes et le vibraphoniste Alexis Valet côtoyé au Pôle Supérieur de Musique de Paris et avec lequel il a développé une belle complicité.

Le pianiste a choisi le vibraphone comme instrument soliste à ses côtés pour son coté percussif et métallique qui s’allie à merveille avec la teneur de ses compositions. Le jeu technique et très musical du batteur fait merveille aux côtés de la basse ronflante de celui dont la culture musicale très large lui permet de pratiquer avec autant de bonheur, jazz, musique caribéenne et musique cubaine. Un ti-bwa est rajouté aux éléments de la batterie, ce qui donne un son particulier à cette section rythmique au groove imparable.

« PiTakPi » … l’album

Au fil des onze titres du répertoire de l’album « PiTakPi » enregistré à la maison des artistes de Chamonix, les compositions du pianiste croisent deux reprises, Evidence de Thelonious Monk et Fanm matinik dou de Francisco.

L’opus ouvre et se termine avec Intro PiTakPi et Outro PiTakPi, deux titres très courts joués exclusivement avec du « ti-bwa ».

Sur Bagay Cho le vibraphone fait jeu égal avec le piano dont l’improvisation intense et riche en couleur développe un lyrisme et une fougue rythmique qui n’est pas sans évoquer le climat des musiques de Chick Corea. Plus éthéré, An pié tjénet permet d’apprécier une exubérante improvisation du vibraphone auquel répond le piano. Son jeu inspiré et séduisant s’enflamme sur la rythmique incandescente que forment la basse et la batterie.

Plus loin, la basse entame Mz4 sur un rythme rapide. Le thème lumineux est ensuite exposé à l’unisson par le vibraphone et le piano. Le tempo plein d’allégresse n’empêche pas le propos musical de développer un propos poétique en diable.

Après avoir exposé seul un motif réitératif, le piano entame Chatouillage. Rejoint par le vibraphone délicat et la section rythmique, il développe au fil de son improvisation, un lyrisme exalté qui stimule l’inspiration du groupe. Le groupe enchaîne avec Blues bô kay, un blues original et vigoureux où créolité et jazz dialoguent de fort belle manière.

Le répertoire se poursuit avec une chanson traditionnelle martiniquaise de Francisco, Fanm Matinik dou, que le quartet habille de jazz. Sur un motif ostinato que le piano déroule en toile de fond, la mélodie prend forme sous les mailloches du vibraphone puis l’atmosphère se tend entre solo bouillonnant du vibraphone, divagations inspirées du piano, basse pulsatile et batterie ardente. Plus tard, Timanmay tjenbé donne d’abord l’expression à la basse à la sonorité tellurique puis au vibraphone fougueux.

C’est ensuite sur un tempo de jazz latin que le quartet interprète Evidence. Le jeu agile du piano et celui non moins éblouissant du vibraphone, revitalisent avec bonheur la composition de Monk qui enchante l’oreille. Présentée par le vibraphone et le piano, la mélodie chantante de La voisine du dessous inspire une improvisation enjouée et fantaisiste au vibraphone alors que le piano irrigue son chorus d’un climat étrange. De bout en bout de ce titre irrésistible, la rythmique soutient les solistes plus créatifs que jamais.

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